Amsterdam. Le roman révèle d'emblée les thèmes fondamentaux de l'oeuvre ultérieure de Boon: la lutte contre l'injustice sociale, l'attention à la misérable vie sans issue de ceux qui sont socialement les plus faibles et qui vivent en marge de la société, l'impuissance de l'homme à réaliser quelque véritable progrès dans sa situation.
Abstraction faite de la publication tardive de ce roman - à cause surtout de son caractère de ‘curiosité’ -, Boon lui-même n'a pas dû être pleinement satisfait de son premier manuscrit. Il en reprit le sujet, le transforma et le compléta pour en faire son premier roman, De Voorstad groeit (1942 - Le Faubourg prend de l'extension), qui lui valut tout de suite un prix littéraire.
Le lendemain de la seconde guerre mondiale, Boon collabore à plusieurs journaux et hebdomadaires. Il travaille comme journaliste pour De Roode Vaan (Le Drapeau Rouge), le journal du parti communiste, et il écrit des articles pour les hebdomadaires Zondagspost (Courrier du dimanche) et Front (le Front), et l'hebdomadaire socialiste Het Parool (Le Mot d'Ordre). Dès 1954, il collabore au journal socialiste de Gand, Vooruit (En avant) dans lequel il publie encore quotidiennement une petite chronique d'actualité.
La période la plus productrice, du point de vue littéraire, de Louis-Paul Boon se situe entre la parution de
De Voorstad groeit, son début littéraire proprement dit, et celle de
De Paradijsvogel (1958 - l'Oiseau de Paradis). C'est l'époque d'une forte et amère manifestation de ses vues politiques et sociales. L'oeuvre de Boon est à la fois littérature engagée et littérature de confession. Son engagement toutefois se différencie de l'engagement littéraire traditionnel: il n'y a pas de vision politique déterminée et clairement énoncée d'où l'on puisse déduire une solution qui permette de résoudre les problèmes sociaux. Son individualisme oppose Boon à la discipline du parti communiste, alors
Louis-Paul Boon (photo de Walter de Mulder, AMVC).
que le communisme avec son aspiration à un salut final lui semble trop optimiste parce qu'il ne tient pas compte des faiblesses humaines. Il n'y a pas de héros dans les romans de Boon; ce sont plutôt des anti-héros. Les personnages de ses romans sont des pauvres, des va-nupieds, des ratés, des rêveurs et des idéalistes, des faibles d'esprit et des profi-