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Resumes en langue française
English summaries
Les derniers Moretus et l'illustration du livre
Les Moretus de la fin du xviie, du xviiie et même de la première partie du xixe siècle, c'est-à-dire les derniers directeurs de l'architypographie plantinienne, n'ont pas reçu des biographes du célèbre imprimeur Christophe Plantin et de ses descendants l'attention qu'ils méritent.
L'intérêt pour l'oeuvre des successeurs de Plantin cesse à la mort de son arrière petit-fils Balthasar Moretus II en 1674. ‘L'Architypographie, dit Max Rooses, avait sous la direction de Balthasar Moretus II perdu beaucoup de son initiative et de son activité scientifique;... il fut le dernier des Moretus qui tint à honneur son glorieux titre et s'acquit de la gloire dans sa noble industrie’.
Maurice Sabbe, successeur de Max Rooses comme conservateur du Musée Plantin-Moretus actuel, tout en s'intéressant aux derniers Moretus sur le plan anecdotique, ne fit en somme que suivre le point de vue de son prédécesseur.
Aussi fondés que soient les arguments de ces deux historiens, il est cependant certain qu'ils ont jugé trop sévèrement les derniers Moretus, en ne tenant pas suffisamment compte des conditions historiques et économiques malheureusement évoluées dans lesquelles ils vivaient. Ces dignes successeurs de l'Architypographe, travaillant dans un milieu matériellement et intellectuellement épuisé, ne pouvaient plus se permettre les merveilleux exploits d'un Christophe Plantin et d'un Balthasar Moretus I; malgré les revers du temps ils ne reculèrent pas devant les obstacles et
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engagèrent courageusement le présent et l'avenir, en faisant bonne mine à mauvaise situation.
Ne disposant plus de manuscrits scientifiques dignes de leurs presses célèbres, les derniers Moretus durent se spécialiser dans l'impression de livres liturgiques, ancien privilège de l'officine plantinienne. Ils y apportèrent tous les soins possibles et s'assurèrent la collaboration des meilleurs artistes de l'époque pour l'illustration de leurs publications. Mais dans le domaine artistique les temps n'avaient pas moins changé! Vers la fin du xviie siècle l'influence de la glorieuse école de peinture et de gravure de Pierre Paul Rubens s'éteignit et - parallèlement à la situation générale de la cité - l'art anversois languit sans espoir en des jours meilleurs.
Balthasar Moretus III (1646-1696) eut encore l'occasion de confier le dessin de ses frontispices et illustrations à des épigones rubéniens de talent tels que Jean Erasme Quellin et Godefroid Maes, tandis que son fils Balthasar IV (1679-1730) eut le bonheur de s'attacher d'excellents artistes tels que Jean Claude de Cock et Richard van Orley. Tous les deux eurent encore à leur disposition des graveurs de bonne classe tels que Jean Antoine de Pooter pour la taille-douce et Gonzalès van Heylen pour la taille sur bois de vignettes, lettrines et culs-de-lampe. Mais quand à la mort de Balthasar IV Jean Jacques Moretus (1690-1757) succéda à son frère aîné, la situation artistique devint désastreuse. C.J. D'Heur, le seul dessinateur qu'il occupa et quoique professeur à l'académie de peinture, ne fut qu'un praticien médiocre, et Pierre Balthasar Bouttats, son meilleur graveur sur cuivre, un technicien habile mais sans éclat. Et à défaut de graveurs sur bois convenables il eut recours aux artistes français J.B. Papillon et Nicolas Le Sueur.
Quand François Jean Moretus (1717-1768) succéda à son père, les difficultés devinrent presque insurmontables. Non seulement il dut subir les caprices des sieurs Papillon et Le Sueur précités auxquels s'était joint leur collègue Nicolas Caron, comparse de la même trempe, mais à la mort de Bouttats et de C.J. D'Heur il lui fallait de nouveaux graveurs sur cuivre et de nouveaux dessinateurs que sa ville natale n'était plus capable de lui procurer...
Dans la seconde partie de cet article nous nous occuperons
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des aventures de l'infatigable François Jean avec les dessinateurs et graveurs sur cuivre français auxquels en fin de compte il fut contraint de s'adresser. Un aperçu des travaux des ‘tout derniers’ Moretus complétera notre étude.
Frank van den Wijngaert.
