Septentrion. Jaargang 1
(1972)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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la presse néerlandophone en belgiqueerik vandewalleNé à Roulers en 1937. Enseignant. Rédacteur aux revues Ons Erfdeel et Septentrion. La presse flamande existe-t-elle?
Si nous limitons ce bref aperçu à la presse quotidienne éditée en Flandre et en langue néerlandaise, la réponse est affirmative. Cette définition a l'avantage d'être révélatrice du caractère propre de la presse flamande. Mais pour éviter toute équivoque - les derniers quotidiens flamands en langue française survivent comme titres secondaires - il faut entendre ‘presse néerlandophone en Belgique’.
Cette presse flamande ne connaît pas d'équivalent du journal Le Monde ni de la Bildzeitung.
Pourquoi cela?
C'est seulement les dernières années que le tirage de l'ensemble des quotidiens néerlandophones a dépassé celui des quotidiens francophones en Belgique, malgré le fait que la population néerlandophone a toujours été la plus nombreuse. En 1844 le premier quotidien en langue néerlandaise depuis 1830, Vlaemsch België, doit se contenter d'un tirage de 600 exemplaires contre un total de 21.115 pour les 31 titres francophones de cette époque. Après une année, ce premier essai aboutit a un échec.
Au dix-neuvième siècle c'était seulement la bourgeoisie, seule dans tout le pays et par conséquent aussi en Flandre à s'exprimer de préférence en français, qui profitait de la liberté de la presse. L'extension du droit de vote, la mobilisation politique et sociale des masses populaires et la flamandisation de la vie publique en Flandre allaient permettre le lent essor de la presse néerlandophone. Chaque quotidien flamand y a pris sa part et s'est engagé politiquement. Contrairement à ce | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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qui se passe pour la presse francophone, les titres neutres sont inexistants en Flandre. Le phénomène de dépolitisation des quotidiens, si fréquent dans d'autres pays, ne s'accomplit que lentement. La promotion culturelle, sociale et économique de la Flandre est de trop récente date... D'ailleurs le relatif succès de la presse flamande et la modernisation des entreprises auraient été impossibles sans l'essor manifeste de l'économie en Flandre depuis la Deuxième Guerre mondiale. Ces étroites relations avec l'émancipation flamande se manifestent encore par la création récente d'un journal économique et financier flamand, De Financieel-Ekonomische Tijd. Le premier numéro a paru le 3 janvier 1968, à l'initiative du Vlaams Ekonomisch Verbond (organisation patronale flamande), qui est également le principal actionnaire de la société éditrice, Uitgeversbedrijf De Tijd. Cette feuille spécialisée peut être considérée comme le prolongement d'un quotidien financier anversois, Avond-Echo, au tirage modeste, et comme la transformation de l'hebdomadaire Tijd, organe des membres du Vlaams Ekonomisch Verbond, qui tirait à 4.500 exemplaires. Le plus jeune des journaux flamands exprime les idées des milieux économiques flamands. Sur le plan communautaire il est partisan d'une large autonomie des régions et d'un décongestionnement de Bruxelles.
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Le sommet européen à la une de la presse quotidienne flamande du 20 octobre 1972.
De Standaard (1918).
Seulement la grande actualité internationale. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Ce qui intéresse le lecteur...La une ne représente pas tout le contenu d'un journal, mais elle reflète la manière dont le lecteur sera ‘accroché’, autrement dit, en langage plus simple, ce qui intéresse le lecteur. Nous avons choisi la première page du 20 octobre 1972, journée où devait se terminer la conférence européenne ‘au sommet’ des Neuf à Paris. Elle peut nous donner une idée approximative de l'attention que chaque journal porte à la politique en général. Le journal économique et financier De
Het Nieuwsblad (1923).
