Septentrion. Jaargang 4
(1975)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
[pagina 84]
| |
notices - livresLa fondation et les premières années de l'Université de LeydeLa fondation de l'Université de Leyde fut en premier lieu un acte politique. Après que la révolte des Pays-Bas contre le duc d'Albe, gouverneur du souverain légal, le roi Philippe II d'Espagne, avait éclaté en 1568, les rebelles sous la direction du prince d'Orange, Guillaume le Taciturne, avaient obtenu leurs premiers succès réels lorsqu'ils avaient conquis, en 1572, un certain nombre de villes des Pays-Bas du Nord. Le duc d'Albe organisa tout de suite une expédition de reconquête et sut reprendre un certain nombre de villes, qui furent pillées et dont une partie des habitants furent massacrés. La ville d'Alkmaar fut la première à résister avec succès au siège espagnol. En dépit de la mutinerie, de la faim et de la peste, Leyde, à l'époque deuxième ville de Hollande, sut elle aussi résister au long siège jusqu'au moment où, le 3 octobre 1574, les gueuxGa naar eind(1) réussirent à chasser les Espagnols devant les remparts de Leyde, grâce, notamment, à la crue des eaux après qu'ils eurent ouvert les digues. Entre-temps, Philippe II avait nommé un nouveauCortège à l'occasion de l'ouverture de l'Université de Leyde le 8 février 1575 (Gravure Anonyme).
gouverneur, Luis Requesens. Vers la fin de 1574, on semblait s'acheminer vers des négociations de paix entre les révoltés et les envoyés du nouveau gouverneur. Puisque l'une des premières conditions lors des négociations devait être selon toute vraisemblance le maintien du statu quo, il était nécessaire de réaliser au plus tôt le projet tendant à créer une université dont il était question depuis assez longtemps déjà, de telle sorte que cette université fût une réalité avant l'ouverture des négociations. Ce désir d'avoir une université aux Pays-Bas du Nord s'explique facilement. Avant 1568, la plupart des Néerlandais du Nord avaient fait leurs études à l'Université de Louvain. Celle-ci étant restée aux mains des catholiques, elle ne remplissait pas précisément les conditions optimales pour la formation des futurs intellectuels d'une Hollande orientée essentiellement vers le calvinisme. La formation si indispensable de pasteurs calvinistes y était évidemment impossible. Bien sûr, il était possible d'envoyer les étudiants aux universités calvinistes ou luthériennes d'Allemagne ou de Suisse, mais cette formation était trop coûteuse pour pouvoir être généralisée. Seule la création d'une université hollandaise garantirait suffisamment une formation | |
[pagina 85]
| |
Portrait de Jan van der Does (Anonyme).
de pasteurs, de juristes et de médecins qui fût conforme aux conceptions religieuses du Nord. Le 28 décembre 1574, Guillaume le Taciturne proposa aux Etats de Hollande de créer une université. En quelques jours seulement, le projet fut accepté et la ville de Leyde, dont la situation était assez favorable du point de vue stratégique, fut choisie comme lieu d'implantation. Une commission de trois curateurs fut chargée de préparer la création de l'Université. Elle fut présidée par Jan van der Does (Janus Dousa, 1545-1604) qui, en vertu de ses années d'études passées à Louvain, à Douai et à Paris, entretenait des relations avec un certain nombre des principaux savants qui étaient ses contemporains. De plus, il était fort imprégné des idées de l'époque sur une approche scientifique humaniste, préconisant la recherche philologique approfondie en tant que fondement de toute recherche scientifique. C'est conformément à ces principes que Dousa et ses cocurateurs organisèrent l'Université de Leyde. Compte tenu de la hâte qui devait présider à la réalisation du projet, toute l'attention fut concentrée d'abord sur l'organisation d'une grandiose cérémonie d'inauguration, qui eut lieu six semaines après le moment où Guillaume le Taciturne avait formulé sa proposition. Le cortège allégorique du 8 février 1575 devait dissimuler qu'en réalité, il n'y avait rien à inaugurer. En effet, on ne disposait que d'un petit bâtiment et de quelques professeurs temporaires, qui avaient bien voulu se rendre à Leyde pour quelques semaines ou quelques mois, afin de faire croire à l'existence effective de la nouvelle université. C'est seulement après le 8 février que l'on put songer à la réalisation du programme ambitieux de Dousa: on élabora les statuts et les programmes des cours, et l'on recruta les professeurs. Cela demandait plus de temps. mais tout alla vite, car les premiers étudiants purent se faire inscrire au cours de l'été 1575 et l'on prépara le commencement des cours. Compte tenu des idées de Dousa, sur le rôle de la philologie dans la pratique scientifique, il était normal que l'on dût choisir judicieusement ceux qui occuperaient les chaires de cette faculté, surtout si l'on voulait que l'université ne fût pas uniquement un centre de formation d'importance régionale, mais qu'elle devînt également un important centre de recherche et d'enseignement international, ce qu'envisagèrent bientôt les curateurs prévoyants. Ce qui revêtit une importance particulière c'est qu'en 1578, Dousa réussit à attirer à Leyde pour y occuper une chaire de professeur, le Brabançon Justus Lipsius, qui était considérée comme l'un des principaux philologues de son époque. D'autres figures célèbres, telles que le juriste français Hugues Doneau (Donellus) et le botaniste brabançon Rembert Dodoens (Dodonaeus) le suivirent. Grâce à la présence de savants de cette envergure, la jeune Université de Leyde dépassait largement le niveau des nombreuses écoles locales. En dépit de la guerre, elle attira bientôt des étudiants tant des Pays-Bas que de l'étranger, ils se rendaient compte que c'est à Leyde qu'ils pourraient le mieux s'initier aux sciences modernes. Le départ d'un Justus Lipsius reconverti au catholicisme, en 1591, risquait de menacer sérieusement la réputation si diligemment acquise mais, après de longs pourparlers, on réussit à convaincre un philologue tout aussi réputé, à savoir le Français Josephus Justus Scaliger, de venir à Leyde pour y défendre la réputation de l'Université. D'autres savants de renommée internationale, comme le théologien français François de Jon (Junius) et le botaniste Charles de l'Escluse (Clusius) originaire des Pays-Bas méridionaux, semblèrent disposés à accepter une chaire à Leyde. La politique perspicace des curateurs, parmi lesquels Dousa jouait un rôle extrêmement actif et important, valut à la jeune Université de Leyde de devenir rapidement l'un des établissements d'enseignement sc'entifique prédominants de l'Europe, accueillant un | |
[pagina 86]
| |
La biliothèque de l'Université de Leyde en 1610, gravure de W. Swaenenburgh d'après J.C. Wondenus.
nombre toujours croissant d'étudiants venus de partout. Au dix-septième siècle, cette réputation put se maintenir, et l'affluence d'étudiants étrangers ne cessa d'augmenter. Un corps d'élite de professeurs néerlandais et étrangers était prêt à les accueillir. Plus tard, des crises ont gravement atteint l'université, mais chaque fois, la présence d'éminents savants a pu empêcher que Leyde ne se dégradât au point de n'être plus qu'un établissement de formation de niveau purement local. C'est ainsi qu'à l'occasion de son quatrième centenaire, l'Université de Leyde peut célébrer une existence qui n'a pas été sans vicissitudes mais qui, dans l'ensemble, est glorieuse, et au cours de laquelle elle a fourni, à de nombreux moments, des contributions décisives à l'évolution des sciences à travers le monde. Rudolf Ekkart,
Traduit du néerlandais par Willy Devos. |
|