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Livres. - boeken.
Alb. Visart de Bocarmé. - Recherches sur les imprimeurs brugeois. Bruges, Desclée, De Brouwer et Co. 1928. In-4o, 74 pp., nombreuses illustrations.
A l'occasion du cinquantième anniversaire de sa fondation à Bruges, la maison Desclée, De Brouwer et Co vient de publier sous ce titre une remarquable étude de M. le Comte Albert Visart de Bocarmé, sur les imprimeurs brugeois.
Quoique Bruges ait occupé dans l'histoire de la typographie mondiale une place éminente, que l'imprimerie naissante, au déclin du XVe siècle, y ait trouvé un berceau magnifique, on ne possédait jusqu'à maintenant aucune histoire de l'imprimerie dans cette ville. Le livre de M. Visart, dans lequel la question est traitée de main de maître, vient donc combler heureusement une regrettable lacune. On ne peut en avoir assez de gratitude envers le savant numismate brugeois.
C'est à Bruges, entre les années 1471 et 1476, que le célèbre Colard Mansion, calligraphe et érudit, doyen des libraires de la ville, imprima, en grosse bâtarde, son premier livre, le ‘Jardin de dévotion’. Que sait-on sur cet imprimeur? Pas grand'chose. Il était probablement d'origine flamande. En 1450 il fournit un manuscrit du Romuléon au duc de Bourgogne, en 1468-1469 il semble avoir quitté Bruges. Peut-être est-il allé apprendre le métier d'imprimeur. En 1471, il est doyen des libraires à Bruges. Entre 1471 et 1476 il imprime son premier livre, en 1476 il perd sa femme, en 1484 il abandonne sa boutique et prend la fuite sans payer son loyer. A partir de ce moment l'histoire perd ses traces. ‘Les impressions de Colard Mansion’, écrit M. Visart, ‘sont d'une beauté, d'une régularité qui révèlent une habileté consommée chez leur auteur; elles peuvent rivaliser avec les plus belles productions typographiques contemporaines’.
Un autre imprimeur établi à Bruges, bien que né en 1412 en Angleterre, William Caxton, s'associe en 1475 avec Mansion et fait paraître avec celui-ci plusieurs ouvrages, notamment le Recuyell of the Histories of Troye, qu'il avait traduit en anglais, d'après l'ouvrage français de Raoul le Fevre, pour Marguerite d'York, duchesse de Bourgogne. C'est le premier livre au monde imprimé en anglais. En 1477 Caxton s'établit à Westminster et introduit en Angleterre l'art typographique qu'il avait appris à Bruges dans l'atelier de Colard Mansion.
Un nom non moins célèbre dans les annales de la typographie belge est celui de Jean Brito. Il apparaît en 1453 dans le premier compte connu de la corporation des libraires brugeois et se maintient jusqu'au décès de cet imprimeur en 1494. On connaît de Jean Brito cinq impressions différentes, dont deux sont datées de 1477 et 1488.
Parmi les imprimeurs du XVIe siècle qui ont pratiqué avec éclat leur art à Bruges, mentionnons Hubert de Croock et Hubert Goltzius. Hubert de Croock, né vers 1490, doyen de la corporation des libraires en 1521 et 1532, meurt en 1554. Sa production offre un vif intérêt tant au point de vue typographique qu'au point de vue
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de sa valeur intrinsèque. M. Visart donne la liste chronologique de ses impressions; elle ne comprend pas moins de 13 nos, imprimés entre 1523 et 1544. De Colard Mansion à de Croock, le progrès réalisé est immense.
Goltzius, attiré à Bruges par la pléiade d'humanistes et de savants qui, dans la seconde moitié du XVIe siècle, avaient valu à la capitale de la Flandre l'épithète flatteuse ‘d'Athènes Belgique’, obtint le 6 mars 1562 du magistrat brugeois l'autorisation d'ouvrir une imprimerie dans cette ville. Les quinze ouvrages qu'il a imprimés se distinguent par leur qualité. Goltzius, préoccupé de recherches scientifiques, et distrait par les relations agréables que lui offrait le milieu où il se trouvait, fut peut-être peu apte à mener au succès un atelier typographique.
