Documentatieblad werkgroep Achttiende eeuw. Jaargang 1974
(1974)– [tijdschrift] Documentatieblad werkgroep Achttiende eeuw– Auteursrechtelijk beschermd
[pagina 37]
| |||||||||||||||||
III. J.C. Lavater, Charles de Hesse, et l'École du Nord.C'est quelque part dans le Nord que la tradition situe certains des faits les plus marquants de l'Illuminisme à la fin du XVIIIe siècle: époque, on le sait, prodigue en pratiques et croyances groupées depuis un siècle seulement sous les vocables nouveaux d'occultisme ou d'ésotérisme. Ce qu'on a appelé ‘L'École du Nord’ est resté assez longtemps mystérieux, du moins confus, jusqu'aux travaux de Gerard van Rijnberk, historien hollandais à qui l'on doit entre autres ouvrages une intéressante étude en français (Episodes de la vie ésotérique, Lyon, 1949). Ce livre m'a mis sur la voie: en prenant pour point de départ le chapitre consacré à l'Ecole du Nord, j'ai rassemblé une documentation assez abondante en vue d'un travail point encore terminé mais dont je voudrai vous livrer aujourd'hui l'essentiel. Le personnage central de cette histoire est le prince Karl von Hessen-Kassel (1744-1836), beau-frère du roi de Danemark Chrétien VIII et gouverneur royal des duchés de Schlesvig-Holstein. Karl von Hessen-Kassel s'est occupé toute sa vie d'alchimie, et de la Franc-Maçonnerie mystique, dans laquelle il a j oué un rôle important. Je dirais que ce prince se distingue pour avoir toujours cherché à allier harmonieusement une grande piëté chrétienne à la recherche de communications avec l'au-delà et de révélations de toutes sortes. C'est chez lui que le comte de Saint-Germain (l'immortel!) vient mourir en 1784, époque à partir de laquelle aussi il parvient à se consacrer presque entièrement à l'esotérisme: après avoir combattu en Norvège contre la Suède pour le compte de la couronne danoise il se retira dans son château de Gottorp, ou Gottorf, près de SchlesvigGa naar eind(1). Comme beaucoup de personnages de son temps c'est un théosophe et pas seulement un mage. Il veut avant tout hâter le règne de Jésus-Christ: son goût pour l'eschatologie lui confère la certitude de vivre les derniers temps de l'histoire et son véritable éveil théosophique a commencé en 1777 quand il a découvert Jacob Böhme. On appelle ‘Ecole du Nord’ l'un des épisodes de la vie ésotérique de ce personnage. En 1782 il s'est lié d'amitié avec un homme extrêmement curieux, Hans Heinrich von Ecker-und-Eckhoffen (1750-1790), l'un des fondateurs des Frères Initiés de l'Asie (die eingeweihten Brüder von Asien), société para-maçonnique existant surtout en Autriche. Ce thaumaturge enseignait une doctrine que l'on connaît encore mal, qu'il prétendait avoir reçu d'Orient et qu'il communiquait par fragments successifs à quelques personnes choisies. | |||||||||||||||||
[pagina 38]
| |||||||||||||||||
G. van Rijnberk a trouvé dans les archives de la Grande Loge de Copenhague un fascicule de notes écrites par Karl von Hessen-Kassel, intitulé Journal Secret, qui fait apparaitre de façon certaine la nature de l'enseignement dispensé par H. von Ecker-und-Eckhoffen: il s'agissait essentiellement d'exercises consistant à fixer du regard des objets ou des points lumineux afin de développer une forme déterminée de clairvoyance. Il semble que ce fut l'application de ces enseignements qui incita le prince à réunir autour de lui un certain nombre de disciples fidèles, parmi lesquels le prince héritier Frédéric; sa femme; la fille de Karl von Hessen-Kassel (Marie Sophie Frederike); la comtesse Auguste Stolberg, seconde épouse d'André Pierre Bernstorff (ministre célèbre); André Pierre Bernstorff lui-même; la comtesse et le comte von Reventlow. Les pratiques sont théurgiques, c'est-à-dire qu'il s'agit d'une magie blanche: évocation d'esprits angéliques, voire même de Jésus. G. van Rijnberk a publié quelques notes intéressantes qu'il a trouvées dans des correspondences et des journaux intimes, particulièrement du prince lui-même et de la comtesse Bernstorff. Je vous renvoie à cette publication dans les Episodes et vous