s'est attiré de nouveaux groupes sociaux. Le résultat s'explique à la lumière de ces réflexions. Partout les partis de gauche ont renforcé leur position. Même dans les municipalités où ils n'ont jamais été au pouvoir, ils ont obtenu des résultats très encourageants. Au Westhoek, l'exemple de Bailleul est frappant.
Toutefois, cette Union de la gauche a été loin de se réaliser harmonieusement. Les divergences entre les socialistes et les communistes n'avaient pas perdu de leur acuité, ce qui a considérablement nui à leur succès. Voilà pourquoi, plus que dans les autres régions, il s'est présenté dans les Pays-Bas français des listes ‘homogènes’ plus souvent que des listes ‘unitaires’. En septembre, quand le monde a appris la fin de l'Union de la gauche, l'entente dans bon nombre de conseils municipaux n'était plus qu'un souvenir. Il semblait même que dans de nombreuses localités, on pourrait s'attendre à un affermissement des positions. On a observé le même phénomène à la Communauté urbaine de Lille.
La vie politique n'a pas fait oublier la triste situation économique. Entre les deux élections - municipales et nationales -, les deux domaines ont souvent été rapprochés. Il est frappant qu'à l'occasion d'un colloque à Roubaix sur le secteur du textile, les délégués du patronat ne se sont pas présentés dans une manifestation jugée purement politique.
Selon leur orientation et leur conviction, les journaux ont donné une image alarmante, sombre ou légèrement rassurante de la situation économique. Mais aucune indication ne justifie des perspectives optimistes.
Le premier rapport sur la région en 1977, établi par l'INSEE, l'Institut national de la Statistique et des Etudes economiques, était résolument pessimiste.
En dépit du pouvoir d'achat stabilisé des salariés, la demande a baissé sur le marché national. Les exportations ont suivi la même évolution.
La région est spécialisée principalement dans les secteurs les plus touchés par la crise internationale. La métallurgie se trouve dans une impasse, bien qu'on n'ait pas dû recourir à des licenciements aussi massifs qu'en Lorraine. Dans le secteur du textile également, on a relevé une baisse de l'emploi. On estime le taux de chômage à 6,1% de la population active, contre 5,3% à la fin de 1976. Sur le plan démographique, on constate une légère remontée du nombre des naissances: 63.500, contre 62.600 en 1976. Depuis 1971, ce chiffre n'avait cessé de diminuer. La mortalité infantile, dont la région détient toujours le triste record, a nettement régressé: 15,1 o/oo en 1977, contre 16,6 o/oo en 1976 et 18,8 o/oo en 1974 et 1975. Mais le chiffre de 1977 dépasse toujours la moyenne nationale. Ces indications contribuent à leur manière à une évaluation de la prospérité.
La richesse industrielle, qui a attiré de nombreuses foules vers le ‘Nord’, n'a pas disparu. La vie culturelle peut servir d'indicateur du bien-être. Malgré les activités de diverses associations, cette vie n'est pas brillante. Néanmoins, il est indéniable que les responsables régionaux font de réels efforts, notamment sur le plan de l'organisation et de l'adaptation de l'infrastructure culturelle. A quoi bon?
L'environnement est plus pollué que jamais. Le désordre des zones urbaines est toujours aussi flagrant. La plupart des habitants ne pensent qu'à l'assouvissement de leurs désirs matériels. Les problèmes écologiques ne préoccupent qu'une faible minorité. Les beaux-arts ne semblent destinés qu'à une élite raffinée. La démocratisation de l'enseignement supérieur s'est ralentie, peut-être arrêtée...