63 René Arcos
Cher vieux Bazal,
Depuis que tu nous as quittés, je ne t'ai pas perdu des yeux un seul jour. [...] J'ai sorti de ma bibliothèque la photographie de ton portrait qu'a peint Masereel. Je l'ai épinglée au mur, plus près, tout près de moi. Car il nous faut depuis hier, quand-même chercher tes traits dans cette profondeur où tu t'es réfugié et vas désormais t'enfoncer chaque jour un peu plus. [...]
Tu souffrais d'avoir à frôler si souvent nos modernes gens de plume, littérateurs à tout faire, modèle 1920-1925, sous-produit de la guerre. J'ai vu maintes fois le plus effronté perdre pied en un rien de temps devant ton immobilité souriante. Quelques minutes te suffisaient pour évaluer à son juste petit prix le farceur de lettres, et le plus habilement camouflé te devenait en moins d'un quart d'heure transparent jusqu'à la semelle de ses chaussettes.
Europe, 15.6.1929, p. 161-162. René Arcos: zie 42, noot.