présenterai ici d'autres documents rares ou surtout inédits, notamment celui qui est inédit en partie -et totalement dans la langue originale- et dont je possède une copie presque complète (cf. infra). Il s'agit d'un texte de J.C. Lavater. Les membres de cette ‘Ecole du Nord’ ont tenu, en effet, à inviter Lavater, le pasteur de Zurich, déjà connu pour son goût du miracle en général et du magnétisme en particulier, à se rendre à Gottorp en 1793; ils lui ont offert aussi de se faire accompagner par sa fille Nette et d'accepter le remboursement des frais de voyage. Dès 1792 les mystiques du Nord correspondent avec Lavater pour s'entretenir de ce sujet, tandis que Lavater tient son ami bâlois Jakob Sarasin au courant de ses projets. Voici quelques extraits de ces lettres inédites: ‘Ich habe allerwichtigste Briefe aus Norden erhalten -über die ich 4-6 Wochen mit dir reden mögte- wenn ich Erlaubnis erhalten werde. Es betrifft unsere allerwichtigste Angelegenheit’ (2 nov. 1792). ‘Gestern wieder stärkende Briefe aus Norden’ (4 avril 1792). ‘Grosze Dinge stehen bevor. Bereite dich, Theurer!’ (29 mars). ‘Aus Norden erhalte ich nur allgemeine aber zuversichtliche Versicherungen des immer weiter schreitenden Fortgangs’ (29 nov.). Et le 20 mars 1793: ‘Les lettres que je reçois de K(openhague) me donnent l'idée la plus sublime de ce phénomène unique. Aussi suis-je presque résolu de faire l'impossible pour être témoin. Vous n'en dites mot à personne’. Le 19 avril 1793 il apprend à Jacob Sarasin que le voyage est décidé; il partira avec sa fille NetteGa naar eind(2). | |||||||||||||||||
[pagina 39]
| |||||||||||||||||
Une partie des lettres que Lavater avait reçues ‘du Nord’ ont été conservées. En voici une, publiée par Bobé en 1898, datée de Copenhague (4 novembre 1791), écrite par Augusta Louise von Bernstorff, née Stolberg, personnage déjà cité: ‘Sie verstehen mich, wenn ich Ihnen sage, dasz der Herr uns sehr gegenwärtig ist (...) Der Prinz Karl von Hessen, der Schwiegervater unsers frommen Kronprinzen, ist unser Führer gewesen. Er ist, sowie Sie, von manchen der Schwärmerey beschuldigt worden (...) Dieser Prinz und verschiedene andere, deren Bekanntschaft oder vielmehr deren Gemeinschaft Ihnen nicht gleichgültig seyn wird, wünscht sehnlichst Sie zu sehen, mit Ihnen den Grund Ihres Glaubens zu prüfen, sich mit Ihnen der frohen und nahen Aussichten zu freuen und sich schon auf dieser Erde, dem Himmel zu nähern, wie Sie vermutlich mit uns wissen, dasz es möglich ist’Ga naar eind(3). Le 14 mai 1792 elle écrit encore à son correspondant zurichois: ‘Ich erzählte Ihnen, so viel ich durfte. Als mir die Hände aufgelegt waren, sah ich gleich einen Schein oder Licht. - Wir haben allein und gemeinschaftlich Offenbarungen, ein Orakel, von dem wir positive Antworten erhalten, übereinstimmend, selbst wenn wir getrennt sind. Lieber L., so wahr der Herr lebt und wir leben, wir täuschen uns nicht, eben so wahr, als wir Sie nicht täuschen wollen. Zürnen Sie nicht, wenn wir Ihnen nicht mehr sagen: wir handeln darin immer nach höherem Befehl. Was zwei, drei und Mehrere zusammen und zugleich sehen, und Jeder besonders sieht, kann doch wohl nicht Täuschung sein?’Ga naar eind(4). Mais le document le plus intéressant est le compte-rendu établi par Lavater lui-meme, après son retour de Copenhague où il resta du 22 juin au 1er juillet 1793 - ensuite il semble avoir séjourné quelque temps encore auprès de ses amis, mais à Gottorp. Lavater l'a envoyé à deux ou trois personnes, dont Kirchberger qui l'a fait parvenir à Eckartshausen. Ce compte rendu de la main de Lavater reçu par Eckartshausen se trouvait dans un dossier que Auguste Viatte a pu consulter encore en 1925 et qui est aujourd'hui perdu. A. Viatte a publié ce compte rendu en traduction et en partie seulementGa naar eind(5) mais il en avait fait une copie presque intégrale qu'il a bien voulu me donner: (cf. ce texte en appendice I) Il ressort de ce texte étonnant que Lavater n'a pas vu personnellement ces signes lumineux, mais que pour l'essentiel il a été convaincu de leur réalité. Le 8 décembre 1794 il écrit à Cunningham: ‘Wie lang ich lebe, werd' ich diese Reise -obgleich ich lange nicht zum ganzen glauben kann - für das gröszte Glück meines | |||||||||||||||||
