Septentrion. Jaargang 15
(1986)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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Les Archives et Musée de la vie culturelle flamandeDépôt central des archives culturelles de la Flandre (relevant administrativement de la seule ville d'Anvers), l'AMVC (Archief en Museum voor het Vlaamse Cultuurleven -Archives et Musée de la vie culturelle flamande) dont on a commémoré le cinquantenaire en 1983, fonctionne, en plus, comme musée et centre de documentation. | |||||||
Historique et profil de collectionLa succession de l'écrivain Hendrik Conscience (1812-1883), achetée par la ville d'Anvers en 1899, forme le fonds initial de l'AMVC, auquel se sont ajoutées les acquisitions ultérieures. Très vite, l'idée germa d'y joindre une exposition permanente et d'héberger le tout dans un musée, projet qui n'aboutit qu'en 1933 avec la création du Museum der Vlaamsche Letterkunde (Musée de la littérature flamande). En raison sans doute de sa position prépondérante en Flandre au cours des années où celle-ci prit conscience d'elle-même, le choix d'Anvers comme ville d'accueil du nouveau musée ne fut guère contesté. En revanche, la dénomination initiale fut loin de recueillir tous les suffrages. Le futur diplomate et écrivain Marnix Gijsen (1899-1984), par exemple, à l'époque de la création du musée membre de la commission ad hoc, se prononçait déjà en faveur de la notion de Vlaamsch Cultuurleven (Vie culturelle flamande). Plutôt littéraire à l'origine, la collection devait par la suite s'étendre à d'autres aspects de la vie culturelle. Installé dans l'hôtel De Beukelaer, somptueuse demeure de négociant, édifiée au xixe siècle dans la Minderbroedersrui (Canal des Récollets), le jeune musée fut endommagé en décembre 1944 par une fusée V1. Quoique la majeure partie de la collection fût restée intacte, il se vit contraint de fermer ses portes. Dans l'attente de la reconstruction, on se consacra à la collecte de documents et à leur recensement. Adoptée à partir de 1945, la nouvelle dénomination Archief en Museum voor het Vlaamse Cultuurleven rend mieux compte du profil élargi de la collection. Elle recouvre la totalité de l'actuel champ d'investigation, à savoir la vie culturelle flamande, prise dans l'acception la plus large du terme, telle qu'elle se manifeste à partir de 1750 tant dans la littérature que dans le théâtre, les arts plastiques,
Marnix Gijsen par Albert van Dijck, huile sur toile, 1927. (Photo Wim van Goethem - ‘Het Laatste Nieuws’ / Collection AMVC).
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la musique, le cinéma et les activités du Mouvement flamand. Le champ d'activités est donc beaucoup plus large que celui de l'équivalent néerlandais de l'AMVC, le Nederlands Letterkundig Museum en Documentatiecentrum (Musée des lettres et Centre de documentation néerlandais), de création beaucoup plus récente puisque fondé à La Haye en 1953, et qui, lui, ne collectionne que des documents se rapportant à la seule littérature néerlandaiseGa naar eind(1). C'est ainsi que le chercheur français sera agréablement surpris de découvrir, dans les fonds d'auteurs flamands, des lettres de Gabriel Marcel, François Mauriac, Jacques Maritain, Léon Blum, André Gide, Frédéric Mistral, Eric Satie et Darius Milhaud, de même que quantité de documents d'archives provenant d'écrivains flamands de langue française tels que Frans Hellens, Georges Rodenbach, Emile Verhaeren, Georges Eekhoud, Max Elskamp, Roger Avermate, ou de revues telles que Ça ira.
Lettre de Frédéric Mistral à Pol de Mont datant de 1902. (Photo AMVC).
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FonctionnementL'AMVC se caractérise avant tout par sa fonction muséologique. L'exposition permanente 200 jaar cultuurleven in Vlaanderen (200 ans de vie culturelle flamande), qui occupe le rez-de-chaussée et le premier étage du musée, fut remodelée entre 1979 et 1983 conformément aux principes didactiques contemporains qui cherchent avant tout à privilégier la compréhension globale du passé au détriment de l'histoire purement anecdotique. Au moyen de panneaux informatifs et de tables comparatives fixant les grandes lignes de l'histoire culturelle (tant de la Flandre et de la Belgique que des pays environnants), on ébauche le cadre dans lequel les divers courants culturels ont pris naissance et où s'incrit, en filigrane, l'histoire du Mouvement flamand. Autre nouveauté: l'introduction de l'audio-visuel. Des montages de diapositives et des bandes vidéo font désormais partie intégrante de l'exposition permanente. Quatre brochures explicatives, remplaçant
Lettre de Ivan Goll à André de Ridder datant de 1924. (Photo AMVC).
