De Gulden Passer. Jaargang 5
(1927)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Gedeeltelijk auteursrechtelijk beschermd
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Tijdschriften. - revues.Mgr. M. Vaes, secrétaire de l'Institut historique Belge, à Rome, a publié dans le 5e fascicule du Bulletin de l'Institut historique Belge de Rome une brillante étude sur le peintre anversois Corneille de Wael (1592-1667).
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In de Analecta Praemonstratensia, t. II (1926) blz. 60-81, uitgegeven te Tongerloo, liet Dr J. van Mierloo, jr. S.J., een studie verschijnen, getiteld: Eene Reeks Valsche Kronieken van Christophorus Butkens, waarin hij aantoont hoe onbetrouwbaar het werk is van den prior van het Cistercienserprioraat van St. Salvator te Antwerpen, den schrijver van de Trophées du Brabant.
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Nous avons déjà attiré l'attention sur l'étude que le Dr de Mets a consacrée à l'ouvrage de F. d'Aiguilon sur l'Optique, publié par B. Moretus en 1613. Nous devons à l'obligeance et à l'érudition de M. le Dr H. Polliot la note complémentaire suivante sur les travaux du savant Jésuite. | |
La vision binoculaire dans l'optique d'Agulonius, par H. Polliot.- Bien qu'il fût un Jésuite, c'est un vrai travail de Bénédictin qu'a fait Agulonius en écrivant son traité d'optique: il y a réuni toutes les idées de l'époque sur les choses de la vision, avec un ordre et une méthode auxquels nous ne sommes plus habitués. Il présente faits et théories sous une forme toute mathématique; il procède par arguments, définitions, propositions, théorèmes, lemmes et conséquences; chacun de ses paragraphes est lié au précédent par la chaîne du raisonnement logique, appliqué dans toute sa rigueur. Sans doute l'ouvrage est-il, de ce fait, bien ardu et indigeste: beaucoup de ses propositions et démonstrations nous font l'effet d'un pur verbiage. Mais il est incontestable que, grâce à sa rigoureuse méthode, l'auteur a réussi à mettre dans la science de l'optique, alors bien incertaine, une remarquable précision. Il s'est attaché à donner de chacune de ses démonstrations, une figure claire et exacte; et cette obligation de figurer les phénomènes observés l'a conduit à fouiller certains domaines inexplorés jusqu'à lui, et à y faire des trouvailles d'importance. C'est peut être dans l'étude de la Vision binoculaire qu'il a le plus nettement fait avancer la science. C'est bien à lui que revient en particulier le mérite d'avoir imaginé l'horoptère: il a créé le mot, il lui a donné une définition précise, qui a certainement été trop perdue de vue. L'horoptère, c'est une ligne transversale, parallèle à la ligne qui joint les | |
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deux yeux et passant par le point de l'espace fixé par les deux yeux; le plan de l'horoptère, c'est un plan frontal qui passe également par le point fixé. Et d'Aiguilion établit que les objets visibles nous apparaissent toujours comme s'ils étaient projetés sur cette ligne horoptérique (dans le plan de visée), ou sur le plan horoptérique (au-dessus et au-dessous du plan de visée). L'horoptère serait ainsi, comme son nom l'indique, la ‘borne de la vision’; il arrête et fixe sur son plan les rayons lumineux issus des objets; l'image binoculaire serait toujours une image de protection sur un même plan. La magnifique planche qui précède le Livre 4 donne de l'horoptère une idée concrète, aussi précise qu'artistique. Cette notion très simple permet de noter graphiquement et avec une remarquable exactitude toutes les particularités de la vision binoculaire. Avec raison, son auteur la compare aux cercles polaires, tropiques, colures, etc., imaginés par les astronomes, parce qu'elle a la même utilité figurative. Elle a été beaucoup trop délaissée. Sans doute, les travaux d'Helmholtz. de Héring etc. ont précisé la forme de l'horoptère. Mais ils n'ont pas ajouté grand' chose au principe; il semble même qu'on n ait pas apprécié exactement sa valeur et son utilité, au moins comme base d'une notation graphique de la vision binoculaire. Les chapitres de d'Aiguilon sur l'horoptère, les figures qui l'accompagnent méritent d'être remis en pleine lumière. N'aurait-il créé que cette notion, il aurait certes droit à une place parmi les Maîtres en Optique Physiologique.
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Le Bulletin du Cercle Archéologique, Littéraire et Artistique de Malines (Tome XXXI - 1926) contient sous le titre de Glanes nouvelles sur Rembert Dodoens, une série de particularités sur la vie du célèbre botaniste malinois, dues â la plume du Dr G. Van Doorslaer. Il y est question de La date et du lieu de la naissance de Dodoens, de ses ascendants, de ses mariages, de ses descendants et de sa carrière. Plusieurs détails jusqu'ici inconnus sont désormais fixés grâce à ce travail consciencieux.
