Bijdragen en Mededeelingen van het Historisch Genootschap. Deel 3
(1880)– [tijdschrift] Bijdragen en Mededeelingen van het Historisch Genootschap– Auteursrechtvrij
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Brieven van den generaal-majoor W.G. van der Hoop aan den hertog van Brunswijk-Wolfenbuttel.
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Toutes mes batteries sont montées et prettes a tirer, et mes officiers d'artillerie, a l'exception de Smedike, dans la ferme persuasion qu'aucun vaisseau de guerre est en etat de le demonter, ce dont je ne suis pas faché, et si l'occasion s'en presentoit, j'espere quils se conduiront en consequence. Par ce que j'ai entendu de notre Marine depuis que je suis ici, je vois Monseigneur que pour parvenir a quelque chose il faudra bien des changements et un tout autre esprit que celui qu'il y a. Ce qui vient du Landswerf est assez ordinairement en mauvaise Etat, je n'en citerai que trois exemples: il y a quelques semaines qu'un wachtschip vient a la rade et salue l'Amiral, et tout de suitte le vaisseau se trouve endommagé, de poorten aan stukken en men vindt dat het met stopverf aan malkanderen was gemaakt en met de verfquast overstreken. Les deux fregattes, le Dolphyn, doublé de cuivre, et la Bellone, depuis environ six semaines arrivées d'Amsterdam, ont etées pendant une dixaine de jours en croisiere, et le Dolphyn s'est trouvé avoir perdu plusieurs pieds de son cuivre, et la Bellone un grand dommage a son gouvernail et le derriere du vaisseau, et sela par le temps le plus beau et le plus calme. Voila trois exemples que je me rappelle, et y a bien d'autres mais qui me sont echappées. Pareilles choses ne viennent point au Prince par menagement pour l'Amirauté, qui a sur le corps d'Officiers beaucoup trop d'influence. Un second point qui jai remarqué, s'est qu'il y a un esprit de parti dans la flotte, que je crois y etre tres nuisible: il n'est pas douteux. Ce quil y a de vieux Officiers sont jaloux a un point excessif de Kinsbergen, et que ceux ci mettent Dedel en avant, et pretendent quil vaut bien l'autre, je ne veux point ni ne puis decider de ce parallelle, mais sur est il que Kinsbergen est actif, tandis que Dedel, qui a eu tout l'hiver presque la goutte, | |
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est... fesseGa naar voetnoot1) de ses meaux et ne se porte pas bien. Je doute d'ailleurs sil aime le travail, mais je crois que, pour bien faire, ils ne devoient point servir dans la meme flotte, et je croirois meme que si l'on pouvoit trouver moien d'emploier Dedel a terre, les choses n'en iroient que mieux. Pendant le sejour que Monseigneur le Prince d'Orange fit ici, Elle me fit l'honneur de me dire qu'Elle avoit intention de faire Kinsbergen son Adjudant General de la Marine. Que ce soit avec ou sans ce titre me paroit egal, mais je crois quil conviendroit que le Prince se l'attachat, et quil ne resta point a Amsterdam, si de façon ou autre sela arrive, il sera l'homme du Prince, et le Prince scaura le dessous des cartes et tout ce qui se fait et se passe dans la Flotte, et il en connoitra les defauts que je ne crois point etre en petit nombre, et en revange, s'il reste sur le pied quil est, il menagera, comme fait tout le reste, l'Amirauté, et les defauts de la flotte sont debitees pour le compte du Prince. Tant que ce corps restera dependant de l'Amirauté, ce seront comme pour la plus parts des vieux Officiers, de bons marins, mais point de bon soldats marins. La preuve en est qu'a la derniere sortie de la flotte avec Hartzinck, je scai que l'on a été occupé au dela d'une heure a former la ligne de battaille et encore n'etoit elle que mediocre. Voila, Monseigneur, des choses que j'ai cru devoir porter a la connoissance de votre Altesse, par ce que je crois qu'elles peuvent avoir beaucoup d'influences si la guerre continue et qu'en tout cas il me paroit que s'est le temps que le Prince doit arracher ce corps de l'influence qu'a sur elle l'amirauté. Si jai tort, jespere que votre Altesse daignera pardonner mon erreur; aussi je n'en parlerois jamais qu'a Elle seule, ses affaires n'etant nullement de mon departement et qu'ainsi on pouvoit le trouver mauvais. | |