Trois autres imprimeurs exercent à la même époque, avec plus ou moins de bonheur, leur métier à Bruges. Petrus de Clerck, qui imprime notamment, le 26 août 1567, De warachtige fabulen der dieren, et en 1569 les fameux sermons apocryphes attribués au frère Corneille Adriaens. Gilles vanden Rade, le chef d'atelier d'Hubert Goltzius, imprime en 1576 pour ce dernier la Sicilia. On ne connait qu'un seul ouvrage publié par Thomas Moerman, celui qui parut en 1582 sous le titre: Discours véritable de ce qui est advenu en la ville de Bruges l'an M.D.LXXXII. Il est probable qu'à la fin du XVIe siècle, Bruges ne possédait plus aucune imprimerie en activité.
Au XVIIe siècle, une place importante est prise à Bruges par Guillaume de Neve, dont l'activité se continuera jusqu'en 1663 et dont la production se distingue par son importance et sa variété; par Nicolas Breyghel, qui avait transféré en 1624, à la demande du magistrat, son industrie d'Anvers à Bruges; par la famille Clouwet. Jean Clouwet, admis dans la corporation des libraires en 1638, était étranger. Il mourut en 1657. Sa veuve continua à imprimer jusqu'en 1679. Leur fils, Jean-Baptiste, admis dans la corporation le 9 janvier 1676, meurt en 1682. Grégoire Clouwet, fils du précédent, admis le 16 septembre 1687 comme typographe, meurt en 1701 et Maximilien Clouwet, probablement son frère, admis en 1682, meurt en janvier 1687. Mentionnons encore parmi les imprimeurs brugeois du XVIIe siècle, l'imprimeur gantois Jean-Baptiste van den Kerckove, qui vint s'établir à Bruges, peut-être à la demande d'Olivier Vredius. Il y publia en 1650 les Sigilla Comitum Flandriae, l'ouvrage scientifique le plus remarquable qui soit sorti des presses brugeoises pendant tout le XVIIe siècle. Citons aussi son frère Lucas, qui mourut en 1675 et dont la veuve continua l'imprimerie pendant quelque temps; François Lambrechts, le poète-imprimeur, mort en 1652; Alexandre Michiels, père et fils, Pieter van Pee et son fils Pieter le jeune, Ignace et Josse van Pee, Jacques van Pee, Pieter Roose le vieux et son fils, Paulus Roose père et fils, Joos Vermeulen, Elias Meeuwe, Joos van der Meulen, Alex. van den Berghe, Laurent Doppes, Christophe Cardinal, qui publia en 1697 la Pharmacopaea Brugensis de J. van den Zande, les Beernaerts, Martin et J.B. Verhulst, ce dernier venu d'Anvers, François-Xavier van
Heurck, d'Anvers, sa veuve et son fils.
Parmi ceux qui occupent une place importante parmi les imprimeurs brugeois du XVIIIe siècle, on a Pieter van de Capelle, André Wydts, qui exerça son métier de 1710 à 1749, Jacques et Jean-Baptiste Macqué, Philippe-Joseph Vincent père et fils, Pieter de Sloovere (1737-1782), Jacques Bogaert, qui devait être le premier d'une lignée d'imprimeurs dont l'activité allait se perpétuer jusqu'au milieu du XIXe siècle.
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Jos.-Ignace van Praet, érudit et imprimeur, Corneille De Moor, sa veuve et son fils, Jos. de Busscher, etc.
Et, dans un dernier paragraphe, M. Albert Visart retrace dans ses grandes lignes l'histoire de la célèbre ‘Imprimerie de Saint-Augustin’ qui fit renaître à Bruges ‘l'art excellent d'imprimer des livres’ ainsi que l'appelait déjà Charles-Quint dans l'Edit de Worms en 1521.
L'auteur apprécie comme suit la production typographique brugeoise du XVe au XIXe siècle: ‘Dans son ensemble, la production typographique brugeoise est médiocre; après un brillant début, elle est atteinte par la décadence commerciale de la cité et ses produits sont loin d'égaler en beauté et en valeur les ouvrages contemporains qu'on imprime à Anvers et en Hollande; peu de frontispices, de gravures sur bois ou sur cuivre: la composition typographique elle-même dénote, sauf de rares exceptions, peu de goût et de formation technique.’
