Septentrion. Jaargang 12
(1983)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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Lettre flamande◼ avis aux aspirants belgologues! Deux Flamands ont publié un livre respectivement sur Les Wallons et Les Bruxellois, qui, avec l'ouvrage Les Flamands paru précédemmentGa naar eind(1), constituent une bonne entrée en matière pour quiconque cherche à comprendre quelque peu la Belgique actuelle en ce qu'elle peut avoir de déconcertant aux yeux de l'étranger comme du Belge moyen. Guido Fonteyn, journaliste politique, spécialiste de la problématique communautaire au quotidien De Standaard, nous présente Les WallonsGa naar eind(2). Dans un survol de leur histoire, longtemps traitée en parente pauvre, il évoque la province frontière aux confins de l'Empire romain, où une frontière linguistique se forma par suite des migrations des Germains, qui désignèrent par le nom de ‘Walaha’ des Celtiques romanisés établis au sud de celle-ci - le néologisme ‘Wallonie’ ne remonte qu'à 1844! Tournai, avec Clovis, joua un rôle important pour la future France, et au Moyen Age, la principauté ecclésiastique de Liège acquit, parmi d'autres comtés, une place prépondérante au sein de la Lotharingie issue du traité de Verdun (843). Ces régions adoptèrent très tôt le français comme langue de culture et, dès lors, se tournèrent spontanément vers le sud à l'époque
Manifestation du Mouvement populaire wallon; le troisième de gauche: André Renard.
où les Pays-Bas devinrent le champ de bataille préféré des grandes puissances. En 1634, Richelieu proposa le rattachement mais échoua; ce fut le ‘partage manqué’. En 1792, les soldats français furent accueillis comme des libérateurs, et Waterloo demeura pour les Wallons le symbole nostalgique de cette erreur de la diplomatie internationale. A l'intermède hollandais succéda, en 1830, un Etat belge de notables francophones. Fonteyn consacre la deuxième partie du livre aux réactions suscitées par le Mouvement flamand naissant dès 1855, qui aboutirent aux congrès de l'Union wallonne (1890-1893). Albert du Bois, avec son Catéchisme wallon (1902), popularisa le Mouvement wallon avant que le socialiste Jules Destrée, avec sa fameuse Lettre au roi (1912), ne le personnifiât en politique et ne créât l'Assemblée wallonne. Ce fut la guerre 1914-1918 qui suscita un sentiment national unitariste francophile. L'unilinguisme prôné par la Wallonie, impliquant le bilinguisme pour la Flandre, aboutit, sur le plan officiel, aux lois linguistiques de 1932. En fait, le bilingue flamand se trouve toujours en position d'infériorité par rapport au Wallon ‘unilingue’, ce qui est le cas | |
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des immigrants flamands en Wallonie qui s'adaptaient sans plus. Le Mouvement wallon sortit avec de nouvelles structures de la résistance de 1940-1945. Le Congrès national wallon de 1945 opta en faveur du fédéralisme; notons encore que, parallèlement, il y eut toujours des fractions séparatistes ou favorables au rattachement à la France. Mais dans le courant des années, nombre de ces hommes politiques wallons furent intégrés au pouvoir central. Le déclin économique occasionna la naissance du Mouvement populaire wallon (1961-MPW) d'André Renard, et après plusieurs échecs, l'Action commune wallonne (1965) sut mettre sur pied un parti fédéraliste, le Rassemblement wallon (1968-RW). Le rapport complexe - de plus en plus, ces dernières années - avec Bruxelles constitue un autre point crucial, et il est certes trop commode d'imputer aux seuls Flamands les difficultés sérieuses que connaît effectivement la Wallonie depuis tout un temps déjà. ‘Le Mouvement wallon a toujours et partout été présent, sous-jacent, pas toujours nettement perceptible, sûrement reconnaissable lorsqu'il a provoqué des explosions de courte durée, mais particulièrement violentes’, conclut Fonteyn.
