De son côté, le père Sérouet a publié, après une brève mais érudite introduction, le texte espagnol de 173 lettres d'Anne de Saint Barthélémy et d'une à l'infante Isabelle. Les autres sont adressées à soeur Anne de l'Assomption (appelée souvent de l'Ascension dans les adresses autographes), c'est-à-dire l'anglaise Anne Worsley, qui avait accompagné Anne à Anvers mais la quitta fin octobre 1616 pour aller au carmel de Malines et revint ensuite à Anvers pour y fonder le carmel de langue anglaise. Les dernières lettres sont de l'été 1624. Toutes sont aux archives de la cathédrale d'Anvers.
Revenons à notre affirmation générale du début en disant que Sérouet a édité la même année, de la même manière et avec le même soin 103 lettres de Leonor de San Bernardo, prieur du carmel de Gand à Philippe Chifflet et une autre à son frère Jacques Chifflet. Les lettres sont à la Bibliothèque municipale de Besançon, elles sont généralement écrites en français, quelquesunes seulement en espagnol: elles sont publiées en original et en traduction. L'intérêt de cette correspondance est relativement supérieur à celui des lettres d'Anne de Saint-Barthélémy: celle-ci traite surtout des affaires carmélitaines, on voit cependant apparaître à chaque page son esprit surnaturel, simple et confiant; celle-là ajoute au contraire des faits concernant les Cours de Bruxelles et de Paris et de ceux qui gravitent autour d'elles, et commente avec Chifflet les événements politiques et militaires, elle insère des nouvelles de tous genres. Elle est hostile à Richelieu puisque très liée à Marie de Médicis, à la page 111 on trouve des lignes curieuses concernant Godefroid Wendelen, le fameux curé astronome limbourgeois. On admirera l'érudition du père Sérouet, qui identifie toujours ses personnages et y ajoute même divers renseignements. Il y a un index des noms de personnes et de lieux à la fin de chacun de ses volumes.
Il y a à Malines aux archives de l'archevêché, un grand volume de 665 folios contenant les dépositions de 133 témoins au procès apostolique de la bienheureuse Anne de Saint-Barthélémy, 1638-1640, la plupart des témoins sont très prolixes, le volume mériterait cependant d'être étudié et analysé, fût-ce à titre de thèse doctorale.
Carlo de Clercq †