Dietsche Warande. Jaargang 3
(1857)– [tijdschrift] Dietsche Warande– Auteursrechtvrij
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‘Dietsche Warande’.
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Il ne se passe pas de mois sans que les journaux ne nous apportent la nouvelle de l'adjudication d'une ou de deux églises projetées. Par suite de l'organisation paroissiale des nouveaux diocèses, dans plusieurs communes l'église doit être agrandie, ou un bâtiment nouveau doit remplacer l'ancien, dont la caducité semble devenir moins supportable à mesure qu'elle contraste davantage avec la vigucur et le brillant de l'Église militante des Pays-bas rajeunie de nos jours. Nous rendons compte, dans notre partie néerlandaise, de ce que nous avous vu de dessins des nouvelles églises de Flessingue, de Langel, de Soetermeer, et d'Utrecht; et nous avons parlé du nouveau contingent apporté à la décoration de l'église des révérends pères rédemptoristes à Amsterdam, - les trois verrières principales de l'apside du choeur. On a fait un louable effort pour imprimer un cachet gothique à l'église de Flessingue, ainsi qu'à celles de l'archidiocèse que nous avons nommées. Malheureusement nous en sommes encore toujours aux timides essais, entrepris par une science incomplète, et, d'un autre coté, aux combinaisons présomptueuses d'un savoir-faire mal-appris. Il n'y a pas jusqu'à l'église de Flessingue sus-nommée qui échappe entièrement à l'influence des mauvais principes, ou, disons plutôt, du manque de principes. Ce sont les coupes longitudinales qui compromettent la plupart de ces nouveaux hâtiments. C'est la coupe qui naïvement révèle ces hardis mensonges de composition, grace auxquels une façade n'est pas une face, mais un marque; c'est la coupe qui dévoile le défaut de concordance entre la disposition intérieure et les formes de la laçade-grimaces ridicules de la physionomie d'un batiment, barbouillage et tatouage, qui ne trouvent aucune raison d'être dans la construction intérieure: contreforts (vrais et simulés) qui n'ont rien à contreforcer; corbeaux qui ne supportent rien et qui, du reste, sont coulés en plâtre; nervures déraisonnables; jeux de lignes et de lumière qui ne sont que de pure fantaisie. Ce sont les coupes qui vous révèlent les affreux secrets des voûtes simulées: des plafonds en plâtrage qui singent des voûtes véritables, des voûtes en berceau, auxquelles, au moyen de nervures de plâtre, on a voulu donner l'allure d'une voûte d'arête; ce sont les coupes qui vous racontent comment, dans une église qu'on va construire au ‘Haarlemermeer’, et dans une autre qui sera bâtie à Amsterdam (en style romain - sic - ?!), on méconnait entièrement les premières conditions d'une église, pour y substituer certaines conventions des cinq ordres: l'église, proprement dite, la nef avec le sanctuaire, sont traités comme un rez-de-chaussée, comme un ‘étage de soubassement’; le ‘premier’ est réservé pour la galerie, où l'ordre classique plus ou moins travesti se déploie dans toute son arrogance, et pour la rangée de fenêtres du choeur(si ces fenêtres existent). Du reste les plans aussi ont leur petit mot à ajouter à l'acte d'accusation. Ce sont les plans qui trahissent que telle façade, se donnant des airs d'église à trois nefs, n'en masque qu'une seule; ce sont surtout les plans qui vous parlent des murs trop minces pour résister à l'humidité de notre climat; ce sont les plans qui pourraient vous mettre au fait de la qualité des colonnes; qui vous racontent que certains confessionaux occupent la place de la chapelle des morts et que certaines chapelles baptismales contre-balancent la sacristie, des deux cotés du chevet de l'église; ce sont les plans enfin qui vous confient ces mille petits riens, qui sont des choses importantes dans un lieu où tout est important, bien qu'on pourrait s'en ‘accommoder’ dans une maison. Mais à quoi | |