◼ ‘les bruxellois’ d'andré MonteyneGa naar eind(3), publiciste bruxellois débordant d'amour pour sa ville, se lit presque comme un roman. Il apporte, en outre, une approche d'ensemble, des accents et une appréciation situés dans une optique flamande souvent négligée ou occultée dans les publications françaises sur Bruxelles, ‘cet éternel objet de leur (= des Flamands) ressentiment’ (dixit l'hebdomadaire bruxellois Pourquoi pas?). Après une photo-robot détaillée du Bruxelles actuel, devenu ‘ville sans âme’, Monteyne traque les ‘ombres du marais’ d'avant l'ère francique, puis nous introduit auprès du premier Bruxellois connu de l'histoire, le duc Charles de Basse-Lotharingie, nommé à la tête du ‘comté d'Uccle ou de Bruxelles’. Après la formation du duché de Brabant, la ville acquit son existence administrative avec la charte de 1229 et se développa comme une ville marchande où, déjà, le pouvoir se disputait âprement entre patriciens et guildes et métiers. Sous les Bourguignons, elle connut les fastes d'une vie artistique et spirituelle intense et cosmopolite. Au seizième siècle, elle devint la capitale calviniste des Dix-Sept Provinces, puis, sous les Habsbourg, capitale des Pays-Bas méridionaux catholiques, rôle qu'elle tint jusqu'à la fin du régime autrichien, en 1792. Nombre de personnages hauts en couleurs hantent ces quatre chapitres, et l'auteur établit, à travers les anecdotes, des liens avec le présent. La ville et les contrées environnantes ayant relevé pendant des siècles d'autorités étrangères, Monteyne examine les rapports des Bruxellois avec celles-ci, quelles qu'elles fussent; soucieux de préserver la plus grande autonomie et democratie locale possible, ils devaient combiner un opportunisme indéniable avec une liberté individuelle parfois anarchisante, la désobéissance civile et la résistance clandestine. L'auteur est aussi attentif à la dualité culturelle inhérente à ce genre de situations et neutralise des tentatives parfois fantaisistes du côté francophone de s'approprier la ville depuis la nuit des temps. Il convient de signaler, à ce propos, que Bourguignons, Espagnols et Autrichiens se sont succédé à la faveur de la filiation et que les premiers envahisseurs et occupants, au sens propre du terme, furent les... Français: de 1695 à 1705, lors de la guerre de succession, de 1746 à 1748 et enfin de 1792 à 1815. Certes, il y avait eu les Bourguignons, et le prestige français avait conquis les milieux dirigeants et aristocratiques de l'Europe entière dans la seconde moitié du dix-huitième siècle, mais ce fut le régime totalitaire de la Révolution française, puis la Restauration napoléonienne, mettant définitivement fin à l'autonomie du duché et rétrécissant le rôle de Bruxelles à celui de cheflieu du département de la Dyle, qui établit les assises de la francisation et de la dénationalisation des couches supérieures. Le chapitre six relate l'épisode du Royaume Uni des Pays-Bas. Guillaume Ier ramena une certaine prospérité et eut le mérite incontestable de favoriser l'industrialisation de la Wallonie, mais la récession de 1828-1830 et des erreurs d'ordre psychologique jouèrent contre lui. Monteyne brosse un tableau vivant de la confusion de la révolution belge de 1830, ne donnant pas dans l'héroïsme ni dans le patriotisme simplificateur: des projets teintés d'annexionnisme à la France allant de pair avec des manifestations de mécontentement de la masse, une bourgeoisie amenée avant tout à protéger ses biens, puis à confisquer et à récupérer l'insurrection... Ici aussi, ‘la révolution était belle sous l'Empire’, car ce magma bruxellois, où prédominerait l'élément libéral conservateur, comportait déjà tous les germes des différents conflits ultérieurs de la société belge. Au chapitre sept défilent les bourgmestres qui transformèrentGa naar eind(4) la capitale de la Belgique; seul Charles Buls s'est efforcé de réconcilier la population avec la bourgeoisie dirigeante. Un épilogue, intitulé ‘l'amalgame’, esquisse la politique de francisation et d'acculturation poussée - | |
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La ‘Putterij’, 1905, où se trouve aujourd'hui... la gare de Bruxelles-Central (photo G. Abeels).
