Dimitri Frenkel Frank, l'auteur de la pièce de théâtre ‘Miroirs’.
nourrir quelque prédilection, peut-être parce que le jeu des masques y est poussé à l'extrême?
Miroirs compte deux actes à deux personnages. Dans le premier, une pigiste paumée, qui cherche du travail pour pouvoir élever ses deux gosses, interviewe pour une feuille bien-pensante un romancier hautain, misanthrope et misogyne, sceptique..., qui finit par lui avouer l'amour qu'il porte à la virago qu'est sa femme de ménage. Le second nous montre une journaliste engagée poursuivant jusque dans ses derniers retranchements un écrivain homosexuel qui vit retiré dans le décor décadent d'une villa italienne et revendique sa part de débilité. Jean Tordeur, critique du journal Le Soir, souligne l'intérêt de ‘ce double jeu de miroirs qu'un personnage visiblement dominant dans l'apparence se voit proposer par le perdant tout aussi probable de la joute... et qui cesse soudain de l'être. Et du miroitement au carré qui réfracte un acte vers l'autre, l'autre vers l'un. On rit souvent et spontanément au premier, qui tourne à la scène de ménage entre deux inconnus avant d'atteindre une dimension tragique parfaitement inattendue. On ne sort pas indemne du second, on s'y éprouve même blessé (ce qui demeure un privilège imprescriptible du théâtre efficace) parce que le cas limite qui y est proposé - celui de ce faux intellectuel qui choisit le rire comme parade à son désespoir de n'être que ce qu'il est - est, finalement, moins rare qu'il n'y paraît.’ La pièce a rencontré un vif succès et sera probablement remise à l'affiche la saison prochaine.
◼ décidément, ‘cobra’ ne nous lâche plus. La revue vient d'être rééditée au mois de février par l'éditeur parisien Jean-Michel Place. Fin avril, le groupe de travail Littérature et arts plastiques de la ‘Katholieke Universiteit Leuven’ a organisé un colloque flamando-néerlandais consacré au thème ‘L'art de Cobra - La poésie des années cinquante’, qui se voulait une tentative de recherche interdisciplinaire autour des ‘peintures-mots’ chères à Cobra. Willemijn Stokvis y approfondissait le ‘désir irrationnel’ de Cobra, à travers l'intérêt porté à l'art enfantin, l'art d'aliénés mentaux, l'art primitif et l'animal. Cees van de Watering soulignait la différence de nature des expressions picturale et verbale et illustrait le fait que les poètes expérimentalistes des années cinquante ne respectent le code de langage que pour mieux le dépasser et le modifier. Hugo Brems analysait un poème d'Hugo Claus en contrepoint d'une toile de Corneille et Georges Wildemeersch se penchait sur ‘Le poète Hugo Claus et la peinture’. Il n'était pas dans les intentions d'aboutir à des conclusions, voire à une théorie d'ensemble, mais des réflexions et échanges de ce genre permettent néanmoins d'établir des parallèles intéressants. A titre d'illustration fut organisée une exposition autour du poète-peintre néerlandais Lucebert.
◼ face à l'imposant Grand livre des musées néerlandais, présenté par Sadi de Gorter dans sa chronique précédente, je ne puis soumettre à l'attention des lecteurs de Septentrion que le pratique guide de poche Museumgids van Oostende tot Maaseik (Guide des musées d'Ostende à Maaseik, quatrième édition, 1979), édité par le département de la Culture néerlandaise (section ‘Plastische Kunsten - Musea’, Koloniënstraat 29-31, 1000 Brussel). 259 musées de la région de langue néerlandaise et de l'agglomération bruxelloise y sont répertoriés. Un index en tête de l'ouvrage donne le classement des musées; un deuxième, sur un dépliant à la fin de l'ouvrage, classe les musées selon leur contenu; au verso du dépliant, une carte montre leur situation géographique. Le contenu de chaque musée est indiqué en quatre langues, dont bien sûr le français. Pour chaque musée sont indiqués l'adresse et le numéro de téléphone, les heures d'ouverture, la direction, le conservateur, le bâtiment et l'architecte, les facilités pour les handicapés, les différents services et une bibliographie. En fin de volume, on trouve une liste d'adresses de la Fédération des amis des musées de Belgique.
◼ il y a huit ans déjà que les Editions Complexe lançaient la collection ‘Le plat pays’, dans laquelle Jacques de Decker se proposait de ‘diffuser des textes représentatifs de la littérature néerlandaise contemporaine auprès du public francophone’, pour mieux ‘faire connaître une culture qui, quoiqu'elle s'inscrive dans un contexte européen et joue, au niveau économique et social, un rôle déterminant, reste profondément méconnue dans les milieux de langue française’.
Six titres ont paru jusqu'à présent: Un soir, un train de Johan