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bon d'insister sur tout cela, puisque la plupart des détails dans la composition d'une église perdent leur signification, depuis qu'on s'est habitué à ne pas faire regarder l'orient à la façade du choeur!Ga naar voetnoot1) Ce qui surtout est fâcheux c'est que, quand on entreprend chez nous la noble oeuvre de l'édification d'une maison de Dieu- on ne commence pas par la mesure qui devrait précéder toutes les autres; c'est-à-dire par le choix d'un bon, d'un noble architecte. On fait faire des croquis, ou même des projets, par-ci par-là; on les soumet à l'inspection de personnes qualifiées; on procède à l'exécution, en recommandant quelquefois à celui qui est chargé de la surintendance des travaux d'avoir égard à telle ou telle remarque, à la combinaison de tels et tels détails, etc. Et la critique, que peut-elle en faveur d'une oeuvre radicalement mal conçue? Si on commençait par choisir un architecte qui connût le style chrétien, les observations des gens de goût et d'étude pourraient porter quelques fruits; mais quels fruits directs des corrections plus ou moins nombreuses peuvent-elles porter, quand elles sont remises entre les mains de l'auteur d'un projet défectueux par le principe, mal digéré d'un bout à l'autre? Quelquefois des architectes sans éducation feront quelque chose de passable, parce qu'ils pourront se tenir à un modèle existant; mais leur travail du lendemain, s'ils y restent abandonnés à leurs propres forces, prouvera que le principe vivifiant leur manque. Hélas, que d'églises avortées attestent depuis dix ans l'impuissance complète de leurs architectes! C'est vraiment insupportable de voir, comment l'art par excellence- l'architecture gothiqué- est maltraité par nos manoeuvres et par nos gens de l'école.... faute de savoir, faute du plus léger soupçon qu'il faut à l'artiste une éducation, une étude sérieuse et profonde d'une centaine de monuments du moyen âge, avant qu'il n'aspire à l'honneur de bâtir une église chrétienne. Ce n'est qu'au bout d'une longue carrière académique, ce n'est qu'après avoir passé divers examens qu'on proclame l'étudiant docteur ès lettres, docteur en philosophie; ce n'est qu'après avoir étudié les différentes écoles, après avoir fait le voyage d'Italie, qu'un peintre ose attaquer la peinture monumentale: et l'auteur des monuments, l'architecte, l'artiste par excellence, l'esthéticien pratique, celui qui préside en dernière instance à la conduite des arts, celui qui distribue leurs tâches à tous les antres, - il sera en droit de se passer de toute instruction! Quel aveuglement! A Amsterdam on s'occupe de placer les vitraux dans les baies apsidiales de l'église Notre-Dame des RR. PP. rédemptoristes. Le choix des sujels ne mérite que des éloges; l'exécution ne révèle pas encore, dans les auteurs, l'adoption complète des principes auxquels nous avons fait allusion différentes fois et qui sont les principes de tous nos confrères à l'étranger. | |
La vie de Ste Lutgarde (IIGa naar voetnoot2).M. Le professeur Bormans continue, dans le présent numéro de notre partie néerlandaise, la publication de l'intéressant poëme hagiographique du frère Gérard, dont nous avons entretenu nos | |
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amis à l'étranger, dans la première livraison de cette année. La vie de Ste Lutgarde est encore une de ces histoires pleines de doux mystères et de suaves spéculations comme le XIIIe siècle seul en offre et dont le XIVe s'est constitué l'écho. Nous n'ignorons pas que quelques auteurs d'histoires philosophiques et certains psychologues et théologiens prétendront que le mysticisme s'est développé considérablement, de Thomas de Cantimpré aux disciples de Gérard le Grand (fondateur des confréries de la vie commune) c'est-à-dire de 1230 à 1500; mais, pour nous, la naïveté des révélations mystiques des religieux du XIIIe siècle a plus de charmes encore que les épanchements de la dévotion du XVe, qui ne laisse pas de tomber souvent dans le raffinement et de donner lieu à des abus déplorables: quoiqu'il soit superflu de dire que nous sommes loin de contester la beauté d'âme et la hauteur des vues de l'immortei Thomas a Kempis et de plusieurs de ses contemporains. Le mysticisme du XIIIe siècle est chaleureux, doux, pittoresque, sublime quelquefois et toujours naïf. Ce que nous en connaissons ne tend jamais à excuser certaines inspirations de l'orgueil; il est timide et communicatif à la fois; il ne porte jamais la livrée de l'égoïsme et de la présomption. Ce n'est pas pour donner des preuves en faveur de cette opinion, mais