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Chronique des expositions industrielles.
Exposition locale d'Ixelles.
(Art et Industrie. Enseignement public.)
DE 1er Septembre dernier, S.M. Léopold II inaugurait solennellement l'Exposition locale d'Ixelles; le 29 du même mois l'exposition fermait ses portes.
C'était donc, tout au moins en apparence, une entreprise de proportions restreintes, tant par son objet que par sa durée; nos lecteurs pourront trouver qu'il est assez inutile d'en parler et surtout qu'il est un peu tard pour le faire.
Cependant nous désirons en dire un mot, d'abord parce que le fait d'organiser une exposition artistique et industrielle exclusivement locale, est une innovation en Belgique, ensuite parce que le succès de ce premier essai ayant été absolument complet, nous y voyons un exemple bon à suivre, dont plus d'une localité pourra faire son profit.
Ixelles, faubourg de Bruxelles, compte 42,000 habitants dont la majeure partie se trouve dans une situation de fortune relativement aisée; comme il n'y a à Ixelles ni cours d'eau, ni canaux, ni voies d'accès nombreuses et commodes aux gares du chemin de fer, il en résulte que la grande industrie fait absolument défaut. Par contre la situation topographique de la commune a
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l'avantage d'abord d'être très saine et ensuite de se trouver précisément à mi-chemin du centre de Bruxelles d'une part, du bois de la Cambre, du Champ des courses, du Champ des manoeuvres, etc., d'autre part. Le séjour d'Ixelles est donc particulièrement agréable aux rentiers et aux propriétaires de fortune moyenne; on y trouve notamment une assez nombreuse colonie d'Anglais.
Il pouvait paraître un peu téméraire d'ouvrir une exposition industrielle, dans une localité de ce genre, mais les organisateurs avaient précisément pour but de faire connaître l'importance des diverses industries locales de second ordre, industries peut-être ignorées des habitants eux-mêmes, de façon à mettre en relief les rapports existants entre les genres d'industries pratiqués et le caractère de la localité.
Quelques hommes d'initiative en tête desquels il faut placer MM. Mignot-Delstanche, industriel-marbrier, conseiller communal, Le Graive, architecte, conseiller communal, Van Driessche, échevin de l'Instruction publique, s'adressèrent à l'administration de la commune et obtinrent la jouissance, à titre gracieux, des locaux de l'athénée royal. L'emplacement nécessaire étant ainsi fourni gratuitement aux exposants, ceux-ci n'eurent qu'à subvenir aux frais de décoration en proportion de la surface occupée, frais évalués au maximum à cinq francs par mètre carré.
Les objets exposés furent répartis d'après leur nature, leur mode de fabrication ou leur destination en six catégories principales savoir:
1o | OEuvres d'art. |
3o | Industries du bâtiment, de la décoration et de l'ameublement. |
3o | Industrie du vêtement et de la parure. |
4o | Industrie de l'alimentation. |
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5o | Industries diverses. |
6o | Enseignement public. |
Afin de donner une idée sommaire du résultat atteint, nous passerons successivement en revue la composition de ces six classes d'objets exposés.
Pour la section artistique le Comité organisateur s'adressa à tous les artistes habitant Ixelles et la plupart répondirent à cet appel. Nous citerons du côté des peintres M. de Praetere, le peintre d'animaux bien connu, qui avait réuni un grand nombre de ses oeuvres, MM. Herbo, Mayné, Stallaert, Uytterschaut, Mmes et Melles Ronner, Beernaert, Meunier; MM. Biot, Geerts et Meunier, pour la gravure; MM. Conraets, Le Graive,. Mataigne, pour l'architecture. Le salon triennal des beaux-arts, ouvert à Bruxelles au moment de l'exposition, devait évidemment faire du tort à la section artistique et il faut bien reconnaître que cette section fut inférieure à la section industrielle.
Dans le 1er groupe de celle-ci nous rencontrons d'abord l'ameublement; plusieurs sculpteurs-ébénistes et tapissiers, entre autres M.J.-B. Petit, avaient exposé des ameublements complets d'une élégance et d'un goût fort admirés.
Nous trouvons ensuite la ferronnerie et la serrurerie et ici nous devons une mention spéciale aux ferronniers d'Ixelles, MM. Lelon, E. Louis, Van Cackenberghe, etc., dont les fleurages en fer forgé ont excité l'admiration unanime. Il y a quelques années, l'art qu'a illustré Quentin Metsys, était assez négligé à Bruxelles, mais depuis lors une véritable rénovation a eu lieu et chacun se rappelle les remarquables spécimens de fer forgé et ouvragé qui figuraient aux expositions de Bruxelles et d'Anvers. Le square du petit Sablon à Bruxelles est une manifestation nouvelle et intéressante de cet art
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gracieux qui fut si longtemps célèbre en pays flamand. A Ixelles, le fer forgé était certainement un des clous de l'exposition.