[pagina 40]
| |||||||||||||||||
Lebens hälten’Ga naar eind(6). Ces visions alimenteront encore quelques années les correspondances de gens comme Kirchberger, Eckartshausen, Ulrich Hegner, Johann Georg Müller, Johann Michael Sailer, Louis-Claude de Saint-Martin, etc.: J'ai présenté à ce sujet quelques textes dans deux ouvrages car il est intéressant d'étudier comment les théosophes jugent, critiquent ou admettent les procédés théurgiques, et les raisons qu'ils invoquentGa naar eind(7). Il serait dommage de quitter cette ‘Ecole du Nord’ rassemblée autour du Prince Charles sans rappeler qu'elle professait l'étrange croyance selon Iaquelle l'apôtre Jean, le disciple bien aimé, était encore en vie (‘Et s'il me plaît à moi qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne?’, avait dit Jésus; cf. Jean, XXI, 22). Or cette interprétation du texte évangélique coincidait tout à fait avec un espoir que Lavater nourissait depuis longtemps (1781: cf. note 9): rencontrer l'apôtre Jean en personne. En 1794 un Zurichois de quinze ans, Rudolf Hermann, qui tombait regulièrement dans des crises de somnambulisme médiumnique, persuada Lavater que les disciples du prince avaient raison de croire en la survie de l'apôtre sur cette terre. Johann Georg Müller, ami de Lavater, écrivait le 10 octobre 1794: ‘Der Knabe und die nordischen Freunde correspondiren in ihren Aussagen, nur dasz beide eine ganz verschiedene Art der Offenbarung haben: jene erhalten Antworten durch Fragen und sehen ein Wölkchen, dieser führt fortgehende Gespräche und sieht den Herren selbst. Die nordischen Freunde haben Lavatern vor einiger Zeit gesagt: “Sie werden eine neue unerwartete Stärkung erhalten”- Bald darauf kam der Knabe zu ihm. Er bestätigt die Wahrheit der Aussagen der nordischen Freunde. Sie schreiben: “Da er ihn geprüft habe, solle er sich auf ihn verlassen. Es seien verschiedene, immer aber gute Geister, oft auch ein Engel, der mit ihm spreche” . Er hat in einer Ekstase Johannes gesehen und ihn von Kopf zu Fusz, mit Kleidung, einer gemeinen blauen, mit Miene u.s.w.’Ga naar eind(8). A ce sujet Ulrich Hegner, intime de Lavater, a laissé lui aussi un document intéressant publié vingt ans après les événements: (cf. ce texte en appendice II) Jusqu'à le fin de sa vie (1801) Lavater a cru fermement en la possibilité de rencontrer saint Jean. Il écrit encore au prince Charles, le 29 juillet 1800, pour lui demander d'inciter l'apôtre à lui rendre visite: Lavater serait prêt à donner chez lui une chambre à saint Jean, à respecter son incognito et à veiller à ce que personne ne le dérange, sauf aux heures des repas!Ga naar eind(9). Il est intéressant de relier les deux faits: apparitions lumineuses et survie de l'apôtre Jean. Ce n'est pas un hasard si elles sont associées dans l'histoire de l'Ecole du Nord et dans l'esprit de Lavater. | |||||||||||||||||
[pagina 41]
| |||||||||||||||||
C'est que les Illuminés du XVIIIe siècle ne cherchaient pas des visions pour le plaisir de voir des choses extraordinaires. La théurgie n'est pas la sorcellerie. Tout phénomène surnaturel doit, pour eux, trouver place dans une vision du monde, dans un Weltbild sous-tendu par les révélations de leur mythe (le mythe judeo-chrétien) qui suppose la croyance en des entités intermédiaires entre l'homme et Dieu: c'est la chaîne d'or d'Homère, l'anneau de Platon, l'échelle de Jacob. Chacun de ces faits, chacune de ces croyances, s'inscrit dans un ensemble cohérent: ils ne paraissent fantastiques à l'Occident moderne que depuis l'irruption du matérialisme. Cette cohérence, pour n'être point aristotélicienne, ne se meut pas moins dans une forme de rationalité. Pour la comprendre, des notions comme celle d'imaginal, exposées aujourd'hui par des penseurs et chercheurs tels que Henry Corbin, par exemple, à propos des visionnaires shî'ites, nous montrent - je l'ai