De Gulden Passer. Jaargang 5
(1927)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Gedeeltelijk auteursrechtelijk beschermd
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Reliures belges a l'université d'Upsal.Une reliure de Plantin.Dans le Tijdschrift voor Boek- en Bibliotheekwezen (Année 8, 1910, p. 263-65), sous le titre: Plantijnsche bandmerken, M. Prosper VerheydenGa naar voetnoot1) a signalé cinq reliures portant les quatre petites marques au compas d'or avec l'inscription: Labore et constantia que, selon les comptes, Plantin a acquis le 29 juin 1564. Ce sont des imprimés datés de 1564-66. La plus rare de ces marques, qui est aussi la plus grande, fut signalée déjà par M. GruelGa naar voetnoot2) d'après le Livre de l'Institution chrétienne de 1557 in-12o se trouvant au Musée Plantin-Moretus. On retrouve une deuxième marque dans le Manuel de l'amateur de reliure du même auteur (T. 2, p. 132) d'après une reproduction tirée d'une édition in 12o de l'Ortographiae ratio ab Aldo Manutio collecta de 1564 reliée en maroquin rouge et en la possession de M. Gruel. Une autre reliure portant cette même marque et conservée au Musée Plantin contient Responsio venerabilium sacerdotum Henrici Ioliffi & Roberti Jonson in 8o de 1564. La troisième marque, reproduite aussi par M. Verheyden, est représentée dans le dit Musée par une reliure en veau brun renfermant Valerius Flaccus, Argonauticon lib. VIII in-12o de 1566, et la quatrième a servi d'ornement à une reliure contenant Ars poetica Horatii de 1564 ayant appartenu au marquis de Grange de Surgères. A ces cinq reliures connues jusqu'ici je puis en ajouter une sixième faisant partie de la bibliothèque de l'Université d'Uppsala. Elle contient les Exercitia quaedam pia de Nicolaus Eschius (Antverpiae 1569) in-12o et est identique, comme on peut le voir dans la reproduction, à celle reproduite par M. Verheyden sous le no 3, portant donc la troisième marque au compas d'or, un triple filet à froid et des fleurons en or aux angles. Ces Exercitia ont été publiés pour la première fois par Nutius à Anvers en 1563, et l'edition de Plantin est revisée par Jacobus Coemans, docteur en théo- | |||||||||||||||||||||||||||||
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logie et chanoine à Gand. Le privilège est daté du 21 août 1568, et il me semble très remarquable que Plantin n'en fasse pas mention dans sa correspondance (publ. par Rooses). En tout cas cette reliure montre que Plantin s'est servi de cette marque encore en 1569. L'édition en question, dont le Musée Plantin possède un exemplaire faisant partie d'un recueil d'ouvrages, paraît être très rare, et il serait intéressant de savoir s'il existe encore d'autres exemplaires de cet ouvrage avec cette reliure spéciale. C'est que, à moins de ne pas admettre une destruction extraordinaire des exemplaires, on a lieu de se demander - et M. Verheyden demande aussi le motif pour lequel Plantin ne se serait servi de ces emblèmes au compas que pendant peu d'années, - si ces productions de la reliure de l'officine plantinienne, belles malgré leur simplicité, ne représentent pas des reliures d'hommage destinées par Plantin à ses amis et à des personnes notables, et il se peut encore que les imprimés mêmes n'aient été tirés qu'à petit nombre. Le tirage ordinaire de Plantin était de 1250 à 1500 exemplaires, mais on sait que de l'Institution chrétienne, la majeure partie ou 475 ex. fut achetée par des libraires français. Pour les ouvrages spéciaux le tirage s'abaissait à 800 ex. et à moins encoreGa naar voetnoot1). Selon ce que M. Sabbe a eu la bienveillance de me communiquer, il est toutefois certain que tous les exemplaires sortis de l'officine de Plantin n'avaient pas la reliure spéciale avec le compas sur les plats. Il est de fait aussi