De Gulden Passer. Jaargang 44
(1966)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Auteursrechtelijk beschermd
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Guy le Fèvre de la Boderie représentant de G. Rostel à la polyglotte d'Anvers
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Domino Plantino. Tamen Vestrae Dominationi morem gerere paratus sum. Sed scire velim si placet, ut ejus viri boni, cujus consilio votis et opera adjuti fuimus in hac editione honorificam quidem mentionem faciam, sed quod praeceptor meus fuerit, aut quod ejus censurae commiserim versionem meam, silentio praetermittam, ne tali commemoratione totum opus male audire incipiat. Caeterum quod ejus testimonio utar, eique linguarum cognitionem tribuam hoc vero nemini Catholico, ut spero, poterit esse offendiculo cum et Widmnanstetter tam honorifice ejus meminerit, et multi alii pii et doctissimi viri, ut Masius et alii. Haec boni consulas quaeso, et ex animo illius qui ingratitudinis notam subire nolit profecta’.Ga naar voetnoot3 La lettre, sans date, se situe par la dédicace datée, elle, d'Anvers ‘1571 calend. Julii’ B.A. Montano, qui ne semble avoir connu qu'une légende de Postel,Ga naar voetnoot4 se laissa convaincre, puisque le nom de | |
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Postel revient par deux fois dans cette préface, où La Boderie raconte comment il acheva, en 1567, de transcrire le texte syriaque en caractères hébreux et d'en faire la version latine. Mais l'élève de Postel fit plus, car il y développa un thème cher à son maître, et dans son langage même, celui de l'élection de la France, et accessoirement de l'EspagneGa naar voetnoot(5): ‘Ex universi orbis terrarum nationibus duas tantum modo gentes divinitus Spiritus in Abdiae vaticino commemoravit quibus potissimum uteretur ad exteras quasque nationes Austri in ordinem sub se redigendas, Gallicam scilicet et Hispanicam, ut ex sequentibus Abdiae verbis constat: “Et transmigratio exercitus. Et ascendent salvatores in montem Sion.”Ga naar voetnoot(6) Faxit Deus, ut et Rex christianissimus prout hactenus fecit, splendori nominis sui semper in posterum respondeat, utque vere Carol,Ga naar voetnoot(7) quod armenice potentem significat... se praebeat... Nunc autem ZarphatGa naar voetnoot(8) sive Gallia repurgata quemadmodum aurum in fornace repurgatur, et e Sepharad sive Hispania | |
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longe lateque fines suos diffundente hic Sepharadeus et Tzarphateus hoc est Dominans et Repurgans Codex prodiens ter triplicis linguae beneficio ex septuaginta duabus nationibus orbis terrarum electos omnes, preciosum Dei semen in unum congregabit.’ Et dans le Dictionarium Syro-Chaldaicum,Ga naar voetnoot(9) soumis en même temps à B.A. Montano, Postel et son oeuvre étaient cités à plusieurs reprises. En clair, à propos du mot Zohar: ‘Illum Postellus vertit et interpretationum fascibus illustravit, ut ipse testatur sed nondum in lucem prodiit ejus translatio’.Ga naar voetnoot(10) Ou par allusion, à propos des psaumes ‘quibus titulus est Al Susanim, ubi fere perpetuo de Ecclesiae instauratione agitur, quos interpretes omnes uno ore de liliis intelligunt, sicut et flores hebraice dicti Perahim quorum fit mentio in Candelabri descriptione’Ga naar voetnoot(11) ou encore aut mot ‘Ilan, arbor. Seriem decem numerationum vocant, Ilan, arborem, quod eorum alia sint quae vice radicum alia trunci, alia ramorum alia denique cacuminis ponantur: ut videre est in Candelabro hebraice Venetiis impresso, quod et nos Deo dante auctum et illustratum propediem in lucem emittemus.’Ga naar voetnoot(12) Si l'on n'a pas conservé cette seconde traduction du Zohar, dont Postel signalait l'achèvement à PlantinGa naar voetnoot(13) dans une lettre de 1569, les copieuses préfaces qui nous restent témoignent assez de l'esprit des gloses dont l'avait illustré le maître de Guy Le Fèvre de la Boderie,Ga naar voetnoot(14) qui y prit notamment le thème du Tabernacle développé dans l'Encyclie, publiée en 1571.Ga naar voetnoot(15) Quant au Candelabrum, qui a été longtemps recensé parmi les anonymes,Ga naar voetnoot(16) ce n'était pas un mystère | |
