Publications de la Société Historique et Archéologique dans le duché de Limbourg. Deel 12
(1875)– [tijdschrift] Jaarboek van Limburgs Geschied- en Oudheidkundig Genootschap– Auteursrechtvrij
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Histoire de la seigneurie impériale de Gronsveld.L'histoire des seigneurs de Gronsveld a déjà fait l'objet de quelques notices particulières, dont la première et la plus importante a été publiée en allemand par Chr. Quix, en 1835Ga naar voetnoot(1). Depuis lors, M. Wolters a fait paraître ses Recherches, dans lesquelles il reproduit le travail de son devancier, en l'accompagnant de quelques faits et documents nouveaux. Son recueil de chartes étant par conséquent le plus complet, nous y renverrons le lecteur, en ne réunissant, à la fin de notre publication, que le texte ou l'analyse des pièces dont il n'a pas fait usage. A cepropos, nous ne pouvons nous défendre de déplorer la manie de certains détenteurs d'archives, qui laissent se consumer dans de véritables oubliettes, et sans profit pour eux, des richesses historiques appartenant moins à un particulier, qu'à la société toute entière. | |||||||||||||||
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Le territoire et le chateau de Gronsveld.Orthographe: Groensfeld, Groensfeldt, Groinsfelt (1560), Grondsveld (1363), Gronfelt (1367, 1375), Gronsele (1241), Gronselt (1350, vers 1550), Gronsfeld (vers 1550, 1783), Gronsfeldt (1386, 1754), Gronsfelt (vers 1350, 1693), Grönsfelt (2de moitié du XIVe s.), Gronsfeltz, Gronsselt (1338, 1485), Gronssfeld (1640), Gronssfelt (1543), Gronsvel, Gronsveld (1359, 1789), Grönsveld, Gronsveldt (1489), Gronsvelt (1388, 1616), Gronszfeldt (1671), Grontzell (1364), Grontzelt (1368), Grontzfeld, Grontzfeldt (1440), Gronvelt (comm. du XVIIe s.), Groules (1398), Grounselt (1426), Grouselt (1485), Grousselt (vers 1350, 1450), Grousvelt, Grueles (1063, 1277), Gruisvelt (vers 1450), Grule (1286), Grules (1103, 1135), Grunfeld (1346), Grunseilt (1285), Grunsel (2de moitié du XIVe s.), Grunsele (1145), Grunselt (1282, 1376), Grunsfeld (1474, 1498), Grunsfelt (1446, 1640), Grunsfilt (1369), Grunssfeld (1536), Gruntzfelt (1492), Grunzeilt (2de moitié du XIVe s.), Gruselt (1350), Grusvelt (vers 1450). Armoiries: Gronsveld ancien: 1o Ecartelé de quatre fleurs de lis dans chacun des deux quartiers du chef, et de trois de ces fleurs dans les deux quartiers de la pointeGa naar voetnoot(1). 2o D'argent à trois tourteaux de gueules, deux et un. Sur le heaume, un casque de tournoi chargé d'un tourteauGa naar voetnoot(2). Sur la rive droite de la Meuse, à une demi-lieue du fleuve et- à une lieue en amont de Maestricht, s'étend une | |||||||||||||||
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double rangée de maisons bordant la route qui conduit de cette ville à Verviers. Elles forment le village de Gronsveld, incorporé, depuis le traité de Londres, à la partie du Limbourg cédée par la Belgique à la Hollande. C'était jadis, avec quelques dépendances, une seigneurie libre, ou plutôt impériale, dont l'existence se prolongea, comme comté souverain, jusqu'à la révolution française. Son nom, que l'on écrivait aussi Grunsele, Grunfeld, et qu'il ne faut pas confondre avec la seigneurie de Grunsfeld, en Franconie, semble tirer son origine des prairies verdoyantes qui forment encore aujourd'hui, dans la vallée de la Meuse, une partie notable de son territoire. Telle n'était pas toutefois l'opinion de GeleniusGa naar voetnoot(1), qui, à grand renfort d'érudition, le fait dériver de Granifeldia, champ de grains. Il est assez curieux de voir sur quels fondements cet ancien auteur appuie son éthymologie. D'après lui, la forteresse de Granisfeld aurait été bâtie par un prince appelé Granius, le même qui donna son nom aux thermes d'Aix-la-Chapelle, Aquisgrani. D'ailleurs, ajoute-t-il, l'emplacement de Gronsveld correspondant à celui de Coriovallum, qui fut ainsi appelé du nom d'un autre chef, Cariovalda, en allemand Kornfeld, ou champ de blé, on peut dire que de la signification équivalente de deux noms d'homme, est venue aussi la double dénomination de cette localité. Quant aux armoiries de Gronsveld, d'or à trois tourteaux de gueules, elles pourraient, d'après le même Gelenius, rappeler quelque fait de guerre, tel que la manoeuvre par laquelle Cariovalda, chef des Bataves pour les Romains, forma ce bataillon circulaire au moyen duquel il espérait briser la résistance des Chérusques. | |||||||||||||||
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De toutes ces fables, il ne reste que la certitude qu'il a existé à Gronsveld un établissement romain considérable, dont les débris s'étendent sur une très-grande superficie. A Hontem, petite commune qui formait l'extrémité orientale de la seigneurie, plusieurs écrivains ont placé l'ancienne Atuatuca EburonumGa naar voetnoot(1), ce camp retranché d'où partirent les légions romaines de Sabinus et de Cotta, quand elles gagnèrent les ravins où les attendait Ambiorix. Le village d'Eckelrade servait de trait d'union entre Hontem et Gronsveld, mais n'appartenait qu'en partie à cette seigneurie. Le reste, quoique également en possession des sires de Gronsveld, était un fief particulier de FauquemontGa naar voetnoot(2), et se trouve encore aujourd'hui sous la commune de Sainte-Gertrude. Du côté de Maestricht, l'échevinage de Heugem (Hoyen, Hogehem) complétait, dans ces derniers temps, le territoire indépendant de Gronsveld. Cependant il y avait là une ferme qui relevait de l'église de Liége. En 1213, l'évêque Hugues de Pierrepont la donna en fief à Waleran de Limbourg; et en 1334, une sentence arbitrale de Philippe, roi de France, vint confirmer les souverains de Liége et de Brabant dans leurs droits respectifs sur cette possessionGa naar voetnoot(3). L'église de Saint-Lambert avait du reste à Gronsveld même d'autres propriétés. En 1277 (n.s.), Waleran II, sire de Fauquemont, lui avait fait hommage de son alleu de Grueles (ancienne dénomination wallonne de Gronsveld), et l'on sait que Jean de Houffalize releva de l'évêque Jean | |||||||||||||||
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de Flandre, en 1286, le fief de Grule et de Richele (Ryckholt)Ga naar voetnoot(1). Outre les quatre villages qui formaient le noyau du petit pays de Gronsveld, on regardait comme faisant partie intégrante de la seigneurieGa naar voetnoot(2), la terre franche de Slenaken, qui se trouvait à mi-chemin d'Aix-la-Chapelle. Elle n'en fut séparée que par le contrat de vente qui en transmit la propriété au comte Ferdinand de Plettenberg-Wittem, entre les années 1722 et 1730Ga naar voetnoot(3). Ce n'était donc pas l'importance même de leur alleu, qui faisait regarder certains seigneurs de Gronsveld comme les plus puissants dynastes de nos contrées: c'étaient les grands biens qu'ils y possédaient, et les nombreux domaines dont ils héritèrent ou qui leur furent engagés, sur les deux rives de la Meuse et jusque dans les pays du Rhin. Parmi ceux qui restèrent le plus longtemps en leur possession, il faut signaler la seigneurie de Rimbourg, au nord de Rolduc, et le village de Fouron-St-Martin, dont la seigneurie moyenne et basse était un fief de Fauquemont. ‘Avant 1623, écrît M. Del VauxGa naar voetnoot(4), le seigneur de Gronsveld était un seigneur foncier de Fouron-St-Martin, | |||||||||||||||
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qui nommait mayeur et échevins et y avait beaucoup de juridiction, comme la chasse, la pêche, etc. Le roi n'avait le droit de faire arrêter ou prendre un criminel que dans les rues, ou avec le consentement de ce seigneur, et de lever la contribution. Le seigneur de Gronsveld avait tous les droits sur les biens et les amendes, comme il paraît par un placard du 7 oct. 1612’. Il n'est fait mention que très-tard d'un château-fort à Gronsveld. Cependant le rôle de protecteur d'église ou de ville, que nous voyons remplir aux premiers seigneurs, ne pouvait convenir qu'à des nobles au moins assez puissants pour avoir une retraite à l'abri d'un coup de main. C'était peut-être, dans l'origine, une maison plus ou moins forte, ou une tour isolée, comme on en rencontrait beaucoup au moyen-âge. Il est question d'une subvention destinée ‘au bâtiment seigneurial de Gronsveld’ en 1594Ga naar voetnoot(1), d'où l'on peut conclure que le château fut reconstruit à cette époque. Les matériaux employés furent des pierres de sable, alternant avec des assises de briques à partir d'une certaine hauteur. Il était défendu par sept tours rondes, dont trois adossées à la façade de l'est, une au centre des bâtiments, et trois autres dans le mur d'enceinte, du côté d'un terrain nommé le Broek, aujourd'hui propriété communale. C'était là que s'ouvrait, dans la tour du milieu, la seule porte du château. Ses hautes et épaisses murailles, percées de fenêtres élevées, étaient entourées de fossés profonds. Mais ni sa position, ni la résistance de ses matériaux ne pouvaient lui permettre d'affronter le feu de l'artillerieGa naar voetnoot(2). | |||||||||||||||
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En 1643, il ne servait déjà plus depuis longtemps de résidence au comte de Gronsveld, lorsqu'un événement soudain attira sur lui tous les regards. Le 26 juin, une centaine d'aventuriers, parmi lesquels on comptait bon nombre de ces cavaliers hessois que la Hollande avait pris à sa solde, parvinrent à s'emparer par stratagème du château de Gronsveld. Un certain Théodore Cauberg ou Cauwenberg, sujet rebelle du comte de Heers, était à leur tête. Lorsqu'ils se furent bien fortifiés dans leur nouvelle place d'armes, ces brigands en sortirent pour piller et rançonner les villages voisins: leurs courses s'étendirent jusqu'aux portes d'Aix-la-Chapelle et de Liége; et quand ils étaient chargés de butin, ils entraient dans les villes, pour y vendre sur les marchés le fruit de leurs rapinesGa naar voetnoot(1). Les Etats du pays de Liége et le prince s'émurent de tant d'audaceGa naar voetnoot(2): ils chargèrent le baron de Kerkem, chanoine de St. Lambert, Henri de Rivière, comte de Heers, et le bourgmestre Wansoule de mettre fin à ces incroyables déprédations. Les trois commissaires mandèrent aux grandsbaillis de Condroz, de Hesbaye, de Moha et de Franchimont de leur amener des troupes. Ceux-ci réunirent à la hâte, sans trop savoir de quoi il s'agissait, 15000 fantassins, pour la plupart paysans, et 1200 cavaliers, auxquels se joignirent 300 hommes de la milice liégeoiseGa naar voetnoot(3). Toute | |||||||||||||||
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cette multitude était sous les ordres du colonel de Miche, avec un attirail de siége et quatre pièces de canon, dont deux de 24 livres, tirés de l'arsenal de la cité. Le 14 juillet, l'armée s'avança d'un pas rapide jusque près de Visé, où elle passa la Meuse, de sorte que vers la fin du jour elle avait déjà investi la forteresse. Sommé de se rendre, le capitaine répondit fièrement qu'il ne manquait ni de poudre ni de balles, et le feu commença. Sur ces entrefaites arriva le contingent d'Aix-la-Chapelle, s'élevant à trois cents hommes de troupes impériales, commandés par le colonel de Golstein. Mais ce renfort n'était à-coup-sûr pas nécessaire: dès le lendemain soir, la place n'était plus tenable; une cinquantaine de coups de canon, tirés du côté du village, avaient suffi pour y faire des brêches énormes et rendre inutile la résistance désespérée de ses défenseurs. Le 16 ils tentèrent de rompre les lignes ennemies, et n'aboutirent qu'à perdre quelques soldats. Il ne leur restait plus qu'à demander quartier; mais pendant qu'on parlementait, peut-être même en dépit de la capitulation, les assiégeants, ne pouvant contenir leur rage, firent irruption dans le château. Se précipitant alors sur les soixante-quinze hommes qui restaient, ils leur arrachent les vêtements et les massacrent jusqu'au dernier. Quant à leur digne capitaine, dont il paraît qu'on s'était emparé vivant, il fut, eu égard à sa qualité, accroché aux barreaux d'une fenêtre du côté de Maestricht, ‘afin, disent les vieux historiens liégeois, de souffrir plus longtemps’Ga naar voetnoot(1). | |||||||||||||||
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Depuis cette terrible aventure, le château de Gronsveld, quoique à moitié ruiné, continua, pendant près de deux siècles, à se tenir debout. Avant de se retirer, les Liégeois avaient eu soin de le démanteler; cependant une des tours qui dominaient le Broek, put encore abriter la chapelle castrale jusqu'en 1796: nous voyons en effet qu'on en retira, cette année, une relique de la vraie croix, pour la transporter à l'égliseGa naar voetnoot(1). Ce ne fut qu'en 1831, que le vieux burg tomba presque entièrement sous la pioche des démolisseurs, pour faire place à une construction nouvelle. | |||||||||||||||
Priviléges, organisation.Gronsveld était une de ces terres directement mouvantes de l'Empire qui avaient conservé, sous l'ancien régime, leurs exemptions et leurs priviléges. Peut-être jouissait-elle de cette indépendance pour avoir servi autrefois à gagner ou à récompenser quelque homme libre, dans les guerres qui signalèrent la naissance de la féodalité en Lotharingie. Dès le XIVe siècle, on trouve les sires de Gronsveld qualifiés de chevaliers banneretsGa naar voetnoot(2); mais leurs prérogatives souveraines ne furent dûment établies que par un diplôme de l'empereur Maximilien, en date du 24 juin | |||||||||||||||
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1498, élevant la seigneurie au rang de libre baronnie de l'EmpireGa naar voetnoot(1). Entre les années 1576 et 1588, l'empereur Rodolphe II conféra à Josse de Bronckhorst la dignité de comte de Gronsveld, que les archiducs Albert et Isabelle reconnurent en faveur de son frère, en 1608. Ce titre ayant été confirmé par Ferdinand III, Juste-Maximilien de Bronckhorst fut inauguré à la diète de Ratisbonne, en l'année 1653. Depuis lors les seigneurs de Gronsveld eurent voix dans le collége des comtes de Westphalie, tant aux diètes du cercle qu'à celles de l'Empire. Ils siégeaient entre le comte de Pirmont et celui de Reckheim; leur taxe matriculaire, destinée à subvenir aux frais de la Chambre impériale, était, sans la seigneurie de Slenaken, de 19 reichsthalers 61⅞ kreutzers, par terme; et ils fournissaient, pour leur contingent, un homme à cheval et 12 florinsGa naar voetnoot(2). Les revènus du comté, dont la population s'élevait à 1900 habitants, étaient évalués à 12700 florins, d'après le récès de la députation de l'Empire du 25 février 1803Ga naar voetnoot(3). On trouvait à Gronsveld une Cour féodale, dont la juridiction s'étendait au loin sur des territoires éparpillés. Pour les inféodations, elle se composait, en l'absence du seigneur, du liéutenant des fiefs ou de son substitut, et de deux hommes de fief, lesquels devaient se conformer au réglement établi, le 2 août 1593, par le comte Jean de BronckhorstGa naar voetnoot(4). Le même seigneur conclut, le 28 mars 1611, avec ses sujets de Gronsveld et de Slenaken, un accord en vertu duquel ils devaient indistinctement contribuer aux tailles et corvées. Tous les fiefs, grands | |||||||||||||||
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ou petits, nobles ou roturiers, étaient, comme les biens allodiaux, soumis, depuis un temps immémorial, aux divers impôts, taxes et autres charges de l'Empire et du pays, dont était seul exempté le patrimoine héréditaire du seigneur. C'est ainsi que les fermes de Hammersbach et de Besselberg, à Eckelrade, quoique étant de grands fiefs de noble ténement, participèrent toujours à ces contributions, ainsi qu'en faisaient foi les régistres de la Cour féodale de l'année 1581. La seule différence à observer était que les grands fiefs payaient, pour droit de relief, 106 florins de Maestricht, tandis que les petits n'étaient taxés qu'à 13 florins 17½ sols. Les uns et les autres ne devaient d'ailleurs être relevés qu'en cas de mort, et alors leurs possesseurs prêtaient le serment féodal, en promettant de toujours faire ce relief, et de ne disposer de leur fief qu'avec le consentement du seigneur. Mais il n'était nullement question de prestations particulières, et les vassaux n'étaient astreints à aucun autre service. Quant aux biens censaux, ils ne se distinguaient des précédents qu'en ce que les paysans devaient acquitter, à chaque aliénation, le droit de Laudemium, et à chaque décès, la Cormède, qui consistait à abandonner au seigneur un cheval, une vache, ou un autre objet mobilierGa naar voetnoot(1). Comme sujets de l'Empire, les habitants de Gronsveld étaient régis par la loi romaine et le droit commun de l'Allemagne. Mais ils avaient aussi des coutumes particulières, qui furent définitivement fixées et recueillies en 1671Ga naar voetnoot(2). La seigneurie était divisée en deux bancs de | |||||||||||||||