que l'acquisition de ces fers destinés apparemment pour le petit format in-12o ou in-16o coïncide avec la publication des auteurs latins en format de poche. Ainsi Virgile, Horace, Lucain parurent en 1564, Térence en 1565, Plaute, Juvénal, Ovide, Horace, Valerius Flaccus en 1566, Ausone et Cicéron en 1567. Il en imprima simultanément un format plus grand. Selon M. Rooses, Plantin ne fait pas non plus relier luimême ses livres à partir de 1564, mais des ustensiles de relieurs ainsi que les fers acquis en 1564 permettent de supposer que quelques reliures furent exécutées chez lui encore à cette époque. Peut-être que les comptes conservés et régulièrement tenus des relieurs travaillant pour lui pourraient nous apprendre si ces reliures au compas ont été faites dans l'atelier de Plantin, ce qui semble probable, et aussi quel fut leur nombre. | |||||||||||||||||||||||||||||
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L'exemplaire d'Uppsala a fait partie de la bibliothèque du collège des Jésuites de Braunsberg (Prusse) qui tomba dans les mains des Suédois à la prise de cette ville par Gustave-Adolphe en 1626, et bien qu'il ne soit pas mentionné dans les catalogues manuscrits de cette bibliothèque conservés à Uppsala, à savoir ni dans le catalogue original de 1570 avec le supplément de 1605 (coté U 274) ni dans la liste des butins de guerre de Prusse (coté U 272, 273), il semble cependant hors de doute que le volume a passé à Uppsala avec ces butins de guerre puisqu'il se trouve dans les plus anciens catalogues d'Uppsala, ceux de 1641. Il porte aussi au feuillet du titre l'inscription: Col(legii) Brauns (bergensis). Sur l'un des feuillets de garde on lit: ‘Institutio necessaria pro imicandis sacris ordinibus 1573’, et des feuillets de garde de devant, remplis de notes, l'un porte un dessin à la main représentant l'ornement d'un plat avec les lettres A et N, répétées sur la marque de Plantin au feuillet du titre. Bien entendu, il n'est pas facile de dire ce que signifient ces initiales, peut-être désignent-elles un membre du collège des Jésuites de Braunsberg, et, faute d'autres indications sur la provenance, il n'est pas possible de savoir par quelle voie ce lvre est venu à Braunsberg. | |||||||||||||||||||||||||||||
Reliures de Louvain a Upsal.Parmi les souvenirs de Louvain qu'on conserve à la Bibliothèque de l'Université d'Uppsala, il y a un volume in-8o contenant Joachim Perionius, Topicorum theologicorum libri duo (Parisiis, Th. Richardus, 1549), qui porte la marque connue du relieur I.B. La reliure est en veau brun ancien très usé, et les filets à froid des plats entourent une plaque représentant une femme sur un piédestal signée: Fides, les bras croisés devant une croix au coin gauche. Au-dessus de sa tête l'inscription: ‘Meritum Christi’, à droite, à côté de ses épaules le mot: ‘Spes’ et aux pieds: ‘Charitas’, à gauche le vers suivant: ‘In te dn̄e spe / raui nō con / fundar in / eternum / in iustitia... tua libera / me & eri / pe me Psal. 70.’ et au-dessous la marque I B. Le cadre de la plaque porte l'inscription suivante interrompue à chaque coin par un trèfle á quatre feuilles: ‘Quoniam in / me speravit liberabo / eum proteg / am | |||||||||||||||||||||||||||||