uniquement dans le but de fixer l'attention du lecteur sur quelques curieux détails du poëme publié par M. Bormans, que nous nous permettons d'en reproduire ici les passages suivants. La sainte vierge Lutgarde eut plusieurs visions, par lesquelles elle fut mise en rapport immédiat avec son Seigneur et avec les choses du ciel ‘Un jour S. Jean qui, dans une soif toute céleste, but l'évangile du sein même de DieuGa naar voetnoot1) apparut à Lutgarde sous la figure d'un aigle. Son plumage était si beau et si brillant, il lançait des rayons d'une telle clarté, qu'elle aurait suffi pour illuminer le monde entier. Quand elle cut cette vision, la pieuse vierge en fut étonnée plus que je ne puis l'exprimer; mais elle s'y attendait pourtant que Dieu, dans sa grâce, daignerait modérer la haute joie de ce spectacle, à mesure que sa vue en avait joui. Il en arriva comme elle le désirait. L'influence que la vision avait sur elle se modéra, mais l'aigle posa son bec dans la bouche de Lutgarde et remplit son saint coeur et tout ses sens d'une grande lumière...... De sorte que celui qui a écrit sa vie en latin [Thomas Cantipratanus] n'était rien auprès d'elle; il se sentait ignorant et grossier en sa présence, et jamais il n'avait vu résoudre les questions les plus profondes avec tant d'intelligence et de subtilité.’ ‘Quand l'évêque de Liége, Huard, vint consacrer les vierges du Seigneur, et qu'il leur poserait sur la tête la couronne de rubans blancs, comme un symbole de la couronne éternelle, un simple vieillard qui se trouvait là demanda à un prêtre, pourquoi l'évêque Huard donnait à Lutgarde une couronne en or, tandis que les autres religieuses n'en avaient que de toile. “Comment,” dit le prêtre, “vous avez des yeux et vous pensez voir une couronne d'or là où tout le monde ne voit qu'une couronne de toile?” Alors le vieillard se tut et sourit doncement, car il voyait bien ce que cela signifiait et quelle serait la récompense éternelle que Notre Seigneur réservait à Lutgarde.’ M. Bormans relève fort à propos la préférence curieuse accordée par Ste Lutgarde à la langue néerlandaise au dessus de la langue française. | |
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‘Ayant été choisie prieure du couvent de Ste Catherine à S. Troud, elle y pensa sérieusement à passer dans un autre ordre, pour pouvoir se soustraire à l'honneur de la direction du cloître. Maître Jean de Lirot, un saint homme du diocèse de Liége, l'engagea fortement à passer de l'ordre de S. Benoît dans celui de Cîteaux et à se retirer dans le couvent d'Awirs. Lutgarde ne put y consentir, ‘want fi nyen confte walsche sprake’, parce qu'elle ne savait pas la langue française; elle aurait mieux aimé s'établir à Herkenrode, ‘dar diedsche nonnen waren van der felver ordenen’, où il y avait des religieuses thioises (néerlandaises) du même ordre. Mais elle reçut une visite de son amie Ste Christine (la merveilleuse), ‘dont j'ai aussi décrit la vie’, dit frère Gérard, et celle-ci l'aborda de cette manière: ‘Pourquoi ne fais-tu pas
Et n'aecomplis-tu pas de suite les choses qui te
Sont commandées par Dieu?’
Alors Lutgarde répliqua à l'instant
Et dit qu'elle ne pouvait pas comprendre
La langue de ce pays,
Ce qui, dit-elle, était une chose indispensable.
Et Christine lui répondit aussitôt
Ce que Dieu lui inspira et dit: ‘Lutgarde,
J'aimerais mieux être à l'enfer,
Si Dieu y était avec moi,
Que d'être au ciel
Sans Dieu.’ Et Lutgarde
Lui répondit dignement:
Etre au ciel avec les anges,
Sans Dieu, serait une grande peine;
Mais d'être à l'enfer avec Dieu
Ce serait un grand bonheur.
En vérité son langage était sage:
Le paradis est là où est le Christ.
Christ, qui ne sait pas mentir,
Dit au voleur, quand il le vit
Suspendu en croix près de lui: ‘Tu seras avec moi
En paradis dès aujourd'hui.’
Il est plus clair que le soleil
Que ce jour là,
Quoi qu'on puisse dire,
L'âme du Christ ne monta nullement
Au Paradis céleste
Ni au Paradis terrestre;
Mais qu'il descendit a l'enfer, où il
Alla triompher des ennemis,
Dont le dommage et la honte
Devint le profit des âmes
Qui y séjournèrent dans le malheur...
Et, comme il l'avait prédit en croix,
Il y était accompagné de l'âme du voleur
C'est ainsi qu'il prouva
Que le paradis est là où est le Christ.