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justice, l'un à Gronsveld, l'autre à HeugemGa naar voetnoot(1). On pouvait appeler de leurs décisions au tribunal des échevins d'Aix-la-Chapelle, puis, en dernier ressort, à la Chambre impérialeGa naar voetnoot(2). Chacun des quartiers de Gronsveld, Heugem, Eckelrade et Hontem avait pour chef un bourgmestre. Le seigneur nommait l'écoutête et les échevins; il avait le droit de haute, moyenne et basse justiceGa naar voetnoot(3), et celui de frapper des monnaies d'or, d'argent et de cuivreGa naar voetnoot(4). Parmi les priviléges dont jouissaient encore les sires de Gronsveld, il ne faut pas oublier le droit de bourgeoisie à Maestricht. Il leur suffisait, pour l'exercer, de se faire reconnaîtreGa naar voetnoot(5); mais ils se soumettaient par cela même aux obligations des plus simples citoyens: ils devaient comparaître devant le magistrat, sous peine de dé- | |||||||||||||||
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chéanceGa naar voetnoot(1), et ils étaient tenus de défendre la ville en cas de dangerGa naar voetnoot(2). Ils y avaient d'ailleurs, au XIVe siècle, une demeure dans la rue Large, et l'on a retrouvé le nom de celle qu'ils possédaient en 1536: elle s'appelait, en souvenir de leur origine, t'hoff van BathenberghGa naar voetnoot(3). Ces opulents seigneurs ne se contentaient pas d'une seule habitation de ville. QuixGa naar voetnoot(4) nous apprend qu'on montre encore leur hôtel à l'entrée du Beguinen-Winkel, à Aix-la-Chapelle; et l'on verra dans la suite que l'un d'eux s'établit, au XVIIe siècle, dans la résidence qu'il avait à Cologne. Il convient aussi de dire un mot de la Société d'arquebusiers, ou confrérie de St Sébastien, fondée en 1619, par le comte Juste-Maximilien de Bronckhorst, et qui existe encore à Gronsveld. C'était, comme dans plusieurs autres villages du Limbourg, une compagnie formée pour protéger la procession contre les insultes des religionnaires de Maestricht. A la révolution française, les insignes en furent transportés à Munich par le commissaire du comte, et l'on n'en obtint la restitution qu'en 1839. Au point de vue du culte, le comté de Gronsveld se trouvait sous le concile de Maestricht, dans l'archidiaconé | |||||||||||||||
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de Hesbaye, diocèse de Liége. D'après un rapport de l'archidiacreGa naar voetnoot(1), il comprenait, au milieu du XVIIe siècle, deux paroisses, l'une à Gronsveld, l'autre à Heugem. La première avait pour dépendances la seigneurie de Ryckholt et la moitié d'Eckelrade qui n'était pas de la paroisse de Sainte-Gertrude. L'église, consacrée à St. Martin, semble dater de la première moitié du XVIIe siècle: le maître-autel et l'orgue sont surmontés des écussons du feld-maréchal Jean-François de Bronckhorst et de sa femme, née comtesse de Törring-Jettenbach; l'autel de St. Amand, à droite, porte les armes de son frère Otton-Guillaume, vicaire-général de l'évêché d'Osnabruck; enfin sur celui de Notre-Dame, on trouve les écussons du baron Ferdinand-Louis d'Eynatten et de sa femme Anne-Justine de Bronckhorst, qui mourut en 1709, après avoir doté cet autel par son testamentGa naar voetnoot(2). L'église ou chapelle d'Eckelrade était seulement une succursale de la paroisse de Gronsveld. Elle honorait comme patron St. Barthelemi, apôtre, et renfermait un autel dédié à la Vierge. Les bénéfices de tous ces autels étaient conférés par le seigneur, qui nommait également le curé et partageait avec lui, par moitié, les dîmes de Gronsveld, d'Eckelrade et de Ryckholt. La paroisse de Heugem était moins considérable. L'église, placée sous l'invocation de St. Michel, archange, fut reconnue, avec la dîme de l'endroit, comme une possession de la collégiale de Notre-Dame, à Maestricht, par une bulle du pape Adrien IV, de l'année 1157Ga naar voetnoot(3). Plus tard, une sentence de l'official du Chapitre de Liége confirma les droits du prévôt de Notre-Dame à la collation de la | |||||||||||||||
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cure de Heugem, contre les prétentions du comte de Gronsveld. Le Chapitre collateur jouissait alors des trois quarts des dîmes, et le curé d'un quart. | |||||||||||||||
Les seigneurs de Gronsveld.On a fort peu de renseignements sur les premiers seigneurs de Gronsfeld. Ce n'est qu'à partir du milieu du XIVe siècle que des personnages de cette famille se rencontrent fréquemment dans l'histoire, et qu'on peut suivre leur filiation avec une certaine exactitude. Aussi les généalogistes n'ont-ils pas essayé de franchir cette limite, au-delà de laquelle on trouve pourtant quelques noms, dont la plupart ont passé inaperçus ou ont été récemment découverts. | |||||||||||||||
Herman de Gronsveld.
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Gisbert de Gronsveld.
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Adalbert, à Aix-la-Chapelle, que les tenanciers de cette église, habitant le village d'Olne (in pago Ardenne, aujourd'hui canton de Verviers), accompagnés par le prévôt et les religieux, se rendirent devant le tribunal du roi, au palais d'Aix-la-Chapelle, et lui énumérèrent les violences et les rapines des sous-avoués qui leur étaient imposés. Les princes et les évêques formant la Cour suprême, après avoir écouté avec indignation le récit de ces vexations inouïes, décidèrent que les plaignants n'auraient plus à reconnaître désormais, au-dessous de leur duc, qu'un seul avoué, qui serait investi de son ban par le souverain, et ne pourrait réunir les plaids généraux et percevoir les redevances que trois fois l'an, avec la faculté de se faire remplacer pour les perceptions seulement. Parmi les témoins figure l'avoué légitime, Giselbertus de Grules, lequel n'aura par conséquent plus le droit d'établir de sous-avoué, et devra se borner à exiger, à chacun des trois plaids annuels, douze maltresGa naar voetnoot(1) de froment, trente et un maltres d'avoine, huit porcs, quatre cochons de lait, huit gigots de moutonGa naar voetnoot(2), trente-six poulets et quinze sols pour le vin. La sentence porte aussi que, si quelque criminel a été arrêté par ordre de l'avoué, on devra l'amener devant le tribunal compétent, pour éviter de confondre le coupable. Ce Gisbert de Grules intervint encore, en 1135, comme avoué de St. Adalbert, dans la charte d'asservissement à cette église, d'une femme attachée précédemment à une habitation rurale que le Chapitre possédait à VaelsGa naar voetnoot(3). | |||||||||||||||
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Winand de Gronsveld (?).
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Guillaume de Gronsveld.
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Reinier ou Renaud de Gronsveld (?).L'acte de donation fait par son père fut approuvé par Reinier, seigneur de Stolburg, et son épouse Béatrix. | |||||||||||||||
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Dans une charte du 28 juin 1285, le comte Henri de Kessel affranchit de la redevance à laquelle il avait droit, en qualité d'avoué de l'abbaye de Gladbach, une terre arable située à Westrich, paroisse de Keyenburg, dont trente journaux avaient appartenu à Rutger, fils de Reinard, chevalier, militis de GrunseiltGa naar voetnoot(1). | |||||||||||||||
Jean Ier de Gronsveld.
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quelques rentes et biens situés à Fouron-St.-Pierre, où l'ordre avait une sous-commanderieGa naar voetnoot(1). Le sceau qu'il employait est figuré dans un ancien recueil de chartes et de documents, à propos d'un acte de l'année 1309Ga naar voetnoot(2): il est de forme ronde et représente un écusson quasi-triangulaire, à trois tourteaux, inséré dans une épicycloïde à six lobes: † S. Iohannis domini de gro: Jean de Gronsveld possédait différentes propriétés qui le rendaient feudataire de Brabant: c'étaient les manoirs de Bouken et de Beverle, avec leurs dépendances, deux pièces de terre à Hanstel, des maisons louées à Clermont, Bilstain et Hemersborch, enfin la dîme de Bilstain et la cense de Liersdorp, qui relevaient du château de LimbourgGa naar voetnoot(3). Sa femme Marguerite, fille de Werner, sire de Mérode, et de Laure de Binsfeld, est qualifiée de veuve en 1326Ga naar voetnoot(4). Elle fut mère de: 1o Henri, qui suit. 2o Catherine, veuve, en 1333, de Henri VI, sire de BautershemGa naar voetnoot(5). | |||||||||||||||
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Henri Ier de Gronsveld.
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ne s'aventuraient point à entreprendre quelque hostilité contre une ville qui avait d'aussi redoutables protecteurs. Cependant il arrivait que ces amitiés devenaient dangereuses. Ainsi, en l'année 1346, Henri de Gronsveld doit avoir eu des difficultés avec le magistrat d'Aix-la-Chapelle; car, dans les comptes de cette année, il est question d'un présent que la ville fit au drossart de Limbourg, et de l'hospitalité qu'elle offrit au sire de Fauquemont, à propos de leur intervention dans son différend avec le burgrave de Limbourg. Une lettre que celui-ci écrivit, vers la même époque, au chevalier Gérard Chorus, pour lui demander l'envoi de quelques hommes d'armes, semble avoir rapport à cette affaireGa naar voetnoot(1). L'année suivante, Henri reçut à son tour, de la même ville, un cadeau beaucoup plus important, consistant en 237 marcs et 4 escalins, tandis que le drossart Conrad von Rabotreed recevait 10 marcs, afin que ces deux seigneurs voulussent bien employer leur crédit, pour la délivrance des bourgeois d'Aix-la-Chapelle faits prisonniers près de Limbourg. On a conservé plusieurs lettres écrites par Henri à ses amis ou aux magistrats d'Aix-la-ChapelleGa naar voetnoot(2): elles sont, il est vrai, relatives à des affaires particulières, mais elles n'en témoignent pas moins de la grande influence du sire de Gronsveld. Ses relations avec Jeanne et Wenceslas, ducs de Brabant, contribuèrent bientôt à lui donner. dans les pays d'Outre-Meuse, une position prépondérante. Ces deux souverains eurent souvent de grands besoins d'argent: quand, | |||||||||||||||
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en 1357, leur duché de Limbourg se trouva engagé, ils reconnurent, dans un acte du 1er octobre, que les villes, ainsi que leurs bonnes gens, les chevaliers, vassaux et écuyers de ce pays, notamment Henri, sire de Gronsveld, avaient consenti, par grâce et non par devoir, comme aussi sans préjudice de leurs anciens droits, à ce que leurs gens fussent compris dans l'imposition dont les habitants du Limbourg allaient être frappés, en vue de sa libérationGa naar voetnoot(1). La bonne duchesse faisait-elle des dettes, comme pendant son séjour à Maestricht, en 1359, c'était encore Henri de Gronsveld, avec d'autres seigneurs, qui était chargé de vendre ses blés, pour les payerGa naar voetnoot(2). Cette confiance ne se démentit pas, lorsqu'il s'agit de réorganiser la police générale du pays. On sait dans quelle anarchie était tombé l'Empire, pendant la longue vacance qui précéda l'avénement de Rodolphe de Habsbourg. Nos contrées, déjà divisées en une foule de souverainetés indépendantes, ou dont le lien féodal était considérablement relâché, devinrent, plus que jamais, le théâtre des luttes et des vengeances privées. Souvent les belligérants attiraient dans leurs camps presque toute la noblesse du voisinage: tels furent, dans le pays de Liége, les Awans et les Waroux; dans le Limbourg, les Schavedries et les Mulrepas. Il en était résulté d'affreux abus, car on considérait comme étant de bonne guerre, le pillage et l'incendie des fermes et des récoltes. Ces habitudes de violence avaient à leur tour dégénéré en véritables brigandages, et le riche marchand, comme le paisible pélerin, n'osaient plus, qu'en tremblant, affronter les chances d'un long voyage. | |||||||||||||||
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Pour parer à ces désordres, les princes et les villes avaient établi de concert un tribunal de paix, nommé Landfriede. Le 11 avril 1364, Jeanne et Wenceslas, spécialement délégués par l'empereur à cet effet, jugèrent à propos de renouveler, pour dix ans, une alliance de ce genre avec la ville d'Aix-la-Chapelle, afin d'assurer la liberté des chemins entre la Meuse et le Rhin. Ils nommèrent pour leurs jurés ou juges des infractions au repos public, Reinard, sire de Schoonvorst, Jean, sire de Wittem, et Henri, sire de Gronsveld. Guillaume VI, duc de Juliers, ayant demandé à entrer dans cette confédération, on en dressa, le 11 novembre, un deuxième acte, pour cinq ans, avec adjonction de trois nouveaux jurés, pour chacune des parties. Enfin l'archevêque et la ville de Cologne accédèrent également à cette union, qui fut prolongée pour cinq ans encore, le 21 décembre 1365Ga naar voetnoot(1). C'est ici le lieu de rapporter une expédition où, suivant le langage d'un historien, ‘il fut fait si chaudement qu'on l'appela la chaude chevauchée’. Les routiers du duché de Juliers avaient pillé, en 1367, le village de Jalhai, près de Limbourg. Aussitôt l'évêque de Liége, Jean d'Arckel, réunit un corps nombreux de cavaliers, commandés par Lambert, seigneur d'Oupeye, et pénétra dans le territoire ennemi. L'armée avait à traverser un pays inconnu, des forêts et des lieux impraticables: guidée par le sire de Gronsveld, elle arriva aux environs d'Aldenhoven, qu'elle réduisit en cendres, avec plusieurs villages voisins. Le duc de Juliers était absent: les Liégeois purent donc se retirer après ces représailles, sans être inquiétés, sinon par un corps d'ennemis qui les suivait à pied. Afin d'éloigner ce danger de la frontière, l'évêque usa du stratagème employé par le dernier des Horaces: il fit | |||||||||||||||
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semblant de fuir, et le carnage qui suivit apprit aux Allemands qu'on ne versait pas impunément le sang liégeoisGa naar voetnoot(1). Le 15 novembre de cette même année, le sire de Gronsveld fut remplacé dans ses fonctions de juge du Landfriede par Herpen de RodeGa naar voetnoot(2); mais on le trouve bientôt après chargé par le duc de Brabant de la délimitation de la Gueule, entre Wittem et GaloppeGa naar voetnoot(3). Il est question une dernière fois de Henri, seigneur de Gronsveld et burgrave de Limbourg, en 1373, quand il réconcilia la ville d'Aix-la-Chapelle, qui l'avait choisi pour arbitre, avec le chevalier Godart Van der CapellenGa naar voetnoot(4). Il avait épousé Mechthilde Van der Heyden, fille d'Arnold, dit de BongartGa naar voetnoot(5), citée, en 1346, dans les comptes de la ville d'Aix-la-Chapelle, qui lui payait une pension de 75 marcs. Son nom figure aussi dans le nécrologe de St. Gerlache, parmi les bienfaiteurs du couvent, et son anniversaire y était célébré le 22 septembreGa naar voetnoot(6). De ce mariage naquirent: 1o Jean, qui suit. 2o Henri, son successeur. | |||||||||||||||
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3o Godefroid, époux de Catherine de Rassegem, dame de Crainhem, Basserode, etc. Il accéda, en 1370, comme chevalier et vassal de Brabant, à l'union du Landfriede, et vivait encore en 1389Ga naar voetnoot(1). 4o Catherine, morte en 1380 et enterrée aux Cordeliers, à Maestricht, avec son premier mari Jean d'Argenteau, seigneur d'Awilhonrieu. Celui-ci mourut en Syrie, l'an 1362, au retour d'un voyage en Terre sainte, ainsi que nous l'apprenait son épitapheGa naar voetnoot(2). L'autre fut Thierri, seigneur de Welckenhusen, 1372.Ga naar voetnoot(3). 5o N. épouse de Henri de WelckenhusenGa naar voetnoot(4). | |||||||||||||||
Jean II de Gronsveld.