L'art de gonfler les faits divers. Financieel-Ekonomische Tijd contient le titre qui marque le plus de scepticisme en ce qui concerne les décisions monétaires du Sommet des Neuf. On pouvait s'y attendre. Ce sont De Standaard et De Nieuwe Gids qui consacrent toute leur première page à des sujets de politique internationale. Pour Vooruit le sommet européen ne semble pas être d'intérêt primordial. C'est plutôt l'élection de Miss Floride qui doit retenir l'attention du lecteur. Autre phénomène révélateur: la légende accompagnant la photo des neuf premiers ministres | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Het Laatste Nieuws (1886).
Il faut soigner la vente au numéro. Ou une information de qualité qui se perd entre les photos et les gros titres. - ce n'est pas à la une qu'il faut chercher d'autres informations sur le sommet - est moins longue qu'un article voisin, consacré aux exigences des coopératives socialistes. Entre ces deux extrêmes tous les journaux couvrent leur première page des décisions parisiennes. Celles-ci n'empêcheront pas Het Volk, De Nieuwe Gazet et Het laatste Nieuws de soigner jusqu'au plus petit détail la vente au numéro. Het Laatste Nieuws et De Nieuwe Gazet mettent bien en évidence les faits divers. Ce
De Nieuwe Gazet (1897).
La même information de qualité dans une autre mise en page et suivie d'informations sur des vaches empoisonnées et un meurtre. dernier en a refoulé quelques-uns aux pages suivantes. Son public un peu plus intellectuel - mais la plupart des rédacteurs sont les mêmes - s'étonnerait de l'absence du prix Nobel, H. Böll. Gazet van Antwerpen et Het Belang van Limburg retiennent aussi bien la politique étrangère et intérieure que les faits divers ou les informations pratiques ou financières. Pour Het Nieuwsblad enfin, tout comme pour Het Laatste Nieuws, c'est l'art de gonfler un fait divers ou l'annonce d'un | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Het Volk (1891).
Un autre moyen, évitant toute vulgarité, d'accrocher le lecteur touché par la vente au numéro. concours - cette fois-ci pour un hebdomadaire TV-Ekspres - qui font vendre le journal. Et quid de ce qui se passe à Paris? C'est le rédacteur du Standaard qui couvre le sommet pour les deux journaux. Le titre de l'article peut être différent, de préférence un peu plus sensationnel dans l'un que dans l'autre. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Un journal socialiste c'est...Remarquons la présence du rédacteur en
De Nieuwe Gids (1944).
Survivre grâce à Het Volk, avec quelques pages rédactionnelles indépendantes et pratiquement toute la une pour un commentaire européen d'A. Samoy. chef et co-président du parti socialiste, Jos van Eynde, avec un article vigoureux contre le parti libéral, à la une de Volksgazet. Rien d'étonnant s'il appelle son collègue du parti libéral wallon ‘Milou’ (Emile) Jeunehomme: le style est consciemment dur et populaire et semble toujours plaire aux lecteurs de Volksgazet. ‘Un journal socialiste c'est la voix du parti.’ Voilà la conviction du rédacteur en | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Gazet van Antweren (1891)
Elle cache un gros paquet de publicité nationale, provinciale et locale. La partie rédactionnelle contient le meilleur et le pire. chef. Partout en Europe Occidentale c'est la mort de la presse socialiste, mais Volksgazet et Vooruit survivent toujours. Volksgazet semble mieux tenir (ou moins fléchir) que son confrère Le Peuple, ce qui n'empêche pas que les deux titres flamands sont en perte de vitesse. En 1959 leur tirage respectif fut encore de 111.039 et de 41.415 exemplaires. La concentration de la presse socialiste flamande ne se fait pas, mais Vooruit est considéré comme l'organe du parti en Flandre Orientale (78% de ses lecteurs) et en Flandre Occidentale, et Volksgazet comme l'organe destiné aux autres provinces