Quelqu'impur que soit un endroit,
La présence de Dieu le rend
Délicieux et agréable au dessus de tout:
Car il n'y a de bonheur que dans la contemplation de Dieu (‘Want inte scouwene Gode est al’). De sorte que Lutgarde, se conformant à la volonté de Dieu, fut transférée au couvent d'Awirs. Elle y pria la vierge Marie de faire en | |
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sorte qu'on ne pût pas l'élever en honneur; et sa prière fut exaucée: car quoiqu'elle restât vingt-quatre ans au couvent, elle, qui avait une intelligence si sublime, ne pouvait jamais y apprendre assez de français, pour demander du pain en cette langue. M. Bormans propose de choisir Ste Lutgarde comme patronne de la langue et littérature néeilandaises et de placer son image en coeur dans notre bannière. | |
Une comédie inédite de Hooft (IGa naar voetnoot1).LA première fois que nous avons entretenu nos lecteurs de la comédie de Hoost, un ‘Tartufe’ néerlandais, publié par le professeur van Vloten dans le second volume de notre partie néerlandaise, nous avons voulu prouver qu à tort on avait jusqu'iei attribué cette pièce à Brederoô. Hooft en est l'auteur et il a brodé cette composition dramatique sur un canevas d'Aretino. Mais Hooft l'a écrite en prose et jusqu'ici le nom de celui qui l'avait mise en vers n'était pas connu. M. van Vloten, dans le présent numéro de notre revue, a prouvé jusqu'à l'évidence que ce nom n'était autre que celui d'un jurisconsulte d'Amsterdam, nommé Jacques Baek, frère de l'épouse de Juste Baek, belle-soeur de Hooft. M. van Vloten ne se lasse pas de faire des recherches et des découvertes dans nos archives et bibliothèques, en faveur de notre histoire littéraire, une des plus intéressantes et, en même temps, des plus comme il faut que nous connaissions. | |
Vandalisme.Notre romancier national M. van Lennep nous a permis la reproduction d'un intéressant article, dans lequel il jette un coup d'oeil ‘rapide’ mais juste et pénétrant sur notre capitale d'aujourd'hui et sur l'Amsterdam du XVIIe et XVIIIe siècles. M. van Lennep met le doigt sur bien des plaies, il porte, en badinant, de graves accusations contre les administrations qui ne cessent de dépouiller la ville de ce qu'elle possède de plus pittoresque en fait de monuments, et qui ont le talent particulier de faire manquer aux bâtiments leur destination. C'est ainsi que d'une belle maison de ville on a fait un mauvais palais; L'hospice des vieillards sert d'académie des beaux-arts; D'une halle aux viandes on a fait l'imprimerie de la municipalité; De la maison de la confrèrie des marchands de drap on a fait un bureau de police; Les poids de la ville ont été convertis en boutique de brocanteur, en cachot et en monceau de décombres; Nos tours, nos portes, notre bourse furent, en partie, abattues et | |
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sort mal remplacées par des espaces vides, par des barrières en fonte ou par des temples classiques. Cette oeuvre de travestissement et de démolition se continue partout. L'autre jour on est encore venu à bout d'une des portes.
Dans la ville de Gorinchem on vient de vendre à l'enchère les pierres tombales de la grande église. A Medemblik on a brisé ses instruments de démolition sur une des plus anciennes bâtisses de notre pays: une tour à laquelle se rattache le nom de ce fameus Radboud, la personnification de la nationalité sisonne lors de l'introduction du christianisme. | |
Bibliographie.No. 1. ‘Die Kunstwerke vom Alterthum bis auf die Gegenwart, von Dr C.A. Menzel, Triest, 1857.’ - Les oeuvres d'art, depuis l'antiquité jusqu'à nos jours, par le doct. C.A. Menzel. Triest, 1857. Premier volume. Prix fl. 8. - Ce fort in-4te renferme un compte-rendu clair et succint de la première période de l'histoire de l'art plastique - chez les Indiens, les Chinois, les Américains, les Egyptiens, les Grees et les Romains. Soixante gravures accompagnent le texte. Il n'y aura que deux volumes.