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de la dame de Kastelholz, soeur de la mère de CunégondeGa naar voetnoot(1). Certains biens provenant d'un oncle commun formaient l'objet du litige entre les cousins germains. Il furent adjugés à Cunégonde d'Aldenroide. Furieux, Jean de Gronsveld força le curé de l'endroit à publier au prône, que tout manant assez osé pour les mettre en culture aurait les pieds et les poings coupés; il tua de sa main un des serviteurs de son adversaire, lui brûla nuitamment une ferme, après quoi on lui en brûla une à son tour; si bien qu'à la suite de plusieurs rencontres où il n'eut pas toujours le dessus, l'affaire fut portée par Koilputz et sa femme devant le tribunal de pacification établi en l'année 1351. Gronsveld, qui remplissait alors les fonctions de drossart à Rolduc, fit valoir dans sa défense ‘que le plaignant, avec ses alliés, avait envahi le territoire de cette ville confié à sa garde, qu'il ne s'agissait, après tout, que d'un voleur de grand chemin, et qu'en incendiant l'habitation de ce malfaiteur, il avait cru s'acquitter d'un devoir envers le duc de Brabant, son maître, auquel l'empereur avait confié la surveillance des communications entre la Meuse et le RhinGa naar voetnoot(2).’ Après l'heureuse intervention du Landfriede, qui empêcha cette querelle de dégénérer en une véritable guerre, on perd la trace de Jean de Gronsveld pendant plusieurs années. Il reparaît dans un conflit avec la ville de Cologne, ainsi que le témoigne un traité de l'année 1365, par lequel les deux parties, avec leurs adhérents, convinrent de soumettre leur différend à l'arbitrage des juges de la paix publique. | |||||||||||||||
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Les hostilités avaient à peine cessé, que Jean entreprit une lutte nouvelle contre les frères Bruch de Husen, alliés avec l'écuyer Jean Leffeleir de Pattern. L'issue en fut fatale, car Adam de Husen et Davel de Wolfrode y perdirent la vie. Gronsveld fut alors cité par les Husen devant le tribunal du Landfriede, ainsi que son allié, l'écuyer Guillaume de Ghoer, qui demeurait à Wolfrode: mais il chercha un accommodement et l'on convint de part et d'autre, en 1367, de nommer des arbitres et de s'en tenir à la sentence qu'ils prononceraient avec les jurés. Jean et Guillaume choisirent à cet effet Reinard, sire de Schoonvorst, Henri, sire de Gronsveld, et Godart Van der Heyden: la partie adverse nomma Werner de Breidenbend, Werner de Vlatten et Daniel d'Einnich. Aussitôt après l'apaisement de cette affaire, Jean de Gronsveld fut encore enveloppé dans une autre querelle. Cette fois il guerroya contre Thierri de Wildenrath et son fils Guillaume Van der Stege, avec l'aide de Godart Van der Heyden, Gérard de Nierheim, Reinard de Vlodorp et autres. Toutefois les belligérants furent obligés, en l'année 1369, de déférer leur contestation au tribunal de la pacification du pays. Enfin, soit que les difficultés qu'il avait eues précédemment avec la ville de Cologne ne fussent pas complètement terminées, soit qu'il en eût surgi de nouvelles, les autorités de la cité signèrent encore une fois, en 1370 (1371), un compromis qui les soumettait à la décision des juges du LandfriedeGa naar voetnoot(1). Cependant le rôle de Jean de Gronsveld commençait à grandir dans le Limbourg. Le duc et la duchesse de Brabant venaient de lui engager, pour lui et ses hoirs, le 4 octobre 1370, les domaines d'Eysden, au pays de | |||||||||||||||
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Fauquemont, et de Cadier, au comté de Daelhem, moyennant la somme de 5,500 florins, fort bons d'or et de poids. Ils lui en avaient abandonné tous les revenus, ainsi que les droits de haute et basse justice, avec autres dépendances, en renonçant pour eux-mêmes aux aides et services exigibles dans ces deux villages, et autorisant le nouveau possesseur à y établir un amman et un receveur particuliers, jusqu'au remboursement de la somme prêtéeGa naar voetnoot(1). Comme feudataire de Brabant, Jean de Gronsveld, après avoir aidé le duc Wenceslas de ses deniers, l'aida aussi de sa personne. Il se trouva, le 22 août 1371, à la bataille de Basweiler, où il commandait la 52e route ou cohorte de l'armée qui marchait contre le duc Guillaume de JuliersGa naar voetnoot(2). On connaît la funeste issue de cette campagne: il en résulta que Wenceslas eut à rembourser des sommes considérables, pour dédommager ceux de ses gentilshommes qui avaient racheté leur liberté par une rançon. Les domaines de sa maison s'en allant un à un dans de ruineux engagements, il chercha à les retenir, et, le 4 octobre 1375, il obtint de son cher et féal créancier, alors devenu sire de Gronsveld, une promesse portant que les terres d'Eysden et de Cadier retourneraient gra- | |||||||||||||||
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tuitement au duc ou à la duchesse de Brabant, s'il venait à mourir avant euxGa naar voetnoot(1). Le 21 du même mois, Jean fut nommé bailli (amtman) de la ville et seigneurie de Wassenberg, lesquelles lui furent remises à vie, avec le château d'Elmsheim, peu de temps après. Il en fit la déclaration dans un acte passé à Bruxelles, le 24 mars 1375 (1376), par lequel il s'engage à les rendre à Jeanne et Wenceslas, dès qu'ils lui auront remboursé les frais d'entretien du château de Wassenberg et l'argent qu'il leur a prêté. Il ajoute que les susdits châtels leur seront toujours ouverts en cas de guerre, mais qu'alors il ne pourront les retirer, qu'après l'avoir dédommagé des dépenses faites à cette occasion. Vers la même époque, Jean de Gronsveld entra en possession de l'héritage de son oncle maternel, Godart Van der Heyden, décédé sans enfant le 5 décembre 1373. Déjà par un acte du 8 février 1368 (n.s.), ce seigneur avait disposé de ses biens en faveur de son neveu, déclarant avoir reçu de lui 10,000 florins d'or, garantis par hypothèque sur son château, ses terres et ses sujets de Heyden, et remboursables sur sa successionGa naar voetnoot(2). Ainsi Jean de Gronsveld se trouvait appelé à devenir le vassal du vainqueur de Basweiler, qu'il avait combattu deux ans auparavant. Il commença par obtenir de ce prince, le 14 décembre 1374, pour la somme de 1029 florins, l'engagement des villages de Richterich, Bank, Steinstrass, Eygelshoven et Berensberg, que son oncle avait possédés au même titreGa naar voetnoot(3); puis il en reçut l'investiture du château | |||||||||||||||
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de Heyden, en lui jurant fidélité et lui ouvrant sa maison envers et contre tous, hormis l'archevèque de CologneGa naar voetnoot(1). Quand l'union du Landtriede fut rétablie, le 28 mars 1375 (1376), chacun des confédérés nomma encore six jurés: ceux du Brabant furent Jean, sire de Gronsveld et drossart de Rolduc, Reinard de Berghe, Herman Hoen, Gérard Rotstock, Reinard de Berne, drossart de Fauquemont, tous chevaliers, et Tilman de Rayde, receveur général du Limbourg. Deux des juges de chaque allié devaient siéger le premier de chaque mois, pour vider tous les différends qui pourraient s'élever. Les lieux de leur réunion étaient successivement Lechenich, Rolduc, Juliers, Cologne et Aix-la-Chapelle. Les deux premiers des jurés du Brabant, avec six autres de leurs collègues, furent désignés comme commissaires, pour surveiller et atteindre les pillards et les voleurs de grand chemin; chacun des trois premiers s'engagea à fournir, pour les siéges et les expéditions, cent cavaliers bien armés et cinquante archers, et pour le service journalier, cinquante cavaliersGa naar voetnoot(2). | |||||||||||||||
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On rencontre bientôt après Jean de Gronsveld au couronnement de Wenceslas, comme roi des Romains, à Aix-la-Chapelle (1376). Lorsque les magistrats offrirent alors, suivant un antique usage, le vin d'honneur à leurs nobles hôtes, le seigneur de Gronsveld et sa soeur en reçurent six quartauts, dont deux pour l'une et quatre pour l'autreGa naar voetnoot(1). Jean était d'ailleurs, depuis l'année 1370, à la solde de la ville, qui lui payait annuellement une somme de cent marcs. Il est probable qu'il avait immédiatement succédé à son père dans la châtellenie de Limbourg, car il est désigné sous le nom de burgrave de Limbourg et de Rolduc, dans le traité d'amitié conclu, le 5 avril 1377, par Jeanne et Wenceslas avec le duc de Gueldre et de Juliers. Par précaution, les souverains alliés ayant nommé une commission chargée d'aplanir les difficultés qui pourraient survenir entre eux, le sire de Gronsveld, avec Reinard de Berghe, y représenta les pays de Limbourg et d'Outre-MeuseGa naar voetnoot(2). L'année suivante, le duc de Brabant alla visiter ses terres du pays de Fauquemont, et profita de cette occasion pour acheter du comte Frédéric de Meurs, les châteaux voisins de Gangelt, Vucht (Waldfeucht) et MillenGa naar voetnoot(3). Il les fit aussitôt remparer et en confia la garde, selon Froissart, à ‘un moult vaillant chevalier et sage homme lequel on appeloit messire Jean de Grousselt’. Tout sage qu'il était, ce chevalier n'avait pas perdu ses habitudes de violence. Voici ce qu'on lit dans les résolutions du Conseil communal de Maestricht de l'année 1379: ‘Le six octobre, les maîtres et le Conseil ont arrêté que la partie et les amis de Gérard Gallois demanderont satisfaction au sire de Gronsveld; lequel seigneur devra s'acquitter | |||||||||||||||
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envers les plaignants de deux pèlerinages à Chypre, autant à St. Jacques et deux autres à Rocamadour. Item, chacun des deux meurtriers du susdit Gérard est condamné à un pélerinage à Chypre, un autre à St. Jacques et un troisième à RocamadourGa naar voetnoot(1).’ C'étaient autant d'amendes infligées à Jean de Gronsveld; mais on va voir qu'il pouvait les payer, sans se mettre dans la gêne. Après la mort de Wenceslas, Jeanne trouva les finances dans un état déplorable. Quand, le 20 janvier 1383 (1384), le sire de Gronsveld eut rendu ses comptes, comme drossart de Limbourg jusqu'au 27 novembre, et comme drossart de Rolduc et de Millen jusqu'au 22 février précédents, il se trouva que la duchesse lui devait 13,067 ½ vieux écus d'or, tant pour l'éxcédant des dépenses sur les recettes, que pour dettes antérieures, outre le prix de l'engagement de Wassenberg et d'Eysden. Peut-être que dans cette somme étaient compris les 10,194 vieux bons écus et huit deniers, cours de Cologne, que la princesse reconnut, par un acte du 13 décembre suivant, avoir reçus de Jean de Gronsveld, et pour lesquels, de l'avis de son Conseil et de ses amis, elle lui assigna les châteaux, villes, villages et hameauxGa naar voetnoot(2) des pays de Limbourg et de Rolduc, avec tous les revenus qu'elle y possédait, pour en jouir lui et ses héritiers. En considération de cet engagement et des services que son conseiller, le sire de Gronsveld, lui avait rendus et lui rendait encore, en assiégeant le château de Reifferscheid dont le seigneur avait enfreint la paix publique, elle promit, le 18 septembre 1385, qu'elle | |||||||||||||||
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ne lui retirerait point l'emploi de drossart de Limbourg et de Rolduc, ni les châteaux et villages de ces deux pays, pas plus que ceux de Millen, de Gangelt et de Vucht, avec leurs dépendances, et lui en abandonnerait les revenus, sans qu'il dût en rendre compte, jusqu'à l'extinction de sa créance et le paiement des dommages qu'il justifiera avoir éprouvés au siége de Reifferscheid. Le dernier acte que nous connaissions de Jean II de Gronsveld se rapporte à l'année 1386 (n.s.). Les magistrats d'Aix-la-Chapelle s'étaient plaints des empiètements faits par les Limbourgeois sur leur territoire: la duchesse chargea son drossart, par lettres du 5 février, d'interroger sur les limites respectives des deux pays les habitants d'Eupen et de Walhorn, et d'y faire poser des bornes, en se conformant aux déclarations de la majorité d'entre euxGa naar voetnoot(1). Quoique parvenu à un dégré de puissance inouïe dans les annales de nos barons, le sire de Gronsveld ne put échapper à ces vengeances privées qu'il avait affrontées tant de fois. Dès l'année 1373 (n.s.), alors qu'il n'était que simple chevalier, une haine violente existait déjà entre lui et la famille de Bongart, qui habitait la maison forte de ce nom, à Bocholtz, non loin d'Aix-la-ChapelleGa naar voetnoot(2). On a conservé la missive adressée par Jean de Gronsveld au magistrat de cette ville, pour l'informer que, pendant sa captivité (probablement après la bataille de Basweiler), Eustache de Bongart avait fait parvenir aux bourgeois de Maestricht, des lettres qui compromettaient gravement son honneur, et que, pour venger cette offense, il avait cru | |||||||||||||||
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devoir provoquer son ennemi. ‘Comment, lui avait-il écrit, ne m'as-tu pas adressé plus tôt tes injures, au lieu d'attendre que je fusse dans l'impossibilité d'y répondre? Quand tu prétends le contraire, je dis, moi, que tu n'es qu'un infâme menteur. Viens donc me combattre en champ-clos; prenons une cotte de mailles, un casque, des cuissards; que l'épée et le poignard soient nos armes! Mort ou vif, le vaincu sera à la merci du vainqueur, car je veux te prouver que tu as agi comme un traître et honteux calomniateur que tu es.’ Cette provocation, émaillée des injures les plus grossières, ne resta pas sans réponse: Bongart eut soin de rétorquer les mêmes aménités contre son adversaire, et s'empressa d'accepter le cartelGa naar voetnoot(1). Les suites de cette affaire ne sont pas connues; nous savons seulement que si alors Jean de Gronsveld ne perdit pas la vie, il ne put échapper dans la suite à la haine invétérée de ses ennemis. Pendant la nuit du 25 août 1386, il fut làchement assassiné dans une maison d'Aix-la-Chapelle: les meurtriers s'appelaient Eustache et Godefroid de Bongart, Renaud et Engelbert de Schoonvorst, et Godefroid de Schönau. Voici dans quels termes, peu de jours après, Conrad de Schoonvorst, qui comptait deux de ses frères parmi les meurtriers, raconte la mort de Jean de Gronsveld à Henri, son frère et successeur: ‘Cher parent, messire Henri, seigneur de Gronsveld, Moi Conrart de Schoonvorst, sire d'Elsloo, je désire que vous et toutes bonnes gens soyez exactement instruits par ce qui s'ensuit, des circonstances du meurtre de mon bienaimé parent, le seigneur de Gronsveld, votre frère, pour autant qu'il m'en souvient et que j'en suis informé. Je vous dirai d'abord que messire Eustache de Bongart et le | |||||||||||||||
