merdam père attirait nombre de visiteurs, et son fils Jan aussi doit l'avoir fréquenté à plusieurs reprises. Pareil cabinet ne constitue évidemment pas en soi une affaire scientifique, mais rien ne suscite autant le désir de connaître et la curiosité chez des jeunes que tout ce qui est exotique; par la suite, des professeurs peuvent approfondir cette curiosité et la transformer en un intérêt vraiment scientifique.
S'il avait dépendu de Swammerdam père, il n'en eût rien été. Il eût aimé voir son fils devenir pasteur et s'assurer ainsi une respectabilité propice à la promotion sociale. L'intérêt que Jan portait à la nature vivante était toutefois irrésistible, et son père, déçu, lui permit d'étudier la médecine. La désillusion ne s'effaça jamais intégralement et eut une influence néfaste sur les rapports entre le père et le fils.
Swammerdam, âgé de vingt-quatre ans, se fit inscrire à Leyde en octobre 1661 et quitta l'université deux ans plus tard en qualité de candidatus medicinae. Après avoir passé l'hiver dans la maison parentale à Amsterdam, il effectua en 1664 une tournée des académies de France, ce qui se faisait encore couramment à l'époque. Il passa les mois d'été à Saumur, sur la Loire, où était établie une académie protestante. Flânant sur les bords de la Loire, il put s'adonner complètement à ce qui devenait petit à petit sa spécialité, à savoir l'étude des insectes, les ‘animalcules privés de sang’. Pour l'hiver, il déménagea à Paris, où il entra en contact avec Melchisedec Thévenot (1620-1692), ancien diplomate devenu promoteur des sciences. Dans sa résidence parisienne et dans son domaine rural d'Issy, Thévenot réunissait régulièrement un cercle de savants, de naturalistes et de physiciens, qui donnerait naissance, en 1666, à l'Académie royale des Sciences. Thévenot devint le meilleur ami de Swammerdam, un ami désintéressé et bienveillant jusqu'au bout, ce qui n'est pas peu dire, car l'atrabilaire Swammerdam s'est aliéné beaucoup de ses amis par son attitude renfermée, ses maladresses et son ambition. Thévenot, cependant, resta fidèle à Swammerdam, comme en témoigne la correspondance qu'il entretint avec celui-ci.
Swammerdam rentra chez lui en l'automne 1665. Il se consacra désormais à la recherche
Buste de Swammerdam (on ne connaît pas de portrait de lui), réalisé au vingtième siècle par le sculpteur D. Stins.
médico-biologique et fut promu docteur auprès de son maître de Leyde, Johannes van Horne, en 1667, avec une thèse sur la respiration:
De respiratione. Partant des conceptions mécanistes de Descartes, Swammerdam y décrit comment la respiration s'effectue par l'extension et la contraction de la cavité thoracique, activité à laquelle les poumons mêmes ne réagissent que passivement. La mécanique de la respiration, dite aussi
circulus Cartesianus, se trouve éminemment décrite dans cet ouvrage.
Après son doctorat, Swammerdam se concentra à nouveau sur les insectes. A son époque, ceux-ci passaient encore pour des animaux imparfaits, inférieurs. On les croyait issus d'une génération spontanée, surgissant soudain de déchets en fermentation ou de viande pourrissante; on croyait qu'ils ne se développaient pas par une croissance lente, mais par des métamorphoses soudaines; et on leur attribuait une structure interne particulièrement simple, rudimentaire. Le travail entomologique de Swammerdam consista à réfuter systématiquement ces préjugés. Son Historia insectorum generalis (1669) combattit la théorie de la métamorphose, et ce principalement à partir de l'évolution des papillons; sa posthume