‘Geschichte der Kunst in ihrem Entwicklungsgang, von Julius Braun. Wiesbaden 1856.’ - L'histoire de l'art dans son développement, par Jules Braun. Wiesbade, 1856. Premier volume. Prix fl. 5.35. M. Braun, suit et explique la marche de l'art, à mesure que cette fille du ciel se manifeste dans les différents pays. C'est pour cela qu'il intitule son oeuvre ‘auf dem Boden der Ortskunde nachgewiesen’: l'art, dans sa marche topographique. Cela n'empêche par que l'ordre chronologique ne se maintienne en même temps. L'ouvrage entier aura trois volumes.
‘Entwürfe zu Renaissance und Rococo-Möbeln, von Hermann Wiedemann. Leipzig, Romberg, 1856.’ - Projets de meubles en style de Renaissance et Rococo, par Hermann Wiedemann, Leipsick, 1856. - Prix fl. 3. - Nous comprenons parsaitement que le libraire Romberg, homme de goût et d'étude, se soit décidé à publier ces projets. Jamais il n'a paru de plaidoyer plus éloquent en faveur du style gothique que ces spécimens compromettants, absurdes, abominables des styles Louis Douze, Treize, Quatozze et Quinze.
‘L'alphabet de la Mort par Hans Holbein, publié par Anatole de Montaiglon. Paris, 1856.’ - Prix f 7.20. Réimpression délicieuse de ‘l'Alphabet de la Mort’, publié en 1849 par M. Loedel. M. de Montaiglon y a joint les encadrements des Heures bien connues, imprimées par Simon Vostre de Paris, des sentences, tirées des Pères, des versets en vieux français et encore un poëme nécrologique - le tout | |
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harmonieusement soumis à l'idée mère, l'idée féconde des ‘Danses de la Mort’.
‘Die classische Periode der Deutschen Nationallitteratur im Mittelalter, Braunschweig, 1857.’ La période classique de la littérature nationale allemande du moyen âge. Brunswick, 1857. - Prix fl. 3.45. Le mot classique ne si gnifie ici rien de plus que excellent; c'est à dire, en fait de périodes, qu'il s'agit du XIIIme siècle. C'est un bon livre; son auteur est mort jeune: mais il a eu le temps, tout luthérien qu'il était d'apprendre à connaître et à apprécier la plus admirable époque de l'histoire humaine. No 2. ‘Grundrisz einer allgemeinen AEsthetik, von Dr Conrad Hermann. Leipzig, 1857.’ - Plan d'une esthétique générale, par le doct. Conrad Hermann. - Prix f 3. - Dans une esthétique générale on se serait attendu à une appréciation plus profonde et plus élémentaire de l'architecture. Cependant il y a des notions justes dans le livre du docteur Hermann.
‘Les Pays-Bas des XVIe et XVIIe siècles, représentés par leurs grandshommes. ‘Amsterdam, Ire livraison f 4. - MM. Buffa et fils, qui se sont fait un nom par la publication d'un choix de gravures importantes, ont commencé une nouvelle entreprise artistique, qui mérite les suffrages des amis de l'art. Il s'agit de la publication d'une série de nos héros de la guerre, du cabinet, de l'art et de la science, des XVIe et XVIIe siècles. C'est M. Hofdijk qui joindra aux gravures de notre excellent F. Kaiser (l'artiste qui a gravé le ‘Schuttersmaaltijd’ de Van der Helst), de courtes biographies des modèles de ce panthéon en portraits. Nous ne nous dissimulons pas qu'au lieu des seuls et certains Hollandais de l'histoire de notre république, nous aurions voulu étendre la série à tous les ‘Pays-Bas’, à tous leurs âges, et à toutes les catégories du génie, de l'intelligence et de l'action.
