Publications de la Société Historique et Archéologique dans le duché de Limbourg. Deel 7
(1870)– [tijdschrift] Jaarboek van Limburgs Geschied- en Oudheidkundig Genootschap– Auteursrechtvrij
[pagina 488]
| |
Mélanges.I. Analectes concernant le siége de Maestricht et le séjour des Français dans les pays d'Outre-Meuse, 1672-1679.Les Français déclarèrent la guerre aux Etats-Généraux de la Hollande en 1672, passèrent le 17 Mai la Meuse sur un pont naval près d'Eysden et entrèrent dans le pays d'Outre-Meuse. Ils s'emparèrent de la ville de Fauquemont et s'établirent définitivement dans le plat-pays, où ils laissèrent 20,000 hommes pour bloquer la ville de Maestricht. Louis XIV rétablit dans tout le pays le culte catholique, rendit à leur destination primitive les églises et les biens confisqués du clergé et mit les habitants à contribution.
***
M. Deutz, curé à Slenaken nous a communiqué quelques notes tirées des archives du village d'Eys, près de Wittem, qui prouvent de la générosité du roi, lors de son entrée dans le pays. Le 18 Mai Louis XIV à la tête d'une armée formidable, tint conseil de guerre dans la campagne de Wyck et quelques jours après le prince de Condé partit à la tête de 60,000 hommes vers le Rhin pour s'emparer de la forteresse de Wesel. La nuit du 24 Mai une partie de son corps ayant bivouaqué aux environs d'Eys, un militaire escalada le mur de l'église pendant la nuit, entra par une fenêtre et arracha le ciboire d'argent du tabernacle en jetant les saintes Espèces sur l'autel. Le prince de Condé ayant eu connaissance de ce fait le référa au roi, qui en réparation de ce sacrilège légua à l'église d'Eys une somme de mille écus, (6000 francs), pour la fondation d'une messe chantée au 25 Mai, jour mémorable du crime, ainsi qu'une messe basse chaque jour et un salut | |
[pagina 489]
| |
solemnel pendant l'octave de la fête du Saint Sacrément. Il fit en outre cadeau à l'église d'une belle rémontrance en argent ayant la forme d'un disque du soleil et ornée des armoiries de France. Ce pieux monument de la générosité du roi des français à malheureusement disparu et se trouve actuellement à Duren en Prusse. Comme la commune d'Eys depuis la révolution Française; ne payait plus les intérêts de ce capital, qu'elle avait reçu des mains du roi à cet effet, feu le curé Hensen, croyant le capital perdu, eut la maladresse de changer la rémontrance contre six chandeliers de cuivre et une croix pour porter la Sainte Communion aux infirmes, à un certain M. Reuter de Duren, qui l'a conservé comme un objet d'art précieux. Après la mort de Reuter la veuve l'a vendu au profit de la chapelle du gymnase de Duren, où il sert à conserver une rélique de St. Louis de Gonzague. Feu M. le curé Deutz, prédécesseur du curé actuel d'Eys, s'est donné beaucoup de peines pour forcer la commune à rétablir le capital en question; il y est parvenu par la bienveillante entremise de Mgr. van Bommel évèque de Liége. Mais la rémontrance se fait toujours désirer. Le roi de France Louis XIV avait ordonné de même, qu'une lumière devait brûler dorenavant devant le tabernacle pendant la nuit du 24 au 25 Mai, chaque année, signe qu'avant ce temps le Saint Sacrément était gardé sans lumière. Une table en marbre noir fixée dans le mur du choeur rapelle la date du sacrilège, ainsi que les fondations du roi. On peut lire l'inscription de cette table dans le tome II p. 346 de ces Publications. Le prince de Condé avait pris la route d'Eysden, Galoppe, Eys, Heerlen et Neuss, où il devait passer le Rhin. Il prit connaissance du vol sacrilège à Heerlen, le militaire ayant laissé dans l'église son bonnet numeroté.
*** L'année suivante Louis XIV tourna une seconde fois ses armes victorieuses contre la ville de Maestricht. Le 15 Juin il | |
[pagina 490]
| |
fit bombarder la place, et le 30 Juin les Français y firent leur entrée. En France ce haut fait d'arme fut chanté sur tous les tons. Le père jésuite Jean Berthet, né à Farascon, savant critique d'art, astronome, poète et linguiste distingué est aussi connu comme auteur d'un immortel quatrain en langue provençale sur la prise de Maestricht. On sait que l'assaut avait été donné à la ville le jour de St. Pierre et qu'elle capitula le lendemain, jour de St. Paul. Le père Berthet s'appropria cette circonstance et en tira un heureux à propros et une délicate flatterie en l'honneur du grand roi, qui est connu pour avoir été trèssensible aux louanges. Voici le quatrain:
San Peïre émé sa testo rase
Diguet davant Maëstric l'autre jour à san Pau;
Per conmbattre aujourd'hieu presto me toun espace;
Dins dous jours per intrar, te presterai ma clau.
Le père d'Augières, jésuite à Arles le traduisit en vers latins:
Cum premeret Lodoïx Trajecti moenia, calvus
His dictis Paulum fertur adisse Petrus:
Congredior nunc, nunc gladium mihi perge, vicissim
Claves biduo hinc ingrediare dabo.
Le savant directeur de la Revue britannique, Monsieur Amadée Pichot, en donne la traduction suivante:
Prète-moi ton épée, à Saint Paul dit Saint Pierre
Pour combattre aujourd'hui, car j'entends le tambour;
Demain je te prête à mon tour,
Pour entrer à Maestricht, mes clefs, mon cher confrère.
On pourrait le traduire en Néerlandais:
Vriend, sprak Sint Pieter tot Sint Paul - het valt niet meè,
Maastricht trotst al te lang de Fransche rijksbannieren;
Leen mij vandaag uw zwaard, mijn haan moet zegevieren;
Dan morgen leen ik u, de sleutels bij 't entrée.
***
Voici un autre bon mot qui se rapporte au même siége. Pendant que les Français bloquaient la ville, le maître de | |
[pagina 491]
| |
musique de la chapelle royale, Henri Dumont, Liégeois de naissance, s'était fait enfermer dans Maestricht, où il avait des relations. A la prise de la ville, le monarque ombrageux, y rencontra l'artiste et lui demanda ce qu'il avait eu à faire dans une place assiégée. Sire - lui répondit Dumont - j'y composais un Te Deum pour l'heureux succès de vos armes.