Place de Brouckère vers 1900.
avec des mobiles et des moyens parfois dignes de figurer au bêtisier de la francolâtrie - pratiquée de 1890 à 1930, qui, à long terme, devait rendre Bruxelles impropre à jouer son rôle de capitale-trait d'union entre les communautés germanique et romane. Après 1945, cet aveuglement, doublé des questions royale et scolaire, et l'expansion territoriale au détriment du Brabant flamand accentuèrent encore davantage les antagonismes sociaux et culturels. C'est dans ce contexte que Monteyne esquisse une analyse sociologique du récent Front démocratique des francophones bruxellois (1964-FDF) - dernier refuge politique de Paul-Henri Spaak -, parti régional extériorisant l'isolement dans lequel s'est reléguée la ville: ‘(...) La plupart des Flamands immigrés, tout comme la population autochtone qui voulait gravir l'échelle sociale, avaient consenti un gros effort de francisation dans ce qu'ils croyaient être leur intérêt et celui de leurs enfants. Au moment où ils allaient cueillir le fruit de leur persévérance, celle-ci leur apparaissait soudain comme un coup fourré ou constituait même un handicap (...). Les francisés par opportunisme avaient mal visé: ils n'en imputaient pas la faute à euxmêmes (ce qui est psychologiquement impossible), mais aux Flamands qui faisaient crouler leur monde familier. A ce ressentiment des petites gens venait s'ajouter celui des Wallons bruxellois et de la classe moyenne francophone, les professeurs, journalistes et membres de professions libérales, habitués à tenir le haut du pavé de Bruxelles et de là en Belgique. (...) Le FDF rassembla la somme de ressentiment antiflamand de ces diverses tendances, mais offrit aussi à une population coupée de ses racines, sans idéologie, un symbole de rechange auquel se référer.’ Monteyne espère que les deux parties intéressées sauront au plus tôt diagnostiquer correctement la maladie et, de part et d'autre, surmonter leurs respectives craintes de minorisation - il faut dire que sur le plan individuel, la bonne volonté est souvent plus manifeste qu'il n'y paraît, par intermittences, dans l'arène politique ou à la une des journaux! -, de sorte que la ville puisse, un jour, reprendre sa fonction de capitale à part entière: ‘La capacité d'adaptation des Bruxellois alla toujours de pair avec cette sorte d'intuition qu'il leur faut préférer à l'aventure des circonstances favorables à l'épanouissement économique. Un jour il le faudra: le bon sens brabançon reprendra le dessus et les Bruxellois évalueront avec réalisme les nouveaux rapports de force en Belgique. Alors seront créées les conditions d'une nouvelle relation harmonieuse avec le Brabant néerlandais dont Bruxelles était le plus beau joyau.’ ◼ ‘j'aime tous les hommes, surtout les plus pauvres et les plus déshérités, ceux de toutes les races et de toutes les couleurs. Je voudrais les unir dans le même amour, la même conviction et la même foi. Je les respecte trop dans leur existence et leur dignité personnelle pour accepter que s'exerce la moindre pression morale ou matérielle; mais je voudrais aller à eux tous, les atteindre tous, pour chercher ensemble l'explication de notre vie, pour réaliser notre solidarité de destin et surtout pour assurer leur bonheur à tous.’ (Cardijn, 1957). Les 18 et 19 novembre 1982, les sections d'histoire des ailes française et néerlandaise de l'Université catholique de Louvain ont consacré un colloque à Cardijn, un homme, un mouvement, à l'occasion du centenaire de la naissance de celui-ci. Né le 13 novembre 1882 à Schaerbeek, de parents flamands, Jozef Cardijn passa son enfance dans la petite ville de Hal (Brabant flamand). La confrontation avec la vie des petites gens - des ouvriers et ouvrières, parfois très jeunes, des nombreuses usines de la région - réveilla très tôt en lui une sensibilité et une conscience sociale, que vint doubler la vocation sacerdotale. Il entra au petit séminaire de Malines en 1897, se montra actif dans le mouvement estudiantin flamand et fut ordonné prêtre le 22 septembre 1906, Une année d'études de sciences politiques et sociales à Louvain marqua le tournant décisif de sa vie: Cardijn découvrit le décalage | |
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‘Toute ma vie, je verrai l'étrange silhouette de ce petit prêtre, brusquement surgi sur la scène, allant, venant, criant, se démenant, agitant ses bras, pétrissant le vide de ses mains, maigre, mince, étriqué, lançant des phrases inachevées, soufflant, haletant, gesticulant (...), arrivant progressivement à émouvoir tout le monde, à soulever la foule, à la faire haleter, vibrer, s'exalter, pleurer, prise aux entrailles...’ (Maxence vander Meersch, Pêcheurs d'hommes, 1943). Jozef Cardijn à Liège, le 27 août 1933. (photo: Archives Cardijn).