flamandes, et en fait, pour la plus grande partie à la province d'Anvers (81,3% de ses lecteurs). Fondé en 1886 par le flamingant Julius Hoste sr., Het Laatste Nieuws, grand quotidien d'information générale, aime être qualifié de ‘neutre’ et ‘indépendant’. En effet son caractère anti-clérical d'autrefois a pratiquement disparu. Une fondation veille à ce que les idéaux libéraux ne disparaissent pas. A-t-il atteint son tirage remarquable grâce au mélange du meilleur et du pire? Ses informations de politique intérieure et étrangère sont confiées à d'excellents journalistes qui ne doivent que trop souvent céder la place aux nombreuses informations sportives et générales, de préférence du genre sensationnel. De Nieuwe Gazet a perdu son indépendance en 1957 mais a conservé quelques pages rédactionnelles qui lui assurent une image plus progressiste, due à ses prises de positions plus libérales dans les domaines d'ordre moral. Mais depuis l'automne 1972 le groupe Het Laatste Nieuws s'est lié par un accord d'échanges d'informations avec le journal beaucoup plus conservateur aux Pays-Bas, De Telegraaf. Le parti catholique ne possède aucun journal mais il peut compter sur le reste des titres flamands, avec tout de même quelques différences de degrés dans la fidélité à ce parti. De Nieuwe Gids constitue le meilleur soutien aux forces unitaires dans le parti chrétien flamand et aux idées de l'ex-premier ministre Théo Lefèvre. Sa rédaction est restreinte et son tirage serait confidentiel. Créé immédiatement après la Seconde Guerre Mondiale | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Het Belang van Limburg (1933).
Le seul quotidien régional flamand. De Nieuwe Gids ne peut survivre depuis 1950 que grâce à la tutelle de Het Volk, journal des syndicats chrétiens. Puisque le syndicalisme chrétien, qui est majoritaire en Flandre, s'exprime politiquement dans le parti catholique, et que ce parti a participé à tous les gouvernements depuis 1958, on comprend le respect du Het Volk pour ‘l'ordre établi’. Ce respect n'est pas illimité et il arrive que son directeur politique, Emiel Van Cauwelaert, flamingant convaincu, prenne ses distances. Het Volk dont l'histoire est intimement liée au syndicalisme chrétien, a gagné la bataille de la presse contre ses adversaires les socialistes, grâce à l'essor de ses organisations et au style populaire dans lequel il traite les événements sportifs. Constatant une stagnation de son tirage pendant les dernières années, la direction est à la recherche d'une nouvelle image de marque. Heureusement cette entreprise est accompagnée d'une amélioration de la partie rédactionnelle. Le Limbourg, la province la plus jeune de la Flandre et de la Belgique, dont la population est la plus catholique et la plus fidèle au parti social chrétien, constitue un quasi-monopole (un tirage de 68.498 pour une population totale de 652.547 habitants) du seul journal régional, Het Belang van Limburg (1933). Son contenu rédactionnel reflète consciencieusement tout ce qui contribue à garder ce caractère exclusif. Rien d'étonnant si le journal est dirigé par un sénateur catholique. Le monopole de fait se traduit par un beau paquet d'annonces locales et de publicité régionale. Avec De Standaard, Gazet van Antwerpen (1891) adopte une attitude plus critique à l'égard du parti social chrétien. Fortement implanté à Anvers - les annonceurs ne peuvent se passer de Gazet van Antwerpen - on ne peut pourtant pas le qualifier de quotidien régional. La partie rédactionnelle est ‘nationale’ et il gagne du terrain dans les autres provinces. Ses impressionnantes ressources provenant de la publicité importante dans une métropole, en ont fait le journal le plus épais (64 pages le samedi) mais rarement le mieux fait. Pour cette dernière qualification il faut | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Volksgazet (1914).