***
Si le quatrain du père Berthet est l'expression de la spiritualité Française, si le bon mot de Dumont à les qualités d'un à propos bien placé, la chanson qui va suivre, est l'écho de la franchise flamande. C'est un dialogue entre le roi qui a dit: la France c'est moi, et la douce et humble Trajecta opprimée par la force. Louis.
Maestricht, gij schoone stede,
Gij perel van Braband!
Aenhoort toch eens mijn rede.
Schoon lief geef mij de hand,
Door 't minnelijk aanschouwen
Van u, in 't open veldt,
En door uw schoon landouwen
Zoo is mijn hert ontsteld.
Maestricht.
Wie komt mij hier zoo stooren?
Mijnheer, 'k en ken u niet;
'K en wil naer u niet hooren,
Gaet heen en van mij vliedt!
Ik ben een kind van Spanjen,
Schoon daer gescheijden van;
Den prinse van Oranjen
Dat is mijn echte man.
Louis.
Schoon lief, 'k heb u verkoren:
Neemt mij genegen aen.
| |
[pagina 492]
| |
Gij zijt voor mij geboren;
Wilt in mijn gratie staen!
Ik wil met u wel huwen
Uit een opregte borst.
Ach, wilt mij toch niet schuwen,
Ik ben een christen vorst.
Maestricht.
Hoe zou ik met u trouwen?
Gij weet ik heb een man,
En gij, gij hebt een vrouwe
G'en zijt geen jongman dan.
Die Edel Heeren Staten
Nu mijne mombers zijn;
Zij zouden 't niet toelaten,
Al stierft g'in minnepijn.
Louis.
Maestricht, gij schoone vrouwe,
En weest toch niet zoo prat!
Wilt eens mijn macht beschouwen:
Zij ligt hier voor uw stad.
Zoo gij langs alle kanten
Moet worden aengerand,
Zal ik u een courrante
Doen dansen naer mijn hand.
Maestricht.
Vergeef het mij Mijnheere,
Ik ben zoo plomp van aert,
Ik kan geen dansen leeren,
Want mij den gang bezwaert.
Ach koning van de Franschen,
'K en heb u nooit gezocht:
'K en zal met u niet dansen
Gij zijt mij veels te locht.
| |
[pagina 493]
| |
Louis.
Ik zal u dan verkrachten
En nemen met geweld!
Ziet daer mijn legermagten
Zijn voor uw deur gesteld.
Ik zal met vier battrijen
Gedurig dag en nacht,
Zoo vuriglijk u vrijen
Tot dat gij zijt verkracht.
Maestricht.
O Prins! komt mij te staden
En hoort toch wat ik zeg:
Met bommen en grenaden
Jaegt dezen vrijer weg!
Hij brengt het al in roeren;
Ja, spoed u ras, komt aen!
Zoo hij mij kan vervoeren
'T is met Maestricht gedaen.
*** Une autre particularité qui s'attache à ce siége mémorable c'est l'établissement d'un théatre dans cette ville. Dans les pays conquis, dit un auteur, les Anglais commencent leur domination en bâtissant un fort, les Espagnols en érigeant une église et les Français en établissant un théatre; c'est dans leur caractère. Peu de jours après la reddition de la place quelques acteurs érigèrent une tente sur le grand marché et y représentèrent des pièces françaises. Louis XIV y parut deux fois. Cette tente ne disparut que cinq ans plus tard. En 1713 une des salles de l'ancienne maison de ville fut arrangée en théatre, où naturellement on ne put admettre qu'un nombre d'auditeurs très-limité. Le premier soin des Français après la capitulation de 1748 fut d'avoir un local permanent. Le choix tomba sur le manège, situé rue du Jaer, qui fut arrangé à cet effet. En 1786 les Etats-Généraux cédèrent l'église des PP. Jésuites sup- | |
[pagina 494]
| |
primée, pour l'érection définitive d'un théatre en règle. C'est là que Melpomène chausse encore de nos jours la cothurne tragique. Plût-au-ciel qu'elle se souvienne de temps en temps de la destination primitive de ces lieux. C'est encore à la suite des armées Françaises que nous sont venus les maîtres de danse. An mois de Septembre 1777, pendant la kermesse, eut lieu à Maestricht le premier bal masqué, amusement étrange qui auparavant était inconnu dans ce pays.