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Les imprimeurs anversois Verdussen
Le travail remarquable du chanoine Léop. Le Clercq, et la correspondance des Verdussen éditée par feu M. Sabbe s'occupaient uniquement des deux branches principales de cette famille d'imprimeurs anversois. Cependant, la bibliographie restait quelque peu indécise dès que d'autres membres, appartenant à des branches peu ou point étudiées, restaient à identifier. Ces cousins gênants! Les éditeurs des ‘Liggeren’ de la gilde de St. Luc ont fait suivre les inscriptions d'identifications parfois erronées, augmentant encore ainsi la confusion. Prenant comme bases les inscriptions des ‘Liggeren’, les concessions d'octroi publiées par le chanoine L. Le Clercq précité et par M. Prosper Verheyden, et les inscriptions aux registres paroissiaux d'Anvers, nous avons d'abord établi un tableau généalogique des imprimeurs. La belle collection des éditions verdusiennes au musée Plantin-Moretus nous a permis de circonscrire l'activité d'un chacun, et de renseigner les demeures et les enseignes. Le travail d'ensemble nous a fait apprécier davantage les initiatives déployées par le fondateur de la dynastie, Jérôme I. Une branche remarquable est celle d'un fils de ce dernier, Guillaume. Des recherches aux archives de la cathédrale ont révélé l'activité de lui et de ses enfants jusque vers la fin du XVIIe siècle. Il est surtout digne d'intérêt comme éditeur d'un journal, les ‘Extraordinarisse Posttydinghe’, dont M. Folke Dahl a retrouvé plusieurs numéros inexistant en Belgique. L'énigmatique H.I. Verdussen attend encore son identification. Nos recherches nous ont permis de compléter, et de redresser à l'occasion, le travail
remarquable de M. Dahl. Enfin, puisque nous causons redressement, nous avons été dans la position facile de celui qui
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emploie le matériel péniblement assemblé par ceux qui l'ont précédé dans la bibliographie verdusienne, et qui les récompense en criant au lecteur bénévole: attention! un tel s'est trompé ici.
Henry L.V. De Groote.
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De magnitudine Hebraea
MS. Harley 4122, in the British Museum Library, contains three books of an unfinished treatise by Justus Lipsius, De Magnitudine Hebraea (ff. 1, 3-9, 32-43, 10-31). The authenticity of the work is adequately supported by L.'s correspondence; the extant copy was probably made by his secretary, Hubert Audejans. The work was meant as a sequel to the four books Admiranda sive De Magnitudine Romana (1597); it was to be followed by a series of volumes dealing with the great empires of the past, and of his own day. The writing was started as early as 1597; yet at L.'s death in 1606, only three out of four books had been roughly completed. - D.M.H. is a perfect counterpart of D.M.R. Like the earlier work, it is, formally, a dialogue; but the role of the second speaker (Auditor) is very restricted. Book I deals with Judea in general, and its copiousness in plants, animals, and population; book II deals with its financial wealth, and the means by which this wealth was assembled; book III deals with the architectural splendours of the Temple at Jerusalem. In book IV - the opening sentences of which are contained in the MS. - the piety and polity of the Jewish people would have been reviewed. D.M.H. is a work of erudition, but its aims are almost apologetic: L. is forever trying to conform all available evidence to the word of the Bible. - The same MS. also contains the opening pages of another unfinished work by Lipsius, Monita et Exempla Politica de Re Militari (ff. 44, 46-48), - a sequel to the Mon. et Ex. Pol. of 1605. It is a dialogue between L. and his former pupil Woverius, and briefly deals with the main causes of war.
Henri Van Crombruggen.
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La légende de Saint-Rombaut
Dans un précédent article de cette revue (XXIII, 1945, 127-147) nous avons traité d'une édition flamande de la Légende de Saint-Rombaut, imprimée par Thomas van der Noot, sans lieu ni date, mais sûrement sortie de presse à Anvers ou à Bruxelles, au premier quart du xvie siècle. De cette édition aucun exemplaire n'est connu; le texte, toutefois, nous l'avons pu reconstituer grâce à une copie faite en 1555 par Anna van Thienen et reposant aux Archives de l'Archevêché de Malines. A la suite de la publication de cette étude, il nous fut signalé qu'une semblable copie de la même main et de même date figurait au catalogue des manuscrits de notre Bibliothèque Royale. Un examen minutieux nous a permis de certifier que la signature et la date de ce manuscrit sont apocryphes et ne sauraient être antérieures à 1718.
