De Gulden Passer. Jaargang 60(1982)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Auteursrechtelijk beschermd Vorige Volgende 65. Amor dubius. Voyez amans combien est inconstant Ce fol amour que vous redoubtez tant: A l'homme acort quelque fois il s'addresse, Et bien souuent les plus acorts il laisse: Estant suyui il ne s'addresse pas A celluy-la qui va suyvant ses pas: Estant esmeu il esmeut l'impuissance En s'arrestant d'une folle esperance: Rieu n'est plus doux & rien n'est plus amer, Il est volage, & si faict allumer Autant de feu comme il en veut estaindre: Il brusle vn coeur lequel ne s'on peut plaindre: C'est vn soufflet qui allume le feu. Ayant receu, il donne peu à peu: Il est tardif, & al la main subite: Son esperance est par craincte conduicte, Et son plaisir est plain de fausseté: De son venin tost on est surmonté, Et toutesfois bien tost on se contente. Il ioinct au froid la chaleur vehemente, Espoir & craincte est le lien dont il faict Pour mille maux aux amants vn bien-faict. Mais gardés vous, gardés vous ie vous prie De cest enfant qui a si grande enuie De vous blesser par sa grand' trahison Peu seurement donnant la guarison. Il est bening, & si n'a point de honte De s'attaguer aux grands dieux qu'il surmonte. Or prenez donc maintenant le certain Pour receuoir ce qui est incertain. Il vaut bien mieux vne amour vertueuse, Qui de soymesme est constante & heureuse: Pour le labeur elle donne tousiours Vn fruict heureux accompagnant noz cours. Suyuons-la donc, & nous serons par elle Tousiours suyuis d'une gloire immortelle. Vorige Volgende