Nederlandse historische bronnen 10
(1992)–Anoniem Nederlandse historische bronnen– Auteursrechtelijk beschermd29A la Haye, ce 5me décembre 1679
J'apprens par mr. SydneyGa naar voetnoot64 avec bien du déplaisir les mesures que l'on a pris sur vos affaires en Angleterre après les lettres que je vous ay escrits, et selon que mr. de Sydney me dit je vous croy fort instruits des mes sentiments, ainsi il me suffira de vous tesmoigner le chagrin que j'ay des résolutions que l'on a prisGa naar voetnoot65; et puisque cette lettre vous sera rendu seurement par un Palfrenier que j'envoye en Angleterre pour m'amener des chevaux que j'ay fait acheter, je suis obligé à vous avertir que vous n'estes nullement bien dans l'esprit de mr. le Duc, qui a une ferme croiance que c'est par vos advis que je suis dans les sentiments où il m'a trouvé et laisséGa naar voetnoot66; vous sçavez aussi bien le contraire que moy; et que je vous aurois plustost converti que vous ne m'avez fait, puisque vous sçavez que ce ne pas d'aujourdhuy nide hier que j'ay ces sentiments, mais il y a déjà long temps, et ne les changeray pas aussi à ce que je croy, si l'on ne me fait voir plus clairement mon tort que l'on n'a sçeu faire jusques à présent, ce qui m'a d'autant plus obligé à vous avertir que vous n'estes pas bien dans l'esprit de mr. le DucGa naar voetnoot67 puis qu'il vous avoit traitté fort civiliment avant son départ pour l'Ecosse. J'ai crû que je ne serois pas véritablement votre amy, si je ne vous advertisse d'une chose qui vous est nécessaire de sçavoir. Sur ce même principe il faut que je vous dise franchement que je n'approve nullement la résolution que vous avez pris dont vous m'avez fait advertir par mr. SydneyGa naar voetnoot68; je croy nécessaire de commencer à vous dire que ce ne | |
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pas mon intérest particulier qui me fait parler ny que je m'imagine que vous pourrez rendre beaucoup de service au Roy ni à vostre pais dans l'estat où sont les affaires ni dans les mesures que l'on a pris de les diriger: mais souvenez vous de ce que nous avons souvent discouru ensemble, qu'un bon pilotte ne laisse jamais aller à l'abandon le gouvernail de son vaisseau dans une grande tempeste, et ne le pouvant conduire au port, ni sur la route qu'il avoit intention de prendre, le mène aussi près qu'il peut, attendant le calme, pour rentrer en sa véritable route et le conduire dans le port: ainsi il faut que vous attendiez le calme avec patience pour ramener les affaires sur le pied qu'elles doivent estre; c'est aussi le conseil que vous m'avez donné au regard de ceux de ce païs dans une de vos lettres il n'y a pas long temps. Je ne puis m'imaginer que voudriez m'en donner un que vous ne voudriez pas suivre vous mesme. Il y a aussi un autre raison qui vous oblige en conscience de ne pas quitter le poste que vous avez, c'est l'intérest de vos enfans et famille, lesquels asseurément vous abandonnez entièrement si vous le faites. Si je pouvois vous entretenir une heure, je me flatte que je vous pourois entièrement convaincre, que vous n'y songeriez plus; j'espère pourtant que si sans aucune précaution d'esprit vous voulez selon vostre prudence ordinaire, bien faire réflexion, sur ce que je viens de dire, qu'il sera suffisant à vous disuader d'une chose dont vous vous repentirez peut estre quant il sera trop tard, ce que Dieu ne plaise et vous donne autant de prospérité que je vous le souhaitte et asseurément vous serez content - - -
[P.S.] Je ne puis aussi laisser passer cette occasion à vous dire que l'on me fait extrêment tort de croire que j'ay aucune intrigue, ny contracté la moindre amitié avec mr. FitzPatrickGa naar voetnoot69. Il est vray qu'il me vient voir comme toutes les autres gens font icy comme vous sçavez, et que je ne puis faire moins que de luy estre civil, ne m'ayant jamais fait du bien ny du mal, c'est dequoy je vous prie d'informer ceux à qui vous le jugerez nécessaire. |
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