L. Le Clercq.
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The author of the ordinance about the Antwerp procession Ao D1 1566
Shortly after Dr Prims discovered in Antwerp the first known copy of the ordinance to the procession of 1566, we had the opportunity to find a second one in Brussels (Bibliothèque royale). A closer examination of the text made it clear, that William van Haecht (circa 1530-ante 1612) is to be considered as its author, because the ordinance shows much resemblance to the apostle-plays of this xvith century Flemish rhetorician: the same ideas expressed by the same phrases; identical judgments written down in equally identical terms. The many links between these two texts betray, that both of them have been written by the same hand.
This identification was as much as an invitation to examine two earlier ordinances on similar occasions, dating from 1564 and 1561. Again we stated remarkable similitude to the plays of Van Haecht, so that he is likely to be also the author of those earlier ordinances. However, as we have from those years only few
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authentic texts about the same subject, it would be rather daring to consider this authorship as being absolutely certain.
The copy of 1566 is valuable both for the history of Antwerp (a) and Flemish literature (b).
(a) Knowing that the procession took place just two days before the famous iconoclasm destroyed most of Antwerp's religious treasures, we easily may understand, that this ordinance is an interesting source for our knowledge of the atmosphere in the town immediately before the riot. (b) As to literature, it proves that Van Haecht's prologues to his apostle-plays are really dealing with the actual situation in Antwerp about those years; they are not mere fiction.
Dr G. Jo Steenbergen
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Eduard de Dene, poète villonisant du XVIe siècle
E. de Dene, né à Bruges et y décédé vers 1578, fut un rhétoricien très fécond.
En 1561 il achevait et signait de sa devise son ‘Testament Rhetoricael’.
Le manuscrit in-folio de ce poème, dont l'actuel possesseur est M.K. de Wolf de Bruges, compte 451 feuillets, précédés de 14 feuillets non numérotés, un prologue en vers et une table des matières. Le nombre de vers est d'environ 25.000.
Dans son poème E. de Dene exprime ses dernières volontés. Il parle des dons qu'il veut faire aux églises, aux couvents, aux écoles et confréries (fos 10-130); de ce qu'il destine à sa femme, à ses enfants, à ses amis et connaissances (fos 130-181). Aux autorités religieuses et civiles, il donne des conseils de toutes sortes, suivis d'interminables variations sur les sept péchés capitaux; il dédie cette partie de son ouvrage à l'humanité en général (fos 182-440). Son poème se termine par le Langhen Adieu et quelques menues pièces, renfermant les toutes dernières dispositions testamentaires (fos 440-451).
Il y a des analogies qui rapprochent le ‘Testament Rhetoricael’
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du Testament de Villon. Les deux oeuvres ne se ressemblent pas seulement par le titre: elles reflètent d'une façon caractéristique le milieu où elles ont été conçues et l'esprit indépendant de l'auteur qui les a composées; en plus, elles forment une sorte d'anthologie. La façon dont Villon fait à ses amis et à ses ennemis toute espèce de dons moqueurs: à son barbier, les rognures de ses cheveux, etc., - nous la retrouvons très souvent imitée par E. de Dene. Comme Villon, il ne se fait pas faute d'intercaler, en guise de legs, quantité de ballades et de chansons. E. de Dene pourrait bien avoir emprunté l'idée de son Langhen Adieu, à la ballade ‘mercy à chascun’ qui figure à la fin du testament de Fr. Villon.
Sans aucun doute, E. de Dene a connu le poème français qui fut réédité à plusieurs reprises dans le courant du xvie siècle.
Au point de vue littéraire Fr. Villon l'emporte de loin sur son imitateur, qui, selon le mot que H. Guy appliquait aux villonisants français, n'avait pas: ‘l'habitude de la douleur et du vice’.
En 1838 le poète flamand J. Van Damme fit du ‘Testament Rhetoricael’ une copie exacte mais incomplète, qui se trouve actuellement aux Archives de la ville de Bruges et dont j'ai fait les transcriptions diplomatiques qui sont reproduites ici.
D'autres extraits furent publiés par K. de Wolf. Quant à la ballade le ‘Langhen Adieu’ elle connut à plusieurs reprises des éditions partielles, qui rendirent le nom de Dene familier aux folkloristes flamands.
Gilbert Degroote.
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