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pour les amanuenses de Postel, que leur maître l'avait publié sans nom d'auteur à Venise en 1548 en un placard hébreu et dans une version latine. Il en avait fait l'envoi à Marcello Cervini,Ga naar voetnoot(17) alors président du Concile de Trente avec une série de prophéties, dont La Boderie ne manqua pas de perpétuer l'esprit. On pourrait dire que La Boderie n'avait gardé de l'enseignement de son maître que les éléments conciliables avec l'orthodoxie catholique, selon sa déclaration à B.A. Montano. De fait Postel depuis son retour à Paris a multiplié les Rétractations. Richeome en a entendu une publique, en 1563.Ga naar voetnoot(18) Quoique plus tardif, le témoignage de CharronGa naar voetnoot(19) rapportant les paroles mêmes de Postel: ‘Fateor me olim laborasse mente luxata’, est confirmé par G. Naudé: ‘Et pour ce qu'il touche l'instauration du reste de toutes les choses, il s'en dédit pareillement en l'une de ses oraisons latines, laquelle m'a été communiquée par M. Moreau, en laquelle parlant du commencement de ses rêveries, il dit expressément: ‘Enthusiasmo inde impulsus et multorum judicio in luxatae mentis notas collapsus impudentissime et stulte delirantisque instar multa et dicere et scribere sum coactus quae improbari vulgo merito videntur; cujus rei et porrigo herbam, et sum semper hanc culpam agnitans’.Ga naar voetnoot(20) Cette dernière rétractation dont on ne sait d'ailleurs pas la date, ne nous a pas été conservée, mais étant donné que nous en avons d'autres exemples, à diverses périodes de la vie de Postel, force est de noter avec R. SimonGa naar voetnoot(21) qui en connut certaines, que dans ces rétractations, Postel ‘ne faisait que donner de nouvelles couleurs | |
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à ses visions.’ Et si la légende d'un Postel, revenu de ses erreurs, a pu s'imposer,Ga naar voetnoot(22) en partie d'ailleurs grâce à La Boderie, elle ne résiste pas à l'étude de son abondante production prolongée jusqu'à la veille de sa mort. Rappelons seulement le scandale de 1573, qui obligea à resserrer Postel à Saint-Martin-des-Champs, où il avait été confiné déjà à deux reprises.Ga naar voetnoot(23) Quant aux Rétractations que Postel auraient adressées aux Docteurs de Paris, et à l'attestation de ces derniers en sa faveur, il n'en a été gardé nulle trace. On trouve plusieurs oeuvres dédiées aux Docteurs de Paris,Ga naar voetnoot(24) mais Postel y développe ses illuminations, et l'on n'a conservé que l'attestation de quelques moines de Saint-Martin-des-Champs demandant, en 1566, sa libération.Ga naar voetnoot(25) Postel, dont un de ses censeursGa naar voetnoot(26) attestait dès 1548 la grande piété, menait certainement sainte vie ‘en pauvreté, opprobre et douleur’. Il venait en outre de se poser en champion de l'Eucharistie contre les Sacramentaires. Encore que confiné à Saint-Martin-des-Champs, il avait publié sous le pseudonyme de Petrus Anusius Synesius le premier récit du miracle de Laon, où Nicole Obry avait été débarassée d'une possession par l'Eucharistie. C'est un des disciples de Postel, qui assura la divulgation de ce miracle.Ga naar voetnoot(27) Si la brochure de Postel utilise le miracle opéré sur la femme Nicole Obry pour relancer les merveilles de la Vierge Vénitienne, le Miracle ‘tira de la bouche de l'hérésie’Ga naar voetnoot(28) Florimond de Raemond, qui colporta d'ailleurs la légende du repentir de Postel. Et ce miracle autorisé par la hiérarchie catholique eut quelque écho | |