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L'on m'ecrit d'Amsterdam qu'on y est enthousiasmé de l'Empereur, mais aussi que l'on y debite sur son compte bien des choses au qu'elles il n'a probablement pensé. Entre autres aiant vu les portraits dans une chambre nommé le krijgsraadkamer, il auroit dit que l'on devoit envoyer ses portraits a la chambre des Etats Generaux pour servir de modele, car qu'on n'en avoit pas besoin a Amsterdam ou il y avoit tant de Patriottes, dont il faisoit grand cas. On croit que l'Empereur aime beaucoup la Republique et nullement l'Angleterre. Voila ce qu'on m'en ecrit, et ici sur la flotte on pretend qu'il y a de l'Enthousiasme pour l'Angleterre; il y a trouvé une grande compagnie de femmes a bord du vaisseau Amiral, ce que je crois lui aura deplus, et puisque Hartzinck etoit prevenu par le Prince de cette visite, il auroit du arranger sela differemment; mais s'est un pauvre homme, qui ne sortira point avec la flotte, ni restera a la rade; il transportera sa flamme sur un wachtschip, commandé par un Capitaine van Loo et pour sa personne il part pour Amsterdam, a ce quil ma dit lui meme. Je ne scai pas precisement quel vaisseaux resteront; mais outre ceux de Raders et van Vlierden de cinquante pieces, que cependant ils n'ont point encore a bord, ce que j'entends, il y a encore une fregatte, commandé par le Capitaine Sels, dans le meme Etat, et deux fregattes Nord-Hollandoises, qui manquent beaucoup de monde, qui resteront aussi. Pendant que j'ecris celle ci, je recois avis de la flotte que l'on a des avis que l'Amiral Parcker est a dix milles d'ici avec sept vaisseaux de ligne. L'on s'attendoit a tout autre chose, et que l'echec que les Anglois avoient en Amerique les auroit obligé a rappeller cet esquadre, et nous laisser la pleine liberté de faire passer notre convoi, dont les Commandants de notre Marine sont fort embarassés. Selon des nouvelles que jai recues, le Lt General de Rechteren a été derechef tres mal, mais en train de se remet- | |
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tre, a quoi l'on s'attend, a moins que le degout pour toute sorte de nourrition ne continue. Je supplie tres humblement Votre Altesse Serenissime de vouloir bien me continuer l'honneur de sa puissante protection et d'aggreer le respectueux devouement avec le quel jaurai celui d'etre ma vie, Monseigneur, De Votre Altesse Serenissime le plus soumis serviteur, (Signé) W.G. van der Hoop. Au Helder ce 18 Juillet 1781.
En relisant ma lettre je vois que jai oublié de Lui marquer que nous avons eu hier assez pres deux cotters Anglois, qui sont venus reconnoitre, et probablement appartiennent a l'esquadre de Parcker. | |
[23 juli 1781]Monseigneur.
Le Colonel Bentinck, que je rencontrois a une lieue d'ici, me remit la lettre que votre Altesse Serenissime lui avoit remise pour moi, avec l'incluse, qu'elle a bien voulu me communiquer, qui m'a fait le plaisir le plus sensible, aussi la garderai-je bien soigneusement, soit pour ma propre satisfaction, soit, si V.A. vouloit bien m'en donner la permission, pour la faire voir a des amis qui pouvoient faire usage, et la seconde de la meme date du 20 Juillet, je l'ai trouvé hier en revenant ici. Si je ne scavois par V.A. meme, qu'elle ne se meloit point de la Marine, je n'aurois point tant tardé a Lui ouvrir mon coeur a ce sujet, persuadé, comme je le suis, qu'elle ne m'auroit pas pris de mauvaise part, que j'entrasse dans ses arrangements, quoique nullement de mon resort. Mais ne sachant point comment Monseigneur le Prince d'Orange trouveroit cette demarche, et pour ne point faire la peine a votre Altesse, | |
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j'ai concentré en moi meme le deplaiser que j'en ai resenti et en resent. Mais puisque V.A. me dit que le Prince a daigné approuvé mon zele, j'ose encore reiterer ce que j'ai eu l'honneur de dire pendant mon dernier sejour a V.A. quil me paroit d'une necessite absolu que le Prince d'Orange n'admette point par continuation ses distinctions d'une Amirauté a l'autre, mais que tout les vaisseaux de guerre soient melées. Faut il des vaisseaux par exemple pour la sureté de la Zelande ou de la Meuse, qu'on en donne, mais point justement de l'Amirauté de ces deux quartiers par ou ses Messieurs continuent une direction tres nuisible pour la partie militaire. Enfin Monseigneur, si nous ferons quelque figure l'année prochaine en mer, il faudra, je le prevois, bien des changements dans ce departement, et bien plus de travail quil ne s'en fait. Mr Hartzinck est parti ce matin pour Amsterdam; s'il avoit mis en mer avec la flotte, et laissé Mr Zoutman ici pour presser les vaisseaux qui sont nouvellement arrivees ici, a s'exercer et se pourvoir de tout, il auroit bien mieux fait, ce me semble: car son commandement devient nul par sa propre conduitte. Le Contre-Amiral Zoutman a envoyé hier un uytlegger, nommé le Zeebaars, ne pouvant tenir la mer a ce que j'ai entendu dire. Je n'ai rien entendu de nos vaisseaux qui sont en mer: peut etre par la poste du Texel et du Vlie on en entendra quelque chose. Les troupes dans ces cantons tombent malades a force, surtout les deux Battaillons qui ont restées a Alkmaar; celui de Schmid, qui en est sorti aujourdhui, en a soixante douze, et le second du Prince Frederic a peu pres autant, mais jusqu'ici peu de dangereux. Je supplie etc. Au Helder le 23 Juillet 1781. | |
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[10 augustus 1781]Monseigneur.
