d'un texte, rien qu'en provoquant de fécondes réflexions: il suffit que l'érudit ne la propose point comme certaine, mais comme probable et intéressante.
Le second volume contient, avec les traductions et les tables, les introductions et l'ensemble du commentaire. Il appelle, à notre sens, des remarques parallèles. Le commentaire est abondant, étayé sur un examen honnête et soigneux du texte, bien informé des études les plus récentes. Les problèmes de tous ordres (et ils sont nombreux), en particulier les problèmes historiques, spécialement ardus en ce qui concerne l'un et l'autre de nos deux poèmes, sont, sinon résolus, ce qui serait évidemment trop demander, du moins abordés de front. Les discussions de détail sont nombreuses et généralement bien venues. On souhaiterait en certains cas plus de concision, de façon à ce que le lecteur distingue bien l'accessoire de l'essentiel. Rien, en tout cas, n'est esquivé, et c'est là un grand point. Laissant de côté les problèmes soulevés par le Péan II, qui, en l'état du texte et de nos connaissances, sont malheureusement trop souvent insolubles, nous avons été sensible au soin avec lequel ont été examinés ceux auxquels donne lieu le Péan VI. Ce poème offre, comme on sait, l'intérêt tout à fait exceptionnel, de nous présenter, pour ainsi parler, le corps même du litige qui opposa Pindare aux Eginètes. On se souvient que le poète, ayant, dans ce Péan même, composé pour les Delphiens et consacré à chanter la gloire d'Apollon, offensé la mémoire de Néoptolème, dernier descendant du héros national d'Egine, Eaque, voulut plus tard, avec la VIIème Néméenne, rentrer en grâce auprès de ses amis de la grande île dorienne. A propos de la victoire du
jeune Sôgénès, il chanta donc, avec cette Ode, mystérieuse à plus d'un titre, une complète palinodie. D'où l'importance de notre poème, qui, malheureusement, tout en nous aidant à comprendre peut-être un peu moins mal la VIIème Néméenne, soulève lui-même d'autres questions pleines d'obscurité. La plus importante peut-être, car on peut penser que si elle était résolue les autres seraient près de l'être, est celle du rapport avec l'ensemble de la dernière triade, où le poète fait l'éloge d'Egine et raconte la légende de ses origines; en d'autres termes, c'est le problème de l'unité du poème, auquel M. Radt a consacré plusieurs pages (p. 88 sqq.) dans l'introduction à ce Péan. Sans apporter lui-même d'hypothèse originale, l'auteur fait le tour de celles qui ont été proposées avant lui. Il s'arrête finalement à celle qui est présentée par A. Puech dans son édition, et que d'autres ont reprise. Elle n'offre pas, à notre avis, de totale certitude; elle est pourtant actuellement la plus plausible. Nous aurions aimé trouver dans le travail de M. Radt, soit une hypothèse différente et solidement établie, soit, pour celle-ci, de précieuses et décisives confirmations. C'est peut-être beaucoup d'exigence de notre part, et, si nous demeurons un peu sur notre faim, connaissant mieux que personne les obscurités et les difficultés que présente la poésie pindarique, nous ne saurions en tenir rigueur à l'auteur d'un travail sérieux, bien documenté, très scrupuleux et que ses qualités appellent à rendre aux chercheurs les plus grands
services.
Potiers
Jacqueline Duchemin