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en la ‘Baalgique Gaule’. Cornélius Gemma ‘le Phryson ou Phrysien le jeune, fils d'un tres docte père et de mesme nom et surnom’,Ga naar voetnoot(29) qui écrivit ‘la nouvelle estoile mieulx que nul aultre sauf Postel’,Ga naar voetnoot(30) en donna un récit dans son De naturae divinis characterismis, publié en 1575 chez Plantin, avec une épigramme de B.A. Montano. Il en tenait d'ailleurs la connaissance d'un de ses clients et amis, le chanoine Despinois, témoin des faits: ‘Nam et horum unus fide dignissimus vir canonicus d'Espinoi mihi ob curationem antiqua necessitudine junctus et rem narravit... idemque paulo post absens libellis gallicis exaratam dono misit, aliorum quoque celeberrimorum hominum testimoniis praecipue tamen autoritate atque sigillo Parisiensis episcopi confirmatam’.Ga naar voetnoot(31) Mieux encore on en retrouve l'utilisation chez Gullielmus Lindanus, qui dans sa Panoplia evangelicaGa naar voetnoot(32) de 1564 avait dénoncé le monstre Postel. C'est dans un traité contre J. Campanus, Pro vero atque vivo Christi Jesu Domini nostri corpore in sancta Eucharistia praesente... appendicis loco addita est de gallico conversa historia quae stupendum in omnem posteritatem narrat adorandae sacrosanctae Eucharistiae miraculum: quo energumena Nicolaa Obria Lauduni Picardorum fuit per R.D. John. Bursium episc. Laud. cacodaemone liberata. En fait, on a la preuve que Guy Le Fèvre de la Boderie, qui fut un des disciples élus de PostelGa naar voetnoot(33) ne pouvait partager l'illusion d'auditeurs de rencontre. On a conservé au moins deux ouvrages de kabbale, où La Boderie a noté avec soin dans les marges les thèmes favoris de son maître,Ga naar voetnoot(34) et l'on en retrouve trace dans les oeuvres qui nous restent de lui. En collaborant à la Polyglotte d'Anvers Guy Le Fèvre de la Boderie réalisait un des plus vieux rêves de son maître, mais ce n'était | |
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pas dans ce cadre qu'il pouvait poursuivre l'autre rêve de Postel, expliquer la parole de Dieu et on ne peut suivre longtemps l'indication donnée par John Owen, qui accusa La Boderie d'avoir falsifié les textes, à propos de Gen. III, 15 que la Vulgate traduisait: Et ipsa conteret caput: ‘Detestanda ideo audacia Guidonis Fabritii Boderiani, viri sane docti, sed superstitionibus obnoxii, qui in editione interlineari Plantiniana pro H u, H i substituere agressus est’.Ga naar voetnoot(35) Pour avoir été un thème de Postel, ce n'était pas le lieu de l'exposer.Ga naar voetnoot(36) Il s'en faut bien d'ailleurs que l'on puisse reconnaître à coup sûr Postel derrière La Boderie, Postel lui-même ayant un jour averti ‘comme tres véritablement en la Galliade de Faber se preuve combien qu'en vers à mode poetique subject à discussion’.Ga naar voetnoot(37) Ainsi ce poème écrit à AnversGa naar voetnoot(38): | |
‘Songe ou visionJ'estoy dessus l'Escauld en la ville d'Anvers
Lorsque mon bon daemon mon vray devin Morfée
Qui jamais pour neant n'apparut à Orfée
En songe me feist voir un spectacle divers.
Regardant vers le ciel dond est clos l'univers
J'y avise une Nef toute d'or estoffée
Dardant des raiz dorez, son enseigne et trofée
Estoit la rouge croix barrée à deux travers.
Les rayons du soleil n'ont point plus de splendeur
Que ceux qu'elle élançoit en sférique rondeur
Si que toute la terre en estoit esclairée.
Et en la contemplant j'avoye un tel plaisir
Que mon oeil n'auroit pu un autre objet choisir
Tant me tenoit ravi la belle Nef dorée.’