rappelé ailleurs déjàGa naar eind(9)- comment le monde intermédiaire, celui des Idées-Images, des Figures archétypes, des corps subtils, de la matière immatérielle, apparait finalement aussi objectif, aussi réel, peut être aussi consistant et subsistant, que l'univers intelligible et sensible. Cet univers dont l'imagination active est l'organe se présente comme le lieu même des visions théophaniques, comme la scène oû arrivent dans leur vraie réalité les événements visionnaires et les histoires symboliques. Si l'on débarrasse les écrits de Lavater, et de ses contemporains illuminés, d'un fatras propre à leur époque ou d'un sentimentalisme un peu dépassé, il reste tout de même quelque part derrière les récits de leurs révélations quelque chose qui ressortit peu au fantastique vulgaire mais surtout à cet imaginal dont on commence aujourd'hui seulement à saisir la signification concrète et qui nous suggère que, peut être, l'homme n'est pas seul dans l'univers. Comprendre le cosmos de façon cosmologique mais aussi cosmogonique et eschatologique, tel est le triptyque de toute théosophie traditionelle et vécue, indépendamment de l'époque: finalement, c'est à une approche de la méta-histoire du symbole, ou plutôt du signe, que les faits rapportés aujourd'hui, nous invitentGa naar eind(10).
Antoine FAIVRE | |||||||||||||||||
[pagina 47]
| |||||||||||||||||
Annexe ICf. note 5. Je reproduis ici ce texte tel qu'il m'a été donné par A. Viatte. Quand celui-ci écrit le signe ... j'en ai conclus qu'il omettait un passage de Lavater et je transcris: (...). Les mots en français, entre parenthèses, sont d'A. Viatte qui a reśumé la pensée de Lavater. Ce texte est un Nachtrag, c'est-à-dire un appendice, ou un supplément, au ‘résultat de mon voyage’, comme l'indique le titre. Je n'ai pas rétrouvé le texte de ce ‘résultat’.
Nachtrag zu dem Resultat meiner Reise oder Verschiedenes zur Erläuterung und Bestätigung der Nordischen Sache:
| |||||||||||||||||
[pagina 48]
| |||||||||||||||||
| |||||||||||||||||
[pagina 49]
| |||||||||||||||||
| |||||||||||||||||
[pagina 50]
| |||||||||||||||||
Annexe IIVoici tiré de l'autobiographie de Ulrich Hegner, un extrait qui éclaire les rapports de Lavater avec les ‘voyants’ de Copenhague, et avec l'enfant Hermann Hegner, qui a été mêlé à cette histoire comme son ami Johann Georg Müller, a écrit ce texte environ vingt ans après la mort de Lavater (c'est-à-dire vers 1820). Ce texte mérite d'être publié ici intégralement, bien qu'il l'ait déjà été dans Aus dem Briefwechsel von Ulrich Hegner und Johann Georg Müller, Winterthur, 1891-1895, p.31:
Pag. 115 ffl. (1794): ‘Der gute Lavater was jetzt in der höchsten Spannung über die Nachrichten, die er aus Koppenhagen von den mit Offenbarungen gegnadigten erhielt: der Prinz Carl von Hessen (...) rühmte sich des persönlichen Umgangs mit dem noch und immer lebenden Apostel Johannes, und versprach Lavatern, dass er denselben auch sehen werde. - Diess brachte Lavater in Verbindung mit einer anderen Erscheinung, die er in seinem Hause hatte. Man hatte ihm von einem Knaben aus einem benachtbarten Dorfe, Rudolf - Hermann war sein Geslechtsname - gesagt, der Visionen hätte. Er liess ihn kommen, von seinem Bruder, dem Arzt, prüfen, und behielt ihn bei sich. Der Knabe fiel öfters in Contorsionen und darauf in Schlaf, und erzählte dann was er gesehen hatte. Lavater legte ihm Fragen für, die Bezug auf die Verkündigungen in Koppenhagen hatten, der Junge verkündigte, dass ihm Apostel, dass ihm Johannes erschienen, und dass Lavater diesen letztern bald in Winterthur, bald in Schafhausen, bald in Eglisau sehen werde. Er sah ihn aber, ungeachtet er pünktlich dahin reisete, weder da noch dort. Die Koppenhager erklärten die Aussagen des Knaben für wirklich inspirirt, warnten aber doch vor unsaubern Geistern, die sich gerne und leicht auch da einmischten, wo gute Geister Zutritt hätten. Jeden Geist, lehrten sie, müsse man fragen: bist du ein Verehrer Jesu Christi? Und wenn er das nicht auf das bestimmteste beantworte, so sey ihm nicht zu trauen. (...)
