Henri Bosmans, S.J.
Le Père HENRI BOSMANS, de Ja Compagnie de Jésus, est décédé à Bruxelles, le 3 février de cette année, au Collège Saint-Michel, auquel il fut attaché pendant 40 ans.
Né à Malines le 7 avril 1852, il fit de fortes humanités, puis deux ans de philosophie au petit séminaire de cette ville; il y fut le condisciple de celui qui devait s'illustrer plus tard sous le nom du Cardinal Mercier. Entré au noviciat des Jésuites' le 3 octobre 1871, Henri Bosmans parcourut le cycle ordinaire des années de formation, puis fut appliqué à l'enseignement des mathématiques, d'abord dans les classes supérieures des humanités du Collège Sainte Barbe à Gand, où son père, officier d'Artillerie, était alors en garnison. En 1888, il passe au Collège Saint-Michel de Bruxelles, comme professeur, puis comme préfet des études du Cours scientifique supérieur. C'est là qu'il prépara de nombreux élèves aux examens d'entrée à l'Ecole Militaire et aux Écoles spéciales des Universités, exerçant sur toute cette brillante jeunesse par sa science et la clarté de son exposition, par sa bonté aussi et sa serviabilité, l'influence la plus heureuse; cette influence se traduisit par une inaltérable confiance et un souvenir constant dont la nombreuse assistance à ses funérailles fut une preuve suprême.
C'est à Bruxelles que le Père Bosmans commença de cultiver spécialement l'histoire des mathématiques: il y devint un maître. Courageusement, en dépit d'une pénible infirmité qui compromettait et menaçait sa vue, il scruta les manuscrits et les éditions anciennes et y découvrit mille traits intéressants de la vie et des travaux des mathématiciens du passé. Il portait une prédilection très vive aux vieux savants belges, à ceux surtout qui avaient fait partie de la Compagnie de Jésus: le Père Verbiest, Grégoire de Saint Vincent, J. della Faille, Thomas; il s'attacha à faire revivre leur souvenir et connaître leurs travaux.
Décoré par le Roi des Belges de la croix de Chevalier de l'Ordre de Léopold, le Père Bosmans se vit nommer, pendant deux ans, Président de la Société mathématique de Belgique, et, depuis 1919, membre du Conseil de la Société Scientifique de Bruxelles. Mais, plus que ces distinctions, il appréciait l'amitié dont le favorisèrent tant de savants de Belgique et du monde entier, auxquels il faisait part sans réserve des trésors de son érudition toujours très large et très sûre.
Parmi les nombreux témoignages d'affection et d'admiration qui nous sont arrivés au lendemain du décès du Père Bosmans, on me permettra de relever les suivants: Monseigneur Ladeuze, Recteur Magnifique de l'Université de Louvain, motive ses regrets sur ‘la sympathie que te défunt a toujours témoignée à l'Université catholique, ses relations avec ses maîtres et l'attention qu'il a accordée, dans ses recherches, à notre histoire nationale.’
M. Pirenne, Professeur à l'université de Gand, le qualifie de ‘savant actif, bienveillant et modeste, dont tous ceux qui l'ont connu conserveront pieusement le beau souvenir.’
Au jugement de M. Ch. de la Vallée Poussin, secrétaire de la Société scientifique de Bruxelles,‘la mort du Père Bosmans constitue une grande perte pour la Société et pour la science belge; ses travaux sur l'histoire des sciences font grand honneur