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Lettre de Emile Verhaeren à August Vermeylen datant de 1911. (Photo AMVC).
le traditionnel catalogue des documents exposés, sont mises à la disposition des visiteurs. La fonction muséologique assignée à l'AMVC implique aussi l'organisation d'expositions temporaires consacrées à tel ou tel thème ou à telle ou telle personnalité et, à l'occasion de celles-ci, la publication de catalogues ou de chroniques. Pour ce qui est du fonctionnement de l'AMVC en tant qu'institution de dépôt, deux grandes fonctions sont à distinguer: l'une concerne les archives, l'autre la documentation. La fonction d'archives consiste dans l'acquisition et le recensement des collections particulières. Celles-ci comprennent environ 500 000 lettres, 100 000 manuscrits, 300 000 documents imprimés, 60 000 photos, et 30 000 affiches. A cela s'ajoutent des médailles, pièces de monnaie, certificats, diplômes, partitions, textes de chansons, faire-part de décès, enregistrements sonores et vidéo, programmes, ustensiles, statues, dessins et tableaux. Les artefacts ne sont incorporés dans ces collections qu'en vertu de leur seule valeur documentaire, indépendamment de tout critère esthétique. Sur ce point, les normes retenues par l'AMVC se distinguent nettement de celles adoptées par un musée de beaux-arts: la valeur historico-culturelle l'emporte sur la valeur purement esthétique. La fonction documentaire de l'AMVC consiste à réunir et à répertorier des documents contemporains en vue de compléter les diverses collections. C'est ainsi qu'on rassemble des coupures de presse, provenant de tous les journaux flamands et de quelques journaux de langue française et qu'on dépouille un certain nombre de revues. Les archives sont surtout consultées par des chercheurs, étudiants, chargés de cours, publicistes, qui viennent y chercher des données susceptibles d'alimenter leurs travaux. A ce propos, il convient de signaler que la consultation de certains documents confidentiels, tels que des lettres et manuscrits, est soumise à certaines conditions. Les lycéens et le grand public intéressé utilisent l'AMVC comme centre de documentation. Dans la mesure du possible, des photocopies des documents d'archives sont fournies à la demande des intéressés et, sous des conditions clairement stipulées, des prêts sont accordés au profit d'expositions reconnues d'intérêt scientifique. Au fil des ans, un certain nombre d'associations ont été créées au sein même ou sous les auspices de l'institution en vue d'assouplir l'accès aux collections et d'en favoriser ainsi une étude plus approfondie. A titre d'exemples, citons:
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L'exposition permanente ‘200 jaar cultuurleven in Vlaanderen’ (200 ans de vie culturelle flamande). Vue du département consacré aux années 20. (Photo AMVC).
Par ailleurs, l'AMVC constitue le siège d'un certain nombre d'associations: la Vereniging van Vlaamse Letterkundigen (Association des écrivains flamands), la Vereniging van Vlaamse Toneelauteurs (Association des auteurs de théâtre flamands), la Robert Roemans-Stichting (Fondation Robert Roemans), la Paul van Ostaijen-Genootschap (Société Paul van Ostaijen). Depuis 1982, l'AMVC publie sa propre collection dans laquelle paraissent des études, des inventaires portant sur des parties spécifiques du patrimoine ainsi que les catalogues rédigés à l'occasion d'expositions temporaires etc. Il faut signaler, en outre, le Klapper op het bezit (Registre des collections), véritable clé permettant de se faire une idée de la richesse des collections conservées à l'AMVC. Le Klapper contient le nom de toutes les personnes, institutions, associations, revues et matières sur lesquelles l'AMVC a rassemblé de la documentation. Il renseigne aussi sur la nature des matériaux d'archives et de documentation mais ne fournit pas d'indications quant à leur ampleur.
Le département où sont traités les nombreux documents d'archives. (Photo Wim van Goethem - ‘Het Laatste Nieuws’).
Il ne constitue donc pas à proprement parler un inventaire. Depuis cette année-ci, un projet est en cours d'exécution visant à informatiser le Klapper et à répertorier la totalité des lettres déposées à l'AMVC. La consultation pourra se faire au moyen d'un micro-ordinateur (8 bit, 64 K) équipé d'unité à disque Winchester de 20 Mégabyte. L'ordinateur constitue d'ailleurs le seul moyen permettant à l'AMVC de venir à bout de l'énorme masse de papiers qui ne cesse de se gonfler au fil des ans. Ceci nous amène a une conclusion quelque peu paradoxale: la sauvegarde et l'exploration efficaces du passé passent nécessairement par la mise en oeuvre des technologies les plus avancées. ROGER RENNENBERG
Conservateur adjoint de l'Archief en Museum voor het Vlaamse Cultuurleven. Adresse: Prosper de Witstraat 27, B-2100 Deurne. Traduit du néerlandais par Urbain Dewaele. |
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