1. Maximiliano II. Imperatori Avgvsto, Germaniae, Hungariae, Bohemiae, Dalmatiae, Croatiae que Regi optimo, Archiduci Austriae, Duci Burgundiae, Comiti Tyrolis, &c. Domino suo clementissimo.
Dont viennent tant d'honneurs compagnans ta ieunesse?
Qui t'a rempli le coeur de telle hardiesse?
Dieu qui dessoubz sa main va le ciel comprenant,
Aux mortels sans raison cest heur n'est point donnant.
Le renom tesmoignant ceste faueur te donne
Que tu as sur le chef vne triple couronne.
Rome qui fut des loix la nourrice, & l'honneur
De l'Empire latin t'a esleu le seigneur.
Elle te donne encor vn asseuré presage
Du tiltre de Caesar & d'Auguste le sage.
Le Hongre te demande & t'a esleu pour Roy
Afin qu'a ton secours l'ennemy de la foy,
Dont il a tant receu de dommage & de perte,
Soit chassé vistement de sa terre deserte.
Boëme ia long temps respire soubz ta main
Esperant la faueur d' vn prince tant humain.
Ces trois regnes pour toy se mettent en defense
Et comme à leur seigneur ils portent reuerence,
S'asseurants de ce point qu'estant leur conducteur
Dessus leurs ennemis tu seras le veinqueur,
Et feras de reches regner l'aage dorée
Compagne de la paix d'vn chacun desiree.
Puis alors que l'Empire entre tes mains viendra
De la religion le discord ne tiendra:
Et pour l'amour de toy d'vne asseurance entiere
Chacun addressera deuers Dieu sa priere.
Les bons ont cest espoir predisant fermement
Quo ton renom viura perpetuellement.
Chacun l'a remarqué. ta premiere ieumesse
Monstra quelle seroit ta vertueuse addresse,
Quel soroit ton esprit, & monstra de rechef
Que de tout l'vniuers tu serois comme chef,
Que tu serois aimé, que les doctes poëtes
Chanteroint purement tes louanges parfaites.
Ainsi donc à bon droict Dieu te va benissant
Et te presente aussi l'Empire florissant,
Ainsi l'oyseau du ciel presentement te donne
Le present excellent d'vne triple couronne.
Par l'vne t'est donné le royaume Romain
Dont tu es reuestu de la diuine main
D'vne saincte deesse, honeste gardienne
Des deux freres iumeaux que la louue ancienne
A laicta doucement: elle te donne encor
Le rameau d'oliuier plus precieux que l'or,
Et la paix quant-&-quant que d'vne cure grande,
Comme vn present chery, elle te recommande.
La couronne seconde est celle des Hongrois
Qui te vont demandant secours à ceste fois.
Qui te prient de coeur, & qui sur ta prudence
Ont remis tout l'appuy de leur douce esperance,
Qui veulent estre mis en toute seureté,
Et estre defendus dessoubz ta maiesté.
D'autre part est vertu: le lion qui est maistre
Des autre animaux or'te veut recongnoistre
Ainsi que souuerain, pout-autant que tu tiens
L'esperance & le bien de tous Bohemiens.
Ainsi donc nous verrons nostre pauure Hongrie
Reprendre soubz tes loix l'esperance & la vie,
Lors que tu planteras de victoire l'honneur
Dedans Constantinople, ou tu seras vainqueur.
Alors, l'Impieté, en exil sera mise,
Le seruice de Dieu rentrera dans l'Eglise:
Les brouillars cesseront, & l'air s'esclaircira,
Et tout le peuple alors son seul roy te dira.
Puis quand son dernier iour ton esprit viendra prendre
Pour plus heureusement dedans le ciel se rendre,
Alors comme vn Cesar en signe de renom
A quelque astre du ciel tu donneras ton nom.
Or ie te pry' mon Roy dont les belles louanges
Vont croissant par dessus les autres Rois estranges,
Ie te prie de voir d'vn oeil accoustumé
Les dons de ton Sambuc, lequel ta tant aimé,
Qu'ayant voue sa vie à ta digne hautesse
Ne craint de te donner les fruicts de sa ieunesse,
Qu'il a depuis vn peu en la ville de Gand
Fait paroistre, laissant vn ouurage plus grand,
Lequel continuant ta louange parfaite
Tonnera tes beaux faicts auecque vne trompette.
Ce pendant ie ne crains le coust, ny le lateur,
Ny le danger present de froid ou de l'ardeur,
Afin de ramasser les medailles antiques
Visitant çà & là les grandes Republiques,
Et par vn tel moyen aider à mon pais.
Mon Prince, c'est à toy que le tour ie conduis
Priant qu'heureusement à bon port il paruienne
Et quen ton sainct amour vn chacun se maintienne.
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