informe avec autant de sérieux sur l'ensemble de la problématique du Nord/Pas-de-Calais.
Les articles sont rédigés à tour de rôle en néerlandais et en français, et suivis d'un résumé dans l'autre langue. L'intérêt de ces résumés est évident, aussi bien pour le lecteur pressé que pour celui qui maîtrise moins bien le néerlandais ou le français, mais nous regrettons qu'ils ne soient pas toujours aussi précis qu'on le voudrait.
Ainsi, le résumé de l'article portant sur la Vlaamse inwijking in Noord-Frankrijk en de reakties ter plaatse se borne à définir la terminologie utilisée mais néglige l'essentiel de l'information de cet article pourtant original.
Le recueil ouvre sur une contribution du dr. Eric Defoort qui nous révèle la figure du Lillois Valentin Bresle (o1892), l'un des promoteurs du régionalisme du début de ce siècle. Cet homme dynamique, à la fois libraire et éditeur, fonda en 1923 une revue, le Mercure de Flandre (qui deviendra le Mercure Universel en 1931) pour mieux servir la cause de ‘la renaissance nordiste en général’ et celle d'une décentralisation littéraire et artistique. Bien que ce deuxième facteur fût essentiel aux yeux de Bresle, E. Defoort a choisi de ne traiter que des activités du régionaliste.
Sur ce point, Bresle fit confiance à Georges Blachon, un personnage plutôt exalté, jusqu'au moment où celui-ci en vint à discréditer les autres mouvements régionalistes au nom du sien propre! Les opinions de Bresle sur ce point témoignent esprit plus serein et plus ouvert: pour lui, la Flandre est ‘Une et Triple; une dans sa culture et race; triple par sa répartition entre trois Etats, oeuvre de la politique et la diplomatie: la France (dont la Flandre est la racine-mère), la Belgique et la Hollande’. Aussi comprend-on l'intérêt que manifesta Bresle pour le Mouvement flamand de Belgique. Sur le plan idéologique, Bresle fait preuve d'une tolérance exemplaire: il ouvre les colonnes de sa revue à des flamingants catholiques comme Gantois, bien qu'il soit personnellement socialiste et libre-penseur. Sur ce point, il s'oppose carrément à l'abbé Marcel Janssen (1903-1967) auquel Erik Vandewalle a consacré une étude. Ce curé, auteur d'une brochure anonyme Fransch-Vlaanderen (1928), est de ceux qui estiment d'une part que la langue est le peuple et que l'on doit par conséquent propager le flamand dans la Flandre française et, d'autre part, que la défense de la langue doit aller de pair avec celle de la foi catholique. Aux yeux de l'abbé Janssen, la Flandre se définit donc comme une réalité culturelle et religieuse, alors qu'aux yeux de Bresle, elle est également une entité politique et socio-économique.
D'autres articles historiques sont consacrés aux activités des Rhétoriqueurs dans le Nord au dixhuitième siècle, au rôle de premier plan qu'a joué la Flandre française dans la percée de la Réforme, à l'intérêt que manifestent les intellectuels flamands du siècle passé pour cette région, ainsi qu'à l'immigration flamande dans le Nord. Enfin, Suzanne Tucoo-Chala a voué une étude importante à Ch.J. Panckoucke (1736-1794), premier grand éditeur-négociant d'envergure européenne qui réussit à accaparer les maisons d'édition hollandaises, grands spécialistes du livre français à l'époque. Par le biais de ces filiales étrangères, cet ami de Buffon, de Rousseau et de Voltaire, travailla à la diffusion des idées des Philosophes.
Pour ce qui est de la Flandre française actuelle, on trouve une analyse pénétrante, de la main du professeur André Legrand, des résultats des élections parlementaires de '74 et des élections cantonales de '76. Comme on sait, les gauchistes ont reconquis le terrain qu'ils avaient dû céder préalablement aux gaullistes. Mais il est intéressant d'observer que le Parti socialistes trouve ses nouveaux adhérents plutôt dans la Flandre intérieure que dans les régions industrialisées. Dès lors, on peut se demander si les mutations d'ordre social à l'intérieur du P.S. et l'affaiblissement du réflexe religieux chez les électeurs n'annoncent pas des bouleversements au sein du plus grand parti de France.
P.-J. Thumerelle s'est penché sur le déclin démographique du Nord. A la suite du taux de natalité particulièrement élevé qui s'est maintenu jusqu'en 1962, une fraction importante des jeunes est aujourd'hui condamnée au chômage ou à l'émigration. Ainsi la région voit partir les éléments les plus dynamiques et professionnellement les plus qualifiés de la population. Cette émigration, jointe à une forte baisse de natalité, risque de déterminer dans un assez bref délai un phénomène de vieillissement de la population du Nord.
Signalons encore deux études plus techniques traitant l'une des transports routiers de marchandises de la région Nord/Pas-de-Calais, l'autre des résidences secondaires et meublés sur la Côte d'Opale, dont les conclusions sont de nature à faire rêver les responsables de l'infrastructure de la région.
Groupons enfin trois articles ‘culturels’: le premier évoque la figure du sculpteur Eugène Dodeigne, indique ses sources, ses thèmes préférés, analyse sa technique et ses procédés; le deuxième signale des concordances syntaxiques entre les dialectes de la Flandre française et de la Flandre occidentale, le troisième établit le lexique de l'oeuvre de Renaat Despicht (1870-1960), l'auteur qui, aux dires de Vital Celen, aurait le mieux pratiqué le néerlandais dans le domaine géographique de la Flandre française.
En appendice, Eric Defoort et Erik Vandewalle présentent une vingtaine d'ouvrages récents relatifs a la Flandre française. Le même E. Vandewalle