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eum quo etc. Psal. 90’. Notre reliure correspond donc exacte ment à la reproduction du catalogue 690 de J. Baer & Co (no 191, Tafel XIV) et de A. Hulshof & M.J. Schretlen.Ga naar voetnoot1) Les feuilles de parchemin manuscrites dont on s'est servi pour la reliure ne donnent aucune indication sur la date ou la provenance. Uppsala possède aussi une reliure in-8o en veau clair brun, très bien conservée, du relieur aux initiales I.P., contenant un recueil de six ouvrages, à savoir: 1. P. Ramus, Institutionum dialecticarum libri III (Parisis 1549), 2. C. Valerius, Tabulae totius dialectices artium reliquarum instrumenti praecepta... complectentes (Parisiis 1548), 3. Porphyrius, In Aristorelis Praedicamenta brevis explanatio (Ed. J.B. Felicianus, Parisiis 1548), 4. G. Pachymerius, In universum Aristotelis disserendi artem epitome, J.B. Rasario interpr. (Parisiis 1547); 5. Dexippus, In defensionem Praedicamentorum Aristotelis aduersus Plotinum etc. (Ed. J.B. Felicianus, Parisiis 1549); 6. Chr. Cornerus, Ratio inveniendi medium terminum in syllogismo categorico (Basileae 1549). Au plat de devant, entre les deux colonnes opposées de la plaque en style renaissance, Lucrèce monte un piédestal, signé de son nom, en se poignardant. En bas, sous le piédestal, on lit: ‘Claruit an̄ messiā ānis 528’, et dans le feuillage au-dessus de sa tête, il y a un écu avec les initiales: I.P., là-dessus la devise: ‘Ingenium volens nihil non’. De plus, au bas de la colonne gauche, le monogramme: MGR, de celle à droite l'année: 1534. La reliure est donc conforme à celle reproduite par Davenport.Ga naar voetnoot2) La plaque de derrière au contraire porte au milieu et entouré de feuillage un cercle avec le buste d'un homme moustachu en chapeau. Au-dessus de ce cercle les initiales: I.P. et au-dessous le même écu avec: I.P. Au haut de la plaque la même sentence: Ingenium etc. et, en bas, au coin droit: MGR, au coin opposé le nom: Cleopatra au-dessus de la figure d'une femme couchée et agonisante tenant de ses mains deux serpents. C'est donc la même plaque que celle décrite par WealeGa naar voetnoot3) d'après un exemplaire du British Museum et par | |||||||||||||||||||||||||||||
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Davenport (op. cit., p. 75). Les parchemins manuscrits de la reliure ne donnent aucune indication de date ou provenance. Ces deux volumes portent au feuillet du titre un cachetGa naar voetnoot1) avec l'inscription: Stanisl. Karnkowski Archiep. Gneznen. et la note: Inscriptus Catal. Coll. Posnan. Soc. Jesu. Ils ont donc fait partie de la bibliothèque de Stanislas Karnkowski, archevêque de Gnesen (en Prusse, mort en 1603), qui donna, peut-être déjà de son vivant, une partie de sa bibliothèque au Collège des Jésuites de Poznanie, et ils se retrouvent aussi dans le catalogue manuscrit de ce collège de 1601 conservé à Uppsala (coté U 276). Pendant la guerre de Pologne, un Suédois du nom de Clas Rolamb, plus tard ambassadeur de Suède à Constantinople, qui fut envoyé en 1656 par le roi Charles X Gustave en mission spéciale en Posnanie, s'empara d'une grande partie des riches bibliothèques des couvents de cette province, et c'est avec sa bibliothèque confisquée et léguée par Charles XI que nos deux volumes, avec beaucoup d'autres de Karnkowski, sont passés à Uppsala. Ils figurent aussi dans le catalogue manuscrit de Rolamb à Uppsala (coté U 281). Quant à la provenance des reliures portant la marque IP, Weale (op. cit., Vol. 1, Lond. 1898, p. LXIV, et 2 (1894), nos 432-435, 442-43) les attribue à Louvain et puisqu'on retrouve simultanément - dans un volume contenant la même édition de Perionius de 1549 - le monogramme: MGR qu'on a aussi interprété comme: MCR (Monasterium Canonicorum Regularium), l'atelier du relieur serait à chercher dans le monastère des Augustins de Saint-Martin et Saint-Grégoire à Louvain. Mais, selon lui, les reliures un peu différentes de IB doivent être l'imitation d'un Allemand établi à Anvers. Cependant, MM. Hulshof et Schretlen (op. cit. p. 42) ont rendu vraisemblable, à l'aide d'un volume contenant Joannes Fucherius, Ritus iudicales (Paris 1545) et Conradus Ulmeus, De advocati studio (Paris 1550) où deux documents d'un couvent de Louvain ont servi de gardes, que celles-ci pourraient aussi bien être attribuées à Louvain, quoique l'estampe de la plaque puisse être d'origine française (Lyon). M.A. SchmidtGa naar voetnoot2) croyait aussi que | |||||||||||||||||||||||||||||