***
Nous avons trouvé les annotations suivantes concernant la prise de Sittard par les Français sur le dernier feuillet d'un livre. On sait que cette ville fit alors partie du duché de Juiliers. Zittardia. Anno 1676, die 17 Aprilis, Galli e Trajecto iverunt Zittardiam et per triduum moenia ejus depresserunt et fossas oppleverunt et.... ejusdem.... pulvere nitrico portas ejus exploserunt, unde ingens incendium. Eodem anno 26 Augusti soluta turpiter per principem Araniae obsidione Trajectensi, repleta est Zittardia militibus Neoburgicis infirmis, et dyssenteria ibi et omni fere loco adeo grassari coepit, ut vix fuerit aliquis ab eo omnino immunis, et quam plurimi ubique ex eo mortui; in sola Zittardia nummerabantur ultra 660 mortui. Eodem anno, prima Novembris ipsâ nocte omnium Sanctorum furto ablata fuit ex Sacrario majoris ecclesiae ipsa sacra Pixis infirmorum, cum aliquot sacris hostiis, cum aliis sacris vasibus chrismatis et sacri olei, unde triste omen exiit, hanc urbem a Deo gravius adhuc plagandam, quod infaustum proesagium revera paulo post impletum est. Nam anno subsequenti 1677 die 14 Januarii et triduo sequenti, soluto gelu, misera Zittardia jam patula tota stetit in aquis ad octo aut decem pedes in altum, multa pecora submersa, vinum, oleum, cerevisia, aliique liquores consumpta vel corrupta, merces infecta; et quisquis domi suae ex aquarum exundatione maximum sensit damnum, priori ex gallis damno non inferius. | |
[pagina 495]
| |
Eodem anno, 17 Augusti combusta est ab eisdem Gallis magna pars civitatis, a porta Limburgensi ad mediam pene plateam, deinde tota fere platea Puteana et aliquot oedes in foro majori et veteri foro dicto Aldenmerkt. Die vero 4 Septembris ejusdem anni Galli demum redeuntes igne absumpserunt collegialem seu majorem ecclesiam, ejusque insignem turrim, qualem nusquam fere videre erat, item domum civicam, ejusque illustre campanile, totum insuper pene forum et omnem plateam Equinam et residuum plateoe Puteanoe, ita ut proeter duos conventus nostrosGa naar voetnoot(1), remanserit vix octava pars oppidi, aut centum domus ab illo tristi ecclesiae incendio. Circa finem ejusdem mensis septembris Serenissimus dux Neoburgius hoc desolatum oppidum iterum muniit sui militis proesidio sub gubernatore d'Avila, qui per rusticos ex omni ducatus Julioe pene loco adactos coepit iterum civitatem fortificare, portas et moenia erigere, fossas effodere, easque aqua replere et varias circum munitiones ponere; unde horti et prata destructa, arbores in amplo circuitu dissectae, unde incolae et accolae magnum demum damnum hoc exitio passi sunt. Huic munitioni strenuè allaboratum fuit usque ad fere mensem Majum, in quo mandante eodem duce Neoburgico, omnis haec munitio demolita fuit, remanentibus solis portis et moenibus antiquis. Quo tempore, Zittardia omnibus jam pervia, soepius denuo occupata fuit tam a milite Germano quam Gallico, plerisque civibus prae horrore et timore alio transmigrantibus, pluribus etiam ex iis prae miseria aliisque malis morte absumptis: Quis talia fando temperet a lacrymis.
***
Gisbert Lottum, curé de Bunde, de 1673 à 1697, fait le récit suivant de ce qui c'est passé dans les environs de Maestricht pendant le séjour des Français, dans ce pays: ‘Ego Gisbertus Lottum ordinatus sum sacerdos Anno 1669 in festo Paschatis, Coloniae, per R.D. Adrianum Walenburg, episco- | |
[pagina 496]
| |
pum Adrianopolitanum, sub titulo vicariae Stao. Catharinae in nobili monasterio Grefradiensi, ducatus Montensis, cujus possessionem et institutionem canonicam accepi die 5 Februarii 1669. Inde translatus sum ut sacellanus in Reekheym, et anno 1673, die 16 Junii accepi investituram et 20 Junii possessionem curae de Bunde. Deus gratiae largitor concedat mihi ut ad sui nominis gloriam, ad meam et meorum parochianorum salutem gregrem mihi commissum pascam quousque sibi placuerit. Nullum registrum mortuorum ecclesiae de Bunde inveni, nec inter scripta antecessoris mei R.D. Andreae Driessens, qui anno 1599 ad pastoratum hunc investitus obiit in Meerssen et ibidem sepultus est anno 1667, in exilio vivens aliquot annis; pastores enim tempore persecutionis et regiminis Hollandorum in decimum annum ex suis ecclesiis ejecti in districtu Falicoburgensi, in locis et pagis Trajecto subditis. Tempore persecutionis Hollandorum baptizati sunt plurimi infantes in Uyckhoven, in Reeckhem, ad Stum Gerlacum, in Heer et alibi, sicut audivi ex relatione parentum. Rex Gallorum anno 1672 in bello contra Hollandos, mense Majo arcem Falcoburgensem occupavit et catholicis ecclesias restituit; mense tamen Decembri ab Hollandis arx Falcoburgensis intercepta denuo et demolita est. Anno 1673, die 6 Junii Trajectum ad Mosam suo excercitu cingebat et ultimo Junii expugnabat rex Gallorum. Hollandi, die 2 Julii egressi sunt, Franci vero ingressi sub certis conditionibus. Ita ut nunc ecclesiam de Bunde catholici receperint. Anno 1674, in autumno, altare SS. Trinitatis, quod per haereticos funditus destructum fuerat erectum est in ecclesia, et ipsa ecclesia et turris, tecto resarsita est mense Novembri et Decembri. In eodem mense incepi inhabitare domum pastoralem.
***
Les Français ne restèrent pas longtemps paisibles possesseurs de la ville de Maestricht et des pays d'Outre-Meuse. Les Hollandais et leurs conféderés mirent le siége devant la ville en 1676, mais durent se retirer à l'approche de l'armée Française. Gisbert Lottum nous raconte les calamités qui naquirent | |
[pagina 497]
| |
de cet état de choses pour le village de Bunde comme suit: Anno 1676, die septima Julii Hollandi cum suis foederatis, nimirum Hispanis et aliis de imperio Germanico obsiderunt Trajectum. Die 22 Julii prima explosio tormentorum facta et continuata est usque in die 27 Augusti, qua venit excercitus gallicus succurrens et liberans urbem ab obsidione, Hollandi et coeteri, re infecta abierunt, relinquentes sua tormenta et navigia multa Gallis. Haeretici sub hâc obsidione templum de Bunde vi invaserunt, calicem argenteum et pixidem cum hostiis consacratis sacreligé abstulerunt. Per erxcercitum Confoederatorum, proesertim Juliacensem, morbus dissenteriae in hanc patriam invectus est et codem morbo et etiam oestuali febri, vulgo Brandziekte, permulti obierunt. Eodem anno 1676 dominus baro de Spaen, generalis electoris Brandeburgensis cum aliquot mille viris venit 6 Julii in Reekheim, inde decedens 16 Octobris postquam totum hanc patriam et patrias circumjacentes exhausisset. Interea Galli Tongrensem civitatem 29 Augusti incenderunt et pariter Sittardiam. Unde sit: Int jaer Christi, als men had geschreven
Duysent-ses-hondert-seventig en seven,
Doet tot Reekhem groote insolentie
'T volck van Spaen syn excellentie
Den tyd van hondert dagen en dry;
Over hun vertrek was ieder bly.
