flamand, a su atteindre cet équilibre. Chaque semaine, (et cela depuis son lancement en 1964) il signe dans ‘De Nieuwe’, hebdomadaire indépendant de tendance progressiste, un dessin important à côté de plusieurs autres de dimensions plus modestes. Signalons qu'à l'époque ‘De Nieuwe’ succéda à ‘De Nieuwe Linie’, hebdomadaire dirigé par les Jésuites et finalement sabordé à cause de son idéologie progressiste de gauche. On peut dire, sans risque d'exagération, que Gal à véritablement façonné la physionomie particulière de ce journal. Jusqu'en 1977, il orna la une de chaque numéro d'un dessin, faisant l'effet d'une bombe et attirant d'emblée l'attention du lecteur sur les divers articles du journal. Croire que son oeuvre ne prend de signification qu'à travers le journal auquel il consacre le plus clair de son temps, ce serait là sans aucun doute méconnaître l'auteur. Il suffit pour s'en convaincre de se pencher sur les deux ouvrages qui viennent de lui être consacrés:
Kissinger, Carter, Coca & Co, dessins politiques 1970-1977, Paris-Bruxelles, 1977 et
AAA... 75 dessins politiques in
Kreatief, Groeningestraat, 23, Wevelgem, 11e année, no 1, avril 1977. Ces ouvrages montrent à quel point chaque dessin de Gal retient l'attention, indépendamment de l'actualité qui l'inspira, sans jamais sécréter l'ennui. La maîtrise du métier et le talent artistique dont Gal fait preuve lui permettent de varier à l'infini son style en fonction des thèmes à illustrer. Tantôt ce sont des compositions hautement baroques où chaque détail trahit à
la foi volupté et rigueur picturales. Tantôt ce sont des dessins linéaires d'un extrême dénuement, le plus souvent réduits à quelques lignes étonnamment aptes à camper tel ou tel portrait, telle ou telle situation. On pourrait penser que les termes ‘portrait’ et ‘situation’ correspondent chez l'auteur à deux réalités bien distinctes. Qu'on ne s'y méprenne pas! Très souvent, pour ne pas dire toujours, le portrait constitue à ses yeux la synthèse d'une situation. C'est le cas notamment du portrait de feu Paul VI fait à la suite des remous que suscita l'affaire Lefèvre. Les ornements qui décorent les deux extrémités de l'étole suggèrent la situation quelque peu schizophrène, née au sein de l'Eglise entre l'aile progressiste d'une part et la tendance conservatrice de l'autre, de même que les difficultés qu'éprouva le Vatican à continuer à se les rattacher comme par le passé. Autre exemple tout aussi significatif: un autoportrait où le dessinateur a installé sa table de travail au faîte d'un globe terrestre en ébullition.
Le goût de la synthèse, voilà sans aucun doute un des principaux atouts dont dispose Gal, incontestablement aussi la toute première qualité que doit posséder un dessinateur politique. En clair, cela signifie que ce dernier doit être considéré comme un rédacteur politique à part entière qui, tout comme ses collègues de la