Pag. 168 ffl. (1796): Von der Correspondenz mit den Freunden in Koppenhagen über ihr allerdings sehr merkwürdiges Orakel (welches sie mit der grössten Zuversicht Jesus Christus nannten) theilte mir Lavater vieles mit. Ich kann es hier nicht weitläufig berühren: nur zwei Bemerkungen will ich mich erlauben: 1. Dass die Art und Weise, wie alle Theilhaber dieser Gnade davon sprachen, so ruhig, bescheiden, edel, unschwärmerisch, zuversichtlich bejahend, so entfernt und abstehend von aller Lavaterischen Unruhe und Fragenaufwerfung war, dass ich jedes Mahl, wenn ich die mir darüber zu Theil gewordene Briefe | |||||||||||||||||
[pagina 51]
| |||||||||||||||||
las, von dieser edeln Ruhe und Gleichmüthigkeit unwillkührlich zum Glauben gezogen wurde; auch jetzo noch, nach mehr als 20 Jahren, ist mir der würdige Ton von dieser Briefe respektabel, und zu innerm Frieden leitend. Es ist nicht möglich an der geraden Rechtlichkeit, dem reinen Gemüth und der Ueberzeugung des Staatsministers Grafen Bernstorf zu zweifeln, wenn man diese seine Briefe liest. 2. Aber es wurde mir nie eine Erfüllung dieser Voraussagungen bekannt, als allenfalls die bestimmte Versicherung, dass Lavater ungeachtet seiner Schwierigkeiten doch nacht Koppenhagen kommen werde. Hingegen weiss ich viele bestimmte Verheissungen, die nicht in Erfüllung gegangen. Ich erinnere mich, dass Lavater mir noch auf seinem Sterbebette sagte, die Freunde aus Koppenhagen haben ihm geschrieben, er werde wieder genesen. - Wenn Lavater sich über Nichterfüllung beklagte, so antworteten sie mit der gleichen Ruhe wie sie das Orakel verkündigt hatten, es müsse sich doch nicht erwahren, man stehe sich oft selbst im Wege, Zeit und Umstände können nie genau bestimmt werden, u.s.w. - Und im Grunde ist das wahr, denn ist je eine Prophezey in dem Sinne erfüllt worden, denn die Worte derselben zu versprechen schienen? Neben dem Orakel, das in einem lichten Scheine nur mit Ja und Nein, und auch dieses nur durch Zeichen, antwortete, (den Schein sahen alle, Lavater nie) hatte der Prinz Carl von Hessen, das Haupt der Gesellschaft, noch eine geheime Lehre über Natur und Geschichte, Seelenwanderung, Abendmahl, Freymaurerey etc.; Aufschlüsse die er theils durch Fragen an das Orakel, theils durch den Umgang mit dem noch lebenden Apostel Johannes erhalten hatte. Johannes schrieb auch einige Mahl an Lavater; ich habe 2 Briefe von ihm abschriftlich aufbewahrt, die gar nichts unwürdiges, magisch grosssprecherisches noch jesuitischlockendes enthalten, sondern vielmehr ernst und trocken, ja gegen Lavaters heisses Treiben warnend sind (...).
