Septentrion. Jaargang 12
(1983)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermdPoésie et traductionEn dépit du fait qu'il s'agissait d'un thème réunissant trois spécialisations superposées, il y eut beaucoup de participants au colloque ‘Poésie et traduction, une rencontre entre le français et le néerlandais’, organisé, le 28 et le 29 avril dernier, par les départements de Français et de Linguistique Appliquée et le Centre Culturel Français de l'Université de Groningen. Il y avait 130 inscriptions, sans compter ceux qui étaient venus pour ne suivre que quelques conférences, sans compter non plus le public nombreux de la ‘Nuit de la poésie’ du jeudi soir. C'est que le programme avait de quoi attirer l'attention: un thème intéressant, des intervenants biens connus dans le monde de la poésie et de la traduction, des ateliers animés par des traducteurs des plus compétents. La traduction de poésie est une activité controversée. D'aucuns prétendent qu'elle n'est pas possible, étant donné que l'intégration, l'interconnexion d'une part entre la langue/forme et le contenu/message, et d'autre part entre le contenu/message et la personnalité du poète, est trop intime pour qu'on puisse la briser impunément en changeant la langue. D'autres soutiennent que la traduction de poésie ne diffère pas essentiellement d'autres types de traduction, et que nier la possibilité de traduire de la poésie reviendrait à nier toute possibilité de traduction, hormis celle des nomenclatures scientifiques et techniques. Pour ceux-ci, toute traduction consiste à créer une équivalence. La traduction de la poésie ne se distingue de celle de la prose que par la présence de quelques facteurs qui compliquent le travail du traducteur, notamment la densité du texte et les exigences de la forme. Encore faut-il dire qu'il s'agit de différences de degré: il y a des textes poétiques bien relâchés, il y a des textes en prose très denses et rigoureusement composés. Les contributions des intervenants ont gravité autour de ces deux pôles. J.-R. Ladmiral a rapproché le texte poétique du texte philosophique; Rein Bloem est descendu, à l'aide d'exemples clairs, jusque dans les détails de la traduction des connotations; Michel Deguy a apporté l'exemple de procédures de traduction en groupe; Rudy Kousbroek a montré à quel point la distance entre les cultures rend difficile, voire impossible, la traduction. L'aspect de l'édition fut présent grâce aux interventions de Bernard Delvaille (Seghers, Paris), de Hans Uytdewilligen (Kwadraat, Vianen) et de Hermine Warringa (du Département de Français de l'Université de Groningen). Cette dernière a brossé un tableau intéressant des traductions publiées dans les deux sens (français/néerlandais, néerlandais/français). Il y a un déséquilibre prononcé en faveur du français. Ceci s'explique facilement, entre autres par le prestige de la littérature française et par le petit nombre de traducteurs compétents du néerlandais en français. Peut-être pourrait-on ajouter l'argument avancé par Rudy Kousbroek, qui disait que la poésie néerlandaise, étant donné qu'elle suit - et, bien entendu, avec | |
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un certain décalage - les grands courants littéraires français, donne au lecteur français une impression de ‘déjà-vu’? Les deux éditeurs ont démontré de façon coinvaincante que, quel que soit le type de la traduction, l'édition est une entreprise hasardeuse du point de vue financier. Les tirages ne dépassent guère les 500 exemplaires, et encore... Il faut vraiment être un grand amateur et ne pas avoir peur de faire un travail qui frise l'artisanat. Selon Bernard Delvaille, ce sont encore les revues littéraires qui offrent les meilleures possibilités d'édition. Dans les quatre ateliers animés par Liliane Wouters, Emile Kesteman (néerlandais/français), Ernst van Altena et Rein Bloem (français/néerlandais), les participants se sont penchés sur les quelque 125 traductions proposées pour les 14 poésies présentées dans le programme. Il y avait de tout: depuis les premiers essais de l'amateur jusqu'aux traductions du ‘professionnel’, sans que cette distinction veuille suggérer d'ailleurs une distinction de qualité... Ce qui était intéressant à noter, c'était la participation à part égale de Belges et de Néerlandais. Les organisateurs sont d'avis que la coopération entre Belges et Néerlandais dans ce domaine est essentielle pour la ‘promotion’ de la poésie d'expression néerlandaise. Les discussions furent très animées. Il est impossible d'en donner ici un aperçu, si bref soit-il. Les intéressés sont priés de se reporter au compte rendu du colloque.Ga naar eind(1) La même chose vaut pour la Table Ronde qui a clôturé le colloque. Une chose pourtant mérite d'être retenue dès à présent: les participants ont insisté auprès des organisateurs pour qu'ils donnent une suite à cette initiative, en stimulant la traduction. Peut-être que la garantie offerte par le Prins Bernhard Fonds pour l'édition d'un recueil de traductions de poésie constituera un bon point de départ pour une série de sessions de travail particulièrement fructueuses.
j.p. menting Adresse: Instituut voor Toegepaste Taalkunde, Postbus 72, NL-9700 AB Groningen. |
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