Je viens de recevoir la lettre que V.A.S. ma fait l'honneur de mecrire le 8, dont j'ai celui de la remercier tres humblement; de meme pour les assurances qu'elle veut bien me donner qu'Elle n'oubliera point mes interets dans l'arrangement pour mes extraordinaires, et comme de moment a autre nous allons recevoir des nouvelles, a mesure qu'elles arriveront, je les coucherai sur le papier. Jai recu ce matin une lettre de Texel pour me communiquer qu'on avoit veu hier au soir une flotte d'environs soixante et deux vaisseaux, qu'on supposoit etre notre flotte marchande, entremelées de vaisseaux de guerre. L'Amirauté d'Amsterdam va trouver de la besoigne pour la reparation de nos vaisseaux, et l'on voirra par la combien ce college s'est fourni du necessaire. Je scais entre autres que l'on na pas un seul mat de rechange pour le vaisseau de Kinsbergen, et je scai, qui plus est, que celui qu'elle a actuellement n'etoit pas propre pour s'en servir et que ce n'est que par complaisance pour Boreel quil s'en est contenté. Ceci et bien d'autres choses viendront a la connoissance du Prince, lors qu'Elle aura Kinsbergen avec Elle. Jose en attendant supplier V.A. de vouloir bien ne point me nommer. Mon frere m'a ecrit, il y a quelque temps, que le frere de Boreel tachoit encor de persuader le Fiscal de ne point se demettre de son emploi, mais quil avoit dit quil quitteroit, mais point avant quil eut une Resolution qui le lavat de tout soubçon. Il se pourroit cependant que le travail qu'il y aura a faire appresent, le fit changer. Jespere que le Prince recompensera, avec profusion meme, tout ceux qui ont etées dans cette action, et il me paroit que s'est une excellente occasion pour faire de contre-Amiraux, le Pauvre Bentinck inclusivement, et recompenser les autres capitaines par des vaisseaux. Tous doivent avoir tres bien fait, et | |
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il ni en a qu'un qu'on pretend qui auroit pu faire quelque chose de plus quil na fait, pour s'egaliser avec les autres. Il ni a qu'un seul capitaine de fregatte que l'on suppose avoir perdu son contenance, faisant feu de deux cotées tandis quil etoit loin de l'ennemi. Je tiens ceci du Lt Hartzinck et de mon fils qui me dit que l'on les avoit donnees le nom de Stomme Friesen sur la flotte. Je languis infiniment a voir Kinsbergen pour scavoir ce qu'il dit de mon fils; mais la façon dont il me raconte me fait bien esperer. Pardonne, Monseigneur, a un Pere cet epanchement de coeur. Nos gens, a que j'entend, se plaignent beaucoup de ce que les Anglois ont tirées avec des morceaux de bayonnettes, couteaux, ciseaux, lard et pourcelaine, et les deux jeunes gens pretendent que si le vent avoit eté pour nous, ce quil etoit pour les Anglois, on se seroit battu de plus pres. Le vaisseau Americain est a peu de distance de hors. Aujourdhui de Neufville fils (?) et plusieurs Negotiants d'Amsterdam se sont rendu a bord chez Gillon, pour arranger les comptes qu'ils avoient encor a terminer. Ce matin est arrivé un vaisseau de cartel avec beaucoup de Matelots, venant des Indes occidentales, et a peu de distance il doit y en avoir encor un. Nos experts craignent que notre flotte, tant de guerre que de commerce, sera obligé par le vent contraire d'entrer au Vlie, et nos jeunes Marins pretendent qu'a l'exception des vaisseaux de Kinsbergen et Van Braack tous doivent aller a Amsterdam pour y etre reparé. Monseigneur le Prince d'Orange aura vu clairement par la lettre du Vice-Amiral Hartzinck que l'on ne se soucie point d'avoir de nos soldats sur les vaisseaux. La lettre etoit deja ecritte au Prince, dans laquelle il etoit fait mention de notre conference que nous devions avoir a ce sujet, et je ai fait rayer le mot de aanstekende, que le secretaire avoit emploiez pour nos fievres. | |
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La poste du Vlie nous apporte la nouvelle que toutte la ffotte marchande avec quatre tant vaisseaux que fregattes, etoit occupé a y entrer, et depuis Kijck-Duyn on ma fait rapport quil y a quatre vaisseaux de guerre en vue, qui probablement entreront demain. Et comme probablement il ne restera plus rien a adjouter a celle ci, jose avant de finir supplier tres humblement etc. Au Helder ce 10 Aout 1781. | |
[11 augustus 1781]Monseigneur.
Quoique depuis la pointe du jour on a vu notre flotte, quoique dans l'eloignement, elle n'est point entrée et on croit que se sera tout au plus demain matin que l'on pourra le voir arriver a la Rade. Un Pilote, qui avoit eté sur le vaisseau du capitaine Dedel et demeurant dans cet endroit ci, vient d'arriver du Vlie, dit que le vaisseau a été tellement endommagé dans l'affaire du 5 que l'on n'a pu le sauver et a coulé bas. Il dit aussi, qu'a sont depart du Vlie on a vu un vaisseau de guerre en mer sans mats et que l'on croit que s'etoit l'Argo, que le capitaine Staring montoit, et que l'on scavoit etre tres endommagé, mais ceci n'est pas sur du tout, mais par les nouvelles qu'on recueillit de moment a autre, il n'est pas douteux que nos gens ne se sont parfaittement battus, et le bruit court qu'il y auroit deux vaisseaux Anglois qui ont coulées a fond, et que du nombre seroit celui de l'Amiral Parcker; mais il ne me paroit guerres possibles qu'on puisse le scavoir. Voila Monseigneur tout ce que j'ai pu recuellir aujourdhui; il ne me reste que de supplier tres humblement etc. Au Helder le 11 Aout 1781.