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seigneur de Schoonvorst s'accordèrent au sujet du sire de Gronsveld, auquel Dieu fasse merci. S'adressant donc à moi Conrart, ils me prièrent de lui écrire une lettre, pour l'engager à venir, un jour à Aix-la-Chapelle, y entendre le sire de Schoonvorst affirmer qu'il n'était pas coupable, ni par ses actes ni par ses avis, dans l'affaire de Jean de Wilde et des enfants Vueskens, les ennemis du sire de Gronsveld. Le jour où ils devaient se rencontrer, messire Eustache de Bongart, messire Slabbart de Kenswilre, moi Conrart et Jean de Hengbach, nous décidâmes qu'ils s'entendraient sur toutes choses. Pour lors le seigneur de Schoonvorst nous assura de son innocence, et sa protestation fut transmise par Bongart au sire de Gronsveld, nous autres présents; tellement que tous quatre nous convînmes avec mon cher parent qu'il se rendrait en la maison de Jean van Necken, auprès du sire de Schoonvorst, à qui je crois qu'elle appartient, afin d'y avoir un entretien et de s'accorder en tous points. Kenswilre et moi nous étions couchés et endormis en la demeure de messire de Rysmolen, quand Schoonvorst arriva: nous ayant appelés, il nous chargea d'avertir le sire de Gronsveld de se rendre chez Jean van Necken, comme il était convenu. Cédant à sa prière, nous allâmes à la maison de mon parent, et après l'avoir fait sortir du lit où il dormait, nous le conduisîmes chez Van Necken. Dès qu'il y fut arrivé, Schoonvorst ôta sa toque et lui souhaita la bienvenue; Gronsveld lui ayant rendu son salut: “Dieu vous garde, sire de Schoonvorst! s'écria-t-il; je vois avec plaisir que vous grisonnez aussi bien que moi.” Sur quoi tous deux étant entrés bras dessus bras dessous dans une chambre, Schoonvorst y fit sa déclaration de n'avoir pas trempé dans l'affaire des enfants Voeskens et de Gérard Valkenners. | |||||||||||||||
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Mais voilà que pendant qu'ils se réconciliaient, survint Eustache de Bongart, suivi de messire Engelbert de Schoonvorst et de deux valets, Meirken et un autre, dont je ne sais pas bien le nom. “Pourquoi venez-vous maintenant?” leur dit le sire de Schoonvorst. “Je pensais, répliqua Bongart, que vous nous appeliez.” A ces mots, Engelbert se leva, disant qu'il avait attendu assez longtemps, et en même temps il tira son épée. Je me précipitai au-devant de son arme, et le saisissant dans mes bras: “Qu'allezvous faire, m'écriai-je, meurtrier que vous êtes!” et m'adressant au sire de Schoonvorst: “Méchant traître, souffrirez-vous qu'on assassine ici cet homme, en dépit de votre parole, et lorsque je l'ai amené sur la foi de vos promesses?” Alors Eustache de Bongart, s'élançant avec les deux valets, se saisit du sire de Gronsveld et lui donna la mort. Cependant je retenais toujours Engelbert de Schoonvorst, lorsque messire Godart de Schoonhoven, brandissant un coutelas, se dirigea vers moi en vociférant qu'il fallait me rendre ou qu'il me couperait la gorge. Vous ne pouvez pas sortir, sire d'Elsloo,’ s'écria Arnold, ‘l'intendant de Schoonvorst; et aussitôt Gérard Van der Dick se précipita dans la chambre, mais je ne vis rien de ce qu'il y fit. Puis comme tous s'enfuyaient, messire Godart de Bongart arriva, accompagné de son fils Godart: après avoir regardé dans la chambre, il tourna le dos et s'en alla, tandis que son fils y entra en courant, sans que j'aie pu voir ce qui s'y passa...... Tels sont les faits que moi Conrart, sire d'Elsloo, je déplore à la face de Dieu, notre Seigneur, de vous Henri, sire de Gronsveld, mon cher parent, et du monde entier; faits dont j'accuse les auteurs de ce pitoyable assassinat, ceux qui m'ont indignement trompé, savoir le seigneur de Schoonvorst, messire Engelbert de Schoonvorst, messire Eustache de Bongart, | |||||||||||||||
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messire Godart de Schoonhoven et leurs satellites; et comme je n'ai rien fait ni rien su dans cet abominable complot, et que par conséquent je désire, en bon chrétien, m'acquitter envers vous, mon cher parent, et tous les honnêtes gens, de manière à vous donner une juste satisfaction, je vous supplie de faire connaître à vos amis mon innocence, telle qu'elle est et comme je l'ai établie, offrant d'affirmer sous serment ce que je viens de vous écrire. C'est pourquoi je veux promettre et promets de bonne foi, je jure par tous les saints, la main levée et avec serment confirmatoire, que ni maintenant ni jamais je ne prendrai la moindre part aux suites présentes ou futures de ce crime, voulant au contraire rester tout-à-fait étranger à cette querelle; et comme nouveau témoignage de mon innocence, je donne l'assurance et prends l'engagement solennel, que si maintenant ou jamais, ce qu'à Dieu ne plaise, mon cher parent Henri, sire de Gronsveld, ou tout autre, trouvait avec raison que, par mon fait ou mes conseils, j'ai participé d'une façon quelconque aux événements que je viens de retracer, je me rendrais dans celui des châtels de ma gracieuse dame, la duchesse de Luxembourg, de Brabant et de Limbourg, qu'elle me désignera, soit verbalement, soit par écrit; et que je n'en sortirais qu'après que ma dite dame aura fait de moi selon son bon plaisir. En foi de quoi, moi Conrart, seigneur d'Elsloo, j'ai appendu mon scel à la présente lettre. Donné en l'an de Notre Seigneur 1386, le troisième jour de septembreGa naar voetnoot(1). | |||||||||||||||
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De tout temps les historiens sé sont émus de cet événement, et plusieurs lui ont assigné des causes plus importantes. C'était l'époque où Guillaume de Juliers, duc de Gueldre, élevait des prétentions sur les châteaux de Gangelt, Vucht et Millen, dont le gouverneur était pour lors messire Jean de Gronsveld. ‘Le duc, dit FroissartGa naar voetnoot(1), fit couvertement traiter devers lui. Le chevalier qui étoit sage et loyal n'y voult entendre; et dit que de telle chose on ne lui parlât plus, car pour recevoir mort, on ne trouveroit jà fraude en lui, ni qu'il voult faire nulle trahison envers sa naturelle dame. Quand le duc de Guerles vit ce, si comme je fus adonc informé, il fit tant vers messire Regnaud d'Esconevort, que cil en prit une haine, à petite achoison (occasion), devers le chevalier, et tant que sur les champs une fois il le rencontra, ou fit rencontrer par ses gens, ou trouver par une embûche, ou autrement; et fut messire Jean de Grousselt occis; dont madame la duchesse de Brabant fut trop grandement courroucée, et aussi fut tout le pays.’ On voit que Froissart n'était pas au courant de toutes les circonstances qui accompagnèrent ce guet-apens. Mais ce qui surprendra davantage, c'est qu'à notre époque de patientes et positives recherches, un auteur ait pu imaginer que le meurtre fut consommé par un courtisan de la duchesse, pour lui rendre un service et lui être agréableGa naar voetnoot(2)! | |||||||||||||||
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Jean II fut inhumé dans le choeur de l'église des Dominicains, à Aix-la-Chapelle. Comme il ne laissait pas d'hoirs de son mariage avec Marguerite Scheiffart de Mérode, sa veuve et son frère Henri partagèrent son riche héritageGa naar voetnoot(1). | |||||||||||||||
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Henri II de Gronsveld.
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en outre donner en hypothèque le bien qu'il avait à Briehof, sous SimpelveldGa naar voetnoot(1). Le patronage de cet autel et les revenus y attachés appartenaient à la famille de Gronsveld. Ils furent transportés, en 1399, par Henri et son épouse Jeanne de Rimbourg aux Dominicains d'Aix-la-Chapelle, à charge de célébrer journellement une messe funèbre dans le choeur de leur église, au-dessus de la tombe du défunt; mais cette incorporation étant restée sans effet et les messes ne se disant plus avec régularité, la donation dut être confirmée par Henri de Bronckhorst, en 1483, et par le chevalier Werner de Gronsveld, dans un acte de reconnaissance de l'année 1491Ga naar voetnoot(2). Quant à l'autel castral de Bocholtz, il n'avait d'autre revenu qu'une somme de quatorze florins du Rhin, qui devaient servir à la célébration de deux messes par semaine. En 1457, un autre Godefroid de Bongart en conféra le bénéfice aux Croisiers d'Aix-la-Chapelle, et sa donation fut approuvée successivement par les différentes autorités ecclésiastiques du diocèseGa naar voetnoot(3). Mais il se trouva qu'en 1616, les quatorze florins n'en valaient plus que sept: ces ressources étant devenues insuffisantes, l'évêque Ferdinand de Bavière réduisit à une messe par mois les charges qui grevaient la fondation. De son côté, le comte Jean II de Bronckhorst-Gronsveld consentit, quelques jours après, à ce que l'office divin que les Croisiers ne célébraient qu'à grand'peine à | |||||||||||||||
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Bocholtz, pût dorénavant avoir lieu dans l'église même du couventGa naar voetnoot(1). Cependant la guerre privée dans laquelle Henri s'était engagé ne lui faisait point négliger d'autres intérêts. On se rappelle que les villages d'Eysden et de Cadier devaient retourner gratuitement au duc ou à la duchesse de Brabant, dans le cas où Jean de Gronsveld serait venu à mourir avant eux. Au lieu de profiter de cet avantage, la duchesse Jeanne voulut reconnaître à dame Marguerite de Mérode, sa veuve, et au seigneur Henri, son frère, la possession de leur gage, et elle en fit la déclaration dans un acte passé à Bruxelles, le jour de la Toussaint de l'an 1386Ga naar voetnoot(2). Le sire de Gronsfeld conserva longtemps son hypothèque, car il existe encore des lettres établissant que, le 8 avril 1399, il fut procédé par les Cours de Breust et d'Eysden à la délimitation de ces deux villages, en présence des représentants du Chapitre de St. Martin, à Liége, comme propriétaire de Breust, et du mandataire de Henri de Gronsveld et de dame Marguerite de Cranendonck, comme seigneurs d'EysdenGa naar voetnoot(3). Par rapport aux pays de Limbourg, de Rolduc et de WassenbergGa naar voetnoot(4), la duchesse prit d'autres arrangements. Elle regardait comme son futur héritier le duc de Bourgogne | |||||||||||||||
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Philippe-le-hardi, qui avait épousé sa nièce Marguerite de Flandre: voulant d'ailleurs assurer aux pays d'Outre-Meuse une puissante protection dans la guerre qu'elle avait à soutenir contre le duc de Gueldre, Guillaume de Juliers, elle disposa son neveu à rembourser les 15,294 vieux écus qui représentaient la créance de feu messire Jean de Gronsveld, et s'engagea, le 15 fevrier 1386 (1387), à lui céder les territoires hypothéqués. Toutefois elle se réservait de pouvoir les racheter, et elle exigeait que la dite somme fût préalablement déposée à Maestricht, à l'entière satisfaction de ses créanciers. De son côté, le duc promit sous serment, par un réversal daté du lendemain, d'observer les clauses de cette convention. Mais le 24 février, la duchesse révoquant la condition du rachat, transporta pour toujours à Philippe et à ses descendants la souveraineté du Limbourg et des autres seigneuries, pour en jouir en toute propriété après sa mortGa naar voetnoot(1). Il paraît que cette cession fut d'abord tenue secrète et passa pour un simple engagement. Cependant le duc de Bourgogne paya les 15,294 vieux écus qu'il devait sur le duché de Limbourg et la seigneurie de Rolduc, ainsi que 425 doubles moutons d'or pour le rachat de Wassenberg. Henri, sire de Gronsveld et de Heyden, et Marguerite de Mérode lui en donnèrent quittance le 26 mai 1387. Jeanne leur ayant ensuite ordonné, le 16 juin suivant, de se déssaisir des châteaux engagés, y compris celui de Sprimont, ils les remirent séance tenante à Philippe. Alors celui-ci en confia la garde, avec le gouvernement du pays, au même Henri de Gronsveld, qui ‘promit par ses fois et sermens, et sous l'obligation de tous ses biens, de les garder et gouverner loyalement de tout son pouvoir, et | |||||||||||||||
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de les remettre toutes les fois que requis en sera’ (Assche, 22 juin 1387)Ga naar voetnoot(1). La guerre de Gueldre fut bien coûteuse, car la duchesse dut encore engager les châteaux, villes et terres de Fauquemont, Millen, Gangelt et Vucht, afin de pouvoir dédommager ceux de ses vassaux qui avaient été faits prisonniers. Henri, sire de Gronsveld, lui prêta sur cette hypothèque 8,000 vieux écus, Marguerite de Mérode 5,500, et son frère Scheiffart de Mérode-Hemmersbach 15,713 florins du Rhin. Heureusement Philippe-le-hardi vint encore en aide à sa tante, qui lui devait déjà 15,000 vieux écus: elle lui céda pour sûretés, mais sous réserve de retrait, ces différentes seigneuries, à condition qu'il, acquitterait les sommes précédentes et celles que le duc Wenceslas avait autrefois obtenues par un premier engagement (17 et 25 août 1389). Le 23 octobre de l'année suivante, Henri de Gronsveld scella le traité de paix conclu avec la GueldreGa naar voetnoot(2). Philippe venait alors, par lettres du 7 septembre, de lui donner un successeur dans le gouvernement des pays d'Outre-Meuse et la châtellenie de Wassenberg: c'était le sire de Hemmersbach, auquel il finit par rembourser, en 1396 (n.s.), tout ce qu'il lui devait, à lui et à sa soeur Marguerite, dame de Sevenborne et de CranendonckGa naar voetnoot(3). Cependant les relations de Henri avec la ville d'Aix-la-Chapelle continuaient à être fréquentes. En qualité de protecteur ou d'arbitre, il en recevait une rente viagère de deux cents marcs (ce qui donnait naissance à un fief personnel nommé Mannlehen), et quand lui ou la dame | |||||||||||||||
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de Gronsveld venait en ville, on leur offrait chaque fois le vin d'honneurGa naar voetnoot(1). Henri II, après avoir hérité du patrimoine de son frère, fit relief, en 1386, de la moitié de la seigneurie d'Eckelrade avec la cense de Crawinkel, près de GeleenGa naar voetnoot(2). L'engagère de Richterich et des autres villages lui fut également transportée, sa vie durant, par le duc de Juliers, en 1387Ga naar voetnoot(3). Quant à la seigneurie de Heyden, elle sortit après lui de sa famille, et voici comment: il avait eu, dit-on, pour première femme Marguerite de Pittingen, fille de Guíllaume, sire de Sevenborne, et d'Aléide de Hornes, dame de CranendonckGa naar voetnoot(4). De cette alliance était née une fille, du nom de Metza ou Mechthilde, que son père fiança, en 1382, au chevalier Christian de Mérode-Rimbourg, en même temps qu'il épousa lui-même la soeur de son futur gendre, Jeanne, fille de Werner de Mérode et de Catherine d'Argenteau. Il en résulta que Henri légua le château de Heyden à un RimbourgGa naar voetnoot(5), tandis que le domaine de | |||||||||||||||
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ce nom fut apporté par sa femme au lignage de GronsveldGa naar voetnoot(1). Henri II mourut vers l'année 1400Ga naar voetnoot(2). Jeanne de Rimbourg lui survécut jusqu'en l'année 1454, où, par suite de son décès, sa fille Guillemine releva le manoir d'Oberfrohnrath, sur le territoire de Ter HeydenGa naar voetnoot(3). Leurs enfants furent: 1o Henri, seigneur de Gronsveld et de Rimbourg. 2o Werner, qui devint chanoine de l'église cathédrale d'Aix-la-Chapelle, en 1401, résigna sa prébende après quatre ans, en faveur de son frère Jean, puis épousa Catherine, fille de Gérard de Bongart. Il vivait encore en 1455Ga naar voetnoot(4). 3o Jean, successeur de Werner dans son canonicat, en 1405. 4o Guillemine, mariée à André II de Mérode, seigneur de Frankenberg. On sait qu'elle devint veuve en 1429, et qu'elle hérita de sa mère en 1454Ga naar voetnoot(5). 5o AléideGa naar voetnoot(6). | |||||||||||||||
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Henri III de Gronsveld.