Quoi qu'il en soit de ce jugement, les érudits et les bibliophiles consulteront avec grand fruit le travail de M. Albert Visart de Bocarmé et sauront gré à ce dernier d'avoir publié les premiers résultats de ses belles recherches, en attendant que paraisse son histoire complète et monumentale de l'imprimerie brugeoise.
EMILE H. VAN HEURCK.
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Raimondo Montecuccoli: I Viaggi. Opera inedita publicata a cura di Adriano Gimorri, Modena. - Società tipografica Modenese, 1924, pag. I - LXXXIII et I - 291.
Raimond Montecuccoli qui vécut de 1598 à 1680 est connu comme général et comme écrivain militaire en Italie et en Allemagne où l'on a beaucoup étudié cette figure de relief du XVIIe siècle. Il fut au service de l'Autriche, et la guerre de Trente Ans lui donna l'occasion de parcourir tout le territoire allemand. Il combattit contre les Suédois, puis contre Turenne et les Turcs, parce que son activité ne cessa pas à la fin de la guerre de Trente Ans. Alors en effet, Montecuccoli alternera les actions de guerre avec les missions diplomatiques et de confiance, qu'il remplira avec sagacité.
Adrien Gimorri qui a écrit une magnifique notice biographique du grand général italien, a publié les relations des voyages de Montecuccoli à travers l'Europe, relations écrites dans un style ‘peu charmant, ayant plus fait attention aux choses qu'aux mots’. Montecuccoli était connu surtout comme historien, auteur de traités, écrivain politique, poète, mais inconnu comme voyageur. Gimorri a rempli cette lacune en publiant les relations de ses voyages, transcrites des originaux conservés aux Archives de guerre de Vienne.
On sait que M. visita, en 1649, les Pays-Bas espagnols et les Provinces-Unies et qu'il laissa de ce voyage un bref récit dans un traité de géographie militaire intitulé: Voyage fait pour voir les Pays-Bas et leurs forteresses et lieux principaux. Dans ce traité il décrit 37 villes. Il parle de préférence des places-fortes les plus importantes, mais note également tout ce qui intéresse les autres villes: c'est-à-dire leur position, la richesse de leurs campagnes, le nombre de leurs habitants; il cite les universités et les bibliothèques des Jésuites. Ce livre, divisé en autant de petits chapitres qu'il y a de villes décrites, est d'un style dégagé, vif et rapide. A
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Bruxelles M. admira la beauté des femmes; à Bruges tes nombreuses reliques conservées dans les églises; à Gand la statue de bronze de Charles V et les canons pris aux Français. Voilà pour le premier voyage de M.
Mais, en 1654, chargé d'affaires près de Christine de Suède, il revint en Flandre Parce que la reine, après son abdication, s'était arrêtée à Anvers d'où elle comptait gagner l'Italie. M. y arriva le 16 septembre et alla tout de suite chez Gracia d'Iliano, dit ‘le riche portugais’ dont la reine était l'hôte. Après la réception, les cérémonies, et les discours d'usage et après avoir admiré le portrait de la souveraine, oeuvre de Juste. M. assista avec celle-ci et sa suite à la comédie Alcinoé amoureux de Lydie. Christiane de Suède avait, on le sait, une véritable passion pour le théâtre; l'archiduc Léopold Guillaume, pendant le carnaval de 1655, dépensa la belle somme de 30 mille écus pour lui offrir des représentations en espagnol, italien et francais. Quant à M. il dut. avec ou sans plaisir, assister à beaucoup de soirées théâtrales. Le 18, les musiciens Joseph et Parrozzi, Italiens de la suite de la reine, lui rendirent visite: après leur départ il se promena par la ville avec le père Manderscheid qui l'accompagna chez Moretus où il voulait acheter des livres. Le 19, il alla avec la reine se promener ‘hors de la ville, le long des fossés et sur les remparts’. Le jour suivant la reine étant malade, il visita ‘le collège, l'église, la bibliothèque, la Congrégation, la pharmacie des Jésuites et l'atelier du Père Pierre Segher’. Aux cours de toutes ces promenades il remarqua ‘que les soldats espagnols de la garnison et du camp, demandaient l'aumône avec une insistance déplaisante; que les femmes accouchées mettaient à la porte de la maison un écrit
différent selon le sexe du nouveau-né’.
