De Gulden Passer. Jaargang 25
(1947)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Gedeeltelijk auteursrechtelijk beschermd
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Les incunables des années 1500 et 1501, ou les imprimés antérieurs a la date du 11 avril 1501, nouveau style
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au jour de la Nativité ou au jour commémoratif de la Résurrection du Christ, mais on se servait aussi avec une grande faveur du 25 mars, fête de l'Annonciation, coïncidant avec le retour du printemps et dont le mérite était d'être fixe. Dans certaines régions, la préférence allait au premier janvier. En France, la chronologie adoptée par le gouvernement royal faisait commencer l'année au samedi-saint, ‘après la bénédiction du cierge pascal’, le samedi étant le dernier jour de l'an. Cela dura jusqu'à l'édit de Charles IX, en 1564, confirmé par l'ordonnance dite de Roussillon, enregistrée par le Parlement en 1567. Dans ce pays, l'année 1500, commencée le 9 avril, prit fin le samedi-saint 10 avril de l'année 1501, selon le nouveau style, c'est-à-dire en fait au centième jour du xvie siècle. Par une coïncidence fortuite, la durée de l'année 1500, soit 367 jours, se rapproche de la valeur moyenne, mais il n'en était pas toujours ainsi, puisque cette durée variait avec la mobilité de la fête de Pâques, entraînant dans le calendrier d'alors des désordres dont nos générations ne pourraient plus s'accommoder. A un an d'intervalle, il y eut ainsi deux jours portant la date du 9 avril 1500 et deux autres portant celle du 10 avril 1500; anomalie mineure, du reste, car certaines années se trouvaient riches de deux mois d'avril presque entiers, d'autres s'en trouvant dépouillées par les exigences souveraines du comput. Un imprimé français portant une date comprise entre le 1er janvier et le 8 avril 1500 est en réalité, selon la chronologie moderne, un produit du xvie siècle, alors qu'un livre portant une date allant du 11 avril au 31 décembre 1500 lui est antérieur et appartient incontestablement au xve siècle entendu selon la supputation actuellement en usage. Comme nous venons de le remarquer, l'année 1500 ayant débuté un 9 avril, pour finir un 10 avril, il y eut en France deux jours portant à un an d'intervalle la date du 9 avril et deux autres portant celle du 10 avril 1500, à savoir:
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Dans les provinces espagnoles des Pays-Bas, la confusion était identique. Il fallut attendre un placard signé, en 1575, par le duc de Requesens, pour en venir au nouveau style. La situation était beaucoup moins gênante pour les rapports sociaux dans les pays où le nouvel an se comptait à date fixe, comme à Florence, en Sicile, ou à Lausanne, par exemple, où le millésime changeait à l'Annonciation, à Rome, à Milan, dans presque toute l'Italie, en Aragon, où l'événement se produisait à Noël. Toutefois la meilleure solution consistait à faire coïncider la fin de l'année avec celle d'un mois. Il en était ainsi dans de nombreux diocèses allemands, en Suisse, à Venise (pour le calcul civil non officiel tout au moins), où l'on suivait le système qui a prévalu sous nos climats. On voit toute la difficulté réelle de répondre en peu de mots à la question posée tout à l'heure: quand le XVe siècle a-t-il pris fin? Les siècles chiffrés par la chronologie n'existent pas indépendamment de l'histoire humaine; aucun phénomène naturel particulier n'est venu marquer le début de notre ère et si la foi de nos pères a voulu se traduire dans un nouveau calcul remontant à la naissance de Jésus-Christ, la science historique moderne a démontré l'erreur commise, qui a placé ce fait si considérable cinq ans au moins avant notre èreGa naar voetnoot(1). Si nous devions donner pour terme au xve siècle la quinzecentième année suivant la venue du Sauveur, il faudrait arrêter ce siècle en l'an 1495 au plus tard. Il n'est donc pas question de proposer une solution théorique à notre problème, aussi considérons son aspect pratique, en vue d'une solution acceptable. Supposons deux ouvrages renfermant respectivement un colophon datant le premier de Paris, le 1er février de l'an 1500 et l'autre de Rome, à pareille date de l'an 1501. Selon l'application littérale de la définition actuellement en usage, l'un serait incunable, l'autre ne le serait pas. Et cependant ces deux ouvrages porteraient une date en absolu synchronisme, le 1er février 1500, en France, correspondant au 1er février 1501, à Rome. | |||||
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Signalons le cas de l'édition de Virgile en trois parties, imprimée à Paris pour Thielman Kerver, Jehan Petit et Jehan de Cologne (Copinger III, 6083; Polain, 3965). Cet ouvrage nous offre, pour sa deuxième partie, un colophon ainsi libellé: Impressum autem est hoc diligenti opera et solertia Thielmanni Kerver in amplissima atque laudatissima Parrhisiorum academia: absolutumque ad kalendas Februarii anno secundum Parrhisiensem supputationem 1500, secundum Romanam vero 1501. Imprimé à Rome, ce livre ne serait pas considéré comme incunable. Sortant de Paris, il est incunable, puisqu'on donne actuellement cette étiquette à tout ouvrage achevé au xve siècle selon la supputation du pays d'origine. L'illogisme de ce système, particulièrement évident dans cet exemple, est de favoriser de plus de trois mois l'édition française et celle des villes où l'année commençait à Pâques, au détriment de celle des pays où l'année commençait à Noël et au 1er janvier. Il est grandement souhaitable d'assigner un terme, commun pour tous les pays, à la période des incunables. Comme c'est chose impossible de le formuler à l'aide d'une seule date, valable pour tous nos pays, il faut bien se résoudre à expliciter la définition reçue en l'interprétant libéralement et en toute justice, si ce concept présente un sens en ce domaine. Il ne saurait être question un instant de revenir en arrière et de contester les livres datés des cent jours suivant le 1er janvier 1500, quand ils appartiennent en réalité à l'année 1501, nouveau style. Tout imprimé portant une date de l'année 1500 sera donc incunable par définition, en vertu de l'autorité de la chose jugée. Tout ouvrage imprimé dans les villes où l'année commençait à Noël est encore incunable s'il porte une date de l'année 1501, comprise, théoriquement, entre le 25 et le 31 décembre et entre le 1er janvier et le 10 avril. Tout ouvrage imprimé dans les villes où l'année commençait au premier janvier est encore incunable s'il porte une date de l'année 1501, comprise entre le 1er janvier et le 10 avril. Tout ouvrage imprimé dans les villes où l'année commençait | |||||
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au 25 mars est encore incunable s'il porte une date de l'année 1501, comprise entre le 25 mars et le 10 avril. Quant aux ouvrages non datés, est-il besoin de le dire, ils seront ou ne seront pas réputés incunables, dans les mêmes limites, selon la date et le lieu qu'on pourra leur attribuer avec des preuves suffisantes. |
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