Panorama des lettres Belges contemporaines
Le fait est trop rare pour ne pas mériter une mention toute spéciale: il s'est trouvé quelqu'un pour chanter tout uniment, sans aucune réticence, la louange de la Belgique. ‘J'aime la Belgique, je ne m'en dédis pas.
J'aime, comme le disait Victor Hugo, cette terre libre où il y a tant de bonnes choses et tant de nobles coeurs. Aucune ville française, Paris compris, ne m'est aussi familière qu'Anvers ou Bruges, que Liège ou Namur, tant de fois visitées et revisitées, pour ne point parler de Bruxelles, où j'ai vécu plus de cinq années, les plus heureuses de ma vie’: voilà ce qu'écrivait M. Pierre de Boisdeffre dans la Revue des Deux Mondes de juin 1983.
Il traite de la Belgique parce que cette livraison de la revue consacre bon nombre de pages à la littérature francophone et néerlandophone de ce petit royaume de la mer du Nord, si souvent accablé de sarcasmes. Son article présente surtout des écrivains francophones; des néerlandophones il se contente de dire: ‘des poètes et des prosateurs que j'aimerais mieux connaître’. Aussi abandonne-t-il à Madame le Professeur et Docteur Sonja Vanderlinden, jusqu'en octobre 1983 professeur associé à l'Université de Paris IV - Sorbonne et depuis lors chargée d'enseignement à l'Université catholique à Louvain, le soin de les introduire. Les textes en prose ont été traduits, évidemment, par Mme Maddy Buysse et les poèmes, tout aussi évidemment par Mme Liliane Wouters.
Que dire du choix des textes? Tout comme M. de Boisdeffre: ‘Quelques écrivains de langue française, et quelques écrivains de langue néerlandaise, c'est bien peu pour embrasser un panorama aussi riche!’. Mais, tout de bon, qu'y trouve-t-on?
- Le long héritage d'un Wallon de Paris, de Conrad Detrez, où il évoque son terroir et son ascendance wallonne;
- La tendresse hennuyère, une déclaration d'amour adressée au Hainaut par Pol Vandromme;
- un court récit de Pierre Mertens, Georges Thinès et René Swennen;
- et enfin Dialogue sur l'Amour, un fragment du Dialogue de l'Analogiste, un inédit de Suzanne Lilar.
Mme Sonja Vanderlinden a intitulé son introduction: Tendances actuelles de la Littérature belge de Langue néerlandaise. Elle est longue et passablement gauche mais très précise: à celui qui après l'avoir lue ne voit toujours pas clair dans la terminologie de notre situation linguistique, on ne peut que conseiller d'apprendre à lire. Pour présenter les exploits actuels de la ‘littérature belge de langue néerlandaise’ elle se trouvait devant une tâche aussi impossible que Pierre de Boisdeffre. Et comme ‘à l'impossible nul n'est tenu’, nous la suivons sans commentaires.
Les poèmes de Paul Snoek (écrit fautivement Snoeck), d'Herman De Coninck et Ivo Michiels ont fière allure, à mon goût, en français. Celui de Patrick Conrad sonne quelque peu plus recherché, mais cela ne sera pas pour déplaire à ce ‘pink poet’.
Ward Ruyslinck, Hubert Lampo et Claude van de Berge sont représentés chacun par un seul récit typique ou, dans le cas du dernier nommé, par un fragment en prose. Et la boucle est bouclée par Hugo Claus, un peu moins inconnu en France que les autres, avec deux morceaux de bravoure de sa Phaedra (d'après Sénèque).
Le choix aurait pu, en dépit des nombreux absents, être bien moins judicieux. Associonsnous donc à l'avant-propos de S.E. le Baron Paternotte de la Vaillée, Ambassadeur de Belgique en France pour ‘remercier (avec lui) la Revue des Deux Mondes, et en particulier son président, Jean Jaudel, d'avoir répondu à (son) souhait de le voir consacrer un numéro spécial aux écrivains belges de langue française et de langue néerlandaise’, car ‘grâce à l'accueil que la Revue leur réserve si aimablement, les Lettres de Belgique seront ainsi largement diffusées auprès des lecteurs français’.
jan deloof
Adresse: Lindelaan 25, B-8550 Zwevegem.
Traduit du néerlandais par Jacques Fermaut.
Panorama des Lettres belges contemporaines in Revue des Deux Mondes, juin 1983. Adresse: 15, rue de l'Université, Paris VIIe. Avec la collaboration de Pierre de Boisdeffre, Sonja Vanderlinden, Maddy Buysse et Liliane Wouters.