le contexte du Mouvement flamand, telles que le Pèlerinage de l'Yser et le ‘Vlaams Nationaal Zangfeest’ (Fête nationale du chant flamand). Rédacteur de la revue littéraire mensuelle Dietsche Warande en Belfort, il a également donné de nombreuses causeries sur divers sujets tant en Flandre qu'aux Pays-Bas.
Si l'on rend aux mots leur sens le plus profond, avec tout ce qu'ils évoquent d'expérience humaine et de réminiscences culturelles, les titres des recueuils de poèmes d'Anton van Wilderode nous permettent d'en saisir les sources d'inspiration lointaines. Le premier recueil, De Moerbeitoppen ruischten (1943 - Les mûriers bruissaient), rappelle le meilleur poème que nous a laissé Hildebrand, l'auteur néerlandais de Camera obscura. Il s'agit d'un poème d'inspiration religieuse, mais exempt de toute intention didactique ou doctrinaire. C'est dans le même sens que, par sa foi dans la communauté de Dieu avec tous les hommes de bonne volonté, la poésie d'Anton van Wilderode dépasse l'étroitesse du narcissisme trop complaisant et que, par son authenticité absolue, elle devient également acceptable pour l'homme irréligieux.
Suivirent les recueils Herinnering en Gezang (1946 - Souvenir et chant) et Het Land der Mensen (1952 - Le pays des hommes); ce dernier lui valut en 1956 le Prix des provinces flamandes. Une partie considérable de l'oeuvre d'Anton van Wilderode s'appuie sur des images de sa jeunesse et de ses parents, de la vie commune pleine d'amour et qui se déroulait sous l'égide d'un passé lointain, dans un contact étroit avec la nature et dans un climat de réconciliation avec les lois inébranlables qui régissent la vie et le destin. Tout a un sens, même la maladie et l'épreuve, la séparation et la mort, aussi bien le fait ‘d'être la main droite toute sa vie durant’, de devoir s'occuper de tout et d'en assumer la responsabilité que l'affliction que lui cause l'absence de sa mère après qu'elle est décédée. ‘Tu t'en es allée, plus jamais je ne dois me presser. C'est pour combien d'années, à tout jamais?’ Tout ce qui est vrai, et par conséquent tout ce qui est durable, l'homme simple dans ses activités quotidiennes, le paysage, le climat approprié que respire chaque village passionnent le poète et lui permettent de croire qu'une humanité plus heureuse, qui soit dépourvue de dépérissement, de sottise et de pose, est possible.
Dans le cycle Ik adem mijn eigen Aarde (Je respire ma propre terre), Anton van Wilderode consacre cinquante poèmes à sa terre natale, car ‘le pays derrière moi ne me lâche pas’. Elle lui est un mouillage en pleine mer, et non pas un endroit où, par dégoût ou par peur, l'homme romantique vient s'abriter des réalités de la vie, avec ses marées et ses tempêtes. A première vue, la poésie d'Anton van Wilderode peut paraître allégorique au lecteur qui s'attache uniquement à sa musicalité; toutefois, par la structure et la pensée, elle constitue l'expression d'une conception virile de la vie, qui nous incite à l'effort et à la persévérance.
Car le poète part à l'exploration du monde. De l'Islande au Portugal, de la Norvège à la Grèce, il visite tous les pays de l'Europe. Les poèmes que lui inspirent ces voyages l'obligent à aller au-delà de l'aspect extérieur des villes et de la nature pour retenir la quintessence de ce qu'il a observé, pour saisir l'étrange, ce qui est différent et ce qui lui semble valable, qu'il compare ensuite avec ce qui lui est propre et familier. Sans cesse, il cherche à s'enrichir. Il veut rapprocher de son peuple le passé et le monde, la sagesse de l'histoire et les richesses scientifiques et artistiques que les hommes de partout ont produites.