Septentrion. Jaargang 6

La fondation Alexander Herzen.

La Alexander Herzen-stichting (Fondation Alexander Herzen) a été créée le 19 mai 1969 à Amsterdam. Le comité directeur se compose du président Jan Willem Bezemer, professeur à l'université d'Amsterdam, du secrétaire et trésorier Karel van het Reve, professeur à l'université de Leyde, et de Peter Brian Reddaway, maître de conférences à London School of Economics. Le but de la fondation, c'est d'éditer des écrits provenant de l'URSS, où ils ne peuvent paraître à cause de la censure, mais qui aux yeux du comité directeur de la fondation, n'en méritent pas moins d'être imprimés en vertu de leur valeur littéraire, documentaire, scientifique, historique ou politique. Pour ce qui concerne la ‘tendance’ des manuscrits qui lui sont soumis, la fondation adopte une attitude de stricte neutralité: elle a édité des ouvrages d'auteurs communistes aussi bien que non communistes, de marxistes et de non-marxistes de croyants et d'athées.

La fondation a été créée en vue de permettre à des auteurs de Russie de publier leur oeuvres en Occident sans qu'intervienne quelque mouvement politique ou groupe de personnes que ce soit et sans que leurs écrits soient, dans la moindre mesure, exploités directement ou indirectement par quelque groupement ou maison d'édition politique ou idéologique en dehors de Russie, en fonction de leurs propres objectifs. La fondation assume aussi le rôle de gardien du copyright de ses auteurs. En leur nom, elle négocie avec des éditeurs du monde entier, s'efforce de conclure des contrats intéressants et se charge de garder pour eux les honoraires qui lui sont transmis.

La fondation emprunte son nom à la personnalité d'Alexander Herzen (1812-1870), le premier publiciste russe qui, à partir de 1853, publia systématiquement, à Londres, des livres et périodiques russes sans les soumettre à quelque forme de censure que ce soit.

La fondation ne s'occupe pas de l'édition ou de la promotion de livres écrits par des citoyens ou ex-citoyens de l'URSS en dehors des frontières de celle-ci. Elle ne publie pas davantage des livres dans une langue autre que celle dans laquelle ils ont été écrits originellement. En revanche, elle agit en intermédiaire entre ses auteurs et des éditeurs de l'Occident qui désirent publier une traduction d'un ouvrage écrit en Russie et elle s'efforce, dans la mesure du possible, de veiller à la qualité de la traduction et à celle de l'éditeur.

La fondation édite elle-même avec le plus grand soin, dans la langue originale et sans en abréger ou modifier le texte, les manuscrits qui lui sont confiés. Ainsi atteint-on deux objectifs: le texte original, celui de L'Union soviétique atteindra-telle 1984?, par exemple, est accessible dans une édition valable, et d'autre part, grâce à l'existence du texte original imprimé, le copyright est protégé.

Dans la plupart des cas, l'édition d'un livre russe en dehors de la Russie est une affaire déficitaire. En règle générale, le nombre d'exemplaires vendus ne suffit pas à payer l'imprimeur. La fondation s'efforce de deux manières de remédier à cet état de choses: elle accepte des dons (c.c.p. no. 2903800) de personnes et d'associations, et elle s'efforce, si nécessaire et si possible, de récupérer sur le produit des traductions les frais d'une édition russe publiée par elle. Les droits d'auteur provenant d'éditions françaises, allemandes, néerlandaises, espagnoles, anglaises, japonaises, etc., permettent d'apurer le déficit d'exploitation des éditions en russe. Le reste des droits, la fondation le tient à la disposition de l'auteur. La fondation ne s'attribue pas de pourcentage pour ses interventions. Les travaux de rédaction et de correction, les dépenses d'administration et de déplacement faites pour le compte de la fondation sont pris en charge par les membres du comité directeur et par les personnes qui assistent la fondation dans son travail.

Cet aspect de la question implique que tous ceux qui soutiennent financièrement la fondation ont la certitude que leur argent est affecté exclusivement au paiement de factures d'imprimerie et ne sert pas à assurer la survie de la fondation, à payer des salaires, de la propagande ou d'autres activités accessoires. Ainsi l'argent recueilli par la fondation a-t-il un rendement de 100%, ce qui représente un taux nettement supérieur à celui qu'obtiennent d'autres organismes de charité, qui affectent une partie de l'argent qu'ils reçoivent non pas à l'objectif principal en vue duquel ils ont été créés, mais aux dépenses de fonctionne-

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ment (papier à lettres, téléphone, propagande), de personnel, etc.