Très - intéressants étaient les envois des peintres décorateurs, notamment les imitations de bois et de marbres incrustés. Citons pour terminer ce groupe, les belles cheminées en marbre, les travaux de menuiserie, de sculpture décorative et de plomberie.
Dans le deuxième groupe industriel, vêtement et parure, on remarquait les belles soies remoirées de la grande teinturerie Coutzen-Liesmons, et surtout les dentelles-diamants de Mme Rombouts. Ces dernières consistent en mouchoirs et éventails en dentelles dans lesquelles sont sertis de petits diamants. L'effet est curieux et très joli. Le soir, aux feux des lumières, ces objets doivent ajouter un ornement très apprécié à la toilette de nos élégantes. Quant au procédé tout particulier et très-délicat qui permet de réaliser ces petites merveilles, il fait évidemment l'objet d'un brevet spécial. Dans cette section se remarquaient aussi toute une série d'objets relatifs à l'habillement.
La boulangerie et la brasserie faisaient les frais principaux du groupe de l'alimentation et beaucoup de visiteurs se rendaient compte de gustu de la valeur des objets exposés. Quant aux fleurs en graisse de M. Parquin on ne les pouvait manger, mais on était tenté de les cueillir: c'est le triomphe de la charcuterie.
Dans les industries diverses, on remarquait avant tout la superbe exposition de la manufacture Vermeren-Coché dont la réputation n'est plus à faire. Porcelaines -et faïences ont obtenu comme toujours le plus vif succès et la foule se pressait dans le salon spécial où était installé, sous les yeux du public, un atelier de fabrication de la porcelaine.
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Citer dans ce groupe tous les principaux produits exposés nous entraînerait trop loin. Bornons-nous à mentionner la carrosserie, l'imprimerie, les instruments de musique etc. etc.
Enfin dans la classe de l'Enseignement public se trouvaient exposés les travaux des élèves des écoles primaires et de l'école des arts industriels et décoratifs. Parmi les premiers, les dames admiraient beaucoup les travaux manuels des petites filles; parmi les seconds certains dessins fort bien exécutés et divers modelages attiraient l'attention des connaisseurs.
En somme cinquante-cinq artistes et cent soixantehuit commerçants et industriels ont participé à cette intéressante exposition. La réussite a été complète, non seulement au point de vue de l'arrangement et du goût, mais encore sous le rapport financier. Le total des entrées s'est élevé à plus de 28.000 francs, ce qui a permis, non seulement d'indemniser les exposants des frais de leurs installations, conformément au règlement, mais de leur accorder des médailles en vermeil, en argent et en bronze. Si l'on se rappelle que le produit des entrées au salon triennal de cette année n'a pas dépassé 23.000 francs, on conviendra que pour une exposition locale, ouverte pendant un mois seulement, c'est un résultat superbe. Les organisateurs avaient dès le principe écarté avec soin toute préoccupation politique de l'entreprise et cette attitude a beaucoup contribué à leur succès. Nous aimons à rappeler ce fait, afin qu'il ne soit pas perdu de vue par ceux qui chercheront à imiter ailleurs, et probablement dans des conditions encore plus favorables, ce qui a été si bien réalisé à Ixelles.
En terminant nous exprimons encore une fois l'espoir de voir des expositions du même genre s'orga- | |
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niser dans notre pays. C'est dans le but de contribuer à atteindre ce résultat que nous avons voulu présenter ces quelques lignes à nos lecteurs.....
Bon A. de F.
Ingénieur.
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Les industriels hollandais et le Grand Concours.
Un comité définitif, qui a été reconnu par le gouvernement belge, vient de se former à Amsterdam, sous les auspices du consulat-général de Belgique. Président: M.J. Hooglandt; vice-président: M. Kuinders; commissaires: MM. Moltzer, Scheffer et de Jager, président du club hollandais à Bruxelles; ce dernier est nommé commissaire général des Pays-Bas près le Grand Concours.
Le comité prendra des mesures tendant à assurer le succès de l'industrie néerlandaise à l'Exposition de Bruxelles 1888.
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Le Royaume-Uni et le Grand Concours.
Notre compatriote M. De Keyser, lord-maire de la ville de Londres, a présidé il y a quelques jours, à Mansion-House, une réunion de négociants et d'industriels anglais.
Dans cette séance, on a décidé que l'appui du Royaume-Uni et des colonies, serait accordé à l'Exposition internationale de Bruxelles.
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Les Etats-Unis et le Grand Concours.
M. John Bigelow, ambassadeur américain à Paris, vient d'être nommé délégué des Etats-Unis de l'Amérique du Nord par la Commission nationale de ce pays, afin de faciliter la participation des industriels transocéaniens au Grand Concours.
Une exposition hygiénique aura lieu à Ostende, du premier juin au premier octobre. Les appareils de sauvetage y occuperont une place d'honneur. Pour tous renseignements s'adresser au secrétaire de la commission organisatrice, Rue des Regnesses, no 3, à Gand.
On vient de publier la livraison-spécimen d'un nouveau recueil qui va paraitre sous ce titre: Le Journal illustré de l'Exposition (album illustré du Grand Concours international des sciences et de l'industrie, Bruxelles, 1888).