Le capitaine Dedel et tout son monde, qu'il avoit ramenées du combat, sont sauvées. Le Colonel Bentinck, | |
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Adjudant du Prince, est arrivé ici hier au soir tard, et est allé ce matin a bord chez l'Amiral ou depuis je n'ai plus rien entendu de lui. | |
[12 augustus 1781]Monseigneur.
J'ai eu l'honneur de reçevoir ce matin la lettre que votre Altesse Serenissime m'a fait celui de m'ecrire avec la relation que le contre Amiral a envoyé au Prince; le Stile n'en est pas bien élegant, il en est venu un ici du vaisseau de Kinsbergen qui est un peu mieux, mais ne regarde que son seul vaisseau; je prends cependant la liberté d'en envoyer ci soint une copie à V.A. en la remerciant de l'autre. J'espere, Monseigneur, que l'avantage que nous avons remportées nous procurera des Matelots et qu'aussi on parviendra encor a mettre quelques vaisseaux en mer avant la fin de cette campagne. Je croirois meme que si l'on parvint a deterrer dans la Republique un grand mat pour le vaisseau de Kinsbergen, celui ci pourroit mettre assez vite en mer, ainsi que l'Erfprins commandées par Braak, la Princesse Royale, commandé par Raders, un autre de cinquante Pieces commandé par van Vlierden que l'on pourroit donner a un autre, par ce qu'il lui manque beaucoup de monde, comme aussi le vaisseau nommé l'Unie quon a donné a Bentinck, a qui on pourroit en donner un autre dans la suitte. Enfin, Monseigneur, il me paroit qu'avec un peu d'activité on parviendroit bien vite a remettre en mer un esquadre au moins aussi fortte que celle ci qui est sur le point de rentrer; mais il est vrai, il faudra de l'activité. V.A. aura vu par ma lettre d'hier que l'apprehension qu'Elle a eue pour le vaisseau de Dedel n'a point été deplacée, mais en revange que la flotte marchande est toutte rentrée a ce qu'on m'assure. Je voudrois (sur tout pour nos pauvres blessées) que Notre | |
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flotte fut deja rentrée, ce que l'on n'espere point pouvoir avoir lieu aujourdhui; mais qui m'auroit fait bien du plaisir aussi s'est de scavoir Zoutman et Kinsbergen a terre pour pouvoir faire le detail du necessaire pour les reparations, afin que sela puisse se faire le plus promptement possible, et reparoitre en mer. Jai beaucoup insisté la dessus le jour que je dinois avec le Vice Amiral et que la premiere nouvelle nous vint du combat; mais celui ci en croioit la chose impossible, mais aussi n'est il guerre agissant. Enfin je dois avouer, Monseigneur, que la situation de ce Vice Amiral me fait de la peine et qu'a sa place j'aurois de la peine a me montrer a des gens qui se sont si bien battus et etoient à ses ordres. Un Pilote qui etoit a bord du vaisseau de Kinsbergen et est revenu ce matin, ne peut assez admirer l'ordre et la tranquilité qui a regné sur le vaisseau pendant le combat, et il pretend qu'il a trois officiers avec lui qui tiennent cette meme tranquilité de lui. Les nouvelles que l'on a du Capitaine Bentinck sont assez favorables et donnent quelque esperance de le voir retabli. Le Colonel a envoyé hier au soir son domestique a Amsterdam pour y chercher un tres habile chirurgyn en qui son frere a beaucoup de confiance. Ne seroit ce pas une occasion, Monseigneur, pour parvenir a obtenir la permission de la Nord-Hollande de batir au Nieuwe Diep un hospital pour la MarineGa naar voetnoot1). Il me semble que ce seroit une grande obligation qu'on auroit au Prince, et si sela n'etoit pas faisable qu'on en batit une a l'Isle de Texel, ce dernier seroit preferable par ce que l'air y est de beaucoup plus sain, ce dont je fais l'experience, car il ni a que quatre malades du detachement de deux cent hommes qu'il y a, tandis que nous en avons ici environ deux cent. Je demande tres humblement pardon a V.A. | |
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de l'entretenir toujours de mes reveries pour l'amelioration de la Marine; mais comme je suis convainqu qu'Elle desire le bien, je m'assure qu'Elle me pardonnera la liberté que je prend en sortant de ma sphere. Il n'est arrivé en dedans du Texel qu'un seul vaiseau que l'on croit etre l'Argo, les autres sont tous tres a portées, et on se flatte que demain entre sept et dix heures tous pourront se trouver a la Rade, ce dont jaurai l'honneur de faire ulterieurement Rapport a V.A. Il ne me reste pour le moment que de la supplier tres humblement etc. Au Helder ce 12 Aout 1781.