‘Betuwsche Novellen, door J.J. Cremer, Haarlem, 1856.’ - Contes de la Betuwe, par J.J. Cremer. - Prix f 1.40. Voilà un nouveau romancier de notre Gueldre, qui mériterait d'être traduit en français par l'auteur de ‘la Petite Fadette’ et de la ‘Mare au diable’. On apprécie à Paris notre Auversois Hendrik Conscience, on y apprécierait, de même, notre ‘Betuwer’ J.J. Cremer. | |
Mélanges.M. le prof. Bormans a revendiqué pour le pays néerlandais et pour la nationalite thioise l'honneur d'avoir donné le jour et d'avoir prêté sa langue à Henrick van Veldeke - poëte du XIIIe siècle qui jusqu'ici avait été regardé comme allemand. M. Bormans vient de découvrir aussi un fragment de 720 vers du ‘Perceval’ néerlandais. M. de Coussemaker, le savant musicologue de Dunkerque a décou vert trois hymues latines du célèbre auteur de ‘l'Imitation’, le véné- | |
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rable Thomas a Kempis. M. de Coussemaker suppose, que la musique dont ces hymnes sont accompagnées, est aussi de la main de notre graud mystique. M. de Coussemaker à bien voulu composer pour notre revue un article dans lequel il fera connaître à nos lecteurs le poëte de certaines chansons spirituelles, sur les quelles nous nous étions permis d'appeler son attention, après qu'un de ces petits poëmes avait été publié par M. Delprat dans le ‘Konst- en Letterbode’ (1854, p. 311). Le savant auteur de l'Histoire des frères de la vie commune attribuait ces chansons à Livin de Middelbourg et à Thierry de Herken. C'est à M. Stallaert de Bruxelles que nous sommes redevable de la copie de ces chansons, mentionnée par M. de Coussemaker, dans son article. | |
Chansons religieuses
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la permission à notie savant ami de ne faire cette transcription qu'avec le ms. sous les yeux. Cela nous a procuré un double avantage; celui de nous mettre à même de produire un facsimile des deux pièces et celui de donner en même temps et la date précise de leur composition et le nom de leur auteur. Ces deux chansons, l'une en latin avec traduction en vers néerlandais (= flamands) et l'autre en langue néerlandaise, se trouvent à la Bibliothèque Royale de Bruxelles, dans le ms. coté 8849-8859. Elles sont écrites, la première sur le feuillet 232 et l'autre sur le feuillet 233. Ces deux feuillets font partie du fascicule portant le no 8858. Les deux chansons ont pour auteur un moine de Doesbourg, nommé Théodorie (Diederic, Dire) de Gruter; il vivait au commencement du XVe siècle. On trouve la preuve de ces deux fails dans le ms. même, qui contient des documents historiques et agiographiques sur divers monastères de l'ordre des Augustins de Hollande. On y lit à la page 110: ‘Eterant in Doesborch aliqui alii devoti viri praecipue DominusTheodoricus de Gruter Senior discipulus Magistri Gherardi et plures alii qui consilium Domini Theodorici libenter sequebantur. Composuit eciam Dominus Theodoricus carmen teutonicole pro laicis et sororibus quod sic incipit: Och Heer der hemelen Stichter,
Ende alder Werlt verlichter;
Wanneer ie my binnen scouwe,
Soe en vynde ic nyct dan rouwe.
Et habet multos versus ubi loquitur devote cum Jhesu petendo veaniam per admonicionem beneficiorum ejus et terminatur sic: Al ist nu wael ghesongen
Ten is nyet dan begonnen,
Die Ihesum wyl ghevynden
Hy socket hem van bynnen.’
‘Quod devota nota solent cantare, sicut rescriptum est.’Ga naar voetnoot1) Il résulte clairement de ce passage que la chanson commençant par ces mots: ‘Och Heer, ¢’ est de Théodoric de Gruter. Quant à la chanson latine avec traduction néerlandaise, il n'y a pas moins de certitude qu'elle a le même religieux pour auteur. On lit en effet en tête de la traduction néerlandaise, ces mots: ‘Idem canticum Teutonice ab eodem Domino Theodorico compositum.’ La chanson ‘Och Heer’ se trouve dans l'un des mss. de M. Hoffmann au feuillet 57 vo et dans le recueil imprimé sous le No 59 p. 129, avec cette indication de mélodie: ‘dit is de wise: Ic sach een vrisch vrouken voor mi staen, si was fier ende.... Cette mention fait voir d'ane part que la chanson avait acquis un certain, degré de popularité et qu'elle se chantait par le peuple sur un autre air que celui dont il est parlé dans le ms. de Bruxelles, puisque, dans le passage cité plus haut, il est dit que la chanson se chantait sur une mélodie religieuse. Il y a quelques variantes dans les deux textes: l'édition de M. Hoffmann contient deux strophes, les 9e et 11e, qui n'existent pas dans le ms. de Bruxelles. Celui-ci, en revanche, en à une a laquelle nous | |
