De Gulden Passer. Jaargang 85
(2007)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Auteursrechtelijk beschermd
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Renaud Adam
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raire dont il fut membre effectif et président. Ses publications lui vaudront d'être nommé membre correspondant de la Commission royale des Monuments.Ga naar voetnoot7 En amateur éclairé, Henrotte a réuni un cabinet de pièces rares constitué d'anciens plans, de nombreuses estampes, de sceaux, d'inscriptions funéraires, de livres précieux ainsi que de volumes d'armoriaux, quelques-uns manuscrits, certains de sa propre main. À son décès, il lègue l'ensemble au Val-Dieu. Cet établissement a beaucoup compté pour Henrotte. Il a activement participé au rachat des anciens locaux de l'institution, supprimée lors de l'occupation française et tombée en ruine par la suite. Il s'est également efforcé de lui restituer son patrimoine intellectuel, disparu dans la tourmente révolutionnaire.Ga naar voetnoot8 Parmi les trésors cédés par Henrotte, se trouve une importante collection de pages de titres et de marques d'imprimeurs des principaux centres typographiques d'Europe, datant des xvie, xviie et xviiie siècles et actuellement en possession du Trésor de la Cathédrale de Liège. L'idée de réunir, en un même recueil, ces témoignages de l'évolution de l'art typographique relève, nous semble-t-il, plutôt de l'iconoclasme que de la bibliophilie. Les goûts des amateurs de livres du xixe siècle et leur souci pour la conservation du patrimoine ancien sont en effet loin d'être en adéquation avec les aspirations des historiens du livre et des restaurateurs d'art actuels. Quoi qu'il en soit, même si nous ne pouvons que nous attrister de telles pratiques, nous devons malgré tout nous féliciter de l'existence de ce recueil. En effet, de nombreuses pages de titre portent encore d'anciennes marques d'appartenances des différents propriétaires, particuliers ou institutionnels, qui ont possédé ces livres avant qu'ils soient dépecés. Une exploitation de ce fonds avec un relevé systématique des ex-libris constituerait sans doute un apport non négligeable à l'étude de la circulation des livres durant l'Ancien Régime, en particulier pour les anciens Pays-Bas. Le pli de Max Rooses est intéressant à plus d'un titre. Il met en lumière l'existence d'une relation entre les deux hommes, jusqu'alors inconnue, et nous plonge dans le quotidien du métier de conservateur de musée. Les circonstances de leur rencontre demeurent mal connues. Ont-ils fait connaissance lors du séjour liégeois de Rooses durant ses études? Des liens cordiaux semblent en tout cas unir les deux hommes. Max Rooses remercie en effet le chanoine pour les paroles amicales qui ont accompagné sa lettre et espère sa visite qui lui ‘ferait un vif plaisir’. Les deux hommes ne semblent d'ailleurs pas s'être vus depuis longtemps. Le chanoine n'a apparemment pas encore visité le Musée Plantin-Moretus, inauguré pourtant en 1877, donc plus de dix ans avant la lettre en question. Max Rooses signale tout d'abord avoir reçu la visite de deux organisateurs de l'exposition du Cinquantenaire de 1880 à la recherche d'ouvrages exceptionnels, le musicologue Xavier van Elewijck et l'ancien directeur du Conservatoire de Bruxelles François Auguste Gevaert. Nous ne savons hélas pas pourquoi Henrotte s'intéressait à la venue de ces hommes. Rooses évoque ensuite les acquisitions récentes de son institution en rapport avec la liturgie, comme, notamment, le superbe antiphonaire imprimé par Plantin sur vélin, entre 1572 et 1573, (mpm a 22); le volume fut présenté au public lors de l'exposition consacrée à la reliure | |
