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Belgique
Les Belges de langue allemande
Les Belges germanophones sont plus de soixante mille, soit la population d'une ville moyenne, mais répartie, en l'occurrence, sur neuf communes groupant les vingt-cinq anciennes communes d'avant la grande opération de fusion des communes à laquelle l'Etat belge a procédé il y a six ans. Superficie: huit cent soixante kilomètres carrés. Une communauté bien délimitée géographiquement, reconnue en tant que telle par la Constitution belge. En effet, depuis la révision de la Constitution de 1970, la région autour d'Eupen, Malmédy et Bütgenbach constitue une communauté culturelle allemande distincte à côté de la communauté culturelle néerlandaise - devenue communauté flamande depuis la mise en place de la régionalisation en 1980 - et de la communauté culturelle française. En tant que telle, elle est dotée d'un Conseil de la communauté culturelle allemande, qui régit la vie culturelle de nos compatriotes de langue allemande. Pourtant, cette communauté n'a pas encore acquis la place définitive que d'aucuns voudraient lui voir attribuer dans la Belgique régionalisée.
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Les cantons de l'Est
Eupen, Malmédy, les Hautes Fagnes, la vallée de la Vesdre et ainsi de suite... Ne nous étonnons pas que celui qui entend parler des ‘cantons de l'Est’ -comme on désigne le plus couramment cette région - songe avant tout au tourisme. Signalons parmi les curiosités touristiques particulièrement attrayantes: la réserve naturelle des Hautes Fagnes, près de quatre mille hectares de landes et de tourbières qu'animent une flore et une faune très diversifiées; les barrages de Bütgenbach, de Robertville, et bien sûr le célèbre barrage de la Gileppe; la ville de Raeren, déjà célèbre au quinzième siècle par ses pottiers qui exportaient jusqu'en Irlande et en Suède. L'amateur de randonnées, de ski, de sport nautique ou d'équitation s'y croira au septième ciel. Et n'oublions pas de signaler tout particulièrement l'excellente table de gibier dans la région entre Eupen et Malmédy. Bref, une région où il y a tout pour être heureux. Aussi, les habitants des cantons de l'Est qui ne sont pas directement concernés par le tourisme et ses activités connexes ne rechignent-ils pas trop à faire la navette pour aller travailler dans l'agglomération liégeoise. Mais ce n'est pas cet aspect touristique qui retiendra notre attention; le moment venu, le lecteur pourra se tourner vers d'autres sources d'information plus indiquées. Nous nous attarderons plutôt sur le statut politique de la région, qui, sans pour autant menacer l'existence du gouvernement central à Bruxelles, n'en est pas moins une question d'actualité politique.
Ce qui s'appelle officiellement aujourd'hui ‘la région de langue allemande’ est, en réalité, une séquelle de la première guerre mondiale. L'Empire allemand, pendant quatre ans, avait saccagé la Belgique, et Berlin devrait payer à la Belgique des dommages-intérêts, non seulement en espèces mais aussi en cédant une parcelle du territoire allemand. C'est ce qui fut convenu, en 1919, par les négociateurs du traité de Versailles: ‘L'Allemagne renonce, en outre, en faveur de la Belgique, à tous droits et titres sur les territoires comprenant l'ensemble des cercles (Kreise) de Eupen et Malmédy’ (article 34). A Versailles, on ne s'était guère préoccupé de savoir si les habitants de la région en question étaient d'accord ou non. D'ailleurs, ceux qui ne l'étaient pas pouvaient déclarer leur opposition formelle à Malmédy. Environ trois cents personnes protestèrent effectivement de leur désir de demeurer des Prussiens, et ils furent sans beaucoup de discussion expédiés de l'autre côté de la frontière, direction: l'Allemagne. Les autres, après avoir été pendant quatre ans des ennemis de la Belgique, devinrent citoyens belges. Dans certains livres et manuels d'histoire, on pouvait même lire pendant des années que
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Le bâtiment où se réunit le Conseil culturel de la communauté allemande.
les cantons de l'Est avaient salué ce changement comme une libération!