Pierre Bergeron avait également remarqué cette coutume puisqu'il écrit: ‘ils mettent un linge blanc à l'entour de l'anneau de la porte; et si la femme est accouchée d'un fils, ils y adjoustent une petite pièce de linomble par dessus’. Dans le récit du voyage du Cardinal Rossetti en Belgique (1641) publié par M. Cuvelier (fascicule VI du Bulletin de l'Institut historique belge de Rome) la même particularité curieuse est notée. Aux portes de certaines maisons, lui aussi avait remarqué, des bandes blanches de linge, attachées, soit au ‘merleto’ soit au marteau. La bande attachée au marteau signifiait que le nouveau-né était un garçon; au ‘merleto’ une fille.
Il est à remarquer que le mot ‘merleto’ ou ‘merleta’ n'est pas du pur italien. Le secrétaire du Cardinal, auteur de la relation, était de Ferrare, où le mot s'emploie pour ‘saliscendi’ loquet en pur italien, petite barre en fer qui par un pivot auquel elle est fixée descend sur le mentonnet pour fermer la porte, ou s'élève pour l'ouvrir.
Montecuccoli alla, le 25, avec la reine visiter l'atelier du peintre Juste ‘qui peint très bien d'après nature’. Il était sur le point de partir pour Bruxelles, il en avait demandé et obtenu l'autorisation; de fait le 26 il s'embarqua après dîner et arriva à destination à 10 heures du soir. A Bruxelles il fut comblé d'honneurs par l'archiduc Léopold Guillaume, son ami, admirateur passionné de la littérature italienne. L'archiduc et son entourage lui parlèrent surtout de l'état de la Flandre, des actions de guerre et des conditions de l'armée espagnole, conduite par ‘des généraux et des officiers incapables’, Le plus pessimiste des jugements émis fut celui du général Hollach qui dit: ‘dans l'armée espagnole les charges s'obtiennent par faveur, naissance, parentage, amour de femme; les bonnes actions ne sont pas récompensées, ni les mauvaises punies’. Il est à remarquer que M. qui resta à Bruxelles une semaine
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entière ne nota rien de la ville. Il rentra le 2 octobre à Anvers. Il assista encore à beaucoup de représentations théâtrales, parta des affaires militaires avec des gens de l'armée, et conversa longuement avec la reine qui ne dédaignait pas de prendre part aux discussions ‘sur l'unité de l'amour, sur les sentiments naturels de l'homme qui sont connus par les rêves’ comme soutenait M. Chanut. Bien que les importantes affaires politiques et religieuses prissent une grande partie de son temps elle se plaisait parfois aux conversations frivoles et prenait plaisir à raconter à ses hôtes des aventures dans le genre de celle-ci: étant en Allemagne une femme la prit dans ses bras et l'embrassa la croyant un jeune homme. C'est elle encore qui cite à M. cette épitaphe savoureuse qu'un mari fit mettre sur la tombe de sa compagne:
Le 9 au matin M. quitta Anvers. L'activité, les beautés de la ville lui échappent encore: il est complètement absorbé par les affaires politiques et par les divertissements surtout théâtraux. Son journal cite les nombreux spectacles auxquels il a assisté: l'Hécaclius et le Menteur de Corneille, l'Ibrahim Bassà de Scudéry, le Jodelet ou le Maître Valet de Scarron, le Visionnaire de Desmarets, l'Alcinoé amoureuse de Lydie, l'Alcionée de Pierre du Ryer. D'Anvers M. gagna l'Angleterre où il resta jusqu'au 28 octobre et où il nota beaucoup de choses. Le 3 novembre il rentra à Anvers après avoir visité Dunkerque, Ypres, Nieuport, Bruges, où il fut reçu par le marquis Strozzi, gouverneur de la ville.
La reine lui dit qu'elle avait décidé de passer tout l'hiver dans les Flandres, partie à Anvers, partie à Bruxelles. Elle lui parla aussi de ses projets de conversion à la religion catholique et lui dit qu'elle désirait sa présence à la cérémonie qui devait avoir lieu prochainement à Bruxelles devant un père Dominicain, secrétaire d'ambassade.
M. resta donc à Anvers consacrant son temps à la reine. Ils reprennent leurs conversations politiques, jouent aux échecs, sortent en voiture, assistent à des feux d'artifice préparés par D. Placide et presque tous les soirs à des représentations théâtrales. Ils voient successivement la Mort de Pompée, Polyeucte et Horace, le Trompeur puni de Scudéry, l'Amour d'Alexandre pour Roxane, de Desmarets, Sophonisbe de Jean de Mairet, le Cid, Ladisla et des comédies de Plaute traduites en français.