entre l'encyclique Rerum Novarum et l'attitude des catholiques en général, fut initié à l'économie sociale et à l'analyse concrète des réalités sociales et sympathisa avec des mouvements préoccupés par la question sociale en Allemagne et en France. Les problèmes des apprentis et jeunes ouvriers, leurs conditions de vie et de travail et leur déchristianisation seraient dorénavant les leitmotive de son action. Professeur de collège à Basse-Wavre de 1907 à 1912, puis vicaire à la paroisse Notre-Dame de Laeken, Cardijn poursuit ses contacts à l'étranger et ses enquêtes et se lance sur le terrain en créant des groupes de formation et d'étude pour jeunes travailleuses. Emprisonné à deux reprises par l'occupant, il a l'occasion de lire, d'étudier et de préciser ses idées. Reprenant en 1918 ses fonctions de directeur des OEuvres sociales de l'arrondissement de Bruxelles, qu'il assumait depuis 1915, ce révolutionnaire à l'enthousiasme mystique, dont le voeu est de voir l'Eglise jouer un rôle actif dans le processus d'émancipation des masses, se heurte aux organisations sociales très hiérarchisées et empreintes de paternalisme de l'Action catholique, garantes de l'‘unité du parti’. Rejetant la tutelle, il défend farouchement l'autonomie des groupes de Jeunesse syndicaliste qui se forment et auxquelles il inculque sa méthode d'organisation fondée sur la responsabilité des intéressés et, tout en stimulant l'aspect spirituel, accentue l'importance de l'apostolat social et laïc. La Jeunesse sociale catholique se propose de former des intellectuels sociaux au niveau universitaire. Une Enquête sur l'adolescence salariée (1922) préfigure le programme de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), mouvement qui, avec l'aval du pape Pie XI - ‘Enfin quelqu'un qui vient me parler de la masse!’ dit le souverain pontife à Cardijn venu lui exposer ses projets début 1925 -, tint son premier congrès le 18 avril 1925. L'abbé devint aumônier général de l'organisation coiffant ‘les quatre branches’ - JOC, JOCF (féminine) et les pendants flamands KAJ et VKAJ - et dirigée par le ‘trio fondateur’: Fernand Tonnet, Paul Garcet et Jacques Meert, collaborateurs de la première heure à Laeken. La JOC se proposait de révéler aux jeunes ouvriers, ‘entre eux, par eux, pour eux’, leurs possibilités et leur dignité, à partir de la méthode du ‘voir, juger, agir’, et ce dans tous les aspects de leur vie et de leur formation: vie professionnelle, familiale et morale, vie culturelle et loisirs, vie religieuse, le tout inspiré par l'unité et le réalisme dans la vie quotidienne. Les années trente furent des années fastes pour le jocisme: action, propagande, manifestations de masse, pèlerinages à Rome et à Lourdes, campagnes antijocistes de la part de la droite conservatrice comme des socialistes craignant de perdre la suprématie en milieu wallon, installation à la Centrale jociste, futur foyer de la JOC internationale jusqu'en 1969. Car le mouvement a eu vite fait de passer la frontière: dès 1927, des sections se créent en France, à Clichy et dans le Nord. Le congrès jubilaire d'août 1935 pose la première pierre de la JOC mondiale. La JOC belge s'oppose avec succès aux tentatives fascisantes de corporatisme du rexisme. En 1938, Cardijn visite des pays d'Europe centrale communiste. Un pèlerinage mondial de la paix de vingt mille jocistes à Rome est interrompu par l'éclatement de la deuxième guerre mondiale, qui apporte son lot de tragédïes à l'organisation; Cardijn aussi est de nouveau incarcéré. Après la guerre, nombre d'anciens jocistes, en Belgique et dans d'autres pays européens, firent leur chemin dans les milieux syndicaux et politiques démocrates-chrétiens. La mise en place d'une concertation, à laquelle ils participèrent, la prospérité et les transformations rapides de la société de consommation qui en résultèrent pourraient faire croire que le jocisme finirait par devenir un phénomène suranné, du moins quant à la forme, sinon du point de vue du contenu. Toutefois, la crise actuelle démontre la précarité de l'édifice économique et social, et le chômage massif des jeunes renvoie de nouveau, d'une certaine manière, aux textes de | |
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Jozef Cardijn entouré de deux délégués de la JOC de l'Inde au Rassemblement mondial à Rome, 1955 (photo: Archives Cardijn).