‘Mit Jesu Christo in eine reelle correspondenzmässige Connexion zu kommen, - schrieb L. - und einige Auserwählte in eine solche zu bringen, ist der Zweck meines Lebens. Erreiche ich diesen Zweck nicht, so ist mein Denken Irrthum, all mein Bedürfniss Täuschung, all mein Ahnen Wahnsinn.’ - Er erreichte diesen Zweck nicht, wenigstens nicht als leiblicher Johann Caspar Lavater! Und was mussten nun viele von denen, denen er solche Hoffnungen gemacht hatte, denken? Ungeachtet die Lügen des Rudolfs immer handgreiflicher wurden, beharrte Lavater doch in seinem Glauben an dessen Wahrhaftigkeit ‘bezeugte auf Ehr und Seligkeit, dass weder an Betrug noch an Täuschung zu denken sey’ und antwortete: ‘An Hermanns Ehrlichkeit zweifeln, könne wer ihn täglich sehe, nur ein Satan’ nannte seine visionären Aüsserungen ‘die langerseufzte unausdenkliche Gnade des Herrn’ - | |||||||||||||||||
[pagina 52]
| |||||||||||||||||
Ich würde nicht fertig, wenn ich die ganze Geschichte der langen schrecklichen Verirrung Lavaters über diesen Punkt erzählen wollte, nur noch einiges das mich betrifft: Er kam einige Mahl mit diesem Hermann zu uns, der nicht ermangelt hatte, ihn in Zürich zu diesem Besuch zu disponiren, und bey uns auch nicht ermangelte, seine Verzückungen zu bekommen, in denen er, namens des Apostel Johannes, der ihm vorgeblich erschien, allerhand dictirte - einmal auch einem hiesigen Frauenzimmer, nachdem sie Lavater vorher durch Handauflegung hatte segnen müssen, und dan der Knabe alles hat herausgehen heissen, gab er folgendes dictamen an: ‘Der heilige Geist wird über dich kommen, und dein Same wird Johannes heissen, du bist gericht gesprochen worden, wandle im Thal der Gerechtigkeit ... dein Same wird gross werden ... behalte diese Worte in deinem Herzen, wie die Maria ... zeige diess deinem Mann und Lavater dazu.’ - Und dem Mann sagte er: ‘Auch deine Gemahlin wird grosse Freude haben. Der Segen den Lavater auf sie gelegt, wird erfüllt werden, bald. - Ich bin Johannes der Schüler und Jünger des grossen Unsichtbaren etc.’ sagte der Knabe im Schlafe. (...) Die Koppenhager schrieben: ‘Hermanns Sache ist Menschenwerk, Geisterwerk, Gotteswerk’. Es kam so weit, dass der Bube, der nicht schreiben konnte, sich durch andre Gassenjungen Billete an Lavater aufsetzen liesse, die er von dem Apostel Johannes empfangen zu haben vorgab. Ich besitze selbst noch eine auf Öhlpapier durch gezeignete Copie einer solchen halb deutschen, halb französischen, kindisch ungeschickten Zuschrift, die mir Lavater mit den Worten zuschickte: ‘Welch ein Monument! Welche gewisse Unglaublichkeit!’ Als endlich das Maass überlief, und der Knabe immer mehr log, betrog und stahl, und Lavater es zuletzt nolens volens selbst einsehen musste, wurde der Betrüger von Lavaters nächsten Umgebungen weggeschickt, und Lavater, der so vielen die Seele gespannt, und die grössten Erwartungen erregt hatte, der statt seine Freunde aus Egypten in das Ländlein Gosen zu führen, sie noch tiefer in die Finsterniss der Zweifel hineingeführt hatte, geboth nun, statt offen zu gestehen, dass er sich schrecklich geirrt habe, altissimum silentium, und behauptete, man müsse mit Schweigen die Sache wieder gut machen, und liess die Freunde dastehn und tappen, und sich einen Ausweg nach Belieben suchen. Als ich ihm einige freymüthige, aber gar nicht ungeziemende noch unhöfliche Bemerkungen darüber machte, erhielt ich einen 12 Seiten langen Brief, worin er mich beynahe dem Teufel gleich stellte, der sich an dem Heiligen vergreift - und nannte diess eine ruhige Antwort. |
|