nalement fameux en ce domaine, comme Jack Vance, Frederick Pohl, Kate Wilhelm, Damon Knight, Alfred Bester, Robert Holdstock, Rachel Pollack, Lisa Tuttle, tous connus par des traductions en néerlandais, parfois, comme Jack Vance par exemple, avec plus de vingt titres!
Car il est vrai que malgré la popularité croissante du genre le nombre d'auteurs de sciencefiction écrivant en langue néerlandaise est encore très limité. Mais il y en a: Manuel van Loggem, le doyen, Felix Thijssen, Tais Teng, Wim Gijsen et quelques autres, et il existe également une revue, Holland SF, dirigée par une femme, Annemarie Kindt, prouvant ainsi que le féminisme a ici aussi son mot à dire. Cela n'empêcha pas les controverses et les discussions véhémentes entre féministes et antiféministes à la ‘Beneluxcon’, comme on put l'entendre lors d'un forum sur le sujet ‘Femme et SF’. De Arbeiderspers, maison d'édition d'Amsterdam, va même lancer une série, S-Fem, dont les volumes seront écrits uniquement par des femmes.
Dans son discours Mme Gardeniers a dit entre autres: ‘On a trop tendance à mettre dans le même sac les oeuvres de sciencefiction, les romans de couturières, de médecins etc. Les média n'y consacrent que peu d'études sérieuses et en dehors de celles de Rudy Kousbroek et de Sybren Polet il n'existe guère d'essais sur ce thème. Je le regrette, car j'appartiens au cercle d'amateurs sérieux de SF. Il est donc juste que ce congrès ait lieu et c'est avec plaisir que je l'inaugure officiellement’. Il faut croire que la SF a un avenir certain dans notre culture...
◼ avec la mort, à l'âge de 81 ans, du poète et auteur Jacques van Hattum, survenue fin août, vient de disparaître le dernier de trois poètes qui, dans l'histoire de la littérature néerlandaise furent connus sous le nom de ‘Amsterdamse School’, Gerard den Brabander (pseudonyme de Jan Jofriet), Jacques van Hattum et Eduard Hoornik. On pourrait par extension englober d'autres poètes de la même époque dans cette ‘école’, mais l'appellation s'applique avant tout aux trois, dont aucun d'ailleurs n'était d'origine Amstellodamoise, quoique ils habitassent tous cette ville. Ils avaient déjà publié chacun plusieurs volumes de poésie, lorsqu'ils se manifestèrent ensemble dans un recueil qui a fait date dans l'histoire littéraire d'avant la guerre et qui s'intitulait Trois sur un seul perron. Le mot ‘perron’ (quai) fut choisi à dessein parce qu'ils voulaient démontrer que, loin d'être influencés par l'auteur E. du Perron, comme le prétendait la critique, ils avaient tous les trois leur voix propre à faire entendre.
Trois sur un seul perron. De gauche à droite: Gerard den Brabander, Ed Hoornik et Jacques van Hattum.
De ces trois, Den Brabander, mort en 1968, fut sans doute en même temps le poète le plus authentique et véritable bohémien. Hoornik, décédé en 1970, était le plus connu, pas seulement par ses poèmes, mais aussi parce qu'il dirigeait, avec goût et un sens remarquable d'opportunisme littéraire, plusieurs revues et collections poétiques, et parce que sa propre poésie a eu une influence certaine dans les années '40.
Van Hattum occupait la place la plus modeste, se mêlant très peu à la vie littéraire. Ce fils de jardinier, né en Frise, dans le village de Wommels, était devenu instituteur à Amsterdam. C'était un virtuose de la langue, qu'il maniait avec un extrême raffinement, non exempt de préciosité et de pathos, ni d'ailleurs, dans certains de ses poèmes, d'ironie et même de violent sarcasme.
Il ne débuta qu'assez tardivement, en 1932, mais par la suite ses recueils se multiplièrent considérablement. Les plus importants sont De Pothoofdplant, Bilzenkruid, Frisia non cantat, De Nagels in het vlees et, en 1954, Verzamelde gedichten. D'une valeur inégale, son oeuvre contient d'excellents poèmes qui sont parmi les plus remarquables de sa génération. Van Hattum écrivait également des contes où la fantaisie et l'irréel (qu'on retrouve d'ailleurs aussi dans certains vers) occupent une place prédominante.
Réunis dans de petits volumes, ce n'est certes pas la partie la plus négligeable de l'oeuvre d'un écrivain qui se sentait mal dans sa peau et s'estimait aussi quelque peu méconnu (il en gardait parfois une rancune involontaire) mais qui occupe une place bien à lui dans la littérature néerlandaise contemporaine.
PIERRE H. DUBOIS
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