Jai oublié de dire a V.A. que la fregatte le Dolphyn est entré hier au soir fort tard. | |
Zondag den 5 Augustus 1781.De wind N.O. ten N. labbere bramseyls coelte, saagen wij 's morgens om half 4 uuren te loefwaart op, N.O. à O.N.O. een vloot scheepen van meer dan 40 zeylen. Naader bijkomende, erkende wij dezelve voor Engelse koopvaarders, onder geleyde van zwaare oorlogscheepen, Fregatten en Cotters, en het bleek ook ras dat wij in deese stelling niet bedroogen waren, want de capitain Grave van Welderen, voerende de Cotter de Ajax, uytgesonden om te jaagen op een schip, zeylende van ons Z.Z.O., kwam berigt doen dat hij het selve schip had gepraaid en bevonden, dat het was een Zweeds Koopvaarder, die, volgens syn verhaal, den 26 der gepasseerde maand July, de Zond passeerende, bovengen. Eng. vloot hadde gerencontreerd, verseekerende dat 't selve bestondt in 250 Koopvaarders, zeylende onder de bescherming van 10 Oorlogschepen van Linie, eenige Fregatten en Cotters. Wij saagen vervolgens dat de Eng. Oorlogscheepen sig van de Koopvaarders afsonderden en regtstreeks op ons | |
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aankwaamen. Om half 6 uuren, wanneer de wind was N.N.O. à N.O. Bramzeyls coelte helder en overdrijvende lugt, deed de Eng. commandant zeyn (Apparentlijk tot Engagement) het geen door sijn onderhebbende scheepen beantwoordt werd, met de Princegeus verkeerd van de voortop te laaten waayen. Hierop volgde dat de S.B.N. Soutman insgelijks 't zeyn deed, naamentlijk om te rangeeren in Linie van Battalie, hetwelk momentlijk door de onder sijne commando staande scheepen gerepeteerd werd. Ons Esquader alsoo geformeerd, om in die ordre de Eng. in te wagten, werd door gedachten S.B.N., ten 6 uuren, 't seyn gedaan voor de Koopvaarders om te wenden, bestaande hetselve in de blauwe vlag aan de kruystop te heyssen. Dat plaats vindende, wende meede het Esquader om de O.Z.O., waarop ten half 7 uuren door den Schout B.N. het zeyn tot engagement wierd gegeven en waarmee dadelijk het Gevegt een aanvang nam. De S.B.N. kreeg de Eng. Adm. op zij en wij een schip van 74 stukken aan B.B. De bedaardheid en onopgesmukte tranquiliteit van hoogere en mindere commandanten, en alle die verpligt zijn punctueelijk naa te komen derselver order, was op ons schip ongelooflijk. Sij wagten sonder eenige de minste vreese te doen blijken, het vuur der vijanden in, en dat ontfangen hebbende, appliceerde men het onse bij herhaaling, derwijse dat het selve schip sijn cruyssteng afgeschooten sijnde, vooruyt liep, hetwelk daardoor naast den Heer Captn Braak geraakte, die hem mede soodanig bejeegende, dat hij alles wat hij maar kon, bijsette, en door dat middel een goede distancie vooruytkwam en dus occasie kreeg, om sig soo veel doenlijk te herstellen. Deese afwijking sou door ons aan hem belet sijn geworden, soo niet Captn Mulder agter ons heen passeerde, ons te kennen had gegeven, dat 's Lands Fregat de Argo, Captn Staaring, in soodanige situatie was geraakt, dat het selve schip sonder spoedige hulp te be- | |
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komen, het soude moeten opgeven. Dit deed direct Captn Kinsbergen de resolutie neemen van de Argo te ontsetten; gaf ordre dat het selve soude afsakken, deed ons groot m/3 en cruyszeyl teegen brassen en kwam dus in de plaats van Captn Staaring, met sijn Party, weesende een schip van....Ga naar voetnoot1) stukken in gevegt, bij welke gelegentheid van ons eenig touwwerk aan stukken en een eind van de groote Raa aan B.B. zijde wierd afgeschooten. Dit schip echter meede wijkende, sag men dat de S.B.N. wat kwam aftezakken om zig weer compleetelijk in Linie van Bataille te herstellen, onder welke manouvre men gewaar werd, dat het eerstgen. Engelse schip, waarmede wij slaags waren geweest, weder kwam opdagen, passeerende veghtende Captn Braak, en kwam doen op nieuw op ons aan B.B. op zijde; dan de lust om daar wat te vertoeven, wierd hem daadelijk benoomen, gelijk bleek in sijn spoedig vooruyt wegloopen. Deese dan ons ook niet meer hinderlijk sijnde, kreegen wij eindelijk nog te doen met de 3 volgende, die ons, voor soo ver sulks hun mogelijk was, te gelijk aan B.B. op zijde kwamen, sijnde de Heer Vice Adm. Parcker, voerende 84, een voerende 74 en een 3 Dekker van 96 stukken.Ga naar voetnoot2) Hier scheen het dat de Eng. hun uyterste poging hadden voorgenomen; dan het was al weer voor hun van geen gewenschter uytslag dan hun vorige tentamen, want niet lang daarna sag men de 96 en 74 sig wegmaken; het Hollandse kruyt scheen hun te kragtig en dat daarmede aan hun soo goed werd toegediend, te onsmaalijker.Ga naar voetnoot3) Dog de Vice Adm. Parcker met zijn 84 (74?) had, schijnt wel, naa sijn genoegen nog niet regt de kragt van het een en ander, door de Heer | |