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Henri III avait épousé Aléide, fille et héritière d'Adam, sire d'Oupeye et Vivegnis, Herstal, Chaumont; et de Cunégonde de Juppleu, dame de Merlemont (sur Orne) et d'Avennes, en HesbayeGa naar voetnoot(1). Néanmoins tous ces biens ne devaient pas rester intégralement en sa possession. Aléide avait un oncle, frère cadet de son père, appelé Jean de Chaumont, du nom de cette seigneurie. La terre de Merlemont, qu'elle avait reçue en dot, lui fut vendue par son mari, puis cédée à Guillaume de Skendremale, né d'un premier mariage de Cunégonde de JuppleuGa naar voetnoot(2). Heureusement Jean vint à mourir sans enfant, vers l'année 1415, de sorte qu'Adam lui succéda dans la propriété de Chaumont et Ghistoul. Henri de Gronsveld, en faisant relief d'Oupeye, par décès de son beau-père, le 4 mars 1424, s'intitula donc à son tour sire de Chaumont et de HerstalGa naar voetnoot(3). Il avait déjà relevé cette dernière seigneurie devant la Cour de Brabant, par transport de messire Adam d'Oupeye, en 1422; mais plus tard, Elisabeth de Glimes, la veuve de Jean de Chaumont, protesta comme créancière, et obtint, le 24 septembre 1434, de la Cour féodale de Brabant, où sa famille avait du crédit, une sentence qui lui adjugeait la terre de Herstal, faute du paiement de la somme de sept mille francsGa naar voetnoot(4). Ce jugement ne lui servant de rien tant que Henri se maintenait en possession, elle vendit ses droits à messire Antoine de Croy, qui fit relief le 13 juillet 1435. Celui-ci | |||||||||||||||
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se présenta pour entrer dans son nouveau domaine; mais les habitants, qui jouissaient du droit de bourgeoisie à Liége, craignirent qu'un seigneur étranger ne leur fît perdre cet avantage: ils prirent donc le parti de Gronsveld, lequel, avec l'aide de ses amis et de quelques Liégeois, opposa la force aux prétentions de son compétiteur. Le duc de Bourgogne fit savoir alors, par lettres du mois d'août de l'année 1439, adressées au damoiseau de Groule, à Herstal, qu'il eût à se retirer de cette seigneurie, afin d'en laisser jouir le seigneur de Croy, ‘car ainsi le veut-il avoir fait et le commande et forcommmande.’ Sur ce, Henri le pria de lui accorder un délai de trois semaines, pour répondre à ses exigencesGa naar voetnoot(1). Mais en 1444, l'affaire n'était pas encore arrivée à bonne fin. Au nombre des réclamations formulées par Philippe-le-bon aux Liégeois, en l'absence de l'évêque Jean de Heinsberg, qui avait entrepris un pélerinage èn Terre sainte, figurait la question de Herstal. Le duc était fort pressé de savoir à quoi s'en tenir sur leur participation à la résistance du sire d'Oupeye: par bonheur il fut obligé de partir incontinent pour la Bourgogne, mais ce jour-là (30 juin), tout le pays de Liége fut en proie à la plus vive émotion: on avait répandu le bruit que le seigneur de Croy devait venir, dans la matinée, s'emparer de Herstal; les bourgeois coururent aux armes, et déjà les habitants du Brabant-Wallon tremblaient à l'idée d'un conflit, quand on apprit que ces rumeurs n'étaient que mensonges, et que le duc chevauchait par d'autres cheminsGa naar voetnoot(2). Le dernier jour de juillet, que Philippe avait fixé aux Liégeois pour répondre à ses prétentions, il leur manda | |||||||||||||||
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qu'il attendrait le retour de l'évêque, et se contenterait de connaître leurs intentions relativement à l'affaire de Herstal, et aux amendes qu'il réclamait du chef de leur opposition. Heinsberg revint un mois après et ne tarda pas à s'entendre avec le duc. Ce fut le comte Jean de Nassau, beaufrère de l'évêque et grand-sénéchal de Brabant, qui fut chargé d'exécuter le jugement de la Cour: il arriva, le 9 septembre, à Herstal, accompagné des envoyés de monseigneur de Liége et des magistrats de la cité, puis il prit possession de ‘ladite terre et hauteur, au nom de son maître comme hautain seigneur de ce lieu,’ renversa le maïeur établi et le remplaça par un autre; le tout, disait-on, du consentement du sire de Gronsveld, qui espérait par là rentrer en grâce auprès du prince bourguignonGa naar voetnoot(1). Henri était d'ailleurs un ancien serviteur de Philippe-le-bon, qui l'avait institué, en 1429, son burgrave et sénéchal du château, place et terre de Limbourg, fonctions qu'il exerça depuis le 3 août de cette année, jusqu'au 29 octobre 1431Ga naar voetnoot(2). De 1439 à 1440, il apparaît comme drossart de Rolduc, de la part de l'évêque de Liége et de son frère Jean, sire de Heinsberg, qui tenaient ce pays en engagère; puis il intervient au même titre, en 1442, dans un différend qui s'était élevé entre eux et le magistrat d'Aix-la-ChapelleGa naar voetnoot(3). | |||||||||||||||
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Jamais ses rapports avec le prince-évêque ne furent plus nombreux, car, le 10 janvier 1441, il en avait encore reçu l'investiture de la seigneurie d'Avennes, délaissée par son beau-frère utérin Guillaume de Skendremale et son épouse JudithGa naar voetnoot(1). Cependant une affaire imprévue faillit brouiller, en 1447, le seigneur d'Oupeye avec ses amis de Liége. Il tenait en gage, au pays de Limbourg, le château de Montfort, lequel était une appartenance de Renaud d'Argenteau, sire de Houffalize, quand un jour certain sujet du duc de Calabre, qui avait acheté un cheval à Maestricht et s'en retournait paisiblement le long de l'Ourte, se vit subitement assailli par quelques malfaiteurs descendus des remparts de Montfort. Le châtelain, nommé Jean de Chantraine, était lui-même à leur tête. Ils le dépouillent, lui prennent sa monture, et après lui avoir bandé les yeux, l'emmènent dans une maisonnette voisine du manoir, où il est mis aux fers. Au bout de quelques jours, le malheureux fut relàché; mais on eut soin, par précaution, de l'égarer dans des forêts et des sentiers perdus. Il finit cependant par arriver à Liége et y raconta sa mésaventure. A force de recherches, on parvint à découvrir la retraite des voleurs. Aussitôt le peuple courut aux armes et vint attaquer le château. Le siége ne fut pas long, tant on y mit de vigueur; mais comme les assaillants auraient inévitablement rasé la place, s'ils étaient entrés par la brèche, les sires de Houffalize et de Gronsveld s'empressèrent d'aller l'offrir, avec leurs excuses, aux Liégeois. On accepta leurs propositions, du consentement de l'évêque et du Chapitre, et le 10 août, on occupa la forteresse. Quant à Chantraine, | |||||||||||||||
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il avait vidé la place, timens pelli suae (sic), et l'on ne trouva que son mobilier, qui servit à indemniser le voyageur étrangerGa naar voetnoot(1). Les deux seigneurs ne tardèrent pas à rentrer en possession du château, à condition qu'eux, leurs héritiers et leurs châtelains en tiendraient toujours les portes ouvertes aux bourgmestres de Liége, sous réserve des droits du seigneur d'Esneux, leur suzerain; et qu'ils ne feraient la guerre à qui que ce soit, sans le consentement de l'évêque, du Chapitre et de la cité. Enfin il fut convenu que Montfort et la seigneurie de Fraiture tomberaient au pouvoir de la ville, en cas de contravention. Sur quoi, le 25 octobre, Renaud d'Argenteau mit son châtel de Montfort en la mouvance de la cité de LiégeGa naar voetnoot(2). Peu d'années après, Henri, anticipant l'exécution du contrat de mariage de sa fille Aléide, abandonna la terre d'Oupeye à sa petite-fille Cunégonde de Birgel, qui en fit relief le 21 juin 1450Ga naar voetnoot(3). Dans sa vieillesse, il eut maille à partir avec la ville d'Aix-la-Chapelle, et la chose alla si loin, qu'il lui fit signifier la rétractation de son hommage et compter les cent florins du Rhin stipulés pour son déditGa naar voetnoot(4). Outre la pension de deux cents marcs qu'il recevait des bourgeois de cette ville, il était aux gages de Jean de Looz, sire de Heinsberg et de Juliers. Ce seigneur lui faisait compter annuellement, à Geilenkirchen, une somme | |||||||||||||||
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de cent florins d'or, formant un mannlehen qu'Engelbert Nyt de Birgel, gendre de Henri, releva après sa mortGa naar voetnoot(1). Henri III vécut encore jusqu'au 7 mars 1474, et fut inhumé au couvent des frères Mineurs, rue de St. Pierre, à Maestricht. La grande dalle qui recouvrait son tombeau, a récemment été transportée dans les cloîtres de l'église St. Servais. Elle est ornée d'un cartouche ogival renfermant les blasons de Gronsveld et d'Oupeye; aux quatre angles se trouvent les quartiers du défunt et ceux de sa femme, savoir: en haut, Gronsveld et Ter Heyden, Mérode-Rimbourg et Argenteau; en bas, Oupeye et Lumay, N. et Dave (?)Ga naar voetnoot(2). Sur les bords, on lit une inscription gothique: Hier. ligghe. die. here. van. Gronselt........ Henrich. heer. tot. Gronselt. en̅. Rimborch...... CCCCLXXIIIJ. de̅. VIJ. dach. in. de̅. mert.....Ga naar voetnoot(3). Apparemment que sous cette pierre reposait aussi le corps d'Aléide d'Oupeye, morte, en 1447, après avoir eu trois filles:
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Une fille naturelle, nommée Jeanne, mourut béguine en 1472Ga naar voetnoot(2). Vers cette époque, on rencontre plusieurs membres du lignage de Gronsveld, issus des branches cadettes de cette maison; tels sont: Werner le jeune, Henri, chanoine de Notre-Dame, à Aix-la-Chapelle, Gérard, chanoine de la même église et de St. Servais, à Maestricht, tous trois fils du vieux Werner; Jean, également chanoine à Maestricht, et un autre Jean, receveur des domaines en cette ville, le même peut-être dont il s'agit dans un mandement de Philippe, duc de Bourgogne, du 14 octobre 1459, prescrivant au châtelain de Limbourg et de Fauquemont ‘de saisir les biens laissés par Jean van Gronsveld, bâtard, décédé sans enfantGa naar voetnoot(3).’ Il y avait encore, au XVe siècle, un Jean de Gronsselt, célèbre docteur en droit de l'université de Louvain, dont le fils Gérard fut conseiller d'Etat et le petit-fils Jean, membre du Grand-Conseil de Malines; mais il paraît que ces personnages descendaient d'une famille d'Utrecht, quoiqu'ils portassent les armes de GronsveldGa naar voetnoot(4). | |||||||||||||||
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Cependant depuis la perte de l'antique berceau de leurs aïeux, les Gronsveld ne firent que déchoir: au XVIe siècle, on ne les trouve plus désignés que comme seigneurs de Nevelstein, non loin de Rimbourg; enfin ils s'éteignirent, dans la ligne masculine, par le décès du baron Charles de Gronsveld-Kellersberg, qui périt en combattant l'invasion française, vers l'année 1795Ga naar voetnoot(1). | |||||||||||||||
Thierri Ier de Bronckhorst.
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en 1451, longtemps avant son beau-père et l'année même où celui-ci comparaissait encore dans un traité, comme témoin de son neveu Jean de Mérode-FrankenbergGa naar voetnoot(1). Or Henri III semble n'avoir jamais perdu le titre de seigneur de Gronsveld, pendant que, d'un autre côté, Thierri le prenait sur ses monnaies. Il faut donc croire que Henri avait fait un partage entre vifs de ses biens, et ne s'en était réservé qu'une partie ou l'usufruit, de manière à permettre à son gendre de prendre prématurément une qualification qui lui était assurée. Thierri fut envoyé, en 1424, avec le chevalier Jean Schellart d'Obbendorp, par le duc Arnold de Gueldre au duc de Clèves, pour négocier un traité d'alliance. On lui donnait alors le nom de fils de Batenbourg, quoique cette seigneurie eût été plusieurs fois engagée du temps de son père, et qu'il se vît obligé de la racheter à son beau-frère Guillaume, bâtard de Gueldre, sire de Wachtendonck (1432). On trouve encore qu'il prit part à la confédération des Etats, signée à Nimègue en 1436. Quatre ans après, le duc Arnold lui engagea les fiefs d'Oyen et de DiedenGa naar voetnoot(2), et en 1446, il souscrivit, en qualité de grand-bailli de Clèves, à la convention passée entre le duc Jean Ier et Guillaume, duc de Juliers et de Berg, avec les Etats de leurs paysGa naar voetnoot(3). Les ressources de Thierri de Bronckhorst devaient être considérables, car il avait encore prêté au duc Adolphe de Clèves, le 13 mars 1450, la somme de douze mille florins | |||||||||||||||
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du Rhin, pour sûreté de laquelle il avait reçu en hypothèque le village d'Uden, au pays de RavesteinGa naar voetnoot(1). Ces opérations pourraient nous expliquer pourquoi le duc de Gueldre l'accusa, en l'année 1448, d'avoir été moins préoccupé de ses intérêts que de son propre avantage, à l'époque où il avait été chargé de l'aider de ses conseils et de diriger sa jeunesse. Si le seigneur de Batenbourg n'avait pas toujours été le plus loyal des serviteurs, il eut du moins l'occasion d'expier ses fautes dans une pieuse entreprise. Il arriva, en 1450, que Jacques Ier, sire de Hornes, voulut se rendre en Terre sainte: à cette fin, il s'associa plusieurs gentilshommes, tels que Thierri de Bronckhorst, Guillaume de Vlodorp, avoué de Ruremonde, et Guillaume de Ghoer, drossart du pays de Hornes. Comme ils s'étaient arrêtés à Venise, ils y furent rejoints par le duc Jean de Clèves, avec quelques pélerins au nombre desquels se touvait Frédéric, sire de Wittem, un autre Limbourgeois, qui devait acquérir plus tard une triste célébrité, en dirigeant les incendies de Liége, pour Charles-le-téméraire. Ils mirent à la voile le 29 mai, et après une traversée d'un mois, ils débarquèrent à Jaffa. Là, les Turcs leur prêtèrent les bêtes de somme qui devaient les transporter à travers la Judée. Arrivés à Jérusalem, ils visitèrent l'église du St. Sépulcre et les lieux saints; et comme un usage qui s'est perpétué jusqu'à nos jours, voulait que tout noble voyageur y fût reçu chevalier, le duc de Clèves se fit sacrer, avec son propre glaive, par un seigneur français du nom d'Arnould de Créqui; puis il donna l'accolade aux sires de Hornes, de Batenbourg et de Wittem, à Guillaume de Vlodorp, à Guillaume de Ghoer et aux gentilshommes de son pays. | |||||||||||||||
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Les pélerins restèrent douze ou treize jours dans la ville sainte, après quoi ils retournèrent se rembarquer à Jaffa. Ils cinglèrent d'abord vers l'île de Chypre, où le roi Jean de Lusignan les accueillit avec toutes sortes d'honneurs; ensuite ils relâchèrent à Rhodes et y reçurent l'hospitalité des chevaliers de St. Jean. A Candie, possession vénitienne, on raconte qu'ils dansèrent et prirent leurs ébats avec dames et damoiselles. Arrivés à Ancône, ils se séparèrent, et les sires de Hornes et de Batenbourg prirent directement le chemin de Rome, pour se diriger de là vers Bruxelles, où ils arrivèrent le lendemain de la ToussaintGa naar voetnoot(1). Thierri de Bronckhorst ne survécut que peu de mois à ce voyage: il mourut à Nimègue, en 1451, et fut inhumé dans l'église des Récollets, où sa femme reposait déjà depuis l'année 1444. Il était né huit enfants de leur mariage:
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Henri de Bronckhorst.