Vingt ans après, les Belges germanophones se virent placés devant un nouveau choix, dont l'alternative avait, une fois de plus, été décidée derrière leur dos. Aux yeux de l'Allemagne nazie, les habitants étaient des ‘brebis perdues’ que le grand Reich accueillerait à bras ouverts et les Belges de langue allemande redeviendraient des citoyens allemands. On eut la bienveillance d'oublier que nombre d'entre eux, en qualité de soldats de l'armée belge, avaient participé à la campagne des dix-huit jours, en mai 1940, pour combattre cette même Allemagne. Cette fois, ils devaient, pendant quatre ans, se battre dans les rangs de l'armée allemande: on ne manqua pas de le leur reprocher lorsqu'ils se retrouvèrent Belges après la libération. En Belgique, la répression d'après-guerre ne fut certes pas un exemple de justice sereine; dans les cantons de l'Est, elle manqua particulièrement de clémence. En outre, les habitants de la région ne devaient guère compter sur quelque sympathie de la part du reste du pays: les Flamands étaient euxmêmes confrontés à une répression impitoyable, et aux yeux de ceux qu'elle ne touchait pas, les habitants des cantons de l'Est n'étaient ‘tout de même que des Allemands’.
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‘Pas inutilement’
François Perin, ancien ministre du Rassemblement wallon, parti fédéraliste wallon, passe pour avoir déclaré un jour que le traité de Versailles avait été un crime, mais il aurait ajouté, au sujet des cantons de l'Est: ‘...nous n'avons pas laissé passer inutilement ces cinquante années’.
Chez un wallon à cent pour cent, la logique est claire: la région de langue allemande est appelée à devenir wallonne et, par conséquent, francophone. Les Wallons n'ont jamais accepté d'îlots linguistiques sur leur territoire: celui qui vient s'établir en Wallonie doit s'adapter - logique qu'ils oublient avec une rapidité déconcertante dans la situation inverse: quand des Wallons et des francophones de Bruxelles s'établissent dans certaines parties de la Flandre, région de langue néerlandaise, il leur semble aller de soi que les autochtones s'adaptent et répondent à leurs exigences. Les paroles précitées, a fortiori quand elles émanent d'un homme politique qui affiche ses convictions fédéralistes, témoignent d'une attitude peu sympathique à l'égard d'une minorité.
Dès leur intégration à la Belgique, les cantons de l'Est furent administrativement rattachées à la région de langue française, ce qui était la porte ouverte à la francisation. Nos compatriotes germanophones, bien sûr, étaient habitués à ‘subir’ des changements de nationalité avec les con- | |
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séquences qui peuvent en résulter: depuis 1794, ils furent des Français sous Napoléon, revinrent ensuite sous la bannière prussienne pendant un siècle, puis devinrent Belges, pour se redécouvrir Allemands, puis de nouveau Belges. Dans ces conditions, on donnerait beaucoup pour être tranquille, fût-ce au prix de quelques contraintes. En clair, ils étaient mûrs pour accepter la mise en place de mécanismes de francisation: on pourrait ‘ne pas laisser passer inutilement ces cinquante années’, pour parler comme Perin. Pourtant, François Perin n'eut pas raison sur toute la ligne. La région de langue allemande demeura germanophone. En dépit de l'établissement, dans la région, de nombreux francophones qui y bénéficient de ‘facilités’ administratives, il n'y eut ni fusion ni assimilation.