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S.B.N. aan hem soo welmeenend en Extra Liberaal toegediend, die kunnen proeven. Zijn snoeplust was, gelijk het bleek, niet voldaan, hij moest van de kost, die de keuken van den Adm. Gener.Ga naar voetnoot1) schafte, meede smaaken, om te weeten of sijne cameraden, toonende daarvan een afschuw te hebben, ook mogte geabuseerd sijn; gem. 2 schepen dan voor hem ruymte gemaakt hebbende, kwam bij ons vlak op zijde; nu zag men ruym een ½ uur een allerijsselijkst vuur, wanneer de Heer Vice Adm. sijn bekomst hebbende, meede wegtrok. Wij sagen vervolgens dat de Eng. bij de wind om gingen, en dat de Vice Adm. sijn groote Raa, en de Driedekker sijn groote steng bevoorens 6Ga naar voetnoot2) door ons aan stukken geschooten en beneeden kwaamen. Ook dat een van hunne scheepen door bekoomene grondschooten merkelijk sakte, dat soo het niet gesonken is, hun veel moeite sal hebben gekost om meede te sleepen. Wanneer de Vice Adm. van ons wegtrok, was het circa 12 uuren en dus sijn wij volle 4 uuren met hun slaags geweest. Het selve is voorgevallen op de gegiste Noorder Breede van 55 graden 50 minuten, Texel 41 mijlen Z.T.W. van ons. Wij hebben met 6 scheepen van Linie, een à twee Fregatten, geslagen teegen 9 scheepen van Linie veel swaarder, en waar onder een Drie Dekschip(?). De schade welke wij bekoomen hebben, bestaadt in 7 dooden, dat is in 6 direct gesneuveld, en in een des anderen dags aan sijne wonden overleden, en 30 gekwetsten. In de groote mast van onder hebben wij een schot, als ook een schampschot onder de mars, ook in de groote steng, de Boegspriet aan stukken, en 2 kogels in de | |
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selve gevonden; van de groote raa B.B. is een eynde afgeschooten, als ook de Langzaling aan de cruysmars en daarin gevouden 1 kogel, in de voormarsse Raa B.B. zijde aan de bovenkant een kogel, voor in de Boeg booven water 1 kogel, 2 kogels door de Scheg, in de B.B. buytenhuyd 63 schoten, in de Enge Chaloup 2 schoten. In de Actie zijn door ons 1054 kanonschooten gedaan; de gebruykte quantiteyt kruyt bedraagt 7484 ℔. | |
[13 augustus 1781]Monseigneur.
Jai vu avec bien du deplaisir par la lettre que V.A.S. ma fait l'honneur de m'ecrire, le 11 du courant, qu'Elle avoit une violente migraine; je veux esperer qu'Elle en aura été promptement delivree et qu'Elle jouira longues années de la santé la plus parfaitte. Ce matin toutte notre flotte est entrée en bon port; je me suis tout de suitte rendu a la Rade pour faire mon compliment a Mr le Contre Amiral et a Kinsbergen, car pour Bentinck on ne peut le voir. Cependant un fameux chirurgyn d'Amsterdam, en qui il a la plus grande confiance, donne des esperances de le voir conserver, quoique j'apprend qu'une partie de l'epaule soit emportee. On a pris un batteau avec le quel on le transportera demain a Amsterdam; en attendant son vaisseau et celui du contre Amiral sont cruellement accomodées, de meme que celui du Capitaine Braack qui a fait des prodiges de valeur, ce que par la grande ressemblance on attribue au Capitaine van Braam, mais ce n'est pas precisement sela a ce que je viens d'apprendre, mais ce ne sont que des diton et je noserois les garantir. Ce que le Cap. Mulder, Commandant la fregatte le Dolphyn, que l'on veut dans la flotte, merite bien au dela, a raconté ce matin, fait un honneur infini a Kinsbergen: il pretend avoir entendu crier par l'Amiral Parcker a un | |
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Officier Commandant un vaisseau de 84 canons, n'approchez pas tant de ce vaisseau de 74, car vous ne pourrai y tenir. Jespere que le Prince donnera des ordres pour rejouissances a faire a la Rade et au poste ou je commande: je crains sans sela que sela donnera matiere a gloser et jespere que ce jour la meme sera marqué par des graces en verité bien meritées. Il commence deja a nous venir grande quantité de monde pour voir les vaisseaux assurement tres maltraitées; l'on a debité ici que le Prince avoit intention de venir lui meme ici pour voir la flotte et distribuer des graces, mais je ne puis le croire puisque s'est cette semaine l'assemblée d'Hollande, et qu'ainsi sela feroit perdre un temps bien pretieux pour les reparations a faire au vaisseaux, et que la saison est deja tres avancée; mais en revange jespere les recompenses suivront de pres, et je puis bien dire qu'on les attend et que si sela ne venoit point et meme promptement, fera un tres mauvais effet dans le publiq, mais sur tout sur la flotte ou l'on dit que Zoutman veut se retirer. Je supplie tres humblement V.A.S. etc. Au Helder 13 Aout 1781. | |
[14 augustus 1781]Monseigneur.