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Lorsque, en avril 1465, la ville de Maestricht, toujours fidèle aux intérêts de la maison de Bourgogne, se mit en mesure de résister aux Liégeois révoltés contre Louis de Bourbon, elle manda aux sires de Pietersheim, de Gronsveld et de Reckheim, qu'ils vinssent aider à sa défense. Henri de Bronckhorst y accourut sans doute comme les autres, car on voit dans les notules de la ville en date du 7 septembre, que toute expédition faite en-dehors des murs devait être commandée par un des trois nobles, avec le consentement .des bourgmestresGa naar voetnoot(1). Comme beaucoup de seigneurs voisins, Henri semble avoir exercé quelque peu le brigandage: son manoir de Rimbourg avait toujours eu mauvais renom; aussi ne s'étonnera-t-on pas que le duc de Bourgogne ait cru devoir, par mandement du 5 juin 1466, entraver les violences exercées par le châtelain contre les gens de CologneGa naar voetnoot(2). En 1469 (n.s.), le sire de Gronsveld prit ouvertement les armes contre Robert, archevêque de cette ville. La mauvaise administration de ce prince l'ayant forcé à engager presque tous ses domaines à divers créanciers, il ne trouva d'autre expédient que de leur retirer ces possessions par la force; il arriva même inopinément que le seigneur de Juliers, Guillaume de Looz, tomba sous les coups de ses soldats, sans déclaration de guerre. Un soulèvement général fut la conséquence de ces actes arbitraires, et, le 19 février, une foule de gentilshommes, tels que Henri de Bronckhorst-Batenbourg, sire de Rimbourg, Werner de | |||||||||||||||
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Gronsveld et Jean de Gemenich, se liguèrent avec le duc de Clèves contre le prélatGa naar voetnoot(1). Ce duc de Clèves était le même qui avait armé chevalier Thierri Ier, à Jérusalem. Son fils Jean II fut loin de s'entendre toujours aussi bien avec Henri de Bronckhorst. Une guerre éclata entre eux, pendant laquelle ce dernier, prenant le parti du chevalier Vincent de Swanenberg, sortit de sa forteresse de Rimbourg, pour faire le plus de mal possible aux sujets et aux possessions de son ennemi. La paix fut rétablie en 1485, et, le 18 mai, le sire de Gronsveld scella une déclaration qui le réconciliait avec son gracieux seigneurGa naar voetnoot(2). D'ailleurs Henri pouvait guerroyer tant qu'il voulait dans les environs de Maestricht, dévastés par les factions qui déchiraient le pays de Liége. Il s'était même engagé, le 1er avril 1485, pour un terme de six ans, à prendre sous sa protection le doyen et le chapitre de St. Martin, à Liége, ainsi que les habitants et les biens de leurs seigneuries de Breust, Maarland, Caestert, Sainte-Gertrude et Ryckholt, promettant non seulement de les préserver de pillage, d'incendie et d'autres dommages, mais encore de ramener à l'obéissance les sujets qui seraient rebelles au Chapitre. Celui-ci devait lui payer annuellement, pour ces services, vingt-cinq muids d'avoine, exigibles à la Noël ou, au plus tard, à la PurificationGa naar voetnoot(3). Henri de Bronckhorst avait épousé, en 1450, Catherine d'Alpen, fille et héritière de Jean, seigneur d'Alpen et de Hoennepel, et de Judith de Lembeck, sa première | |||||||||||||||
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femmeGa naar voetnoot(1). Elle participa encore, en l'année 1483, à la donation de l'autel expiatoire de la chapelle de Schoonvorst, et mourut après avoir eu cinq enfants:
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Thierri II de Bronckhorst.
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valet, mais il fut reconnu et jeté en prison par ceux de Neuenar. Ce contretemps décida Rimbourg à entrer en arrangement: il s'engagea à se soumettre à la sentence que prononcerait l'électeur de Cologne, à condition qu'elle serait suivie de l'élargissement de son beau-frère. En conséquence, l'archevêque tint à Neuss des assises solennelles, où les deux parties comparurent. Rimbourg allégua qu'il avait perdu ses titres pendant la guerre, et comme les dépositions de ses témoins parurent insuffisantes, il fut condamné.’ L'auteur ne s'explique pas autrement sur messire de Rintborg; mais on trouve dans un tableau généalogique de Le Fort, que Jean d'Alpen avait transporté, l'an 1482, tous ses droits sur la terre d'Alpen à son petit-fils Thierri de Bronckhorst, qui est probablement le seigneur de Rimbourg dont il s'agit ici. On verra que ses successeurs, malgré le jugement qui les dépossédait, n'en continuèrent pas moins à s'intituler sires d'Alpen, absolument comme les rois d'Angleterre se faisaient appeler rois de France. Parmi les seigneurs de la Cour de Clèves qui furent appelés à sceller l'acte de partage du 24 novembre 1496, entre le duc Jean II et son frère, on voit figurer le premier, Thierri de Bronckhorst, drossart du pays de Clèves. Le duc l'appelle son conseiller, et on le retrouve dans les mêmes fonctions pendant les années suivantesGa naar voetnoot(1). En 1502, il engagea les tailles de son baillage à Henri de Stael-Holstein, pour une somme de 2,300 florins d'or, qui servit à racheter l'argenterie que son maître avait mise en gage, à l'occasion de sa guerre avec l'évêque d'UtrechtGa naar voetnoot(2). | |||||||||||||||
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En considération des services que lui et sa famille avaient rendus à l'Empire, eu égard aussi à l'ancienneté de sa maison, l'empereur Maximilien Ier éleva au rang de terres souveraines les seigneuries de Rimbourg et de Gronsveld. Par un diplôme délivré à cet effet, le 24 juin 1498, il conféra à Thierri de Bronckhorst et à toute sa descendance, les dignités et prérogatives qui devaient les assimiler aux autres barons libres de l'EmpireGa naar voetnoot(1). Ce bienfait ne fut pas perdu, car le sire de Gronsveld se montra l'un des plus ardents à combattre Charles d'Egmont, le rival de la maison d'Autriche dans le duché de Gueldre. La guerre ayant éclaté entre ce dernier pays et celui de Clèves, en 1504, Thierri s'empressa de mettre à la disposition du duc Jean II son château de Rimbourg, qui devint ainsi la place d'armes des Clèvois. C'est de là que partirent ces troupes de pillards qui brûlèrent le village d'Echt, près de Maeseyk, et s'emparèrent par ruse de la petite place de Nieuwstad, qui subit le même sort. D'un autre côté, le territoire de Gronsveld, avec le village de Heugem, fut envahi par les Gueldrois, notamment par ceux de Nieuwstad, et les habitants, dont les demeures furent dévastées et livrées aux flammes, devinrent, comme toujours, les principales victimes de ces fatales dissentionsGa naar voetnoot(2). L'année 1507 ne fut guère plus heureuse: des bandes de soldats indisciplinés, connues dans le pays sous le | |||||||||||||||
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nom de Garde, séjournèrent successivement sur les terres de Fauquemont, Rolduc, Limbricht, Daelhem, Gronsveld, Stein, Elsloo, Heer et Hoensbroek, vivant aux dépens du pauvre paysan aussi longtemps qu'il y avait quelque chose à prendreGa naar voetnoot(1). Thierri II mourut le 12 novembre 1508. Sa femme Gertrude, fille de Thierri de Wylich, seigneur de Diesfort, et d'Elisabeth de Bylant-Darenbourg, lui survécut jusqu'au 28 juin 1523. L'un et l'autre furent inhumés à Hagenbusch, lez-XantenGa naar voetnoot(2). Ils laissèrent deux fils:
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Jean Ier de Bronckhorst.
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Réforme, que Jean III, duc de Clèves, venait d'accueillir dans ses Etats. Son attachement à la fortune de cette maison de Clèves devait l'entraîner un jour à combattre parmi les ennemis de l'empereur, et l'exposer à perdre son domaine de Gronsveld. Le roi de France venait d'entreprendre une nouvelle lutte contre ce monarque, avec l'aide de Guillaume, duc de Gueldre, Clèves, Berg et Juliers, dont les droits sur la Gueldre étaient contestés par la maison d'Autriche. Longtemps Guillaume ne remporta que des victoires dans cette campagne, qui prit le nom de guerre de Juliers. Mais Charles-Quint approchait. Ce fut alors que, pour défendre ses possessions, le duc passa, le 3 juillet 1543, une convention particulière avec Jean de Bronckhorst, ‘son cher conseiller,’ en vertu de laquelle celui-ci mettait le château de Rimbourg à la disposition de ses troupes, pour appuyer leurs opérations. Le baron devait recevoir leur serment, profiter de la moitié du butin et toucher le quart des rançons. Il obtenait l'assurance que tous ses biens confisqués lui seraient rendus après la conclusion de la paix, notamment la terre de Gronsveld et ses dépendances, ainsi que sa maison de Maestricht. Le duc lui assignait en garantie les seigneuries de Frentz et de Palant, avec les propriétés du pays de Rolduc que son aïeul Henri de Bronckhorst avait autrefois engagées au sire de Palant. Enfin, dans le cas où Rimbourg serait assiégé, il promettait de le secourir, ajoutant que, s'il n'y parvenait pas, il le lui ferait restituer ou le dédommagerait convenablement après la guerreGa naar voetnoot(1). Quelques semaines plus tard, l'empereur s'emparait de Duren, faisait mettre le siége devant Rimbourg, qui ne | |||||||||||||||
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put résister, et recevait la soumission de toutes nos contrées. Il conserva la Gueldre, mais le château de Rimbourg fut rendu à son propriétaire, à condition toutefois qu'il deviendrait un fief brabançonGa naar voetnoot(1). Après ces événements, nous rencontrons le nom de Jean de Bronckhorst le 10 novembre 1556. La ville de Maestricht reconnaît alors être débitrice d'une rente annuelle de 70 daalders, envers les pauvres de Gronsveld, à cause d'un prêt de 467 ducats que lui avait avancés le baron, pour la réparation de ses fortifications. Ce capital ne fut remboursé que le 1er septembre 1780, par une somme de 4518 florins et 15 solsGa naar voetnoot(2). Enfin Jean de Bronckhorst apparaît une dernière fois le 3 avril 1558 (n.s.), à propos du relief qu'il fit devant la Cour de Brabant, pour l'achat de la haute justice de RimbourgGa naar voetnoot(3). Il est vrai qu'il fut encore cité le 7 juin 1563, devant la Chambre impériale de Spire, sous l'accusation d'avoir abusé de son droit de monnayage, en fabriquant, aux différents types de l'Empire, des espèces d'un quart à un cinquième trop légèresGa naar voetnoot(4). Mais il était déjà mort depuis longtemps, puisque son fils releva les seigneuries d'Eckelrade et de Fouron-St.-Martin, par suite de son décès, le 4 mars 1560Ga naar voetnoot(5). | |||||||||||||||
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Jean Ier épousa en secondes noces Melchiore de Wienhorst, dont il n'eut pas d'hoirsGa naar voetnoot(1). Sa première femme, Gertrude de Loë, fille de Jean, seigneur de LoëGa naar voetnoot(2), et de Marguerite de Graff, lui avait donné trois enfants:
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Guillaume de BronckhorstGa naar voetnoot(4).
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Rimbourg, certaines contestations qui furent définitivement réglées par un acte notarié du 8 juin 1560Ga naar voetnoot(1). Hormis ce document, Guillaume de Bronckhorst n'est guère connu que par la magnifique pierre tombale qu'on remarque dans le choeur de l'église de GronsveldGa naar voetnoot(2). Sur le panneau central, qui est de marbre noir encadré de rouge, on voit à gauche l'écusson parti de Bronckhorst-Gronsveld; à droite, celui de Bylant, d'or à la croix de sable. Audessous, on lit en caractères gothiques minuscules: Hyr ligt begrave̅ der edele ende Waelgebore̅ Wylhem va̅ Bro̅chorst Fryher tot Gronsfelt e̅n Rymborch Her tot Alpen der gestorve is Ao 1563 post circu̅sicione̅ dni den leste̅ MarcyGa naar voetnoot(3) ✠ En syn huysfrouwe Die Edele geporliger Angnese Vanden Bylandt genant van Bronchorst Vrouwe tot Gronsfelt Zu̅ Remborch Die gestorve̅ is Anno post Circu̅sion̅e Domini Dans les angles sont figurés les huit quartiers armoriés des défunts, savoir: à gauche, Bronckhorst-Gronsveld et Loë, N. et Wylich; à droite, Bylant et Virmont, N. et PalantGa naar voetnoot(4). Agnès de Bylant mourut longtemps après son mari, le 2 mai 1615, circonstance qui explique pourquoi la date de son décès est restée en blanc dans l'inscription. Elle était fille de Rolman ou Roland de Bylant, seigneur de Spaldorf | |||||||||||||||
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et Halt, et de Barbe de Virmont. Trois enfants naquirent de son mariage:
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Josse de Bronckhorst.
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Cependant de grands événements se préparaient autour de Maestricht. En 1579, la ville eut à soutenir ce siége mémorable pendant lequel les paysans de Gronsveld combattirent constamment avec les héroïques bourgeois de Maestricht, et le 8 avril surtout, se distinguèrent à la défense de la porte de Tongres. Gronsveld resta pendant longtemps dépeuplé, et, plus de deux mois après la tuerie de Maestricht, des bandes de maraudeurs venaient encore fouiller les maisons désertes, pour glaner sur les pas des Espagnols, ce qui pouvait avoir échappé à leur rapacitéGa naar voetnoot(1). La plupart des auteurs rapportent que Josse de Bronckhorst fut élevé à la dignité de comte de Gronsveld, par l'empereur Rodolphe II (1576-1612), mais sans donner d'indication relative à son diplôme. Il périt au siége de Wachtendonck par le comte de Mansfeld, en 1588, sans laisser de postérité. Son épouse, née comtesse Anne d'Oostfrise, était fille de Jean, sire de Durbuy, gouverneur des pays d'Outre-Meuse, et de Dorothée d'Autriche, fille naturelle de l'empereur Maximilien IerGa naar voetnoot(2). | |||||||||||||||
Jean II de Bronckhorst.