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‘La longue marche’
Qualifier de ‘longue marche’ l'évolution de la région de langue allemande, c'était indéniablement faire preuve de beaucoup de bonne volonté. Or, cette formule, et cette bonne volonté, nous les trouvons dans un article publié en 1977 dans La Relève, organe des intellectuels wallons démocrateschrétiens qu'on ne peut suspecter de tendances anti-wallonnes. Un long chemin avait donc été parcouru, chemin difficile du fait que les Belges germanophones devaient compter presque exclusivement sur eux-mêmes. Lors de la répression d'après-guerre, des dossiers d'instruction avaient été établis à l'encontre de seize mille cinq cents habitants des cantons de l'Est, soit une personne sur trois, malades, enfants et personnes âgées compris. On eut l'indulgence de considérer que cette collaboration avait été ‘obligatoire’ dans beaucoup de cas. De ce fait la plupart des dossiers furent rapidement classés sans suite, mais après vingt ans, quatre mille étaient toujours en suspens. Or, pour se faire entendre sur le plan politique, les Belges germanophones dépendent entièrement de la bonne volonté des partis traditionnels francophones. En effet, la région ne constitue pas une circonscription électorale distincte, et l'élection d'un Belge germanophone nécessite davantage qu'un brin de chance. Pendant la campagne pour les élections législatives de 1971, les démocrateschrétiens francophones du Parti social chrétien (PSC) avaient promis aux Belges de langue allemande que ‘leur’ représentant, à moins d'être élu directement, serait désigné comme sénateur coopté. Au lendemain des élections, le PSC oublia
sa promesse et envoya un Liégeois au Parlement à Bruxelles. Les Belges de langue allemande avaient rendu le service qu'on attendait d'eux, et donc... Ces avatars eurent pour résultat la création du Partei der Deutssprachige Belgier (PDB - Parti des Belges germanophones), qui occupe sept des vingt-cinq mandats au Conseil de la communauté culturelle allemande.
Entre-temps, un-long chemin avait effectivement été parcouru, pas tellement parce qu'à Bruxelles on aurait découvert ce dossier, loin de là, mais plutôt du fait que la population intéressée, désormais conscientisée, désirait vivement que les choses changent. La troisième génération de Belges germanophones osa défendre sa nature propre et exprimer ses revendications, et elle continue à le faire.
Les lois linguistiques de 1963, qui aboutirent notamment au transfert de la région des Fourons, limitrophe dè celle de langue allemande, de la province francophone de Liège à la province flamande du Limbourg ainsi qu'à l'instauration des facilités, très contestées de nos jours, en faveur des francophones dans les communes flamandes périphériques de l'agglomération bruxelloise, comportaient une disposition très importante pour les germanophones: l'allemand y fut reconnu langue officielle de la région et aussi première langue d'enseignement. Mais nous ne serions pas en Belgique si, dans cette même législation, on n'avait d'emblée prévu tant d'échappatoires camouflées que son application devait entraîner de véhémentes discussions et querelles avec l'administration et le pouvoir central à Bruxelles. La lutte y fut menée par quelques parlementaires solitaires, parmi lesquels se distinguait surtout le
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sénateur nationaliste flamand Wim Jorissen. Mais ayec les années, les autres partis politiques aussi finirent par apprécier à sa juste valeur l'apport électoral des Belges germanophones, de sorte que ceux-ci sont aujourd'hui moins solitaires qu'il y a une ou deux décennies.
A l'instar de ce qui s'était fait dans les communes périphériques de Bruxelles, la loi instaurait également dans les cantons de l'Est des facilités en faveur des francophones venus s'y établir. Des néerlandophones qui viendraient éventuellement y habiter n'ont qu'à s'adapter. Signalons, à ce propos, qu'un Flamand qui téléphone au Conseil de la communauté culturelle allemande à Eupen obtiendra sans difficultés toutes les informations non seulement en allemand, mais aussi en français et en néerlandais. Pour ce qui est de l'enseignement aussi, les francophones des cantons de l'Est peuvent envoyer leurs enfants dans des écoles de langue francaise; la possibilité équivalente n'est pas prévue pour les enfants néerlandophones. En d'autres termes, les germanophones ne disposent que d'un choix limité: leur langue maternelle, l'allemand, ou le français. Mais soit, même si les enseignants travaillant actuellement dans cette région n'ont pas tous une connaissance suffisante du français et de l'allemand pour enseigner les deux langues comme il faut, la communauté de langue allemande fut tout de même reconnue, en 1963, comme étant l'une des régions linguistiques à côté de la région de langue néerlandaise, celle de langue française et celle, bilingue, de Bruxellescapitale. Cette reconnaissance fut incontestablement un pas en avant, et il est frappant qu'il ne fût pour ainsi dire plus question du passé, qu'aucune voix ne s'élevât pour dénoncer ou revendiquer le séparatisme. On voulait tout simplement se sentir chez soi dans le cadre de la Belgique. Or, malgré le progrès réalisé, on n'en est toujours pas là. La nomination d'un germanophone à
la fonction de procureur général près la Cour d'appel de Liège n'y change pas grand-chose; en effet, en son temps, les journaux se firent l'écho de nouvelles doléances, par exemple quant au refus de la Régie des télégraphes et des téléphones de recourir à des techniciens de langue allemande. Dans l'ensemble, une évolution positive, donc, mais qui ne dissipe pas entièrement la méfiance des habitants. Lors des élections législatives, le nombre de votes blancs et nuls demeure toujours particulièrement élevé: plus de seize pour cent en 1974, soit le pourcentage le plus élevé du pays et qui probablement ne baissera pas de sitôt. Et pourtant, au cours de ces années, on avait à nouveau parcouru un bout de chemin.