Les affaires de la fiotte m'ont tellement occupées ses jours que jai oublié d'entretenir V.A.S. sur une lettre que jai reçu du Secretaire de Groot que jai l'honneur de joindre iciGa naar voetnoot1) etc. Je commence a croire, Monseigneur, que cet Amiral Parcker ne doit pas etre plus habile que son adversaire et que s'est a la fermeté, la bonne contenance et le bel ordre que Kinsbergen a introduit sur son vaisseaux, que nous devons d'avoir sauvées nos vaisseaux: car sur est il | |
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que Bentinck et Staring ont etées sur le point de devoir se rendre, et sela auroit entrainé le contre Amiral probablement aussi, car selon les bruits qui courent, l'equipage de ce dernier etoit yvre, et le desordre que sela a occasionné leurs a fait perdre plus de monde qu'ils ne l'auroient fait sans sela. Enfin, Monseigneur, lorsque Zoutman aura sa recompense, il sera bon je crois quil se retire, et Hartzinck aussi, en attendant que la republique soit en etat de lui donner une flotte de soixante dix vaisseaux. Pardonnéz, Monseigneur, que je vous parle avec tant de franchise, mais vous m'en avez donné la permission. Veuillez m'en garder le secret, si ce n'etoit trop exiger de vos bontées, j'oserois vous prier de me faire la grace de me dire, si Elle croiroit quil fut possible que je puisse passer mon hiver à Nimegue, afin que, si sela ne peut avoir lieux, je puisse chercher a me loger quelque part pendant l'hiver. Daignez, Monseigneur, pardonner mes importunitées, me continuer l'honneur de votre Puissante Protection et aggréer le respectueux devouement etc. Au Helder ce 14 Aout 1781. | |
[14 augustus 1781]Monseigneur.
Apres que la ci jointe etoit ecritte, arrive ici un homme de ce village qui a été fait prissonnier a St. Eustache et detenu prisonnier en Angleterre, qui avec un pasport Danois a trouvé moien de s'evader, il dit que le 10 du courant il a entendu dans la riviere de Londres qu'un Kotter du Roi etoit venu pour faire Rapport du combat du 5 du courant, et qu'il avoit dit que le vaisseau de l'Amiral Parcker avoit été tellement endommagé quil avoit coulé bas, et qu'il y en avoit quatre autres que l'on craignoit devoir subir le meme sort; un autre a passé a l'endroit ou le combat s'est donné le lendemain et pretend quil y avoit une terrible quantité de tuées qui flottoient sur la | |
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mer. Jai l'honneur d'etre avec le devouement le plus respectueux etc. Au Helder le 14 Aout 1781. | |
[15 augustus 1781]Monseigneur.
Je viens de recevoir la lettre que V.A.S. me fait l'honneur de m'ecrire le 13; elle me rend parfaitement heureux par ce que je vois que V.A. approuve que je lui parle par continuation et que je l'entretienne des Idées qui me viennent pour la Marine. Je le reitere, Monseigneur, il faut de toutte necessité un etablissement ici ou au Texel pour les Malades et les Blessées, et ne permettre qu'a l'avenir ils soient transportées a Amsterdam, mais que les Marins ayent les obligations a l'Amiral General du bien qu'on leurs fait quant ils sont malades ou blessées, et il me paroit que cet Isle du Texel devroit étre consacré pour eux, et la Paix faitte mettre tous les etablissements, que l'on y feroit, a l'abri d'entreprises des Ennemis, nommer un Gouverneur de cet Isle qui fut de la Marine avec de bons appointements, a quoi la Hollande concourra avec plaisir, et ainsi sera fait le premier pas pour soustraire de l'Amirauté et de la Regence d'Amsterdam un corps qui ne doit connoistre que le Prince d'Orange, et je voudrois etendre cette Ecole de Marine pour tout les Amirautées et tacher ainsi que de n'en faire qu'un seul corps dans la suitte. Messrs Hartzinck et Zoutman sont partis ce matin pour la Haye, a la place du premier je ne m'associerois point, mais j'aurois precedé ou suivi Zoutman, si tant est que jaurois du y etre dans le meme temps. Je ne puis m'empecher de raconter une excellente histoire que l'on dit etre arrivé a Hartzinck; Kinsbergen a un quartier maitre de confiance qui passe dans toutte la Marine pour un des braves; Kinsbergen l'envoyat samedi dernier pour faire des Recrues et le chargea de lettres pour l'Amiral. Celui ei lui dit: Wel, Sander, hoe is het in de battaille ge- | |
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gaan? Kostelijk Mijnheer de Admirael; is de cajuit ook beschadigd?Ga naar voetnoot1) Och neen, maar in de bottelarij is een kogel gekomen in een mand met flessen. Te duyvel, Sander, mijn wijn! Och neen! Mijnheer de Admirael, de flessen waren leeg. Dat is goed, Sander, en geen eene kogel in de cajuyt? Och neen, Mijnheer, daar weet Kinsbergen meesterlijk op te passen; je had Mijnheer de Admirael heel gerust in de cajuyt met Mevrouw en de geheele famielie kunnen sitten een kopje thee drinken en een pijp taback roken, sonder eenige de minste ongemak te wagten; maar het is waar, Kinsbergen is een heele kerel en bij hem kon dat gaan, maar bij andere niet. Ce quartier Maitre est particulierement connu de Hartzinck par ce quil commande la grande chalouppe de l'Admiral, et s'est ce qui rend le conte tres vraisemblable. Je supplie tres humblement etc. Au Helder ce 15 Aout 1781.