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ces reliures avaient été exécutées à Lyon. Il faut observer qu'il y a une différence marquée entre la plaque avec la marque de IB et celle de IP, ces dernières initiales étant placées à droite et le mot: Charitas à gauche tandis que c'est le contraire pour IB, sans compter d'autres différences dans la partie inférieure de la plaque, comme on peut le voir dans la reproduction de Davenport (op. cit. p. 200). Si l'on compare la reliure de 1557, reproduite par Gruel (Manuel, T. 1, Paris 1887, p, 150, sans mention du titre de l'ouvrage, collection Gruel & Engelmann), portant au recto la figure de sainte Gertrude, au verso les armes de Philippe de Hosdin, abbé de l'abbaye de Sainte-Gertrude, autre monastère augustin à Louvain, de plus sa devise: Inter spinas calceatus et ses initiales, la composition en est la même, la plaque exceptée. Une reliure identique est décrite par Weale (op. cit. no. 442 se rapportant au premier plat et 443 correspondant au second plat) et selon lui on a le monogramme MG sur cette reliure faisant partie de la Bibliothèque royale de Bruxelles et recouvrant l'édition de Martinus Cromerus, De origine et rebus gestis Polonorum libri XXX (Basileae 1555). On est donc porté à croire que ces reliures sont sorties du même atelier monastique de Louvain. Sa spécialité semble avoir été ces plaques figurées avec inscriptionsGa naar voetnoot1), et il doit avoir déployé une plus grande activité que celle que fait supposer le nombre des reliures jusqu'ici connues. A en juger par la date des impressions l'activité des signatures IB et IP pourrait être située entre 1534 et 1551 environ, mais malheureusement nous ne savons rien de plus sur cette manifestation des monastères belges pour un travail plus artistique ne se bornant pas seulement à des ouvrages de théologie. La provenance même de ces reliures n'est pas encore suffisamment documentée. Il se peut que l'examen de toutes les reliures connues puisse contribuer à la solution de cette question s'il n'est pas possible de tirer des renseignements plus précis des documents des archives des prieurés de Val-Saint-Martin qui se trouvent aux | |||||||||||||||||||||||||||||
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Archives du Royaume à Bruxelles, et dont M. NélisGa naar voetnoot1) a donné un compte-rendu. De plus, on se demande si vraiment IB et IP représentent les relieurs, ce qu'on devait croire selon la thèse de M. HaeblerGa naar voetnoot2) qu'en général les initiales libres indiquent les relieurs et les monogrammes les graveurs. Cependant NaglerGa naar voetnoot3) fait mention d'un graveur inconnu IB qui dans sa manière s'approche beaucoup de celle de J. Binck et qui a traité le même sujet: les vertus chrétiennes. M. Verheyden (Tijdschrift voor Boek- en Bibliotheekwezen, 4, p. 168), fait mention d'une reliure du Musée Plantin contenant Quintilianus (1514) dont la bordure porte les initiales IB et selon Weale (op. cit. Introd. LXIX, II, no 114) ces reliures sont d'origine française. J'ai noté les reliures de IB et IP que j'ai trouvées citées dans la littérature, à savoir: A) Reliures avec la plaque Fides-Spes-Charitas et la marque IB:
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Il faut ajouter à cette liste les reliures mentionnées par Hulshof & Schretlen (op. cit., p. 41), à savoir à Utrecht 4 (Paris 1534, 1543, 1555 et Louvain 1545), à Leyde 1 (Bäsel 1541), à Amsterdam 3 (Lyon 1540, Paris 1550 et Bäsel 1555), à La Have 1 (Paris 1540). Paul HÖGBERG, de la Bibliothèque de l'Université d'Uppsala. |
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