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avons donné le no 13 et qui ne se trouve pas dans le ms. de M. Hoffmann. Il y a une variante assez considérable entre les deux premiers vers de la 10e strophe du ms. de Bruxelles et les deux mêmes vers de la 12e strophe du ms. de M. Hoffmann. En outre dans les deux mss. les strophes ne se succèdent pas de même. Ni l'une ni l'autre version ne finit par la strophe désignée dans le passage cité plus haut du ms. de Bruxelles comme strophe finale. Ces deux chansons appartiement a la poésie édifiante, très en vogue au XVe siècle. Bien que l'auteur de la chronique dont nous avons extrait ce même passage mentionne Théodoric de Gruter comme auteur seulement de l'une des deux pièces, il est à croire qu'il en a composé d'autres. On sait déjà que la chanson latine avec traduction néerlandaise lui appartient. Nous avons reproduit le fac-simile des mélodies de ces deux chansons, parce que leur notation doit donner lieu à quelques remarques. Parlons de la première. Il est facile de voir que les notes n'ont pas la forme ordinaire des notes de cette époque. Au premier abord il semble qu'elles ont toutes la même valeur, hormis les notes carrées; mais un examen plus attentif laisse apercevoir que le musicien a voulu donner a sa mélodie un rhythme, et que ce rhythme est l'iambique. On remarque en effet que les notes rondes ont des queues plus ou moins longues, les notes à queue courte paraissent avoir une valeur de durée double des autres; c'est ainsi que nous avons traduit. Quant à la notation de l'autre chanson, elle ne ressemble nullement à celle de la précédente. Elle s'éloigne aussi en partie de la notation en usage à cette époque. Elle dérive des neumes et elle a grand rapport avec la notation neumatique connues sous le nom de neumes allemands. Mais elle en diffère par l'emploi de certaines notes à queue qui, contrairement aux notes de même espèce usitées alors, ont la queue en l'air. Dans l'esprit du notateur, ces notes doivent avoir eu une valeur rhythmique différente des autres notes; sinon à quoi bon cette différence dans leur forme? Il est encore à remarquer que ces quatre lignes de musique représentent deux mélodies pour les mêmes paroles. Ces deux mélodies étaient elles destinées à être chantées séparément ou au contraire l'une des deux était-elle l'accompagnement harmonique de l'autre? Il n'est pas facile de se prononcer à cet égard d'une manière indubitable. Ce qui tend à faire adopter la seconde de nos hypothèses, c'est que les deux parties se harmonisent bien ensemble, selon les règles du temps. Dans notre transcription, nous les avons placées l'une sous l'autre afin de mieux faire apprécier leur corrélation harmonique. Ce qui permet encore d'admettre la même hypothèse, c'est que le chroniqueur qui prend soin de dire que la mélodie de la chanson ‘Och Heer’ est écrite plus loin dans le ms. ne parle pas de deux mélodies, qui existeraient si les deux parties ne formaient pas un tout harmonique. Nous n'avons pas la prétention d'avoir donné d'une manière précise les diverses subdivisions rhythmiques de ce dernier air, mais nous pensons avoir saisi le rhythme dans son ensemble. L'on sait que ni l'une ni l'autre des deux parties représentent l'air populaire indiqué dans le ms. de M. Hoffmann de Fallersleben. Quant à l'harmonie resultant des deux parties mises en rapport l'une | |
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avec l'autre, elle est conforme aux règles et aux principes généraux de cette époque. D'ailleurs qu'on ne s'imagine pas que les règles de l'art aient été alors enseignées partout avec ce soin, cette étendue, ce développement qu'on rencontre dans les ouvrages de Gaforio, de Tinctoris et des autres maîtres de ce temps; dans la plupart des écoles, dans les écoles secondaires surtout, on se contentait de mettre par écrit les principes généraux d'une manière succincte et aphoristique, de façon à ne pas charger la mémoire de l'élève, abandonnant le reste aux leçons pratiques. Tel est le petit traité flamaud du XVe siècle que nous avons découvert dans la même bibliothèque de Bruxelles. Comme traité de composition en langue néerlandaise, c'est un document unique. A ce titre il mérite de trouver place ici. On pourra juger jusqu'à quel point les principes de ce document se trouvent appliqués dans la chanson que nous supposons harmonisée. | |
Traité de contrepoint.
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Chansons religieuses de Théodoric de Gruter.Texte.
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8.[regelnummer]
Sectantur multa milia
Ut Agnes, Catherina,
Lucia cum Cecilia
Ac Ursula regina,
O quanta nunc et qualia
His confert lux divina.
9.[regelnummer]
Sequuntur agnum jugiter
Albis vestite stolis,
I'sallendo valde dulciter
Ut eis datur solis.
Coronate insigniter
Sertis et aureolis.
