5. Résumé
Ce qui précède peut se résumer comme suit. Le Roman de la Rose de Guillaume de Lorris et de Jean de Meun a été traduit deux fois en moyen néerlandais, une fois par le curé brabançon Hein van Aken et une fois par un clerc flamand dont le nom nous est inconnu. La traduction de Hein van Aken nous est parvenue complète en trois manuscrits, tandis que en outre de trois autres quelques fragments sont conservés. Cette traduction a été éditée en dernier lieu par Eelco Verwijs en 1868, mais à cette époque il ne put vérifier quel type de texte du Roman de la Rose français Hein van Aken a suivi. Même après la parution de l'édition standard de Langlois (1914-1924) le problème restait entier. Contrairement à la rédaction de Hein van Aken celle du clerc flamand inconnu ne nous est parvenue a l'état complet. En 1868 seuls en étaient connus deux fragments trouvés à Utrecht, deux fragments de Leyde et deux extraits d'un manuscrit de Leipzig, publiés par Leyser et Von Soltau, dans l'Anzeiger de Mone quelque temps avant mais égarés depuis. Le tout comprenait 800 lignes environ que Verwijs mit en supplément à la suite de son édition du poème de Hein van Aken. Du point de vue littéraire Verwijs estimait que la rédaction du clerc flamand n'avait qu'une valeur relative et les historiens de littérature néerlandaise qui faisaient autorité à cette époque ne I'ont pas jugée plus favorablement. Après 1868 différents autres fragments furent découverts ou reconnus comme tels (Jena, Leipzig, Beuron, Leyde). L'ensemble de tout ce qu'on connaissait, soit environ 2830 lignes, est publié ici dans une édition diplomatique.
Les fragments de la ‘seconde Rose’ apartiennent à deux manuscrits dont le plus ancien, ici dénommé A, doit être situé, compte tenu de l'écriture, aux environs de 1300 et le plus récent, indiqué par le lettre B, aux environs de 1350. Les deux manuscrits sont écrits en flamand, mais la langue employée dans A a des caractéristiques plus occidentales et semble se rapprocher le plus de celle du poète. Vu que A ne peut être un autographe et qu'il est lui-même basé sur un manuscrit également non autographe, on peut situer l'ouvrage du clerc flamand aux environs de 1290. Comme au cours de son adaptation le poète a substitué quelque part Saint Omer à Saint Remi, on peut supposer qu'il fut originaire de la partie sudouest de la Flandre, appartenante à l'évêché de Thérouanne, où Saint Omer, premier évêque, était particulièrement vénéré. Le texte francais dont se servit le poète flamand appartenait au groupe que Langlois dans son livre