Mededelingen van het Cyriel Buysse Genootschap 1
(1985)– [tijdschrift] Mededelingen van het Cyriel Buysse Genootschap– Auteursrechtelijk beschermd
[pagina 85]
| |
Pour la solution du problems linguistique
| |
[pagina 86]
| |
M. Buysse nous parle ensuite des origines, du passé, des tendances actuelles du mouvement flamand. - Ce mouvement, dit-il, a passé par des phases diverses, à prédominance tantôt culturelle, tantót politique. Il s'est, d'autre part, fractionné en diverses tendances divergentes, souvent même violemment opposées, et entre quelles on ne fait pas toujours, dans certains milieux, les distinctions qui s'imposent. A l'heure qu'il est, les deux tendances principales, politique et culturelle, coexistent et souvent s'affrontent. Et dans l'ensemble, le mouvement a aujourd'hui pénétré jusqu'aux couches profondes de la population, gagné l'âme populaire. II a apporté au peuple flamand des avantages incontestables, en lui apprenant notamment à lire et même à parley. Car il y a trente ans, c'est à peine si le peuple flamand bégayait sa langue. Il la parle aujourd'hui de plus en plus correctement; et de même la valeur des productions littéraires flamandes a, au cours de ces trente années, très remarquablement augmenté. Aussi, les gens qui, vivant en pays flamand, persistent à ne pas vouloir connaître l[e] flamand, s'y sentent-ils de plus en plus - sans vouloir l'avouer - en état d'infériorité. Que ces gens parlent français, je ne songe point à leur en contester le droit; mais qu'ils parlent donc aussi la langue du peuple au milieu duquel ils vivent! Et qu'ils la parlent convenablement; ce n'est pas trop leur demander! J'estime qu'il y va de notre dignité nationale. - N'y a-t-il pas cependant, dans certains milieux flamingants, une tendance nettement anti-française? - J'allais y venir. Il y a, en effet, à cet égard, deux tendances: celle des flamingants qu'anime exclusivement l'amour de leur langue et de leur peuple; et celle de ceux que, en plus de ce sentiment respectable, anime la haine de tout ce qui est français. C'est là l'aspect mesquin négatif et très malheureux du mouvement, ou plutôt une déviation regrettable provoquée le plus souvent par l'action haineuse de certains éléments subalternes et, pour tout dire, d'un aloi inférieur. Pour ‘préserver’ la Flandre des idées démocratiques et ‘subversives’ ayant cours en France et en Wallonie, ces gens n'ont pas hésité à susciter la méfiance, le mépris, la haine des populations catholiques flamandes à 1'égard de tout ce qui est français. L'activisme et ses succédan[t]s d'après la guerre sont les fruits amers de cette politique rétrograde. Mais les Flamands de bon sens, tous ceux qui réfléchissent et voient plus loin que le clocher de leur village, se gardens bien de combattre la langue française, dont ils apprécient au contraire les services qu'elle peut leur rendre. | |
[pagina 87]
| |
- Ces Flamands-là sont prêts à reconnaître les droits des minorités d'expression française en Flandre? - Oui, et à les respecter scrupuleusement. Et ces Flamands-là sont, soyez-en assuré, l'énorme majorité. Aussi bien, la difficulté en cette affaire ne vient-elle pas de ce côté, mais bien de certains éléments ‘minoritaires’ eux-mêmes. Nous avons, par exemple, à Gand, une minorité ‘fransquillonne’, composée de presque tous les ‘possédants’. Eh bien! quoique généralement Flamands de naissance, un trop grand nombre de ces ‘fransquillons’ affichent un injurieux mépris à l'égard de tout ce qui est flamand. Cette attitude à la fois mesquine et maladroite provoque naturellement des réactions ultra-flamingantes dont, en définitive, le pays fait les frais. L'énorme majorité des Flamands est toute prête à respecter loyalement les droits - incontestables d'ailleurs - des minorités linguistiques en Flandre. Mais encore faut-il que certains éléments, parmi ces minorités, abandonnent enfin l'attitude hautaine et dédaigneuse qui a empêché jusqu'ici un rapprochement fructueux entre les masses populaires et eux. - Et quel status, ces minorités... - Non, ne me demandez pas cela: c'est affaire aux hommel politiques de régler ces questions, non à un écrivain. A chacun son métier, n'est-ce pas? Le problème linguistique est posé. Je souhaite que la solution qu'on lui donnera soit basée essentiellement sur le respect des droits naturels et des aspirations culturelles de tous les Belges, et contribue à consolider encore l'unité nationale, dont certains extrémistes flamingants font actuellement trop bon marché, allant jusqu'à préconiser, ouvertement ou avec d'hypocrites réticences, le déchirement de la Belgique. Cette politique-là est à la fois criminelle et puérile: car, outre que la plupart des Flamands sont hostiles à tout rattachement politique à la Hollande, on ne voit guère l'Europe permettre pareille eventualité, qui risquerait de placer la Flandre sous l'influence allemande, entraînerait automatiquement l'annexion de la Wallonie à la France et pourrait mener tout droit à une nouvelle guerre dont, Flamands et Wallops, nous serions - dans des camps opposés - les premières victimes. - Vous candamnez donc sans réserve le séparatisme activiste? - Sans réserve. Et j'ai conscience de servir ainsi, non seulement la Belgique, mais plus encore peut-être la Flandre. Car personne n'a jamais fait autant de mal à la Flandre que les activistes, qui out rendu le mouvement flamand tout entier suspect aux yeux de nombreux Belges patriotes. Il me semble qu'à cet égard, on fasse en ce moment, dans les milieux non- | |
[pagina 88]
| |
flamands ou flamingants, un louable effort de meilleure compréhension des tendances réelles du mouvement flamand. Aux dirigeants de celui-ci à seconder cet effort et à en faire bénéficier la Flandre et la Belgique entière, en désavouant nettement, sans équivoque possible, tous les éléments qui, sous couleur d'extrémisme, trahissent en réalité et la Belgique, et la Flandre. On se retrouvera, dès lors, entre bons citoyens, et l'entente, j'en ai la certitude, se fera toute seule. A.S. |
|