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La revue Mathesis (Tome XLI - 1927) publie une notice intéressante sur Le Mathématicien Anversois Jean-Charles Della Faille de la Compagnie de Jésus, par le R.P. Bosmans, S.J. Dans la Collection des Précis Historiques (Bruxelles 1873) le R.P. Van der Speeten, S.J., avait écrit une bonne étude biographique sur J. Ch. Della Faille, mais le considérant surtout comme précepteur de Don Juan d'Autriche: le R.P. Bosmans s'occupe de Della Faille comme savant. Il nous parle surtout du Traité du Centre de Gravité (Anvers, J. Meursius, 1632. avec la belle marque typographique, dessinée par P.P. Rubens, gravée par Alex. Voet) dont on doit la publication à I'affection de Grégoire de Saint Vincent, le Père Jésuite brugeois, qui avait été avec le R.P. François d'Aiguilon, le premier professeur de mathématiques de Della Faille au collège d'Anvers. Le R.P. Bosmans donne la traduction d'une lettre du R.P. Gregoire de Saint Vincent, | |
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adressée à son confrère le R.P. Remi Happart, et dans laquelle il nous apprend à la suite de quelles circonstances le volume sur le Centre de Gravité vit le jour. Cette lettre contient des détails curieux sur la vie et le caractère de Della Faille et nous donne des appréciations très élogieuses sur le traité, émanant de Christiaan Huygens et de F. van Schooten, Jr., professeur à Leyde.
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M.F. Van Ortroy fit paraître dans les Mélanges d'Histoire, offerts à Henri Pirenne, une étude sur Les Sources scientifiques de la Cartographie Mercatorienne. Nous en extrayons le passage suivant: ‘Le 3 mars 1569, Mercator obtint de l'empereur un privilège pour la publication de sa grande mappemonde; on y trouve le projet d'une nouvelle édition de la carte d'Europe: in partibus septentrionalibus praesertim Norvegia, Suetia, Moscovia et insulis circumiacentibus emendanda. Cette nouvelle édition parut en 1572; le cartographe céda à Christophe Plantin, â Anvers, ses plaques de cuivre, l'impression et la publication de la carte dans les Pays-Bas et au Duché de Brabant. Cela peut paraître étrange; l'explication est assez simple d'après nous. Mercator ne manquait-il pas de temps ou de graveurs? Le prix de revient n'était-il pas trop écrasant, les intermédiaires trop rapaces, et la vente déficitaire par le fait? Il ne faut pas perdre de vue non plus que la contrefaçon de ses cartes soit sur bois, soit sur cuivre, se pratiquait chez nous, nous nedisons pas à l'instigation du grand imprimeur, mais incontestablement, d'après les archives du Musée Plantin-Moretus, à sa connaissance et avec son appui tacite, car il les achetait, les vendait, les faisait enluminer, vernir et mettre sur toile et onglets. Mercator rectifia et compléta sa carte. Les retouches ont porté surtout sur les Orcades, les Hébrides, la Norvège et les îles en bordure, la Suède, la Russie (il ignore la Moscovia de Herbenstein, de 1549, dont Rumold Mercator fera état dans l'Atlas de 1595), et les contrées limitrophes, notamment celles qui se trouvent au nord de la mer Noire. D'où viennent ces derniers renseignements? Mercator le dit lui-même dans une des légendes de la carte d'Europe de 1572, où il est question du voyage de circumnavigation par le Nord de l'Europe et de l'Asie entrepris en 1553 par Sir Willoughby; il ne dépassa pas la mer Blanche et entra en relations avec l'empereur de Russie; une compagnie de navigation et de commerce “La Cie de Moscou” fut créée; le tout nous valut des connaissances nouvelles sur les pays du Nord de l'Europe’'.