***
Bartholomée Fraisinne, curé d'Uykhoven de 1654 à 1678 annota dans les registres de son église le passage suivant qui est très-significatif: Passus sum miserias, carceres, processus, incommoditates; domus mea aliquoties spoliata usque ad lectum, horreum extricatum, corpus meum bombardis contusum. Son successeur y ajouta ce qui suit: Obiit R.D. Fraisinne nihil habens anno 1678 paulo postquam abierat generalis van Spaen qui cum suis copiis perplures menses in campo de Uyckhoven castramentavit et fossis et propugnaculis se munierat contra invasionem Gallorum qui Trajectum possedebant. | |
[pagina 498]
| |
Le 10 Août 1678 fut signé à Nymègue un traité de paix entre la France et les Etats-Généraux de la Hollande. Dans l'article 8 de ce traité il fut stipulé que la ville de Maestricht, le comté de Vroenhof et la partie Hollandaise des pays d'Outre-Meuse retourneraient sous la domination des Etats. Peu de jours après les Français quittèrent le pays.
Jos. Habets. | |
II. Brutalités commises par des soldats Anglais à Uyckhoven en 1702.Au début de la guerre de succession d'Espagne, vers le commencement du mois de Septembre 1702 les troupes du duc de Malborough couvrirent le plat pays entre Maestricht et Venlo et commirent partout des excès. Le curé d'Uyckhoven décrit dans les rimes suivantes les brutalités que son église et ses paroissiens eurent à endurer de la part des Anglais et des Danois: Den sesden van den maend Septembre voor middag
Stont op int dorp getier, geraes en clokkenslag;
Seventien-hondert-twee, wilt op dit grouwel merken,
Zag men muur en dack en vensters deser kercke,
Godschandig breken door d'Engelsen en Deenen,
Autaer en cruysen-beelden trappelen, en gaen heenen
Met meubelen van altaer en priesterlyck gewaet,
De gevluchte saecken wegpakken, in der daet
Ook mans- en vrouwspersonen ontkleeden tot versmaed.
God geef dat deesen schimp, door 't ketterdom geschiet
Ons oneer, cleen geloof in kerke niet bediet,
En soo door schand en schae de menschen leeren siet.
| |
III. Vandalisme dans les églises.Dans le tome III, p. 143 de ces Publications se trouve une note concernant la vente ignomineuse du magnifique retable de l'église de Venray. Nous avons a enregistrer aujourd'hui des actes de vandalisme de la même nature. | |
[pagina 499]
| |
A Margraten existait naguère un meuble à figurines sculptées ayant servi d'autel et qui fut vendu par feu M. le curé Van der Linden, pour quelques francs. A Neeritter un petit retable pareil eut le même sort. Grâce à ces ventes scandaleuses et illégales les églises du diocèse de Ruremonde ne possèdent plus nulle part d'autel à retable avec figures sculptés, si ce n'est celle du Munster à Ruremonde dont le petit autel a été sauvé, paraît-il, par le délaissement même dans lequel il se trouvait. Ce bean meuble vient d'être restauré et replacé comme autel. Cependant nous nous rappellons fort bien, que lorsqu'il se trouvait comme objet de rebut sur le jubé de l'église, des curieux en détachaient, sans remords, les figurines et les emportaient. A l'église de Climmen on conserve un tableau à volets, qui semble avoir fait partie d'un autel pareil. Nous avons tout lieu d'esperer que M. le curé de Climmen aura soin de faire placer ce beau tableau dans un nouvel autel latéral de son église. C'est là seulement qu'il sera à sa place. Une autre catégorie d'ornements qui excite la convoitise des marchands ambulants de bric-à-brac sont les anciennes dentelles, ainsi que les chapes, chasubles et dalmatiques à sujets historiés ou travaillées à l'aiguille. Ce sont des trésors rares et curieux qui font honneur au culte catholique et à la foi de nos pères. Malheureusement les brocanteurs ont déja emporté une grande partie de ces ornements et les ont remplacé par le gaz, le tulle, le velour de Manchester, du méchant drap d'or et de la soie-coton à dix soux l'aune. C'est ainsi qu'à disparu, il y a quelques années, à Hunsel une chapelle magnifique consistant en dalmatiques, chape et chasuble, provenant du chapitre supprimé de St Servais à Maestricht. Elle fut achetée par un juif de Ruremonde. Un autre ornement du même genre à disparu à Leyveroy. Cette modeste paroisse possède cependant encore de nos jours des ornements de prêtre remarquables. Ils consistent, si je ne me trompe, en deux chasubles ornées de travaux à aiguille, représentants | |
[pagina 500]
| |
des saints dans des niches gothiques. Ces riches ornements proviennent de Jacques III, comte de Hornes et de Claudine princesse de Savoie, sa femme, comme il conste par les armoiries de Hornes, Altena et Savoie, qui y sont reprêsentées. Peut-être Claudine de Savoie, mariée en 1514 et morte en 1528, les a-t-elle brodée de sa main et fait cadeau à la modeste chapelle de Leyveroy, qui dans ces temps faisait partie de la Seigneurie de Nederweert. A l'église de Geul existe une chape également à dessins historiés. | |
IV. Kermesses dans les villages du Limbourg.La manie de changer l'époque de nos grandes kermesses gagne de jour en jour du terrain dans les villages de notre province. Tantôt ce sont les moissons, tantôt la mauvaise saison où même une fête voisine, que l'un ou l'autre habitant notable de la commune a coutume de fréquenter qui décident de l'abolissement des plus anciens souvenirs. Au siècle passé l'éveil de ce changement a été donné par les états généraux de la Hollande, qui par leur édit du 7 Mai 1777, ordonnèrent, que dans les villages du pays d'Outre-Meuse qui leur étaient soumis, les kermesses seraient toutes portées au premier dimanche, qui suivait le 11 Novembre et ne dureraient que trois jours. De nos jours encore on appelle cette fête qui n'a aucun but de Hollandsche kermis. Telles sont les kermesses de Heerlen, Meerssen, Voerendael, Bunde, Itteren, Hulsberg, Climmen, Margraten, Nieuwenhagen, Ubagsbergh. Les kermesses primitives n'existent donc plus que dans les communes, qui vers cette époque, ne dépendaient pas de la Hollande. Chez nos pères quand une nouvelle paroisse fut érigée par l'évèque et que la première messe, qui en même temps était celle de la dédicace, y fut chantée, on annonçait publiquement de la chaire que le souvenir de l'érection serait perpétué par une fête annuelle en pareil jour. Voilà l'origine respectable de nos kermesses. C'est le souvenir de l'érection d'une paroisse et de la dédicace de la première | |
[pagina 501]
| |