Cette façon d'agir permet à la fondation de faire beaucoup avec relativement peu d'argent. La vente de certaines publications en russe, éditées par la fondation, a permis de payer les frais de production. Pour d'autres publications en russe, les droits provenant des traductions ont permis d'apurer le déficit de l'édition originale en russe. Les dons faits à la fondation profitent à l'édition en russe des livres qui, en vertu de leur nature et de leur volume, ne permettent pas d'exploitation rentable à court terme, mais n'en méritent pas moins d'être publiés.

L'attitude de neutralité du comité directeur de la fondation à l'égard des livres publiés par la fondation et des convictions politiques ou religieuses de leurs auteurs nous amène à faire les deux observations suivantes. Il est évident que ses membres ont une opinion politique sur bon nombre de points et qu'ils ne craignent nullement de la professer en dehors de la fondation. En deuxième lieu, on pourra certes voir dans l'action de la fondation l'expression d'une conviction bel et bien politique, soyons plus explicites, la conviction que tout homme, dans chaque pays du monde, doit disposer du droit d'exprimer son opinion, même et surtout si celle-ci n'est pas conforme aux conceptions dominantes dans son pays, ou qui sont censées y être dominantes. Le comité directeur de la fondation estime qu'il n'est que raisonnable que des hommes vivant dans des pays où les autorités ne les empêchent pas d'exprimer librement des opinions allant à l'encontre de l'ordre établi, aident leurs collègues des pays où cette liberté d'expression est entravée à faire connaître leurs opinions tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de ces pays.

La liste exhaustive de tous les écrits publiés par la fondation ou en coopération avec celle-ci compterait plus de 150 titres. Signalons, parmi les principaux livres édités en russe par la fondation:

Andrej Amal'rik: Prosuěčestvuet li Sovjetskij Sojuz do 1984 goda? 1969, 71 p. (L'Union soviétique atteindra-t-elle 1984?).

Andrej Amal'rik: P'esy, 1970, 287 p. (Pièces de théâtre).

Andrej Amal'rik: Stat'i pis'ma, 1971, 100 p. (Articles et lettres).

Process četyrech. Sbornik materialov po delu Galanskova, Ginzburga, Dobrovol'skogo i Laěkovoj. Sostavlenie i kommentarii Pavla Litvinova. 1971, 632 p. (Le procès des quatre: compte rendu du procès contre Ginzburg et consorts en janvier 1968, rédigé par Pavel Litvinov).

Julij Daniel': Stichi iz nevoli, 1971, 94 p. (Poèmes de la captivité de Juli Daniel', condamné en 1965, avec Andrej Sinjavski, à cinq ans de travaux forcés pour des récits publiés en Occident).

Roj Medvedev: Kniga o socialističeskoj demokratii, 1972, 402 p. (Livre sur la démocratie socialiste).

Političeskij dnevnik 1964-1970, 1972, 834 p. (Revue Journal politique composée et éditée par le seul Roj Medvedev de 1964 à 1970).

Petr Grigorenko: Mysli sumasěecsego, 1972, 336 p. Lettres, discours, articles du général Grigorenko).

Osip Cernyj: Kniga sudeb, 1974, 342 p. (Roman intitulé Le livre des aventures, situé dans le milieu des psychiatres à Moscou dans les années trente).

Tat'jana Chodorovič: Istorija bolezni Leonida Pljuěča, 1974, 208 p. (L'histoire de la maladie de Leonid Pliouchtch; recueil de documents sur le dissident enfermé dans un établissement psychiatrique).

Političeskij dnevnik 1965-1970. II, 1975, 864 p. Deuxième choix de textes de la revue de Roj Medvedev qui nous est parvenu de Russie).

Taěkentskij process. Sud nad desjat'ju predstaviteljami krymskotatarskogo naroda (1 ijulja - 5 avgusta 1969 g.). 1976, 854 p. (Compte rendu du procès intenté au Tachkent aux mois de juilletaoût 1969 aux représentants du peuple banni des Tartares du Krim).

Gjuzel' Amal'rik: Vospominanija o moem detstve, 1976, 152 p. (Souvenirs de jeunesse de Gjuzel' Amal'rik).

Karel van het Reve, Amsterdam.

Traduit du néerlandais par Willy Devos.