de plus en plus en péril les objectifs et les institutions que les évêques ont voulu protéger. Déjà maintenant on pose des exigences qui vont beaucoup plus loin que ce qu'ont demandé les catholiques flamands, en liaison avec l'Université de Louvain: la scission de l'Eglise belge en deux provinces ecclésiastiques, l'obligation pour les étudiants flamands de faire leurs études en néerlandais quand ils veulent s'inscrire au barreau ou postuler un notariat en Flandre et des mesures légales contre les forces antidémocratiques qui ont influencé les évêques en sous-main.
Ces forces et les évêques avec elles, qu'ont-elles voulu sauvegarder? La structure vermoulue du gouvernement unitaire belge, appuyée sur la suprématie des francophones. On donnait comme prétexte l'unité et le rayonnement de l'université de Louvain, qui ne courrent aucun risque. Il y aurait de quoi rire, si ce n'était tragique car l'immense majorité des Flamands, catholiques et libéraux, ne souhaite pas le moins du monde la destruction de l'état ni causer des difficultés inutiles. Ils aspirent à pouvoir vivre et travailler en paix mais sans être continuellement lésés et humiliés. Ils aspirent finalement à décider de leur propre destin dans le cadre de la communauté politique belge, en cordiale collaboration avec les pays du Bénélux et leurs voisins, en vue de servir le bien-être commun de l'humanité.
Qu'ont-ils demandé à Louvain? Premièrement le transfert de la section francophone en Wallonie et deuxièmement l'autonomie, sous une autorité commune, de la section néerlandaise, de sorte que les Flamands - et les Wallons - catholiques puissent décider eux-mêmes de la marche et du budget de leur département universitaire. Cette dernière requête fut acceptée, non pas immédiatement, mais après que la protestation eut pris en Flandre un tour si inquiétant qu'une concession parût s'imposer pour calmer les esprits. La question essentielle, la sauvegarde du territoire flamand contre une nouvelle mainmise des francophones fut radicalement écartée.
Avant de continuer notre exposé, il peut être utile de rappeler encore une fois que les Flamands ne nourrissent aucune animosité contre la langue et la culture françaises. Il n'est certainement aucun pays d'Europe où l'enseignement consacre tant d'heures à l'étude de la langue française, où on lise tant de livres et de journaux français, où les Français puissent se voir entretenir si couramment dans leur propre langue. Les Flamands convaincus n'ont pas de souhait plus cher que de vivre avec le peuple français en amitié et dans l'appréciation mutuelle de leurs valeurs et de leurs réalisations respectives.
Par la volonté des Wallons, toutes les lois linguistiques belges visent à l'homo-généité des deux territoires linguistiques. Entre les deux s'étend l'îlot Bruxellois, qui suivant une loi de 1963 doit officiellement être bilingue. Les Flamands avaient admis une exception à la règle générale: en faveur des francophones professeurs et membres du personnel de l'Université, on a organisé à Heverlee-Louvain une école française et on a ouvert un service français dans l'administration municipale à Louvain. A peine en possession de ces privilèges, les francophones recommencèrent, au mépris de toutes les lois de l'hospitalité, à mener la même politique impérialiste au moyen de laquelle ils se sont rendus maîtres de Bruxelles, de Mouscron, de Comines, d'Enghien et de la région de Bas Thiois (de Platdietse streek). Ils refusèrent orgueilleusement d'apprendre la langue de la ville, obligèrent tous ceux sur qui ils pouvaient faire pression à se plier à leurs voeux, employèrent tous les moyens pour majorer le chiffre des francophones à Louvain et allèrent certain jour jusqu'à déclarer par la bouche de Monsieur Woitrin, secrétaire général de l'Université, que la croissance de l'Université devait être conçue de telle façon qu'elle soit sous peu intégrée dans le territoire de la future agglomération Bruxelloise. Cela ne signifiait rien d'autre que la perte pour les Flamands d'une grande partie du Brabant flamand. Cette déclaration