église par l'évêque. Le mot flamand kermis ou kerkmis désigne le service solennel chanté en ce jour. Comme ces fêtes attiraient beaucoup d'étrangers et de pélerins, des foires s'y établirent insensiblement. Nos anciennes kermesses ne peuvent donc être changées à volonté; elles sont inamovibles, et ont leurs jours fixes. Les kermesses transferées sont des jours de carneval sans aucun souvenir chrétien. Nous espérons que ces peu de mots feront refléchir nos changeurs de kermesses. | |
V. Le peintre Wilhelm de Heerlen.M. Jules Helbig de Liége dans une intéressante Notice sur le fameux retable de Ste. Claire, à la cathédrale de Cologne, publiée dans le Bulletin No 5 de la Gilde de Saint Thomas et Saint Luc s'exprime ainsi sur l'auteur présomptif de cette peinture: ‘Le retable qui nous occupe est très-généralement attribué, quant à ses peintures, à Maitre Wilhelm, par les archéologues Allemands. On sait peu de choses sur ce peintre. La chronique intitulée: Fasti Limpurgenses, fait mention de lui dans les termes suivants: Anno 1380, à cette époque vivait à Cologne un peintre dont le nom était Wilhelm. Il était estimé par les maîtres comme le meilleur peintre de tous les pays Allemands; il pouvait peindre tout homme de n'importe qu'elle figure qu'il fût, comme s'il vivait. M. Merlo dit, que dans les registres de corporations qu'il a compulsés, il est question à trois reprises différentes d'un maître Wilhelm de Herle (c'est le nom d'un village du pays de Berg non loin de Cologne), dont la femme se nommait Jutta, et dont il fait mention comme vivant à Cologne en 1370 et 1371. D'autre part, Passavant dit, que le nom de ce peintre apparait dans les anciens registres dès l'année 1360; toutefois il n'indique pas sa source.’ Nous ferons observer à M. Helbig, que la patrie de maître Wilhelm de Herle est généralement reconnue dans le gros bourg de | |
[pagina 502]
| |
ce nom dans la province de Limbourg. Herle, ou Heerlen depuis que ce bourg appartient à la Hollande, situé sur les confins de l'électorat de Cologne, a en de tout temps de grandes rélations avec la métropole. L'électeur y avait des biens et une cour féodale, depuis le milieu du XIIIme siècle. | |
VI. La médecine chez nos pères.Nous trouvous dans une chronique des Pays d'Outre-Meuse, dont nous avons publié la partie historique dans le présent volume de nos Annales, quelques récettes médicales qui semblent avoir été notées par l'auteur vers l'année 1497. Comme elles peuvent intéresser l'histoire d'une science qui durera aussi longtemps que le genre humain lui-même, nous les publions ici in extense. ‘Teghen quaede rode oogen om te heylen. Nympt eynen lepel seymeGa naar voetnoot(1) en eynen halven lepel saltz ende eyn groit glaes witten wyns, ende dat onder eyn geclopt in eynen coperen pan, al went all woert als water, inde dan leght op die paen eyn eycken breytGa naar voetnoot(2), ende daen settet onder eyn bedde off daert duyster is, en laetet dry nauchtten staen ende dan sydet doer eynen doeck en doetet in d'eegen vier nachtten; het heylt die quade oughen ter bate. Eyn ander om oughen die seyck weren. Nympt roesenwater ende dat wyt van eyn ey, en nympt vrowenmelck en clapt dat wael onder eyn, all went dat gelyck water gestalt werd en sydet doer eynen schonen doeck ende daen doetet des nauchts dryn vor ses nauchten. Het reynigt die oughen en batet en hulpet.’ ‘Item wilstu leysschen den brantgering. Nym nauchtschale ende wegbreyde ende stoet van eyn, inde legge dat daerop, dat kyst terstont; yst van sint Lyenart of van sint Thonis inde nym huyslouck ontwey daerby gestoeten.’ ‘Brantwonden te leysschen van water off van vuyr. Item nym geleyschden kalck ende olysmalt ende dat wyt van eyn ey ende | |
[pagina 503]
| |
clop dat onder eyn ende legt daerop myt scherpen werckGa naar voetnoot(1); ich hebt versocht dat guet is. Off du nyet gekeren en kons, so nym eyn veder of quyspel in die hese, dats guet daer veur.’ ‘Item der ter nase bloet om te stoppen. Der ter nase bloet aen ter rechter der beynde synen slinken erm boven den elleboeg vast, aen der slynker syde, dan bynt den rechter erm boven aen den elleboeg vast.’ | |
VII. Encore un mot concernant le monument romain de Kessel. (Voyez p. 387.)Nous lisons dans le Courrier de la Meuse du 22 Août 1870, ce qui suit: ‘Nous apprenons de Kessel que l'on est venu y charger, de le part de M. le directeur du musée de l'Etat à Leyde, afin d'être transporté à cet établissement, un ancien monument romain, sculpté en pierre, représentant Junon, Minerve et Hercule et que les experts ont jugé être très vraisemblablement un autel romain datant du 1er siècle de notre êre. Il avait été mis récemment à découvert par suite des travaux de démolition exécutés à l'église catholique de cette localité. Sur la demande de M. le commissaire du Roi, et à l'intervention de M. van Wylick, membre de la Députation permanente de notre province et habitant la commune, le conseil de fabrique de l'église s'était déclaré prêt à en faire don à l'Etat.’ A cette note un de nos amis répondit par la lettre suivante: ‘Monsieur le Rédacteur, Dans votre numéro de lundi passé je trouve la triste nouvelle que le conseil de fabrique de l'église de Kessel a fait cadeau au Musée de l'Etat à Leyde de l'autel romain, découvert récemment dans la dite église et datant probablement du 1er siècle de notre êre. Ainsi les exemples de vandalisme posés à Maestricht dans les dernières années à plusieurs reprises, commencent à porter leurs fruits dans la province. Après avoir décrété ou encou- | |
[pagina 504]
| |
ragé la démolition de plusieurs monuments dans la capitale de notre province, l'Etat va transporter ceux qui se trouvent encore dans nos villages, et, après quelques années l'étranger qui visite notre duché, et nos enfants même croiront, que nous sommes sans passé, que notre histoire ne date que d'hier. Comment un conseil de fabrique, qui est le gardien né des monuments de son église, et où siégent d'après la loi le curé et le bourgmestre, a-t-il pu éloigner et aliéner un monument si intimement lié à l'histoire de leur commune et de l'église dont ils sont les tuteurs et non les propriétaires? N'est-il pas triste de voir qu'un des plus anciens villages de notre duché soit ainsi dépouillé de ses titres d'antiquité et de noblesse? Et, puisqu'il s'agit ici d'un conseil de fabrique, n'avons-nous pas eu en 1865, un Concile provincial d'Utrecht, qui défend (Tit. V cap. VII) d'éloigner ou d'échanger les peintures, statues et autres sculptures, et de démolir les monuments d'une église? Les statuts du Concile provincial d'Utrecht ont été renouvelés et promulgués en 1867 dans le Synode diocésain de Ruremonde, et obligent à Kessel comme ailleurs dans notre pays. Mais supposons que sous ce rapport tout soit en règle, et que le conseil de fabrique ne tienne pas à conserver les preuves de l'antiquité de Kessel, comme il aurait pu le faire, d'après l'exemple de la commission impériale des monuments en France, juge compétent sans doute, en le plaçant par exemple dans un contrefort de la nouvelle église, pourquoi éloigner ce monument de la province? N'avons-nous pas une société archéologique, qui a commencé depuis quelques années à former à Maestricht un Musée provincial? Je comprends que quelques membres au moins du conseil, ont pu ignorer la valeur du monument, mais cette donation au musée de Leyde a été faite sur la demande de M. le Commissaire du Roi et grâce à l'intervention d'un membre de la députation permanente. Pourquoi tant de zèle chez ces deux Messieurs en faveur du Musée de l'Etat? Sont-ils donc commissaire ou député pour le | |