l'abbé contestataire d'antan sur la dignité et la solidarité. Son message sur l'interaction entre les réalités des jeunes travailleurs et celle de la société n'a guère perdu de son actualité. En 1945 fut créé le Bureau international dont l'activité aboutit en 1957, à Rome, au Rassemblement mondial et au Premier conseil international, où la JOC mondiale se dota d'une existence juridique, de statuts et de structures démocratiques. En 1965, elle comptait quatre millions d'adhérents dans quatre-vingt-huit pays. Nommé entre-temps prélat en 1950, élevé au cardinalat en 1965, titulaire de doctorats honoris causa décernés par neuf universités, l'aumônier international continue à vivre comme un abbé pauvre, garde partout son franc parler et ne cesse d'élargir son audience. Il entreprend vingtquatre voyages intercontinentaux et quarante en Europe, étudie partout les situations sur place, apporte son message, anime et stimule, plus particulièrement dans les pays du tiers monde. Visionnaire prophétique très lucide, il prend des initiatives en faveur de l'oecuménisme, de la lutte contre le sous-développement, de la paix et du désarmement avant qu'ils ne deviennent autant de thèmes à la mode. Signalons encore qu'il participa comme expert aux travaux du concile de Vatican II où, à l'intention des évêques, il publia Laïcs en première ligne (1963), prônant une plus grande participation des laïcs. Cardijn mourut à Louvain le 24 juillet 1967. Son souvenir demeure extrêmement vivant parmi les anciens jocistes qui ont pleinement pu mettre à profit les ‘humanités ouvrières’ et l'encadrement polyvalent du mouvement. Cardijn fut, à des milliers de tribunes, un orateur charismatique capable de galvaniser les petits auditoires comme les grandes masses. D'innombrables discours, articles, rapports et notes rédigés à l'occasion de ses expériences et rencontres permettent de suivre le cheminement de son interrogation, l'approfondissement de sa pensée, la formulation toujours plus adéquate de son message nourri d'humanisme évangélique. Le Fonds d'Archives Cardijn s'est attaché à réunir, inventorier et cataloguer les documents et témoignages. De son côté, le Centre interfacultaire de documentation et de recherche catholique de la ‘Katholieke Universiteit Leuven’ et le groupe d'histoire moderne de l'Université catholique de Louvain stimulent les études préparatoires en vue d'aboutir à une synthèse concernant les activités et le dynamisme de la JOC. | |
Bibliographie:Joseph Cardijn: Laïcs en première ligne. Bruxelles-Paris, Ed. Vie ouvrière - Ed. universitaires, 1963, 200 p. Joseph Cardijn: Cardijn face aux événements 1950-1960. Deux cents éditoriaux parus dans le quotidien La Cité. Préface de Jules Gérard-Libois. Bruxelles, Ed. Vie ouvrière, 1976, 294 p. Va libérer mon peuple! La pensée de Joseph Cardijn, Paris-Bruxelles, Les Editions ouvrières - Vie ouvrière, 1982, 359 p. Marguerite Fiévez et Jacques Meert (avec la collaboration de Roger Aubert): Cardijn. Préface de don Helder Camara. Bruxelles, Ed. Vie ouvrière, 1969, 241 p. Joseph Verhoeven: Joseph Cardijn, prophète de notre temps. Préface du cardinal Suenens. Bruxelles, Ed. Labor, 1971, 202 p. Marcel van Roey: Kardinaal Cardijn. Brussel, D.A.P. Reinaert, 1972, 227 p. A. Dendooven: Ontstaan, structuur en werking van de Vlaamse KAJ. Een sociografisch overzicht (Naissance, structures et fonctionnement de la KAJ flamande. Un aperçu sociologique). Antwerpen, Standaard Wetenschappelijke Uitgeverij, 1967, 484 p. Marc A. Walckiers: Sources inédites relatives aux débuts de la JOC (1919-1925), Louvain, Nauwelaerts, Centre interuniversitaire d'histoire contemporaine, Cahiers, no 61, 1970, 213 p. Walckiers est également l'auteur d'une thèse de doctorat encore à publier: Joseph Cardijn jusqu'avant la fondation de la JOC. Vicaire à Laeken, 1912-1918: Directeur des oeuvres sociales de Bruxelles, 1915-1928, présentée devant la Faculté de philosophie et lettres, groupe d'histoire moderne, de l'Université catholique de Louvain, 1981. Cardijn vivant. Brochure du quotidien La Cité, novembre 1982. KADOC. Jaarboek 1982. Actes du colloque ‘Cardijn. Un homme, un mouvement’, 18-19 novembre 1982, 1983, 320 p. Mgr. Ladeuzeplein 21, B-3000 Leuven. | |
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Simon van Venlo: Boexken van der officien. Première page.
