dans l'enseignement, il était répandu et on l'appliquait aussi à la philosophie, à la grammaire etc. C'est même l'origine de notre mot manuel appliqué à une méthode d'enseignement.
Mais ce qui est dû à Anianus, c'est l'emploi pour son texte du vers léonin, c'est-à-dire de celui où le second hémistiche rime avec le premier, particularité qui en facilite la mémoire.
Le texte du Compotus est de 243 vers en moyenne et se divise en quatre parties: 1o, le cycle pascal (vers 1-117); 2o, le cycle lunaire (vers 118-173); 3o, les jours fériés (vers 174-243); 4o, les saisons.
Le succès du livre nous est attesté par le nombre des manuscrits qu'on en possède et par celui des éditions faites aux XVe et XVIe siècles. Dans la plupart de cellesci, on trouve un commentaire destiné à rendre plus intelligible aux lecteurs, un texte que la forme versifiée rendait parfois obscur.
La nouvelle édition que publie M. Smith contient six chapitres: I. Signification du terme Compotus manualis (pp. 7-9); II. L'objet du Compotus (pp. 10-13); III. Qui était Anianus (pp. 14-22); IV. Les prédécesseurs d'Anianus (pp. 26-33); V. Le texte du Compotus (pp. 35-48); VI. Commentaire (pp. 49-78).
Dans le chapitre III M. Smith rassemble tout ce qu'on sait de l'auteur. Les renseignements que l'on possède sont peu nombreux, assez vagues et contradictoires. Les uns ont voulu voir en lui un moine égyptien du Ve siècle, les autres un astronome du XVe. Pour M. Smith il est infiniment probable que c'était un Français peut être moine au monastère d'Aniane et qu'il vivait vers 1250-1300.
Pour la réédition du texte (pp. 37-48) M. Smith s'est borné à reproduire celui de l'édition de Strasbourg, 1488, 18 cal. de décembre (14 novembre), imprimée par Jean Prüss, qui est la plus ancienne édition datée.
M. Smith n'a pas jugé utile de reproduire les anciennes gloses. son chapitre VI les remplace avec avantage et constitue une annotation précieuse.
Le compotus est intéressant pour les bibliographes. Entre autres choses ils y retrouveront aux vers 94-117, l'ensemble des vers mnémoniques connus sous le nom de Cisiojanus qu'on lit dans tant de manuscrits et dans les éditions anciennes de beaucoup de livres liturgiques et de livres d'heures.
De même aux vers 220-225 il est question des dies aegri ou jours égyptiens, dont on trouve la mention dans le calendrier de nombreux missels, bréviaires etc.
Aux pp. 80-103 se trouve une liste bibliographique des éditions du Compotus, imprimées au XVe et au XVIe siècle jusqu'à l'année 1540.
Pour les douze dernières années du XVIe siècle, de 1488 à 1500, on ne compte pas moins de 25 éditions, tandis qu'il n'y en a plus que 28 pour les années 1501 à 1540. Cette diminution s'explique fort bien. Il était devenu possible (dit M. Smith, p. 74) d'imprimer des calendriers s'étendant sur de longues périodes futures et le besoin de computation dans les églises et les monastères disparut rapidement.
Dans un petit livre intitulé Cuer (Coeur) de philosophie on trouve une prétendue traduction du Compotus. En réalité ce n'est qu'une petite partie du texte d'Anianus qui y est traduite; néanmoins on a jugé utile, et avec raison, de donner la liste aussi complète qu'on a pu le faire de toutes les éditions de ce livret (8 en tout).
Trois tables complètent cette réédition du Compotus. Celle des lieux d'impression, celle des imprimeurs et libraires qui ont publié Anianus; enfin celle des chapitres.