Notices - Livres
Les voyageurs de l'anti-temps (H. Raes).
Ce roman, intitulé en néerlandais Reizigers in de anti-tijd (1970), a été traduit par Jeanne Buytaert (dont le nom sonne de plus en plus familier quand il est question de traductions d'auteurs néerlandais); il est publié dans la Bibliothèque Marabout, Science-Fiction. Ce n'est peut-être pas tout à fait à juste titre que nous le retrouvons dans cette série, puisqu'il n'est pas du tout évident que le roman de Hugo Raes, tout en témoignant d'une fantaisie presque effrénée, se situe réellement dans un avenir plus ou moins lointain. Si la fiction abonde, la science futurologique fait complètement défaut.
Hugo Raes (né à Anvers en 1929) écrivait à ses débuts des oeuvres ancrées dans la réalité de nos jours, et plus particulièrement dans le petit monde de nos instituts d'enseignement, dont elles critiquaient vivement la mesquinerie: nous nous référons ici à De vadsige koningen (Les rois indolents) et Een faun met kille hoorntjes (Un faune aux cornes froides). Mais peu à peu le fantastique prit le dessus, et Raes atteignit un premier sommet dans le genre avec De lotgevallen (Les aventures), roman qui remporta en 1969 l'important prix littéraire Van der Hoogt, aux Pays-Bas.
Il n'est pas inutile, avant d'aborder Les Voyageurs, de présenter brièvement Les aventures (De lotgevallen).
En effet, il est parfaitement possible d'appeler Les Voyageurs les ‘Nouvelles Aventures’, à condition de ne pas oublier que, comparés au livre antérieur, Les Voyageurs se déroulent à contrecourant. Nous serons amenés à en parler plus loin.
Les Aventures surviennent à une petite famille (père, mère, fils et fille) qui part d'un lieu indéterminé, subit diverses tribulations particulièrement fantastiques et arrive en fin de compte quelque part où l'on peut entendre des ‘voix’ (ce qui pourrait signifier que l'errance des quatre n'a pas été gratuite ni dépourvue de sens). Pendant leur voyage vers un avenir insondable, les quatre personnages sont confrontés à tout ce qui peut être le sort de l'homme moderne: guerre, violence, illusion d'un bonheur matériel, solitude, absence de finalité. Mais il leur reste aussi une lueur d'espoir: ils connaîtront également la joie de l'existence sans complexes dans la nature, l'amour indestructible des époux, le soin des enfants qui, insensiblement, deviennent adultes. De tout ce fleuve d'imagination bizarre émane finalement un double message pour le lecteur un tantinet ahuri: il n'y a pas d'espérance, bien qu'une issue soit nécessaire et probablement même présente, quelque part, et l'espèce humaine doit chercher sa seule chance de survie dans la solidarité inégalée du noyau familial.
Cela dit, il serait incorrect de considérer Les