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Certes, un autre poème nous donne la clef de cette visionGa naar voetnoot(39): ‘L'humble virginité nous enfanta la vie,
Une blanche nuée un soleil eclouit
Un buisson enflammé la rose épanouit
Et en son centre fut la grand sfere ravie
Jerusalem en Nef au ciel épanouie
Rayonnant de splendeur qui les yeux eblouit’
Mais nous ne pouvons décider qu'il s'agit de la Jérusalem de Postel, qui plaçait le second avénement du Christ ‘en une vierge personelle, dedens une cité vierge... en la cité de la mer qui est quant a Jerusalem, occidentale et maestrale, il s'est voulu manifester et se nommer tant le Pape angelike comme Jerusalem descendue du ciel pour excuser une aultre ou seconde foys tout le genre humain’.Ga naar voetnoot(40) La Boderie tenait, pourtant, tant au Pape angélique qu'au second avenement. On lit: ‘Lors ton champion doit estre couronné
Pour ton roy par la main d'un Pasteur angelique,
Qui de la France encor te doit estre ordonné
Pour rétablir l'Eglise en son honneur antique.
Accomply ta promesse, et par ton Christ donné
Assemble tes troupeaux sous un Pasteur unique.’Ga naar voetnoot(41)
et dans la préface à la réédition du Nouveau Testament syriaque: ‘Licet in primo adventu de omnium gentium vocatione praeter Judaeos recte potuerit intelligi, in secundo autem qui nunc INTRA NOS fit ad oves alias in altero hemispherio dispersas et oberrantes... jure merito debet extendi’.Ga naar voetnoot(42) | |
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Ce qu'il avait déjà chanté dans le Cantique sur la nouvelle estoille: ‘Signe certain que Jesus Christ veut naistre
Dedans nos coeurs, et comme nostre chef
Son Tabernacle y planter derechef,
Logeans en nous sa lumière feconde.
L'astre nouveau qui redore le monde.’Ga naar voetnoot(43)
Dans cette double manière de présenter un même thème, nous retrouvons le disciple de celui qui déclarait dans une de ses RétractationsGa naar voetnoot(44): ‘De Mediatoris secunda nativitate, quum in opere illo nove quoad titulum illum attinget sim locutus, et non sicut B. Bernardus quum vocat quod intelligo secundum adventum, et non secundam nativitatem offendisse potui piorum aures quod in poenitentiam voco. Nam quum ipse Bernardus triplicem ejusdem Christi adventum ponat 1 Ad nos, 2 intra nos, 3 contra nos, in redemptione primum, in restitutione omnium secundum, in die Judicii tertium, nunquam debui vocabulum in nativitatem mutare. Licet enim sacri doctores creberrime, nativitatis intra corda nostra per gratiam et vitae novitatem oborientis vocabulo sint usi, tamen de communi illius participatione qua superior tantum et non etiam inferior pars reparabatur intellexerunt. Unde quum de adventu INTRA NOS secundum Bernardi sententiam intellexerim debui proprie loqui et non translatitie’. Cette adhésion intime à Postel se vérifie mieux encore dans un sonnet titré le ‘grand Quaternaie’,Ga naar voetnoot(45) où La Boderie a mis en vers et condensé toute une littérature de Postel sur ce thème central.Ga naar voetnoot(46) | |
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Tandis que la substance s'en retrouve dans les écrits que Postel avait pu publier, un vers pourtant ne s'explique que par la connaissance de l'oeuvre manuscrite: ‘Le saule, le Citron, et la Palme et le Myrte’ se retrouve dans une des préfaces à la seconde version du Zōhar où Postel écrivait: ‘... Jesus Christus... jusserat cordis sui apicem id temporis summum... id est Mosen, ut in festo Jom chippur, id est Tabernaculorum seu congregationis aut propitiationis quatuor vitarum seu viventium arborum ramos ordinaret, quia quartum semen Dei adferre debet fructum centesimum, sexagesimum, tricesimum pro restituenda complendave Lege naturae, scripta, et evangelica, quasi pro forma, materia et composito ut in quarta aetate salicum licet sterilium viror, suppleat virorem Citri, Palmae et Myrti arborum, quae ubique non possunt crescere ut salix hossanave per Reipub. perfectae usum restituat, aut saltem restituere satagat omnia’.Ga naar voetnoot(47) Si le mode poétique de la Boderie, calquant l'ambiguïté des propositions de Postel, interdit de percer plus le personnage, dont Plantin écrivait ‘homme, à ce que j'entends bon Catholique’, et