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au Musée Plantin-Moretus en 2005.Ga naar voetnoot9 L'ouvrage en question, nous dit Rooses, provient de la cathédrale d'Anvers et est entré en possession du musée en 1880. Nicolas Henrotte s'est également adressé à Rooses afin d'obtenir des informations biographiques relatives à un chantre anversois du nom de Renault Rogierus. Henrotte, connaissant la richesse exceptionnelle des archives du Musée Plantin-Moretus - l'officine ayant fonctionné sans interruption depuis sa création au xvie siècle jusqu'à sa fermeture dans le dernier tiers du xixe siècle - espère que le nom de ce Rogerius apparaisse quelque part dans les comptes de Plantin. Rooses lui fournit les rares éléments qu'il a trouvés, à savoir qu'il ‘était directeur de la musique à la Cathédrale de Malines en 1566, maître de Cérémonies en 1572 et fut nommé à Arras vers 1574’.Ga naar voetnoot10 Il le renvoie également à l'édition de la correspondance du cardinal Granvelle.Ga naar voetnoot11 L'intérêt porté par le chanoine Henrotte à l'histoire de la liturgie n'avait pas pour seul but son édification personnelle. Il a rédigé plusieurs ouvrages consacrés au sujet. On apprend même, dans la lettre éditée ici, qu'il ambitionnait de produire une étude sur le plain-chant à Anvers, mais qu'il a dû, pour des raisons que Rooses ne cite pas, se résoudre à abandonner son entreprise, ce dont le conservateur s'attriste. Cette missive de Max Rooses fournit donc un éclairage intéressant non seulement sur le type de relation que pouvaient alors entretenir deux intellectuels, mais aussi sur les différentes facettes du métier de conservateur de musée: accroissement et conservation du patrimoine, relation avec le public et étude des fonds d'archives de son institution. | |
Anvers, le 19 9bre 1891Cher Monsieur Henrotte,
J'ai l'honneur de vous accuser réception d'un mandats-poste de 50 fr en paiement d'un exemplaire de Christophe Plantin imprimeur anversois et vous remercie très cordialement des paroles amicales qui accompagnent cet envoi.Ga naar voetnoot12 Lorsque MM. van Elewyck et Gevaert en 1880 se sont présentés ici pour voir ce que nous pourrions fournir à l'exposition du Cinquantenaire, nous ne possédions pas encore l'Antiphonaire et le Graduale.Ga naar voetnoot13 Cette même année nous avons acquis un exemplaire de la Cathédrale d'Anvers sur vélin (l'antiphonaire).Ga naar voetnoot14 Je viens d'acquérir un second exemplaire de l'antiphonaire, celui-ci sur papier, provenant d'une église de village de la Campine.Ga naar voetnoot15 Je l'ai payé 100 fr. Un exemplaire de l'antiphonaire Trognesius faisait partie du lot et a été acheté | |
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25 fr.Ga naar voetnoot16 Un graduale de Plantin, que nous possédions déjà en double exemplaire, a été cédé à Schoepen pour 15 fr.Ga naar voetnoot17 Le titre faisait défaut ou laissait à désirer.Ga naar voetnoot18 Schoepen doit l'avoir encore.Ga naar voetnoot19 Je ne possède malheureusement pas de renseignement sur Rogerius. Il a eu fort peu de relations avec Plantin. Il figure deux fois dans nos livres de Comptes, la première fois en 1576, la seconde en 1591; il est chaque fois nommé Regnault Rogier chanoine d'Arras. Dans les lettres, publiées par l'Académie royale de Belgique, le Cardinal Granvelle parle de lui à diverses reprises (Correspondances T. i, pp. 122, 227; T. iv, p. 190).Ga naar voetnoot20 Les passages sont intéressants. Inutile de les transcrire, vous trouverez les volumes à la Bibliothèque de Liège. Il en ressort que Maître Renault, c'est ainsi qu'on l'appelle, était directeur de la musique à la Cathédrale de Malines en 1566, maître de Cérémonies en 1572 et fut nommé à Arras vers 1574. Les éditeurs de la Correspondance de Granvelle n'ont pas pu authentiquer ce personnage sur lequel il y a évidemment à trouver davantage à Malines et à Arras. Vous avez tort d'avoir renoncé à écrire votre Mémoire sur le plain-chant à Anvers, il y avait là un sujet fort intéressant et approprié à vos goûts et études. L'édition de Têtes et Portraits gravés d'après Rubens est épuisée. Je vous enverrai demain mon exemplaire - pour voir. J'y ajouterai un exemplaire du texte que vous pouvez garder.Ga naar voetnoot21 Du texte sans planche nous possédons heureusement quelques exemplaires encore. S'il vous prenait fantaisie d'avoir un exemplaire complet, je pourrais peut-être en trouver, l'un ou l'autre jour, chez nos libraires anciens à prix réduits. J'espère que vous me ferez le plaisir de tenir votre promesse et de venir voir notre Musée et son Conservateur à qui cette visite ferait un vif plaisir. En attendant je vous prie d'agréer l'assurance de ma considération et de mon dévouement.
Max Rooses |
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