Le Capitain Bentinck a été transporté hier matin a la pointe de jour a Amsterdam.
Apres avoir ecrit celles ci, je recois, Monseigneur, les ordres du Prince pour venir a la Haye. J'ai été m'aboucher avec Kinsbergen pour faire ce voyage ensemble, mais comme les charpentiers sont venu pour examiner les reparations, il ne pourra partir d'ici que Vendredi ou Samedi et je ferai le voyage avec lui. Il est excessivement content de l'acte que le Prince lui a fait l'honneur de lui envoyer comme son Adjudant General, il aura l'honneur d'en remercier le Prince de bouche comptant beaucoup mieux lui plaire en s'ocupant de son devoir et se presse de se rendre a la Haye. J'espere d'avoir l'honneur d'offrir a V.A.S. de bouche les assurances de respectueux devouement avec le quel j'ai l'honneur etc. | |
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[22 september 1781]Monseigneur.
Je suis bien vivement affecté par le contenu de la lettre dont V.A.S. a bien voulu m'honorer le 20 du Courant en y voyant que l'affaire de V.A. ne prend point en Hollande le train quil devroit et que la justice devoit dicter. Je dois aussi l'etre bien plus que nombre d'autres: moi qui a eu l'honneur d'etre en correspondance directe avec V.A. et qui a pu voir le travail immense que V.A. n'a cessé de faire et le bien quil a operé dans les differentes circonstances ou l'Etat s'est trouvé, le souvenir ne s'en effacera sûrement j'amais dans ma memoire, et je gemirai constamment de voire que les soins assidus et ses veilles ont étées si indignement recompensées. Mais quoi q'aussi il en puisse arriver, je supplie tres humblement V.A. d'etre persuadé que mon attachement pour sa personne sera constamment la meme; que je n'oublierai jamais les bienfaits sans nombre dont elle a bien voulu me combler, et que je me ferai une gloire de continuer une correspondance dont j'ai été toujours tres flatté et le serai toutte ma vie. Si je pensois ou agissois autrement, je serois un monstre d'ingratitude, Monseignenr, ne m'en soubçonne point je vous supplie. L'accident du vaisseau du Capt de Bruyn est de celles qui sont inconcevables, j'en ai entretenu un nombre de gens du metier parmi les habitans du Helder: dans le tete a tete tous conviennent que le Capitaine a trop tot abandonné le vaisseau et que, s'il y avoit laissé un habil homme et 25 matelots, le vaisseau auroit été sauvé, mais dans le publiq ils disent, quand on leurs demande si l'on n'auroit pu sauver ce vaisseau, il faut bien que non, car ses gens auront surement fait tout ce quils auront pu faire pour la sauver. Il ni a qu'un Lt Slinger du vaisseau de Kinsbergen que l'on dit avoir dit tout haut que le vaisseau n'auroit jamais été perdu si on ne l'avoit aban- | |
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donné trop tot; que lui Slinger avoit été sur le vaisseau et que s'il avoit eu assez de bras, il l'en auroit retiré. Ce qui parle en faveur de cet Officier, s'est que selon l'aveu de tout le monde s'est sur la pointe du banc que le vaisseau se trouve pris, et que par consequent il y avoit beaucoup a esperer. Au reste l'on pretend que de Bruyn prendra Slinger a parti, tout ceci sont des diton, Monseigneur, excepté que Slinger me dit, aussi entre quatre yeux, ce qu'on dit quil a dit en public. Je languis d'en entretenir Kinsbergen et pas moins de scavoir si le convoy sortira encor: ce que je ne puis croire vu la quantité de vaisseaux Ennemis que l'on dit etre dans la Mer du Nord. Si le convoy ne doit point se faire, je croirois quil faudroit bien envoyer encor quelques vaisseaux au Vlie et surtout une bonne tete pour veiller a cette defense, car pour peu que les Ennemis entreprissent quelque chose de ce coté la, sela feroit furieusement crier. Pour ici nous n'avons rien a craindre, je suppose, et l'accident du vaisseau de de Bruyn est seul capable de les en degouter. J'ai l'honneur de remercier tres humblement V.A. de ce qu'elle a bien voulu me dire de la prochaine demission du Fiscal Boreel et de l'apparence que mon Frere a de le succeder. Il trouvera, Monseigneur, de l'occupation, mais sela ne le rebutera point j'en suis sur, mais il pourra faire le bien et jespere quil le fera. Je supplie tres humblement V.A.S. de vouloir bien me continuer l'honneur de sa gracieuse bienveillance et puissante protection, et me rendra la justice d'etre persuadé que mon attachement pour sa personne et ma sincere reconnoissance des bienfaits dont Elle a bien voulu constamment me combler, ne finiront qu'avec ma vie. Jai l'honneur d'etre le plus respectueusement possible etc.
Au Helder ce 22 Septembre 1781. |
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