[pagina 505]
| |
Musée de Leyde? N'auraient-ils pas dû montrer leur prédilection pour le Musée de la province dont les intérêts leur sont confiés? Permettez-moi donc, M. le Rédacteur, de protester au nom de tous ceux qui aiment notre histoire, contre cette spoliation infligée à notre province. J'ai l'honneur d'être, etc.’ De son côté M. le président de notre Société adressa des réclames aux Etats députés de la province et au conseil communal de Kessel, en priant ces deux corps de redemander au gouvernement le monument en question pour la province ou pour la commune de Kessel. De la part des Etats députés nous n'avons reçu jusqu'ici aucune réponse. Un membre de droit du conseil de fabrique de l'église de Kessel prit à tâche de répondre à la place du conseil communal de son village. A part quelques aménités à l'adresse de notre président, son épître se reduisit à dire que les formalités légales avaient été observées dans toute la marche de cette affaire du cadeau; c'est-à-dire que les autorités avaient été consultées. Nous répliquons à ce Monsieur que c'est le vieux subterfuge de tous les gros vandales de la province. Les autorités avaient été également consultées, c'est du moins ce que l'on prétend, pour la vente scandaleuse d'une partie du trésor de St. Servais à Maestricht, pour la vente de l'autel sculpté de Venray, pour la vente des beaux retables de Neeritter et de Margraten. Mais malgré cela ces faits sont et resteront éternellement une tâche honteuse dans les annales artistiques du pays. Il est parfois si aisé d'avoir des autorisations; une lettre, une maniére habile d'exposer suffisent. Mais nous le demandons de bonne foi, tout est-il en règle lorsqu'on se trouve muni d'un permis de l'évêque, du gouverneur ou du ministre? Quoiqu'il arrive, la Société Limbourgeoise ne manquera pas à sa vocation première, qui consiste à sauver, à conserver et à protéger les monuments de la province. (Art. I du Règlement de la Société). Dans l'accomplissement de ce devoir elle n'espère jamais faillir; elle n'épargnera personne. | |
[pagina 506]
| |
Certes cette tâche est ardue et difficile. On froisse souvent des susceptibilités, on heurte contre le mauvais vouloir ou l'insousiance. Il faut quelquefois dire des vérités dures à entendre. Nos adversaires se cachent sous toutes les formes, même sous le voile de la légalité. Comme à Kessel et ailleurs, ils dépouillent légalement le pays. Mais puisqu'il le faut, on nous trouvera à notre poste, et nous combattrons à outrance le vandalisme qui déborde, qui prend un air de dédain vis-à-vis de nos efforts et qui tâche à la longue de s'ériger en école. | |
VIII. Démolissement de l'ancienne tour près de l'église de St. Martin à Wyck-Maestricht. (Voyez tome VI.)Nous lisons dans les Bulletins de l'Académie royale des sciences de Néerlande pour l'année 1870, ce qui suit: ‘Welke ontmoedigende teleurstellingen de Commissie der Koninklijke akademie tot het opsporen en behoud van de overblijfsels der vaderlandsche kunst uit vroegere tijden, heeft moeten ondervinden, daar waar zij gemeend had op krachtige ondersteuning van de zijde der Regeering te mogen rekenen, is uit hare vorige verslagen, maar vooral uit dat van het vorige jaar gebleken. In Maastricht is zij er niet in kunnen slagen, om ook maar een enkel der zoo uitstekend zeldzame, oude gebouwen, wier behoud met zoo luttele opoffering en zonder eenig noemenswaardig ongerief zeer gemakkelijk was geweest, tegen den moker des sloopers te verdedigen. Een toren, in ons vaderland een éénig gedenkteeken in zijn soort, en voor de geschiedenis der krijgsbouwkunst van eene onschatbare waarde, werd in letterlijken zin in het water geworpen, de sloping voltooid met eene koortsachtige haast, die van de vrees getuigde, dat het eenmaal uitgestelde vernielingswerk, door opwakkerende belangstelling en pogingen tot behoud, wellicht belemmerd zou kunnen worden. Ons verslag wees aan hoe geene enkele der redenen voor hare in deze gevolgde handelwijze van de zijde der Regeering, ook bij eene bespreking van het onderwerp in de Tweede Kamer aangebracht, tot wettiging van het gepleegde wanda- | |
[pagina 507]
| |
lisme, ook maar in geringe mate afdoende kan geacht worden. De kunstgeschiedenis leed een onherstelbaar verlies. De commissie kan het zich niet verbergen, maar zij moet ook als hare overtuiging uitspreken, dat, wanneer er meer juiste waardeering van de door haar verdedigde zaak, en ook meer goede wil bij de beambten van het domein en die voor de ontmantelingswerken te Maastricht hadden bestaan, hare pogingen met betere uitkomsten bekroond, de betreurenswaardige gevolgen van vele, voor de kunstgeschiedenis heillooze handelingen gewijzigd of verzacht zouden zijn geworden.’ On sait que la commission académique pour la conservation des monuments de la Néerlande avait fait toutes les instances près du gouvernement pour la conservation de la tour de Wyck. Mais elle a eu le sort de la Société archéologique, elle a été rebutée. En lisant ces lignes on est tenté de penser qu'il importe fort peu au gouvernement s'il y a des monuments dans le Limbourg, oui ou non. Aussi Maestricht, est si loin de la Hollande. | |
IX. Analectes concernant le siège de Maestricht 1748.Nous lisons dans les registres de l'église de Bemelen la note qui suit: ‘1746, die 11 Octobris, quo tempore pagus de Bemelen et alii pagi circumcirca urbem Trajectensem maxime vastati sunt, arbores scissae etc. ab Hollandis, Austriacis, Hanovrianis, Anglis etc. postquam terga verterant Gallis prope Tungros et Leodiensem civitatem.’