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M. Joseph Cuvelier publie dans le Bulletin de la Classe des Lettres de l'Academie royale (1927-1) une intéressante étude sur le voyage que fit en Belgique (1641) le cardinal Rossetti, en compagnie du docteur Dominico Fantozzi Parma. Voici le passage qui concerne Anvers: ‘On se mit en route pour Anvers, le 30 septembre, après avoir pris congé de l'aristocratie gantoise, qui ne voulut pas laisser partir ses hòtes sans mettre à leur disposition des carrosses et une nombreuse escorte de cavaliers; celle-ci leur vint bien à point en présence de l'insécurité des chemins. En faisant | |
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diligence, on espérait arriver encore le soir à Anvers, la grande et vaste cité, métropole commerciale de la Flandre. On passa d'abord à proximité d'un fleuve appelé ‘Lauro’, où l'on vit des navires chargés de marchandisesGa naar voetnoot1). Puis on arriva au plus grand fleuve du pays, ‘il Scheldo’, et l'on s'embarqua à la Tête de Flandre, ainsi nommée à cause d'un fort très important qui se trouve vis-à-vis d'Anvers, le milieu du fleuve servant de limite entre la Flandre et le Brabant. On gagna incontinent le principal hòtel de la ville à l'enseigne d'Amsterdam. Le lendemain, on entendit la messe chez les Jésuites, qui célébraient précisément la fête de leur père, le bienheureux Borghia. Leur église surpasse les merveilles de tout autre de n'importe quel genre, bien qu'à Anvers même il y en ait, telle la cathédrale Notre-Dame, de très remarquables. Parma, on le voit, ne partageait pas le dédain de la plupart de ses contemporains pour les édifices gothiquesGa naar voetnoot2), mais il n'épousait pas davantage les scrupules du Général des Jésuites pour l'oeuvre éblouissante de Huyssens et d'Aiguilon. On n'a peut-être pas suffisamment remarqué que, à l'encontre de ce qui s'est produit pour l'art profane, l'architecture religieuse baroque s'est greffée, en Belgique, directement sur le gothique flamboyant, sans passer par la Renaissance proprement dite. Sauf de rares exceptions, influencées particulièrement par l'Italie, les églises baroques réalisent un compromis entre les méthodes constructives et les principes de composition gothiques, d'une part, et les formes italiennes, d'autre partGa naar voetnoot3). La largeur des rues, l'ornementation des édifices, la beauté rare des églises, le port admirable, le trafic des marchandises font de cette ville une pure merveille. La journée se passa chez les P.P. Jésuites, qui faisant leur cour à Mgr. Rossetti, voulurent lui procurer un divertissement digne de lui, en lui montrant leur trésor. Les ornements richissimes, les ameublements superbes, les reliques en quantités énormes produisirent sur les visiteurs une profonde impression. Dans le couvent même, la bibliothèque, abondamment fournie, était supérieurement organisée. Quatre salles pleines de livres en toutes les langues et sur toutes les sciences! Enfin, dernière curiosité, des tableaux représentant des fleurs, peints par un des Pères, artiste de haute valeur, surpassant dans ses oeuvres la nature elle-même. En parlant du P. Daniel Zeghers, Florent du Rieu, écrira, en 1657, ‘que par son art il dompta la nature’Ga naar voetnoot4), et Constantin Huyghens lui dédiera une inscription commençant par ces mots: ‘Daniele Segers, florum pictori et pictorum flori.....’Ga naar voetnoot5). | |
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Après la visite au couvent, les voyageurs firent une promenade au port, pour jouir de la vue des nombreux vaisseaux qui y mouillaient. Un pont (de bateaux) jeté sur l'Escaut donnait lieu à un passage continuel, non seulement de la part des étrangers, mais des citadins eux-mèmes, qui s'y réunissaient vers le soir par manière de divertissement. Le 2 octobre on profita de l'occasion qui s'offrit de visiter la citadelle. La forteresse était bien pourvue de munitions. Au point de vue des dimensions, elle ressemblait à celle de Ferrare. Parma fait remarquer ensuite la coutume propre au pays, consistant à atteler des chiens aux charrettes, même pleines et chargeés de marchandises, spécialement de tonneaux de bière. Ce dernier chargement, dans cette grande ville d'Anvers, ne laissera pas que de surprendre les Belges du XXe siècle. En 1680, un voyageur français, de passage à Bruxelles, s'étonne aussi de ces sortes d'attelages: ‘On se sert, écrit-il, de gros chiens qu'on attelle comme des chevaux à de petits haquets, sur lesquels on met de la marchandise et qu'on leur fait traîner dnns les rues. Les gens qui amènent des légumes au marché s'en servent particulièrement. J'ai vu deux chiens ainsi attelés traîner un haquet sur lequel il y avait trois hommes’Ga naar voetnoot1). Parma est stupéfait aussi de la propreté des boucheries et de la délicatesse des viandes qui s'y débitent. En se promenant le jeudi matin du côté du port, il vit des centaines de personnes réunies jouant des coudes et se bousculant pour être au premier rang. Il y resta quatre heures durant pour assister au défilé d'un corps de troupes qui, sous la conduite du général comte de Fontaine, devaient traverser le pont. Cette armée disait-on, avait reçu mission de combattre les entreprises des Hollandais, conduits par leur chef, le prince d'Orange. On dîna délicieusement. Les poissons exquis et les autres mets plurent bien plus encore que ne l'avait fait le défilé des soldats. Puis on prit le bateau pour Bruxelles. M.S. |
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