Notices/livres
Le musee Emile Verhaeren
Ce printemps 1983 a vu la réouverture du musée Emile Verhaeren de St-Amandsur-Escaut. Le musée est aménagé dans la maison où le poète vit le jour en 1855. La charmante maisonnette se trouve sur la place de l'Eglise et sa façade arrière donne sur le Quai et l'Escaut qui y déroule une courbe majestueuse. C'est précisément ce site qui confère au musée son intérêt unique. Sur le quai, loin du trafic et de la presse, règne un silence à peine troublé par le clapotis de l'eau contre l'estacade et le vent qui choque les volets. L'immense plan d'eau dégage toujours cette atmosphère métaphysique qu'on retrouve dans beaucoup de poèmes scaldiens de Verhaeren.
‘Les voix du jour mourant, funèbres et lointaines,
Roulent encore dans l'air avec le vent des plaines
Et les sons d'angélus tintant de tour en tour;
Mais tous cris vont mourir et mourir toutes flammes.
L'appel des passeurs d'eau va se taire à son tour...
Voici qu'on n'entend plus qu'un bruit lointain de rames.’
(sextet du sonnet Marine IV, Les Flamandes, 1883)
Dans le Musée, qui ne comporte que deux petites pièces, on organisera chaque été une
Le musée Emile Verhaeren.
Emile Verhaeren (1855-1916).
exposition sur un thème emprunté à l'oeuvre d'Emile Verhaeren. La réouverture, consécutive à la reprise du musée par la province d'Anvers, coïncide exactement avec le centenaire de la parution du premier recueil de Verhaeren,
Les Flamandes. Aussi a-t-on décidé de consacrer toute la première exposition estivale à cette oeuvre. Les expositions littéraires courent souvent le risque de dégénérer en un aride rassemblement de couvertures, de comptes rendus, de lettres et d'autres documents et paperasses. Mais Jan Walgrave, conservateur du musée Verhaeren a des vues intelligentes sur ce genre de problèmes. Il a doublé la collection de documents écrits d'un certain nombre de tableaux qui illustrent le thème d'un poème unique ou du recueil entier. On y trouve des toiles d'Emile Claus, Henri de Braeckeleer, Fernand Khnopff, Félicien Rops et Jan Stobbaerts. Pour réduite qu'elle soit, cette première exposition saisonnière présente un vif intérêt. Souhaitons qu'à l'avenir on reste fidèle à cette formule. Quoi qu'il en soit, ce musée, s'ajoutant à la tombe de Verhaeren sur la berge de l'Escaut, à la statue du
Passeur érigée en l'honneur du poète et surtout à tout ce paysage du petit-