***
Le registre aux baptêmes de l'église de Limmel contient ce qui suit: 1748 die 6 Aprilis baptizata est in Domo vulgo Jerusalem, propter obsidionem urbis Mosae-Trajectensis, Barbara filia Christiani Brounen et Agnetis Gorissen. - Die 26 Aprilis ratione ejusdem obsidionis in eadem domo baptizatus est Alexander, filius Leonardi Dolmans et Annoe Caenen conjugum. Patrinus praenobilis, generosus et excellentissimus Dnus Alexander | |
[pagina 508]
| |
marchio de Montbarry, junior, sub servitio regis Galliae. - Die 6 Junii baptizatus est in ecclesia de Borgharen ratione destructorum tectorum ecclesiae de Limmel Christianus filius Petri Dolmans. - Anno 1749 baptizati sunt proles in ecclesia de Opharen defectu ecclesiae de Limmel nondum reparatae. | |
X. Le camp retranché de Charles le téméraire près d'Elsloo.L'auteur de la chronique du pays d'Outre-Meuse que nous avons publiée dans les livraisons de la présente année raconte p. 39 que le duc de Bourgogne établit le 9 Juin 1473 son camp derrière Husschenberg près d'Elsloo; ce camp dit l'auteur avait l'étendue d'une grande ville. L'annêe suivante le 17 Juillet le duc en route pour le siège de la ville de Neuss campa sur le même emplaçement et fit placer son pavillon ducal dans le lieu nommé de Horst où il avait été en 1473. (p. 45). Dans le bois de Horst nous avons cherché les vestiges de ce camp et nous avons pu constater que les retranchements qui entouraient la tente ducale existent encore intégralement. C'est un superbe souvenir de nos anciens Souverains des Pays-Bas, de ce terrible duc de Bourgogne surtout qui osait se mesurer avec le roi de France et l'empereur d'Allemagne. Les retranchements en question forment un carré oblong de 230 mètres de long, sur 80 de large. Les remparts de terre ont une élévation de huit mètres, et sont entourés d'un fossé sec d'environ six mètres de large. Au milieu de ce carré vers l'orient se trouve une éminence conique. C'est là peut-être que se trouvait le pavillon du duc. Le camp qui présente sa tête vers Elsloo se trouve près de la route nommée Valkenburgerweg; une pièce de terre à côté s'appelle Wynkelder. Tout à l'entour dans la campagne se trouvent d'autres carrés mais moins grands et moin bien conservés. | |
XI. Note biographique sur feu Mr Meyer, président du tribunal impérial de Maestricht.J.J.F. Meyer était un jurisconsulte distingué, natif de Geleen. Son père François Meyer juif d'origine s'était converti | |
[pagina 509]
| |
au Catholicisme, sa mère était fille de Guillaume Gavarelle, d'une famille appartenant à la magistrature. Entré fort jeune, en qualité de novice, dans l'Ordre des Jésuites, Meyer devint professeur aux écoles latines de Maestricht, et y excella entre ses co-professeurs, tous plus âgés que lui. Dans ce temps là, dit un de ses élèves, il avait la figure d'une jeune fille et un esprit d'ange. Après la suppression de son Ordre en 1773, il suivit les leçons de droit à l'Université de Louvain et obtint le grade de licencié. Après avoir exercé pendant quelque temps les fonctions d'administrateur de la commanderie de Gemert, de l'Ordre teutonique, où il introduisit des réformes utiles, il vint en 1777 s'établir à Maestricht comme avocat et y exerça son état avec le plus grand succès, à tel point qu'il passa bientôt pour un des plus habiles jurisconsultes du pays. Il jouissait en outre d'une grande probité et l'on fit de lui le plus grand éloge que l'on puisse faire d'un avocat, en disant qu'il conciliait encore plus de procès qu'il n'en gagnait. En 1808 il était encore juge au tribunal de première instance à Maestricht, mais bientôt après la démission de M. Crahay, le gouvernement français l'appela aux fonctions de président, charge que M. Meyer remplit de la manière la plus distinguée jusqu'à son décès. A Geleen M. Meyer a perpétué son souvenir par l'érection de la belle maison de campagne de Koekamp, près d'Abshoven. C'était en outre un homme pieux et pratiquant scrupuleusement les préceptes de l'Eglise catholique. Son éloge funèbre, prononcé par M. Claessens, juge au même tribunal, se trouve dans le Journal du département de la Meuse inférieure. Quant à ses travaux comme légiste, on peut utilement consulter un rapport de M. Grandgagnage, intitulé Examen de quelques questions relatives au statut coutumier des pays d'Outre-Meuse, dans les Bulletins de l'Académie royale de Bruxelles, tome IX, no 5, année 1842. | |
XII. Incendie du ci-devant couvent de Ste. Croix à Noorbeek.Une notice historique sur ce monastère a été publiée dans ces Publications, tome VI, p. 307. D'autres renseignements se | |
[pagina 510]
| |
trouvent dans les livraisons de cette année p. 189. Dans la nuit du 17 au 18 Septembre 1870 les bâtiments de ce beau monastère ainsi que l'église qui était convertie en grange, sont devenus la proie des flammes. On prétend que l'ineendie a eu pour cause l'état d'humidité des grains mis en grange. Le monastère de Ste. Croix avait été fondé en 1495 par les chanoines du St. Sépulcre d'Odiliënberg. Les bâtiments avaient été élevés en 1701 sur une vaste échelle et d'après un plan magnifique. Depuis 1798 le tout avait été transformé en deux corps de ferme et en une belle maison de campagne. | |