Cette publication paraîtra d'abord deux fois par mois, puis, en 1888, toutes les semaines, et comprendra au moins huit pages de texte.
Elle 'sera illustrée de nombreuses gravures et formera, à la clôture du Grand Concours international, un bel album de 300 pages au moins.
L'ouvrage est divisé en quarante fascicules environ du prix de 5o centimes chacun.
Le prix de l'abonnement à l'ouvrage complet est de 12 francs. On s'abonne chez l'éditeur, 47, rue Blaes à Bruxelles.
La livraison qui vient de paraître donne une idée très avantageuse de cette publication. Elle est ornée d'un
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portrait de M. Somzée et d'une vue des constructions du Grand Concours.
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Correspondance de Munich.
L'exposition d'art industriel que nous amèneront les canicules de l'an de grâce 1888, s'impose dès maintenant à l'attention des amateurs.
Cette exposition occupera une surface de 12,000 mètres carrés, dont 2,200 m.c. seront exclusivement réservés au ‘Comité de la Prusse’. Les exposants, cette fois-ci, n'en seront pas réduits comme ils l'ont été par le passé, à voir leur marchandise entassée dans des compartiments séparés, arrangement cher à l'esprit de routine qui préside d'ordinaire à nos expositions.... On agencera habilement les diverses productions d'art industriel, on en formera des groupes artistement distribués dans l'immense hall de notre ‘Palais de cristal’, etc., etc. Bref, il paraît que ce sera très joli. Tant mieux. Foin de ces exhibitions si elles ne se font pas avec goût!
Puis, ce ne sera pas la plus minime des Munich -attractions que la monumentale fontaine du Linderhof, - le plus intéressant des magnifiques châteaux du feu roi Louis II -, fontaine qui sera transplantée dans le parc de l'Exposition.
Enfin n'oublions pas de mentionner les machines de systèmes nouveaux, qui figureront dans un local spécialement affecté à cet usage. Ce local, situé place de l'Isarthor, a été gracieusement mis à la disposition du Gewerbe-Verein par l'Administration communale.
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Correspondance de Berlin.
Le Comité qui s'est constitué en notre capitale, pour le Grand Concours de Bruxelles, est composé de MM. le baron de Landsberg-Vehlen à Steinfurt, président; le consul général Goldberger et le ‘Conseiller secret’ Dietrich, vice-présidents; Friedel et Jannasch, membres; et de 36 autres membres tels que MM. Becker, président de l'Académie de Berlin, Reinhold Begas, Albrecht, etc., représentant toutes les principales villes d'Allemagne.
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Exposition d'art industriel à La Haye.
On prépare en ce moment à La Haye une exposition nationale d'industrie ancienne et moderne. Une feuille périodique, Kunstnijverheid, organe officiel de l'entreprise, paraît dès à présent une fois par semaine. On en multipliera les numéros vers la date d'ouverture de l'Exposition.
Editeurs: MM. Belinfante, libraires à La Haye.
M.J. Van der Kellen, conservateur du ‘musée d'art industriel ancien’, (Oude kunstnijverheidsmuseum) à Rotterdam, est chargé d'organiser la section d'art industriel rétrospectif.
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Exposition de Paris 1889.
On sait que le gouvernement des Pays-Bas a refusé de prendre part officiellement à cette exposition. Cependant, dans une séance de la commission spéciale, formée dans le but de favoriser les intérêts de l'industrie néerlandaise, le secrétaire, M.J. Conrad, a fait lecture d'un rapport, d'où il résulte que le gouvernement accorde aux exposants tous les droits et privilèges nécessaires pour réussir dans cette entreprise.
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Le gouvernement français ayant reconnu à cette commission improvisée le droit de représenter les industriels hollandais, ceux-ci n'auront point d'autres charges à acquitter que les frais de placement etc., tout comme les exposants officiellement annoncés.
Le cercle Liberale Vlaamsche Bond van Antwerpen vient de présenter une pétition à la Chambre, afin d'obtenir que le gouvernement accorde son concours officiel à l'Exposition française de 1889. Cette pétition appuie sur l'absolue nécessité de célébrer les principes de 1789, en participant au centième anniversaire de leur proclamation.
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Exposition à Barcelone et à Melbourne.
Un arrêté royal accorde aux industriels le transport gratuit, aller et retour, de toutes les marchandises de provenance belge, qui seront envoyées aux Expositions Universelles de Barcelone et de Melbourne.
Un comité central allemand s'est constitué dans le but de faire briller l'industrie allemande à l'Exposition de Barcelone. Il est regrettable que d'importantes maisons de commerce allemandes en Espagne se soient montrées hostiles à l'entreprise.
La ‘Commission des budgets’ vient de voter un crédit de 175.000 marcs (220,000 fr.) pour l'exposition de Melbourne. Elle a exprimé en même temps l'espoir de voir l'industrie allemande dignement représentée à cette exposition.
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