Commentaire bien encadré sur la situation politique belge par Jos Van Eynde, co-président du parti socialiste belge et rédacteur en chef du quotidien socialiste, Volksgazet. s'adresser au groupe De Standaard: De Standaard (1918) a été caractérisé par Jean Gol (dans le monde de la presse en Belgique) de ‘journal intellectuel de haute tenue (variété des rubriques et qualité des articles)’. Son histoire est fortement liée au mouvement flamand et entre les deux guerres ce journal représenta parfois le poing levé de la Flandre en colère qui faisait tellement horreur à ses confrères francophones, actuellement heureux de collaborer avec lui sur quelque plan publicitaire. En effet, De Standaard de nos jours est un journal très modéré et semble parfaitement s'adapter aux réalités belges. La question d'Henri Simonet, posée au directeur Albert De Smaele, lors d'une radioscopie de la presse en 1972, ‘Quand donc en ferezvous un grand journal?’ est symptomatique des encouragements donnés dans ce sens. Cette question ne pouvait avoir d'autre signification. M. De Smaele a dirigé le plus grand nombre de fusions (laissant mourir deux titres flamands en 1966 et permettant la survie de 3 autres journaux flamands comme satellites du Het Nieuwsblad). Son petit empire d'entreprises de presse, d'éditions et d'imprimeries, s'étend aussi bien en Belgique, qu'en France (Le holding De Standaard contrôle par l'intermédiaire de l'Unidé les sociétés Interdecho, la S.A. des Editions de Montsouris et Cogedipresse). Sans parler naturellement, des nombreux journalistes de grande valeur qu'il emploie. Certains d'entre eux, comme Manu Ruys, le rédacteur en chef pour la politique intérieure, ont acquis une grande autorité, et attirent des lecteurs venant de divers horizons politiques. Mais ces lecteurs ne sont toujours pas assez nombreux pour faire survivre De Standaard sans l'aide du Het Nieuwsblad (1923) et de ses satellites. Quels sont les points communs, quelle est la différence? Het Nieuwsblad est avant tout un journal populaire attirant l'attention sur les événements sensationnels et sportifs. Il profite de certains articles du Standaard dont les titres prennent souvent une tournure plus dramatisée, système qui s'étend aussi aux soustitres, photos, légendes et mise en page. Leur point commun le plus important c'est d'être des supports publicitaires importants. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Les liaisons qui ne sont plus dangeureuses?Avons-nous trop insisté chaque fois sur la tendance politique? Constatons que la presse quotidienne flamande ne comprend aucun titre ‘neutre’. Et pourtant son influence politique semble diminuer malgré les nombreuses liaisons politiques: Volksgazet est dirigé par le co-président du parti socialiste belge, Vooruit sous la tutelle du ministre gantois des P.T.T., E. Anseele jr., De Nieuwe Gids grand favori de l'ancien premier ministre Th. Lefèvre, le comte Legrelle, homme politique anversois, est actionnaire de la société éditrice du Gazet van Antwerpen; Het Belang van Limburg est dirigé par le sénateur P.S.C. H. Leynen, Het Volk est la propriété des syndicats chrétiens flamands; De Nieuwe Gazet a pour directeur le député libéral F. Grootjans, et enfin le groupe De Standaard a pu se réjouir de la présence d'un ministre, gendre de son directeur A. De Smaele, dans les trois derniers gouvernements. Tout cela n'a pu empêcher une disproportion croissante entre l'influence politique des quotidiens et le vote des citoyens, ainsi que l'indique le tableau suivant.
La situation de la presse socialiste étant alarmante, on comprend que pour la première fois dans l'histoire de la Belgique, un gouvernement, le deuxième gouvernement Eyskens-Cools (1972), ait prévu des mesures afin de garantir l'existence de la presse d'opinion. A la date de la démission de ce gouvernement, rien n'avait dépassé le stade des pourparlers. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Des exclusives?L'urgence du problème de l'aide de l'Etat à la presse a sans aucun doute été accentuée par la manière dont se sont formés divers accords sur l'acquisition de publicité. En voici les grandes dates. Remarquons que pratiquement toute la presse belge s'y est engagée dans le cours d'une année. 1. Le 16 janvier 1968, création du Groep 1, rassemblant le groupe De Standaard, Gazet van Antwerpen et Het Belang van Limburg. Tirage global, en janvier 1972: 608.526 exemplaires. Position confortable: 50% du tirage flamand, majorité absolue de la diffusion dans la métropole | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Vooruit (1884).