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‘investissant Jean de Bronckhorst, comte de Gronsveld, du château de Rimborch, comme maison ouverte au duc de Brabant, lequel lui était échu en partage, par le décès de Josse, son frèreGa naar voetnoot(1)’. Au vain titre de seigneur d'Alpen Jean réunit celui de seigneur de Hoennepel, dont il avait peut-être hérité. Il se qualifia de comte de Bronckhorst, pendant que plusieurs prétendants se disputaient cet ancien patrimoine de sa famille, qui finit par être adjugé à la maison de Limbourg-StirumGa naar voetnoot(2). Quant au comté de Gronsveld, son indépendance et ses droits furent reconnus par l'archiduc Albert, en 1608Ga naar voetnoot(3). Jean II s'étant occupé surtout d'administration intérieure, nous avons mentionné son nom en parlant de l'organisation du comté. Une affaire fit pourtant, de son temps, quelque bruit. Il y avait dans le hameau de Slenaken un prieuré de l'ordre des chanoines réguliers du St. Sépulcre, dédié à la Ste. Croix: ‘Sous le prétexte, dit M. DarisGa naar voetnoot(4), que ses ancêtres avaient fondé le couvent de la Ste-Croix, le comte de Gronsfelt prétendit pouvoir en disposer après l'incendie de 1579 (par les troupes espagnoles d'Alexandre Farnèse); il avait, disait-il, obtenu de Grégoire XIII vivae vocis oraculo la faculté d'en disposer en faveur des églises pauvres de ses seigneuries. Toutefois il ne fit aucun usage de cette faculté, mais en 1603 il engagea l'évêque de Liége à incorporer le couvent avec tous ses biens au collége | |||||||||||||||
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des Jésuites à Aix. Ernest de Bavière le fit par un acte du 14 septembre de cette année. Les deux religieux s'opposèrent à l'exécution de cet acte. Le Conseil de Brabant auquel ils avaient eu recours, les maintint par plusieurs sentences consécutives dans la possession de leurs biens; et ils finirent aussi par faire triompher leur cause devant les tribunaux romains (1601-1608)’. Ce conflit eut lieu à l'époque où le comte de Gronsveld abjura le protestantisme pour se réconcilier avec l'Eglise; car ce fut précisément en 1603, qu'on célébra de nouveau le service divin dans la chapelle castrale de Rimbourg, après qu'elle eut été fermée pendant un demi-siècle au culte catholiqueGa naar voetnoot(1). Jean II mourut le 20 juin 1617 et fut inhumé à Gronsveld. Il avait épousé Sibylle, fille du comte Otton (et non Philippe) d'Eberstein et de la baronne Félicité de Vols, dite Colonna de Fels. Ce mariage devait faire entrer pour quelque temps dans sa famille une partie du comté d'Eberstein, en Souabe, dont la moitié avait été achetée par les marquis de Bade, au siècle précédent. A la mort du comte Philippe, le frère | |||||||||||||||
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aîné d'Otton, décédé sans enfant, il ne restait aucun représentant mâle de leur branche. Des agnats crurent avoir le droit de s'emparer de l'héritage que la veuve d'Otton réclamait au nom de ses filles. Après bien des années, ils en furent évincés par une sentence de la Chambre impériale, rendue en 1620, qui mettait en possession Sibylle, veuve de Jean de Bronckhorst, et sa soeur Marie, comtesse de Wolkenstein. En 1624, à la suite de nouveaux débats, les commissaires de l'empereur amenèrent les parties à une transaction, en vertu de laquelle les terres féodales furent adjugées aux Eberstein, et les terres allodiales aux Wolkenstein et aux Gronsveld. Celles-ci furent rachetées plus tard par Guillaume, marquis de Bade († 1677), qui, en recueillant également une partie de la succession de Casimir d'Eberstein, dernier du nom, réunit à ses Etats presque tout le comtéGa naar voetnoot(1). Jean II de Bronckhorst eut cinq enfants:
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Josse ou Juste-Maximilien de Bronckhorst.
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impression que ne purent effacer les manoeuvres du landgrave. On attendait toujours sa décision, quand l'attitude menaçante du comte de Gronsveld, qui avait reçu l'ordre de faire avancer ses troupes, le décida enfin à signer l'engagement formel de rester sous l'obéissance de l'empereurGa naar voetnoot(1). Cependant Juste-Maximilien ne s'était encore fait remarquer que comme négociateur habile. La célèbre bataille de Lutter, livrée le 27 août 1626, lui fournit bientôt l'occasion de se distinguer dans une autre carrière. Mais laissons la parole à M. de Villermont: ‘Tilly donna l'ordre au comte de Gronsfeld de descendre dans la vallée avec quatre régiments d'infanterie, et d'attaquer les positions danoises. Les difficultés du terrain ne permirent pas à Gronsfeld de se déployer. Il dirigea ses gens à la file par deux passages étroits qui débouchaient dans la vallée, passa le ruisseau sous la mitraille danoise, s'empara du pont et y logea 200 mousquetaires. Fuchs (colonel danois), immobile jusqu'alors, s'ébranla aussitôt, fit avancer sa cavalerie au-devant de ses canons, ainsi réduits au silence, et chargea résolument les catholiques. Dès le premier choc, le régiment de Cronberg, qui avait la pointe, fut culbuté; celui de Schmidt, qui suivait, eut le même sort. Les deux autres opposèrent plus de résistance. Acculés aux marais et animés par les admirables exemples de bravoure du vaillant Gronsfeld, ils se battent en lions, arrêtent l'élan, jusqu'alors victorieux, des Danois et le brisent’. Dans ses différents rapports sur la bataille de Lutter, Tilly décerne de grands éloges au comte de Gronsveld, | |||||||||||||||
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qui eut l'honneur d'aller annoncer la victoire à l'électeur de Bavière, et reçut de ce prince plusieurs récompensesGa naar voetnoot(1). Lorsque les plénipotentiaires des diverses puissances se réunirent, en 1629, pour négocier la paix avec le Danemarck, le comte de Gronsveld fut encore un des commissaires employés par Tilly au traité de LubeckGa naar voetnoot(2). En 1631, il se trouva au siége de Magdebourg, où l'on remarque, dans le corps du feld-maréchal de Pappenheim, un régiment d'infanterie de 600 hommes, qui portait son nom. Le jour de l'assaut, ‘les colonels Wangler et Gronsfeld attaquent la Porte-Haute. Ils trouvent les sentinelles endormies, les égorgent, garnissent les remparts de leurs troupes, et débouchent dans la ville. Mais la résistance commence à s'organiser: ils sont arrêtés par la mousqueterie meurtrière partie des maisons accolées contre la Porte-Haute, lorsque Pappenheim donne l'ordre de mettre le feu aux deux ou trois premières. L'ordre est exécuté et les Magdebourgeois, chassés de leur poste par l'incendie, se replient avec confusion’Ga naar voetnoot(3). Quand Tilly quitta Magdebourg avec son armée, le 3 juin, Gronsveld y occupait le rang de major-général de l'infanterie bavaroiseGa naar voetnoot(4). Le 17 septembre, on le rencontre à la bataille de Leipzig. Après cette journée si funeste aux armes impériales, il fut chargé, dès le commencement d'octobre, de protéger le cours du Weser; et lorsque Pappenheim obtint, dans les derniers jours de novembre, un commandement séparé, pour opérer sur les derrières du roi de Suède, le détachement aux ordres de Gronsveld fut destiné, avec les garni- | |||||||||||||||
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sons voisines, à former le noyau de son arméeGa naar voetnoot(1). Elle se trouva ralliée au printemps suivant (1632): le comte put alors s'emparer de Verden et de quelques autres places. Mais bientôt Pappenheim divisa cette armée en deux corps, dont l'un fut laissé près de Nienbourg, sous le commandement de son maréchal-de-camp Gronsveld, tandis que lui-même conduisit l'autre dans la direction de Minden. Au mois de juin, Gronsveld, sans cesse harcelé par les Suédois du général Baudissin, s'était établi dans un fort, près de Hameln, quand Pappenheim lui envoya l'ordre de le joindre. Un pont de bateaux, que le feld-maréchal avait fait construire à Poll, sur le Weser, servit à faire passer leurs troupes dans le comté de Lippe. Le soir, ils arrivèrent à Brackel, d'où ils se portèrent en toute hâte, pendant la nuit, à l'encontre du landgrave Guillaume de Hesse. Ce prince venait de s'emparer de la ville de Volkmarsen, et y avait laissé quatorze cornettes ou compagnies de cavalerie; mais à l'approche de Gronsveld, qui commandait l'avant-garde, ils s'empressèrent de déguerpir avec armes et bagages, pour se retirer sur une hauteur, à la lisière d'un bois. Les Hessois s'y défendirent vaillamment, jusqu'à ce qu'ils dussent céder aux forces toujours croissantes des assaillants. Dans leur fuite, ils rencontrèrent un fossé profond qui les arrêta au milieu du bois: atteints et entourés, deux cents d'entre eux furent taillés en pièces, autant restèrent entre les mains des Impériaux, avec dix officiers de marque, neuf étendards et cinq pièces de campagne. Le reste se sauva à CasselGa naar voetnoot(2). Quelques jours après, le comte de Gronsveld, à la tête de quatre régiments, tenta de faire lever le siége du château | |||||||||||||||
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de Calenberg, cerné par le duc Georges de Brunswick-Lunebourg et le général Baudissin. Cette entreprise ne lui réussit pas: il fut forcé de se retirer, en laissant cinq cents hommes sur le champ de bataille, et ne dut son salut qu'à la rupture d'un pont qui arrêta les SuédoisGa naar voetnoot(1). Bientôt Pappenheim fut appelé au secours de Maestricht, assiégé par le prince Frédéric-Henri, et le commandement des forces du Weser fut remis au comte de Gronsveld. L'expédition de Pappenheim échoua: il revint en Westphalie, où il contraignit Baudissin à lui abandonner Paderborn et à se retirer à Hoexter, sur le Weser. Gronsveld se porta dans cette direction et alla mettre le siége devant Brackel, où il était resté 500 dragons suédois. Mais Baudissin, ramenant sa cavalerie, accourut, et, dans une vive escarmouche, finit par chasser les Impériaux, en leur prenant trois canons et un drapeau. Pappenheim réunit alors ses troupes à celles de Gronsveld et de Mérode, et tous, au nombre de 12000 hommes, attaquèrent Baudissin, qui s'était retranché à Hoexter avec 5000 soldats à peine. Gronsveld fut chargé de passer le Weser, pour opérer sur l'autre rive, et le feu commença. Le moulin à farine fut tout d'abord détruit, et cette circonstance engagea Baudissin à décamper, sans attendre l'entier investissement de la place. Il profitá d'un instant de répit pour faire sortir ses bagages et son artillerie, et quand, à dix heures du soir, Pappenheim recommença à tirer du haut de la colline où il venait de s'établir, les assiégés se trouvaient déjà en ordre de bataille dans la plaine. Ils parvinrent ainsi à gagner Minden, non sans avoir infligé, dans leur glorieuse retraite, des pertes sensibles aux cavaliers allemands. | |||||||||||||||
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Le 24 septembre, le comte de Gronsveld fut détaché avec vingt compagnies à cheval, pour débloquer Wolfenbuttel prêt à se rendre au duc Georges de Lunebourg, faute de munitions. Ayant réussi à s'introduire dans la place à la faveur de la nuit, il fit une sortie avec la garnison, dès le lendemain, tua un millier d'ennemis, ramena neuf drapeaux et de nombreux prisonniers, et força le duc à se retirer précipitamment sous le canon de BrunswickGa naar voetnoot(1). Peu après, Pappenheim se dirigea vers la Saxe et confia de nouveau la garde des places du Weser au feld-maréchal de Gronsveld. Au mois de janvier 1633, celui-ci se rapprocha de Paderborn, et s'efforça vainement d'arrêter la marche du landgrave Guillaume de Hesse vers l'évêché de Munster. Il résolut du moins de sauver cette ville et s'y établit solidement, en ayant soin de placer également une garnison à Osnabruck. Le duc de Lunebourg, qui avait récemment envahi ce dernier évêché à la tête de l'armée suédoise, n'osa rien tenter contre ces deux places et reprit la route du WeserGa naar voetnoot(2). Gronsveld venait d'arriver à Hildesheim, avec trente compagnies de cavalerie, pour approvisionner Wolfenbuttel, lorsqu'il apprit que le feld-maréchal Kniphausen, qui commandait dans l'armée suédoise, se disposait à franchir le Weser à Rinteln, sur un pont de bateaux. Il revint aussitôt sur ses pas et envoya, la nuit, en silence, quelques centaines de fantassins, avec de l'artillerie, prendre position devant la ville. Il y avait là une briqueterie derrière laquelle ils s'abritèrent, et bientôt on vit, sous le feu de leurs canons, deux des plus solides bateaux du pont couler dans le fleuve. Gronsveld fit ensuite élever quelques re- | |||||||||||||||
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tranchements sur la rive, rangea son infanterie, sa cavalerie, et s'apprêta à défendre le passage. A cette nouvelle, toutes les troupes du duc Georges accoururent, et quand il arriva lui-même sur le théâtre du combat, leur puissante artillerie avait déjà démonté les meilleures pièces de Gronsveld. La canonnade dura de part et d'autre jusqu'au 2 mars: il vint alors, pendant la nuit, un paysan qui indiqua au duc de Lunebourg un gué dans la rivière, au-dessus de Rinteln. Comme il était tortueux, on le fit jalonner; quelques saules, qui en gênaient l'entrée, furent sciés avec précaution et tout fut préparé pour le passage. Les soldats de Gronsveld avaient bien entendu quelque bruit, mais, ou ils n'y avaient pas fait attention, ou l'obscurité les avait empêchés de voir. Quoi qu'il en soit, entre quatre et cinq heures du matin, après avoir invoqué le Dieu des batailles, 4000 cavaliers ennemis, ayant chacun un mousquetaire en croupe et guidés par le paysan, gagnèrent à la file la rive opposée. Les quatre compagnies à cheval qui étaient de garde, furent aussitôt dispersées; ceux qui se trouvaient dans les retranchements, au nombre de quatre cents, n'opposèrent aucune résistance; ils crièrent merci, livrèrent leurs enseignes, leurs canons, et se constituèrent prisonniers. De là, les Suédois poussèrent vers le quartier des cavaliers, qui ne se défendirent pas mieux; les uns descendirent le long du Weser, en fuyant dans la direction de Minden, et les autres le remontèrent vers Hameln, abandonnant, une grande partie de leurs bagages à l'ennemiGa naar voetnoot(1). L'armée suédoise ne tarda pas à investir cette dernière place. Les assiégés étaient bien approvisionnés et se conduisirent bravement: ils laissèrent aux généraux de MérodeGa naar voetnoot(2) | |||||||||||||||
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et Boeninghausen le temps d'amener des renforts au comte de Gronsveld, qui, depuis son dernier échec, se tenait à MindenGa naar voetnoot(1). Les troupes de la Ligue et de l'Empire se réunirent le 24 juin, près du village de Wittloch; elles formaient, avec les garnisons voisines amenées par Gronsveld, un effectif d'environ 15000 hommes. Ayant passé le Weser à Minden, elles se dirigèrent, le 28 juin, vers Oldendorf, bourgade à une lieue de Hameln, près de laquelle était posté le feld-maréchal Kniphausen, avec le général hessois Melander. L'intention des Impériaux était de pénétrer dans un bois, afin de se glisser inaperçus derrièré le camp ennemi et d'assaillir les assiégeants, en donnant la main à la garnison. Mais ils trouvèrent Oldendorf occupé et passablement fortifié. A midi, le combat commença: quatre fois, ils tentèrent de s'emparer des retranchements ennemis et quatre fois ils furent repoussés. D'un autre côté, Melander avait eu soin de faire garder le bois, dès la veille au soir, par deux cents mousquetaires, et quand le gros de l'armée impériale arriva pour les en déloger, elle rencontra dans ces vaillants soldats une résistance invincible. Après chaque assaut, Melander leur envoyait des troupes fraîches, et l'on vit ce brave général sauter de cheval et combattre au milieu des siens, en les animant de l'exemple et de la voix. Lorsque le bois fut sauvé, il commença, avec ses trois régiments de cavaliers hessois, à prendre l'offensive. Les Suédois le suivirent, conduits par le duc Georges lui-même, et peu-à-peu l'action devint générale. La cavalerie allemande, chargée de deux côtés à la fois par Melander et Kniphausen, finit par tourner la bride. Quant à l'infanterie, elle tenait encore, lorsque Melander fit avancer par derrière, à travers le bois, quel- | |||||||||||||||
