De Gulden Passer. Jaargang 46
(1968)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Auteursrechtelijk beschermdf. 12 voAux dieux mânes.
Que le peintre Pierre Brugel eut été le meilleur de son temps, personne ne le nie à moins d'être poussé par l'envie, la rivalité, l'ignorance de son art. Mais il nous a été enlevé en pleine fleur de son âge. Faut-il attribuer cela à la mort qui, à cause de son insigne maîtrise de son art, l'aurait jugé suffisamment âgé? Ou bien à la nature qui craignait qu'on ne la méprisât à cause de l'imitation parfaite et ingénieuse qu'il faisait d'elle? Il me serait bien difficile d'en décider. A la mémoire de mon ami, moi Abraham Ortelius, en pleurant, j'ai consacré ceci: | |
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Le peintre EupompeGa naar voetnoot1 comme on lui demandait lequel de ses prédécesseurs il prenait pour maître, ayant rappelé le grand nombre des hommes, répondit qu'il fallait imiter la nature et non un autre artiste. Ce principe convient à notre Brugel, je vois dans ses peintures non des oeuvres d'art mais des oeuvres de nature et je le nomme, non le meilleur parmi les peintres, mais la Nature parmi les peintres; c'est pourquoi je le juge digne d'être imité par tous les autres (sur le fo 13):
Brugel a peint beaucoup de choses qu'on ne peut peindre, ce que Pline a dit d'ApelleGa naar voetnoot2: dans toutes ses oeuvres il donne souvent à comprendre au delà de ce qu'il peint. Eunape chez Jamblique dit la même chose de Timanthe. Les peintres qui peignent de jolis garçons dans des prés émaillés de fleurs et qui veulent ajouter de leur fonds propre à leurs tableaux un certain fard et une grâce nouvelle, ceux-là altèrent l'image représentée et s'écartent à la fois du modèle et de la forme véritable. Brugel est exempt de ce défaut.
Pierre Brueghel (Brueghel, près d'Eindhoven, vers 1530-Bruxelles, 1569) esprit universel, dessinateur et peintre, à la fois populaire et savant, un des grands maîtres de l'école flamande du xvie siècle. Gustave Gluck, Pieter Bruegel le Vieux, Paris, 1937. Max. J. Friedländer, Die altniederländische Malerei, t. XIV (Leyde, 1937). |