Pour les lecteurs de Vooruit il y a des événements moins ennuyeux que le sommet européen. flamande, Anvers, ainsi que dans deux provinces flamandes, celles d'Anvers et du Limbourg. 2. Le 30 janvier 1968: création de l'Union des journaux belges: aux groupes flamands Het Volk (Het Volk, De Nieuwe Gids, De Antwerpse Gids) et Hoste (Het Laatste Nieuws, De Nieuwe Gazet), au tirage total de 523.586 exemplaires, se joignirent plusieurs groupes de journaux francophones (entre autres le groupe Rossel, éditant Le Soir) au tirage de 566.011 exemplaires (chiffres non soumis aux mêmes organismes de contrôle que ceux des titres flamands). 3. Le 17 décembre 1968 les journaux socialistes décident de s'unir. Le 8 mai 1969 ils présentent l'Union des journaux socialistes, créée avec l'intention ‘de coordonner et dans la mesure du possible d'unifier les moyens d'action de la presse socialiste belge sur le plan rédactionnel, technique et commercial...’ Commentant la naissance des deux premiers groupes, Jos Van Eynde, co-président du parti socialiste belge, rédacteur en chef de Volksgazet et directeur de l'Union des journaux socialistes, a parlé d'exclusives. En tout cas l'Union des journaux socialistes ne put qu'accentuer la faiblesse de cette entreprise. Nous n'en connaissons pas les résultats. Mais Vooruit a conclu un accord de coopération rédactionnelle avec le quotidien socialiste néerlandais, Het Vrije Volk (le 1er septembre 1970). Le Journal et Indépendance (socialiste wallon) et Volksgazet ont saisi l'occasion de profiter d'un autre accord. En effet les accords de 1968 ne furent pas définitifs. Les organisateurs de la presse belge ont-ils compris qu'ils avaient commis une erreur en ne tenant pas compte de la force politique du parti socialiste belge qui devait lui permettre de compenser largement la faiblesse de ses quotidiens? En tout cas les accords reprirent. 4. Le 16 février 1971 Groep 1, ne comprenant que des titres flamands et catholiques a embrassé quelques-uns de ses vieux ennemis de l'entre deux guerres et a formé le Groupe National avec eux. La tendance des participants francophones (au tirage total de 460.000 exemplaires, | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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De Financieel-Ekonomische Tijd (1968).
La une austère et claire. mais pratiquement tous ‘déclaration de l'éditeur’) vaut la peine d'être mentionnée: La Libre Belgique + La Gazette de Liège (catholique conservateur), La Dernière Heure + L'Avenir du Tournaisis (libéral), groupe Le Rappel (catholique conservateur) et Le Journal & Indépendance (socialiste). 5. Le 3 mars 1972 est annoncée la création de Group Free comprenant Volksgazet, Het Laatste Nieuws (+ De Nieuwe Gazet) et Het Volk (+ De Nieuwe Gids et De Antwerpse Gids), ainsi que les hebdomadaires édités par les trois journaux. Cela pourrait être une bonne affaire pour Volksgazet. Mais qu'adviendra-t-il de Vooruit, désormais seul? | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Existence assuré ou survie menacée?Partout en Europe le tirage global des quotidiens est stagnant ou en baisse. Quelques facteurs permettent de prévoir encore quelque progrès pour la presse néerlandophone en Belgique. Le néerlandisation de la Flandre produit toujours des effets à retardement. Ainsi la classe supérieure, autrefois largement francisée a tendance à s'effriter. En tout cas tous les quotidiens francophones belges voient diminuer leur vente au profit des titres néerlandophones. L'absorption des quotidiens ‘flamands’ en langue française (La Flandre Libérale, de Gand, Le Matin et La Métropole, d'Anvers) par le groupe Rossel (Le Soir) permet à ces titres de survivre comme satellites du journal Le Soir. Leur tirage global, de 14.300 exemplaires (déclaration de l'éditeur) est révélateur de leur déclin. La démocratisation de