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ques pièces de campagne qui la prirent en flanc et canonnèrent son artillerie. En même temps, il conduisit contre ces fantassins toute sa cavalerie, ce qui mit le désordre dans leurs rangs et acheva la déroute de l'armée impériale. Les vaincus perdirent quatre à cinq mille hommes tués, 2,500 prisonniers, de nombreux drapeaux et quinze pièces de canon. Tous les bagages, avec la chancellerie du comte de Gronsveld et des autres généraux, tombèrent entre les mains de l'ennemi. Madame de Mérode resta prisonnière et son époux infortuné mourut de ses blessures, à Cologne, le 17 juillet suivantGa naar voetnoot(1). Boeninghausen ne se conduisit pas aussi bien, et l'on raconte qu'il n'attendit pas la fin de la bataille pour s'échapper de la mêlée. Les Impériaux avaient d'ailleurs bravement combattu pendant assez longtemps, et leur artillerie avait puissamment secondé leurs efforts. Malheureusement, en regagnant Minden, ils perdirent encore beaucoup de monde, parceque toute autre issue leur était fermée, d'un côté par le Weser, de l'autre, par les bois et les montagnes. La défaite d'Oldendorf entraîna la disgrâce des chefs de l'armée, et le comte de Gronsveld perdit son commandementGa naar voetnoot(2). Il continua néanmoins à servir l'empereur et on le retrouve, à la tête d'un régiment, après la défaite des Suédois à Nordlingen, le 6 septembre 1634. Profitant alors de sa présence en Souabe, il revendiqua, les armes à la main, le comté d'Eberstein, et s'en empara tout entier, avec la ville et le château de Gochsheim. Mais | |||||||||||||||
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en 1639, un décret de l'empereur l'obligea à restituer les biens féodaux du comté, en se soumettant à la transaction qui lui avait été autrefois imposéeGa naar voetnoot(1). Cependant en l'année 1636, Juste-Maximilien s'était complètement retiré du serviceGa naar voetnoot(2). Depuis lors, il habita presque constamment Cologne, dans la rue de l'Etoile (Sternengasse), où sa maison est encore connue aujourd'hui sous le nom de GronsfelderhofGa naar voetnoot(3). Ce fut sans doute aussi à Cologne qu'il se maria; car son épouse Anne-Christine était fille de l'illustre bourgmestre de cette ville, Jean Hardenrath ou Hartenroth, et de Catherine Gail, sa première femmeGa naar voetnoot(4). Il paraît que leur hôtel abrita les derniers jours de l'infortunée reine de France, Marie de Médicis, qui y termina sa vie, le 3 juillet 1642Ga naar voetnoot(5). Si les succès et les revers de Juste-Maximilien firent connaître au loin le nom de Gronsveld, son règne n'en tut pas moins préjudiciable à la puissance territoriale des souverains du comté. Il avait d'abord aliéné la seigneurie de Fouron-St.-Martin, qui fut relevée par son successeur, Jean-Adolphe d'Imstenrade, le 11 janvier 1623Ga naar voetnoot(6). Puis il lui donna en gage la terre de Slenaken, le 26 juin 1638, en renonçant en sa faveur aux aides et services exigibles dans cette seigneurieGa naar voetnoot(7). Plus tard, une autre aliénation fit sortir de sa famille le beau domaine de Rimbourg. Le 22 | |||||||||||||||
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juin 1640, il vendit ce vieux patrimoine de la maison de Gronsveld, avec ses nombreuses dépendances, au baron Arnold de Boemer, seigneur de Stockum, Kobbing, Geisteren et Aldenhoven, pour la somme de 90,000 thalers, ‘au lieu, dit l'acte, de 120,000, tant à cause de la dépréciation résultant de l'occupation du château par les Espagnols, que pour d'autres raisons particulièresGa naar voetnoot(1)’. Le vendeur s'y qualifie de comte de Bronckhorst, Gronsfeld et Eberstein, baron de Batenbourg, seigneur d'Alpen, Hoennepel et Gochsheim. On sait quelle était la valeur de la plupart de ces prétentions: quant à la baronnie de Batenbourg, elle continuait pour lors d'appartenir aux Bronckhorst, seigneurs de Stein, d'où elle passa dans la maison de Hornes, et enfin dans celle de Bentheim, au commencement du siècle suivantGa naar voetnoot(2). D'autres événements durent encore contribuer à attrister la retraite du comte à Cologne. On se rappelle que son château de Gronsveld avait été envahi par des aventuriers hessois, en 1643, puis repris et démantelé par les troupes du pays de Liége. Deux ans après, il voyageait de Bruxelles à Bonn, se rendant auprès de l'électeur de Cologne, quand il fut appréhendé par les soldats du landgrave de Hesse attachés au parti protestant. Emmené prisonnier à Cassel, il ne tarda pas toutefois à être délivré par ordre de la régente, et cette affaire n'eut point d'autre suite. | |||||||||||||||
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A cette époque, le comte de Gronsveld était rentré dans la vie publique. L'électeur Maximilien, duc de Bavière, lui confia le gouvernement de la place d'Ingolstadt, et le chargea ensuite de négocier à Paris sa neutralité avec la France. Peu après son retour, en 1647, Maximilien dénonça l'armistice qu'il venait de conclure à Ulm, et Gronsveld obtint, en qualité de feld-maréchal, le commandement d'un corps d'armée bavarois, fort de sept à huit mille hommes et de trente pièces de canon. Ce corps devait aider les troupes impériales du général comte de HoltzapfelGa naar voetnoot(1), à chasser le feld-maréchal Wrangel de la Bohême. Leur jonction s'étant effectuée le 6 octobre, entre Cadan et Satz, les Suédois, pour ne pas être enveloppés, se replièrent dans la Thuringe, et, toujours poursuivis par les alliés, parvinrent jusque dans la Hesse. Là, les deux armées catholiques se séparèrent et les Bavarois se dirigèrent vers la FranconieGa naar voetnoot(2). Le comte de Gronsveld y avait pris ses quartiers d'hiver à Kissingen, depuis le 19 décembre, lorsqu'un retour offensif des Suédois engagea les alliés à lever leurs camps et à rassembler leurs forces. Au milieu du mois de février 1648, ils franchirent le Mein, et s'avancèrent pour défendre la Bavière contre l'armée de Wrangel et le corps français de Turenne, qui venaient de se réunir. A Ingolstadt, ils passèrent le Danube, dans l'intention de protéger le cours du Lech. Enfin après plusieurs marches et rencontres, dans l'une desquelles Holtzapfel trouva la mort, Bavarois et Impériaux s'établirent, sous le commandement supérieur de Gronsveld, vers l'embouchure de la rivière, en face de l'ennemi. Mais | |||||||||||||||
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celui-ci étant parvenu à s'assurer d'un endroit favorable, où il pouvait effectuer le passage sous la protection de ses canons, ils se hâtèrent, dans la nuit du 26 au 27 mai, d'abandonner leurs positions, pour se retirer dans l'intérieur du paysGa naar voetnoot(1). Huit jours après, le comte de Gronsveld, accusé de n'avoir pas fait son devoir, était arrêté et conduit à MunichGa naar voetnoot(2). Le lendemain, on lui reprit son épée; puis on l'emmena prisonnier à Ingolstadt. Cependant l'électeur entreprit bientôt lui-même de justifier sa conduite: il fut remis en liberté et vint s'établir à Ratisbonne, au mois de février 1649Ga naar voetnoot(3). Juste-Maximilien se rendit à la Cour de Vienne, après avoir quitté le service de la Bavière. Il y fut confirmé par l'empereur Ferdinand III dans son titre de comte de l'Empire, ce qui lui permit de siéger parmi les comtes du cercle de Westphalie, à la diète de Ratisbonne de l'année 1653. Depuis lors, il fut encore chargé de plusieurs missions honorables. En 1660, il représenta l'empereur Léopold à sa joyeuse entrée dans les villes de Cologne, d'Aix-la-Chapelle et de Dortmund. L'année suivante, il réussit, en qualité de commissaire impérial, à rétablir la concorde entre la ville et l'évêque de Munster. Enfin il concourut, en 1662, à aplanir les difficultés qui s'étaient élevées entre la ville de Hambourg et le comte de La Tour et Taxis, grand-maître des postes de l'Empire. | |||||||||||||||
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Ce fut le dernier acte de la vie de Juste-Maximilien: il mourut le 24 septembre de cette même année, et fut inhumé dans l'église de GronsveldGa naar voetnoot(1). Ses nombreuses expéditions ainsi que la ruine du château de ses pères, ne durent pas lui permettre de visiter souvent son comté; il y fonda pourtant cette Société d'arquebusiers dont nous avons parlé, et de nos jours encore, les traces de son administration n'ont pas entièrement disparuGa naar voetnoot(2). Juste-Maximilien laissa sept enfants, dont les deux aînés lui succédèrent dans le comté de Gronsveld. 1o Otton-Guillaume, né en 1636. 2o Jean-François, né en 1639. 3o Ernest, tué au siége de Fribourg en Brisgau, en 1678. 4o Jean-Philippe-Félix, tué devant Philipsbourg, en 1676. 5o Anne-Justine-Gertrude, mariée au baron Ferdinand-Louis d'Eynatten, seigneur de Thys, grand-bailli de Hesbaye | |||||||||||||||
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et bourgmestre de Liége, en 1688. Elle mourut à Liége, le 12 janvier 1709, et fut inhumée à GronsveldGa naar voetnoot(1). 6o Claire-SibylleGa naar voetnoot(2), épouse du comte de Ligneville. 7o Marie-Anne. | |||||||||||||||
Otton-Guillaume de Bronckhorst.
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Otton-Guillaume faisait encore acte de souveraineté en 1680Ga naar voetnoot(1); mais la même année, il est déjà question de son frère Jean-François, comme seigneur de Gronsveld. D'ailleurs les monnaies que ce dernier fit frapper à ce titre, nous autorisent à croire qu'il avait obtenu de son aîné la cession du comté. Dès l'année 1682, Otton devint évêque suffragant de Munster. Il fut déchargé de ses fonctions en 4699, pour continuer à administrer les affaires spirituelles du diocèse d'Osnabruck, dont il est qualifié de vicaire-général à partir de 1694. Il y remplaçait, en qualité de suffragant, soit l'archevêque métropolitain de Cologne, quand le siége était occupé par un évêque de la Confession d'Augsbourg, soit l'évêque catholique, lorsque celui-ci y exerçait la juridiction, ce qui arrivait alternativement. Otton portait le titre d'évêque de Columbica, in partibusGa naar voetnoot(2), sous lequel on le trouve déjà mentionné en 1689, et qu'il conserva jusqu'à ce que la mort vînt l'arracher à ses travaux, le 5 avril 1713Ga naar voetnoot(3). | |||||||||||||||
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Jean-François de Bronckhorst.
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faisait partie des Pays-Bas espagnols, et que par conséquent ils n'étaient pas justiciables de la cour féodale de Gronsveld, qui faisait partie de l'Empire. Ils eurent recours au Grand-Conseil du Brabant qui défendit leur bon droit. Le procès dura de 1680 à 1684, et coûta aux religieux autant de peines que d'argentGa naar voetnoot(1). Depuis lors, le nom de Jean-François de Bronckhorst disparaît des annales de notre pays, pour se faire connaître dans les guerres de la maison d'Autriche en Hongrie ou contre la France. Au mois de janvier 1679, le comte avait été fait chambellan de l'empereur. En 1697, il fut promu au grade de général de la cavalerie, pour la part glorieuse qu'il prit à la bataille de Zenta, remportée, le 11 septembre, par le prince Eugène contre les Turcs. Pendant la guerre de la Succession d'Espagne, il fut envoyé, vers la fin de l'année 1703, pour défendre Passau menacé par l'électeur Maximilien-Emmanuel de Bavière. Non seulement il ne trouva dans la ville qu'une garnison tout-à-fait insuffisante, mais il ne put même faire occuper la citadelle, qu'après des pourparlers assez aigres avec le prince-évêque. Leurs relations s'envenimèrent encore après l'attaque du 8 janvier: l'évêque redoutant les conséquences d'un assaut, voulait traiter, et il avait obtenu, dans ce but, une suspension d'armes. Gronsveld, au contraire, prétendait se défendre; néanmoins il dut céder aux pressantes sollicitations du prince, et tout ce qu'il put obtenir, fut de pouvoir sortir dans les quarante huit heures, avec armes et bagages. La reddition de Passau fut sévèrement jugée à la Cour de Vienne: on savait que l'évêque en était responsable, d'autant plus qu'il était accusé par Gronsveld d'avoir entretenu des relations secrètes avec | |||||||||||||||
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l'ennemi. Mais les Etats de l'Empire intercédèrent en sa faveur, et demandèrent une réparation pour l'insulte qui avait été faite à un si haut prince. L'affaire finit pourtant par s'arranger, le 23 mai, en considération des lettres impériales sauvegardant à la fois la réputation de l'évêque et l'honneur du comteGa naar voetnoot(1). Ce dernier fut même promu, le 4 août suivant, à la dignité de maréchal-de-camp généralGa naar voetnoot(2). On retrouve Jean-François le 25 août 1740, dans une commission qu'il donne à Guillaume-Adolphe, baron d'Eys de Beusdael, ‘de la lieutenance ou stadthelderie héréditaire de ses chambres féodales de Gronsveld et de Rheimbourg, et de sa chambre féodale d'Alpen, que les comtes de Bentheim ont usurpée’. Il y est qualifié de conseiller intime, président du Conseil de guerre en Autriche, général feldmaréchal commandant les armées de S.M.I. sur le Haut-Rhin, colonel d'un régiment de cuirassiers etc.Ga naar voetnoot(3). Dans ce même acte, il s'intitule libre baron d'Anholt, bien que cette seigneurie eût passé, par un mariage, de la maison de Bronckhorst dans celle des Rhingraves, princes de SalmGa naar voetnoot(4). Jean-François mourut le 8 avril 1719, dans la ville de Luxembourg, dont il était gouverneur depuis l'année 1716. Il avait été marié d'abord à Eléonore, fille de Ferdinand- | |||||||||||||||
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Frédéric-Egon, comte de Furstenberg, et de la comtesse Françoise-Elisabeth de Montrechier. Sa première femme étant morte en 1702, sans postérité, il épousa, en 1706, Marie-Anne, fille de François-Joseph, comte de Törringlettenbach, et de la baronne Ursule de Grandmont. De ce mariage naquit à Vienne, le 4 mars 1713, une fille nommée Anne-Justine, qui mourut enfant le 25 octobre 1715; de sorte que sa mère, en devenant veuve, hérita de tous les biens de son mari. | |||||||||||||||
Marie-Anne de Törring Iettenbach et Claude-Nicolas d'Arberg de Valengin.
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Marie-Joséphine d'Arberg et Maximilien-Emmanuel de Törring.
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ab intestat, le 13 mars 1773, son frère puîné recueillit sa successionGa naar voetnoot(1). | |||||||||||||||
Auguste-Joseph-Laurent de Törring.
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Gronsveld, l'abbaye de Gutenzell, sur la rive gauche de l'Iller, qui fut érigée en comté souverain.’ Le comte Auguste mourut peu de temps après, le 21 août 1802. Il avait épousé, le 8 (ou 9) janvier 1753, Marie-Elisabeth, fille de François-Joseph baron de Lerchenfeld-Mengkhoven, née le 14 février 1731, dont il eut sept enfants:
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Observations.Page 20. Dans une note insérée précipitamment pendant le cours de l'impression, nous renonçâmes à placer Jean de Houffalize parmi les seigneurs de Gronsveld. En relisant la fin de la page 6, on verra que cet embarras pro- | |||||||||||||||
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venait d'une erreur de Butkens, qui donne au détenteur d'un simple fief liégeois le titre de sire de Gronsveld. Page 76. Marguerite-Louise de Ryckel était née le 5 janvier 1595, de Jean, seigneur de Bulecom, et de Dorothée de BuerenGa naar voetnoot(1). Page 90, note 2. L'inscription du moulin de Gronsveld existe encore: ce sont les armoiries qui ont été enlevées. |
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