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Aussi une communauté culturelle
Ainsi les cantons de l'Est étaient devenus une région linguistique. Tout permettait d'envisager, dès lors, que l'on ne s'en
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tiendrait pas là. En effet, la Flandre luttait toujours pour obtenir une autonomie culturelle, qui lui serait accordée lors de la révision de la Constitution de 1970. A ce moment-là, la Flandre, au terme de cinquante ans de discussions, se vit doter d'une institution propre, le Conseil culturel pour la communauté culturelle néerlandaise (article 59bis), que l'on appelle plus brièvement le ‘parlement culturel’, chargé de régler la vie culturelle, au sens large, de la communauté de langue néerlandaise. Au même titre furent constitutionnellement reconnues la communauté culturelle française (article 59bis) ainsi que la communauté culturelle allemande (article 59ter). Cette évolution n'entraîne pas de difficultés majeures. Cependant, il convient de souligner qu'il s'agit, en l'occurrence, de Culture avec une majuscule, que l'enseignement, par exemple, ne relève que partiellement de la compétence des conseils culturels respectifs. Ceux-ci se penchent sur des dossiers tels que la politique des musées, les bibliothèques, la promotion culturelle et ainsi de suite: sont exclues toutes questions susceptibles de bouleverser notre système politique. Cette reconnaissance constitutionnelle en tant que partenaire des deux autres communautés - comme l'indiquait clairement le premier alinéa de l'article 3ter nouvellement adopté en 1970: ‘La Belgique comprend trois communautés culturelles: française, néerlandaise et allemande’ - devait permettre à la communauté allemande de s'apaiser.
Le principe en étant reconnu, il s'agissait de le traduire en actes concrets, et sur ce point, on était loin de l'égalité. En effet, les conseils culturels des Flamands et des francophones furent dotés de compétences législatives effectives: ils prendraient des décisions par décret. Il en allait différemment pour la communauté allemande: le conseil de cette dernière ne disposerait que d'une compétence consultative, il pourrait soumettre des avis au pouvoir central, qui déciderait lui-même de leur exécution éventuelle. En revanche, contrairement aux conseils culturels des deux grandes communautés, qui se composaient des membres des groupes linguistiques respectifs des deux Chambres (Chambre des représentants et Sénat) et qui, pour l'occasion, n'avaient qu'à ‘changer de bonnet’, le Conseil de la communauté culturelle allemande serait composé d'élus propres. Il compterait vingt-cinq mandataires, à élire concomitamment avec les élections législatives. Lors de la première élection directe des membres du conseil, en 1974, il y eut, comme pour les élections législatives, environ quinze pour cent de votes blancs et nuls. En d'autres termes, la méfiance de la communauté germanophone à l'égard de Bruxelles demeurait très forte. Comme on pouvait s'y attendre, les démocrates-chrétiens francophones l'emportèrent avec une confortable majorité de quarante-sept pour cent. Les autres partis traditionnels, libéral et socialiste, découvrant soudain un nouveau champ d'action politique dans la région, enregistrèrent respectivement seize et douze pour cent des votes. Mais les vingt-cinq pour cent des suffrages recueillis par le PDB, le Parti des Belges
germanophones, fut certes la plus grande surprise de ces premières élections. Aux élections de 1977, ce pourcentage grimpa même jusqu'à trente, ce qui valait au parti sept des vingt-cinq sièges au Conseil de la communauté culturelle allemande. Le progrès du PDB provenait surtout des démocrates-chrétiens francophones qui, jusque-là, avaient constitué l'unique façteur politique important de la région: aux élections législatives de 1950, ils avaient obtenu quatre-vingt-cinq pour cent des voix, en 1977 ils n'en conservaient plus que quarante, ce qui est toujours considérable. Le PDB est né en 1971, au lendemain de la révision de la Constitution, d'une scission au sein de la démocratie chrétienne francophone. Nous avons déjà souligné le manque de délicatesse avec lequel le PSC traitait ses propres électeurs dans cette région. De plus, on ne cessait de renvoyer aux calendes grecques une solution ‘définitive’ pour la région. Ces deux éléments se trouvèrent à l'origine de la création du PDB,
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qui n'était pas un club de rêveurs ou de fanatiques nostalgiques, mais qui se composait de gens appartenant à la troisième génération de Belges germanophones, désireux de tailler, pour leur communauté, une place appropriée au sein de la Belgique nouvelle qui s'élaborait si laborieusement à Bruxelles et d'appliquer tout simplement à leur région ce que les autres communautés ou régions de la Belgique revendiquaient pour elles-mêmes.