10.[regelnummer]
Heu juvenum naufragium
Lnxus exicialis;
Ne sauciat exicium
Cis stigis infernalis.
Require nunc subsidium
Ne deris tantis malis.
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II.
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6.[regelnummer]
Van joncferschap exempel scoen
Wy hebben in Marien,
Om welc sie wan den Godes soen.
Laet ons sie benedien!
Oer was becant der joncferen loen,
Dat dede oer kuyscheit vryen.
7.[regelnummer]
Het was behoert dat oer beraet
Aen Joseph quam den cuyschen man;
Dienvoergaan was in kuyscher daet.
Die bloeiende twijch den strijt gewan.
Hijrna heeft Jhesus oer gesat
Den cuyschen hoeder Sunte Johan.
8.[regelnummer]
Maria volcht een schaer seer groot
Van joncferen, die ghene pyne
Om God ontsagen noch den doot;
Als Agnes, Katerine,
Mit meer, welck noemen is ghien noot -
Mer gheer mit hem te sijne.
9.[regelnummer]
Sie volgen Christum stadelic;
Oer cleder sijn zeer reine.
Sie singen alte suetelic
Een nye liet alleine,
Mit herpen spel in hemelrijc.
Oer croen is niet gemeine.
10.[regelnummer]
Ach, doetlie droevich overtraet
Der boser lust hoer seere;
Die ioecht vermits dy wort ontsaet
In doecht, verstant ende ere.
Dijn wech leit totter hellen bat...
Mijn raet is weder keere.
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III.1.[regelnummer]
Och Heer, der hemelen stichter,
End alder werlt verlichter,
Als ick my van binnen scouwe
Soe heb ic groten rouwe.
2.[regelnummer]
Mijn scolt die is soe groot,
Die ic betalen moet;
Mijn misdaet is menichvolt:
't Is wonder dat my God ontholt.
3.[regelnummer]
Ick mocht met recht mishoepen
Van groten swaren saecken;
Mer my is troest ghecoemen,
Ny vroudGa naar voetnoot1) heb ic vernomen.
4.[regelnummer]
Christus is ons gheboeren,
Ten blijft niemant verloeren,
Die Jesum wil versueken
Gewonden in armen doecken.
5.[regelnummer]
Al ist in duecken ghewonden,
Hi vrijt nochtans van allen sunden;
Al ist in eenre cribben geleecht,
Hi is dieGa naar voetnoot2) hemel ende eerde dreecht.
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6.[regelnummer]
Willic minen wille rechten,
Soe derfGa naar voetnoot1) ic niet meer versuchten,
Want nu de engelen singhen
Vrede mensche van goeden willen.
7.[regelnummer]
Ic wil mitten herdekens tiden
Te Bethleem ter siden;
Daer vindic dat lieve kijnt
Mit sijnre moeder seer gemint;
8.[regelnummer]
Ic wil mitten coeningen comen,
Want ic wael [hebbe] vernomen
Dat sy ter steden sijn geleit
Mit eenre steernen onderscheit.
9.[regelnummer]
Mocht ic noch vorder naken
Mit Symeon bi saeken,
Dat my Maria hoer lieve kijnt
Wolde handelen laten seer gemint,
10.[regelnummer]
Sijn voetkens wolde ic oepen
In minen tranen doepen,
Sijn hertken vol der godlicheit
Dat wold ic cussen al bereyt.
11.[regelnummer]
Wold hy sijn handekens reicken
Een minlic vrendelic teyken,
So waer mynen noot verwonnen;
Wat sold my deeren konnen.
12.[regelnummer]
Mocht hi mynen adem liden,
Ic solde noch naerre tiden,
Sijn mondeken sold ic rueren...
Och, mocht my langhe dueren!
13.[regelnummer]
O alreliefste kijndekijn,
Mijn Heer, mijn God end Schepper mijn,
Stort nu doch in mijn hertekijn
Die alre suetste minne dijn.
14.[regelnummer]
O Jhesu, Coeninc over groot,
Vrijt ons van sunden voer der doot,
Gheeft dat wy ons moeten besinnen
Ende u allene minnen.
15.[regelnummer]
Al is dit wael gesonghen,
Ten is niet dan begonnen:
Die Jesus wil ghewinnen
DieGa naar voetnoot2) sueken al van binnen.
16.[regelnummer]
Wie Jhesus heeft te vrende,
Hie vintten naet ellende,
Al in sijns Vaders rijcke.
Wien doet ons des ghelijcke?
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