qui est couramment reçu pour tel, une anecdote nous autorise à l'éclairer à partir de Postel. On la trouve dans un traité anonyme publié à Paris, en 1590: La nouvelle estoille apparue sur tous les climats du monde et de ses effects...Ga naar voetnoot(48) ‘Je dirois volontiers ce qu'un jeune Gentil-homme tres docte et tres homme de bien, et qui pour tout l'or du monde ne voudrait mentir, a raconté souvent entre ses amis, touchant ceste estoile. C'est qu'environ trois mois devant qu'elle apparut, vint à luy un bon homme de village, cherchant adresse pour estre présenté au feu Roy Charles neufième, pour luy dire chose de tres grande importance, laquelle ne pouvoit estre dicte qu'à luy-mesme. Le Gentil-homme adressa ce bon homme à un des plus celebres théologiens qui fust lors a Paris, et qui avoit fort bon accez audit Roy. Iceluy, ayant ouy ce bon homme en confession, ne trouva pas bon de le présenter au Roy: qui fut cause que le Gentil-homme le fist aller à un autre docteur cordelier, le plus fameux de l'Ordre, et qui avoit grand accez au Roy, lequel aussi ne voulut présenter ce bon homme, | |
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qui en fin dit au Gentil-homme. Monsieur je suis bien marry de ne pouvoir parler au Roy: car j'avois à luy dire une chose de grande importance, et qu'en signe de la verité de mon dire il apparoistra bien tost une estoile nouvelle au ciel. Et ainsi s'en alla le bon homme. Cecy est une histoire fort remarquable pour respect de nostre estoile, qui apparut deux ou trois mois après. Tous ceux qui cognoissent le Gentil-homme (qui est encore plein de vie) n'oseroient douter de la foy d'un si homme de bien qu'il est, et si cogneu par sa vertu, et doctrine, laquelle entre autres choses il a assez fait paroir au travail honorable et docte qu'il a mis en l'oeuvre la plus grande et excellente qui fut jamais mise en lumière. Il a encore fait un tres docte et saint Cantique sus le suject de ceste estoile, après ce qu'il nous en a baillé d'espaignol en françois’. Guy Le Fèvre de la Boderie, qui mourut en 1598, avait en effet traduit, en 1574, le Traicté du nouveau comete de H. Muñoz, vanté aussi par Cornelius Gemma. L'épisode n'apparaît pas dans les écrits de G. Postel, qui avait commencé sa carrière d'illuminé, en allant sur un ordre du Ciel, inviter François Ier à remplir les conditions de la prophétie, attribuée à saint François de Paule, qui lui promettait l'empire universel. Postel, à cette date ne fut attentif qu'à la merveille, coïncidant avec celle de l'étoile, de la jeune veuve qui se disait enceinte du Saint Esprit, mais le disciple dut être sensible au souvenir de la première démarche de son maître. Il faudrait, au reste, tenter de vérifier l'anecdote, avec la personnalité de l'anonyme, et approfondir l'étude de G. Le Fèvre de la BoderieGa naar voetnoot(49) en | |
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étendant l'enquête à un de ses élèves, Blaise de Vigenère, qui reprit, à son tour, bien des thèmes de Postel et de la Boderie, avec une tendance plus nette à marquer en quoi ils s'écartent de l'orthodoxie.Ga naar voetnoot(50) Il est d'ailleurs remarquable que la substance des oeuvres de Vigenère, avec plusieurs poèmes de G. Le Fèvre de la Boderie, ait passé dans le Thresor de l'histoire des langues de cest univers de Claude Duret Bourbonnois, qui édité à Cologny, en 1613, fut dédié par l'éditeur, Pyramus de Candole, à Maurice de Nassau... admiral general de Geldre, Hollande, Zeelande, Utrect et Oueryssel,Ga naar voetnoot(51) pour être imité dans le Specimen litterarum et linguarum universi orbis de Jean Baptiste Gramaye,Ga naar voetnoot(52) avant de servir d'excuse à Isaac ben Abraham pour l'édition du Sefer Raziel, à Amsterdam, en 1701.Ga naar voetnoot53 G. Postel n'avait du moins pas mal choisi son disciple pour être représenté à la Polyglotte, toute baignée dans l'esprit de la Famille de la Charité, et il semble bien que l'expression d'‘esprit sans malice’Ga naar voetnoot(54) employée un jour pour caractériser Guy Le Fèvre de la Boderie n'ait pas été plus heureuse que celle d' ‘illuminisme candide’, dont usa L. Febvre pour parler de G. Postel.Ga naar voetnoot(55) |
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