XIII. L'usage de la pipe à tabac pendant le siège de Maestricht en 1673.En retraçant l'histoire du tabac dans son Année scientifique et industrielle de 1866 p. 252 M. Louis Figuier mentionne la particularité que surtout pendant le siège de Maestricht en 1673 l'usage de la pipe se généralisa dans l'armée Française; jusqu'alors le tabac avait été pris sous forme de tabac à priser. La pipe, dit-il, était une distraction pour les soldats qu'elle aidait à supporter les ennuis du bivouac. | |
XIV. L'usage immoderé du tabac défendu au Clergé du diocèse de Ruremonde en 1677.Il parait que l'usage de la pipe et du tabac, généralisé par les armées françaises en 1673, se répandit rapidement dans nos contrées. On fumait les feuilles de tabac dans de petites pipes de terre, de la grosseur d'un doigt, dont les tuyaux, larges vers la base, se dégrossissaient notablement vers l'embouchure. On peut voir, dans le Musée de notre Société, de ces pipes trouvées en 1869 dans le remblai des fortifications de Maestricht. Mais l'usage du tabac, si cher aux militaires et déja répandu dans le peuple, restait toujours banni de toute bonne société. Cette considération engagea en 1677 l'évêque de Ruremonde, Réginald Cools, a défendre au clergé de son diocèse l'usage immoderé du tabac, qu'il appelle une coutume toute soldatesque, tabaci more militari immodicum usum. | |
[pagina 511]
| |
XV. Pierres gravées concernant le siége de Maestricht in 1748.A la bibliothèque impériale de Paris se trouve exposée dans le cabinet de médailles et d'antiques une magnifique pierre gravée pour l'usage de Mme de Pompadour. Cette pierre représente la victoire de Lafeldt, près de Maestricht, et ornait avec une autre représentant les préliminaires de la paix de 1748 (No 2499), les bracelets de la trop fameuse marquise. Voici comment ces deux pierres sont décrites dans le Catalogue général et raisonné des camées et pierres gravées de la bibliothèque impériale de Paris p. 345. No 2498. Victoire de Lawfeldt. La victoire ailée, tenant d'une main une flêche et de l'autre une couronne de laurier, foule aux pieds des drapeaux et des canons, au milieu desquels on distingue des boucliers aux armes des puissances liguées contre la France, l'Autriche, l'Angleterre, le Hanovre et les Provinces-Unies. A droite on lit: Guay. Sardoine hauteur 25 mill. Largeur 20 mill. Une note manuscrite de Jacques Guay, graveur de Mme de Pompadour est conçue en ces termes: ‘Victoire de Lawfeldt, gravée en creux d'après la médaille et le dessin de M. Bouchardon. Mme de Pompadour à donné cette pierre au cabinet du roi. Guay repète ces mêmes paroles pour la pierre sur les préliminaires de la paix de 1748. Ces deux pierres ont été exécutées, d'après des médailles qui existent dans la bibliothèque impériale, et qui ont été gravées dans le recueil de Godonesche-Fleurimont intitulé: Médailles du règne de Louis XV, no 75 et 77. Elles sont ornées de montures figurant une couronne de laurier formée par des brillants et des émeraudes. La tradition veut que ces deux pierres aient servi de fermoirs à des bracelets de Mme de Pompadour. No 2499. Préliminaires de la paix de 1748. Louis XV représenté en Hercule, la massue à la main, s'arrache des bras de la Victoire pour prendre un rameau d'olivier que lui présente la paix. Aux pieds de la victoire les couronnes murales des villes prises par les armes du roi. A droite la signature: | |
[pagina 512]
| |
Guay f. A l'exergue: Préliminaires de la paix 1748. Sardoine haut. 25 mill. larg. 20 mill. La bataille de Lafeldt fut gagnée par les armées de France le 2 Juillet 1747. La paix, fruit de cette victoire, fut signée à Aix-la-Chapelle le 18 Octobre 1748. Une autre pierre de ce cabinet, le no 2500, représente le tambour-major Jacquot, sur sardoine. Buste en profil, en uniforme, le chapeau sur la tête. Légende Jacquot tambour-major au régiment du roi, 1751, On lit au bas d'une estampe du même héros: Guay del. Pompadour sculpsit. Pourquoi tant de soins pour transmettre à la postérité les traits de ce Jacquot? Rien jusqu'ici n'a pu donner la clef de ce mystère. Voici l'état-civil de Jacquot d'après les registres de l'armée. Jacques Dubois, fils de François dit Saint-Jacques, tambour-major, natif de Tirlemont en Brabant, âgé de 51 ans, taille de 5 p. 7 p. 6 lignes. Cheveux noirs, yeux bruns, visage gros et basané. Enrolé le 1er Juin 1717, invalide 4 Juin 1758. D'après les régistres des invalides, Jacquot avait servi 42 ans dans le régiment du roi, il avait été blessé de cinq coups de feu en différentes affaires, était catholique et marié. Il est mort le 19 Avril 1759. C'est peut-être tout simplement à la bonne mine, aux blessures, ou aux longs services de Jacquot, que Mme de Pompadour a voulu rendre hommage en transmettant à la postérité les traits de cet obscur mais brave et dévoué tambour-major. |
|