l'enseignement, de plus récente date en Flandre, peut apporter quelques profits aux quotidiens de langue néerlandaise. La montée de son tirage global et l'essor économique en Flandre permettront à la presse flamande d'avoir une plus large part dans la répartition des budgets publicitaires destinés à la presse quotidienne (en 1967 40% seulement). Un autre atout est constitué par le dynamisme et la faculté de s'adapter avec souplesse dont semble disposer la presse flamande. A l'exception de Vooruit, tous les quotidiens flamands ont des activités complémentaires. Elles peuvent être modestes comme celles de la société éditrice de Volksgazet ou du Het Belang van | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Limburg (éditant des feuilles publicitaires gratuites au Limbourg, ce qui renforce sa position priviligiée) ou plus importantes, comme celles du groupe Hoste, qui édite quelques hebdomadaires aux tirages importants. Citons seulement les deux feuilles à sensation, Kwik et Zondagnieuws, seuls hebdomadaires ayant des débouchés sérieux aux Pays-Bas: leur tirage global est de 358.976 exemplaires en Belgique et de 118.023 exemplaires aux Pays-Bas. Une description de toutes les activités du groupe De Standaard dépasserait le cadre de cet article.
Enfin, les bonnes relations avec les partis politiques dans certains cas, les liaisons forcées avec ces partis dans d'autres cas n'ont pas tous les inconvénients: les entreprises malades et mourantes, mais aussi celles qui sont parfaitement saines, pourraient un jour profiter d'une aide de l'Etat aux termes de quelques compromis ingénieux mais selon toute probabilité injuste (car seuls les survivants en profiteraient). Tout cela n'empêchera pas la presse néerlandophone en Belgique d'être atteinte de toutes les maladies internationales de la presse: la dépendance économique, du fait de la part toujours croissante des recettes publicitaires; l'influence directe ou indirecte de la publicité sur la partie rédactionnelle; la tendance à continuer la concentration (les accords de couplage publicitaire annoncent-ils une coopération rédactionnelle et une fusion sous la direction du plus fort du groupe?) et le spectre de la publicité télévisée qui pourrait causer des ravages. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Au-delà des exigences économiques.Finalement il ne s'agit pas de connaître les noms des mourants ou de ceux qui vont mourir, ni de ceux qui survivront. De même la question de savoir si d'autres concentrations auront lieu dans un avenir prochain n'est peut-être qu'une question secondaire. En tout cas ‘le large éventail’ d'opinions s'exprimant par la voix de la presse n'existe pas. Il ne s'agit pas de le conserver, mais plutôt de l'inventer. Les questions essentielles sont plutôt d'ordre moral. La presse flamande née de la promotion culturelle et sociale des Flamands continuera-t-elle à être un moyen d'information et d'éducation ce qui implique l'amélioration de la qualité de ses informations, ou évoluera-t-elle vers la seule fonction - lucrative, sinon elle disparaîtrait - de support publicitaire? Le journaliste restera-t-il le premier producteur intellectuel d'une entreprise de presse ou bien va-t-il se dégrader jusqu'à n'être plus qu'un simple rouage parfaitement conditionné pour produire en équipe un ‘environnement rédactionnel’ destiné à mettre en valeur la publicité? Est-ce que le dialogue entre journalistesinformateurs et lecteurs l'emportera sur le dialogue annonceurs-consommateurs? Si ces réponses devaient être négatives, il vaudrait mieux enterrer la presse. A l'inverse, chaque future évolution positive dans la presse néerlandophone en Belgique aura une signification qui dépassera la modestie de ses dimensions. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Bibliographie sommaire:
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