◼ la salle nottebohm de la Bibliothèque municipale d'Anvers a servi de décor, du 17 novembre au 31 décembre 1982, à l'exposition d'une cinquantaine de précieux ‘Incunables anversois du patrimoine anversois’, c'est-à-dire des ouvrages réalisés à Anvers avant 1500 par les imprimeurs Mathias van der Goes, Geraert Leeu, Claes Leeu, Govaert Bac, Dirk Martens, Adriaen van Liesvelt, Roland van den Dorpe, Henrick Eckert van Homberch et la Mensa philosophica, et qui sont la propriété de la Bibliothèque municipale, du collège Notre-Dame et du musée Plantin-Moretus. A cette occasion, deux publications intéressantes ont vu le jour. Le conservateur en chef Ludo Simons et son équipe ont établi l'inventaire des quatre cent trentedeux incunables imprimés à Anvers et aujourd'hui éparpillés aux quatre coins du mondeGa naar eind(1). En deuxième lieu, le premier incunable anversois, petit traité proposant une explication allégorique de la messe et constituant un exemple exquis du mysticisme florissant dans les bas pays et le pays rhénan, a été somptueusement réédité en une exécution fac-similé en quadrichromieGa naar eind(2). Un deuxième volume comporte une introduction et une transcription (Ludo Simons) et trois études - consacrées à l'imprimerie à Anvers au quinzième siècle (Hendrik D.L. Vervliet), à l'imprimeur et son travail (Elly Cockx-Indestege) et à la place qu'a occupée le Boexken dans l'histoire de la liturgie et de la piété (Jos Andriessen) -, dont le texte est également proposé en anglais. ◼ madame maurits naessens-Verhasselt nous demande de préciser que la collaboration directe de Maurits Naessens avec Hendrik de Man s'est limitée à la période du Plan du travail (1933-1934). Par la suite, Naessens a fait partie de plusieurs cabinets ministériels et, au mois de mai 1940, a suivi le gouvernement belge en France. A la demande d'un ministre, il a regagné la Belgique et s'est informé auprès
Portrait de Maurits Naessens (1908-1982) par Octave Landuyt.
d'Hendrik de Man des projets de celui-ci. Après un voyage d'étude en groupe en Allemagne, effectué à la demande des Amitiés belgoallemandes, Naessens a fait rapport à De Man et lui a adressé une lettre comportant une série de questions épineuses, auxquelles il n'a jamais reçu de réponse (confirmé également par Jef Rens). Naessens n'a jamais été associé aux activités déployées par De Man au cours de l'été 1940 et des neuf premiers mois de 1941. Dans une lettre adressée à madame Naessens, le président du Parti socialiste flamand, Karel van Miert, déclare qu'il ‘ne dispose d'aucune preuve que Maurits (Naessens) aurait fait l'objet d'une sanction ou d'un blâme formel’ et qu'il (lui) a été ‘certifié qu'à l'époque (à la libération), (Naessens) comptait au sein du parti aussi de nombreux défenseurs qui lui surent gré de l'aide qu'il leur avait apportée dans des circonstances difficiles et que, par conséquent, il n'y avait pas lieu de le frapper d'une sanction ou d'un blâme’. WILLY DEVOS Adresse: Herdersstaflaan 38, B-1170 Brussel-Bruxelles. |
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