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L'article 107 quater
Nombreux étaient ceux qui, sur ce point, avaient mis de grands espoirs dans la régionalisation, dont l'article 107 quater de la Constitution, devenu entre-temps célèbre, énonçait le principe: ‘La Belgique comprend trois régions: la région wallonne, la région flamande et la région bruxelloise’. Alors que les communautés, par la voie de leurs conseils, régleraient leur propre vie culturelle, les régions s'occuperaient plus spécifiquement des problèmes sociaux et économiques auxquels elles étaient confrontées. Concrètement, il s'agit, par exemple, d'économie régionale, d'aménagement du territoire, de logement, de rénovation urbaine, de remembrement et ainsi de suite, toutes affaires bien localisables. Conformément à la Constitution révisée de 1970, la région de langue allemande ne devient pas une région au sens institutionnel de l'article 107 quater. Elle n'acquiert de compétence qu'en matière culturelle, encore celle-ci n'est-elle que purement consultative. C'est très peu, comme l'admet tout le monde, et Bruxelles voit naître un consensus politique visant à convertir cette compétence consultative en une compétence législative comme c'est le cas pour les deux autres conseils culturels. Mais ces projets ne satisfont pas tout le monde: le PDB notamment exige une situation plus claire. Il existe maintenant, dit-il, un Conseil de la communauté culturelle allemande composé de mandataires directement élus. Si on envisage de le doter de compétences législatives, pourquoi n'en profiterait-on pas pour étendre celles-ci à un certain nombre de matières régionales? D'autant plus que l'on a effectivement reconnu et accepté le caractère
propre de la région qui, sans discussion aucune, entend rester belge sans pour autant devenir zone d'expansion wallonne. En effet, depuis l'adoption, le 8 août 1980, de la loi spéciale de réformes institutionnelles pour la Flandre et la Wallonie, la région de langue allemande est effectivement ‘intégrée’ à la région wallonne. Et cela, nombre de Belges germanophones l'acceptent difficilement. Non seulement on les dote d'un conseil culturel dépourvu de compétences réelles, mais on rattache la région à la Wallonie sans avoir une seule fois sollicité l'avis des habitants germanophones, premiers intéressés...
Et voilà que l'on tourne déjà tout spécialement le regard vers les résultats, dans cette région, des prochaines élections. Le nombre de votes blancs et nuls s'accroîtra-t-il encore? La méfiance s'accentuera-t-elle? De toute façon, la lutte tranquille des Belges germanophones, devenus Belges malgré eux mais désirant tout simplement se sentir chez eux dans ce pays, se poursuit. Ce dossier constituera-t-il la énième illustration - et elles sont nombreuses - de l'incapacité foncière de la Belgique de résoudre véritablement ne fût-ce qu'un seul de ses problèmes?
MARC PLATEL Adresse: Oudstrijderslaan 6, B-1950 Kraainem.
Traduit du néerlandais par Willy Devos. |
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