Le 22 M. se rendant à Armentières, passa par Gand, où il nota que les soldats de la garnison du château ‘tout comme ceux d'Anvers, ne sont pas payés et mendient.’ A Armentières il présenta ses hommages à l'Archiduc, puis il rentra, le 28, à Anvers, d'où il repartit le 2 décembre pour Bruxelles. Dans la capitale il eut de fréquents entretiens avec l'Archiduc et les personnages les plus importants de la Cour au sujet des affaires de la reine et de la guerre. Il eut aussi l'occasion d'entendre de nombreux jugements peu bienveillants sur les Espagnols. Celui qu'il rapporte en date du 4 décembre est intéressant. Il écrit: ‘Les généraux espagnols ne sont pas intelligents. Les charges ne se donnent qu'à des cocus, des rufians et des poltrons, pour que les braves n'aient pas à reprocher la couardise aux autres. Beaucoup de soldats sont des vilains, qui ne servent qu'aux revues ou aux cérémonies,
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mais qui furent à l'heure du combat’. Le 14 au matin M. rentra à Anvers où il séjourna jusqu'au 23, toujours avec la reine, occupant son temps comme nous avons dit précédemment. C'est alors qu i] assista à la représentation de la Cléopâtre de Graziani, oeuvre de jeunesse que l'auteur avait augmentée de plusieurs chants en 1652. Le 23 la reine quitta Anvers accompagnée de M., de l'Archiduc de Pimentel; elle fut accueillie en grande pompe à Bruxelles, où elle arriva à 9 heures du soir. ‘Son arrivée est annoncée par les feux de l'artillerie; toute la ville est en armes et tire des coups de mousquets: les fenêtres et les rues sont illuminées, pleines de gens et de carrosses; la grosse cloche sonne’. Le jour suivant la reine fait en secret sa profession de foi catholique.
M. resta à Bruxelles jusqu'au 9 janvier, mais dans son journal on ne trouve rien sur la ville. On sent qu'il est préoccupé par tes affaires politiques et par la guerre. Il rappelle cependant ta visite faite au Perera ‘qui avait écrit un livre pour démontrer l'existence des Préadamites, c'est-à-dire des hommes créés avant Adam: livre plein de choses intéressantes et curieuses’. La visite aux Pères Holland et Mandercheid et à un historien Jésuite qui lui donna un livre ‘de tribus Dagobertis Francorum Regibus’. Le 8 janvier l'Archiduc lui fit voir les antiquités de Childéric découvertes à Tournai; le jour suivant M. partit pour l'Allemagne.
En juin 1655 appelé une fois encore par la reine, il revint à Bruxelles. Les très importantes questions qui agitaient l'Europe, et les projets de la reine Christine préoccupaient d'avance M. qui partageait son activité diplomatique entre l'Archiduc et la reine. Il demeura trois mois en Belgique, mais son séjour fut coupé par des voyages en Allemagne. Dans son journal il parle très peu de la ville, parce que il n'avait pas te temps de s'adonner à la vie mondaine. Pendant les mois d'août et de septembre M. fut tout occupé par des préparatifs militaires; il recruta 25000 soldats pour aider éventuellement la Pologne, mais il fut chargé de rejoindre Christine qui avec un cortège de 300 personnes était en route vers Rome. Il la rejoignit à Augsbourg en octobre: le 22 il partit avec elle pour Inspruck, puis Ferrare. Il la quitta alors pour aller régler l'entrée de la reine dans la ville éternelle, où elle fut reçue triomphalement le 23 décembre. M. passa 15 jours à Rome, puis rentra à Vienne. Tel fut le deuxième et dernier voyage du grand général, qui ne revint jamais en Flandre.
Nous avons résumé les renseignements intéressant la Flandre, négligeant volontairement de parler ici de l'activité militaire et diplomatique de M. Les gens cultivés trouveront un double plaisir à lire les documents que nous n'avons pas résumés, car la publication de M. Gimorri a été préparée avec un soin et une érudition remarquables.
MARIO BATTISTINI.
Bruxelles, avril 1928.
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