Bijdragen en Mededeelingen van het Historisch Genootschap. Deel 1
(1877)– [tijdschrift] Bijdragen en Mededeelingen van het Historisch Genootschap– Auteursrechtvrij
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Memorie betrekkelijk den toestand van Holland in 1793, met het oog op een verbond tusschen Holland en Engeland tegen Frankrijk.Ga naar voetnoot1)
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véritable appréhension, les conséquences qui doivent résulter d'un parti puissant et dangereux qui a dégradé cette nation riche puissante et respectable, à un tel degré d'humiliation et même de mépris, qu'à peine tient-elle un rang parmi les puissances de l'Europe, ou se trouve t'elle en état de maintenir sa propre Existence politique. Les causes de cette situation déplorable doivent etre attribuées à une déviation des principes de la constitution tels qu'ils sont établis par la loi. Cet effet ayant été produit par la foiblesse ou la condescendance des chefs de la Republique et la prépondérence du parti aristocratique dans le gouvernement, qui par degrés s'est acquis tout le pouvoir, ou du moins les moyens de contrecarrer et de rendre sans fruit les mesures les plus sages et les mieux concertées. Cette assertion exige quelques explications. Les sept provinces unies ne forment pas (à proprement parler) une république, mais une confédération consistant en Provinces souveraines et indépendantes, dont chacune est composée de villes également indépendantes, les-quelles villes ne sont sujettes qu'aux Etats de leurs provinces respectives. Les interêts contradictoires des diverses provinces, même des villes, après avoir exposé la Republique au danger le plus imminent, ont enfin prouvé la nécessité de créer un Chef ou Stadhouder, dont l'office est et devroit etre, de reunir en un seul point la force de tout le corps, afin d'agir avec énergie et avec effet, dans les cas d'interêt général. Cependant ce pouvoir ne provient pas autant des prérogatives attachées par la constitution à la situation officielle ou au rang du Stadhouder que de la capacité personelle et de l'influence qu'il peut être à mème de maintenir dans les villes, au moyen des places qu'il a à sa disposition, et qui ont particulierement raport à ses employs éminens de Capitaine et Amiral Général de l'union. | |
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Le Stadhouder possede de plus la faculté de décider dans bien des cas, les différens qui peuvent survenir entre les villes et les provinces, et a toujours été consideré comme la ressource de protecteur des citoyens contre la tyrannie des Bourguemaitres: qui a été intolérable pendant tous les Interregnes ou Minorités des Stadhouders et l'est encore a présent à mesure et par degrés que les Bourguemaitres redeviennent puissans, et ce par le succès de leurs exertions durant les dernieres commotions intestines, et depuis ce tems, pour priver le Prince Stadhouder de ses prérogatives et de son influence, consequences qu'on peut attribuer en grande partie, à la condescendance extreme et déplacée qu'on a exercée lors du Retablissement de la Constitution en 1787. Voyés notte A. Les nobles qui formoient autrefois un corps infiniment respectable, et que l'on considéroit autrefois comme représentant les habitants du pays qui ne resident point dans les villes, ont depuis longtems diminué en poids et en considération, a mesure que les villes sont devenues plus riches et plus puissantes, et maintenant la plus grande partie de leur conséquence dérive de la forme Stadhouderienne du Gouvernement, dont on peut les considerer en quelque maniere comme les soutiens, ils augmentent ou diminuent en consideration avec le Stadhouder, et lors des derniers troubles ils ont été insultés et écrasés par les Régens des villes. Il est vrai que leur humiliation devoit s'attribuer en grande partie à leur propre manque de courage et d'énergie, mais ayant peu de poids et d'influence, en fait de fortune, ou de liaisons dans les villes, et sans soutien du Stadhouder qui étoit trop foible pour se soutenir lui même, leur resistance du moment que les choses étoient poussées à un certain point, devenoit de peu de conséquence jusqu'a ce que lorsque l'assistence des puissances voisines vint à ce manifester le jeune Comte Bentinck de Rhone se mit à leur | |
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tête et leur rendit leur Existence et leur Energie. (Voyés notte B). La ville d'Amsterdam est gouvernée (comme la pluspart des villes de la Hollande) par des Bourgemaitres et un conseil. Les Bourgemaitres se choisissent eux mêmes, leur nombre n'est jamais au dessous de 10 ni au dessus de 12. Ils s'en tiennent assés généralement au premier nombre et pour cette raison on les appelle Tienmanschap (Decemvirri) (sic) de ceux ici quatre gouvernent annuellement; le conseil est composé de 36 membres et quoique choisis par les Bourgemaitres ils en ont toujours été indépendans et souvent en opposition à eux. On les considéroit comme les représentans des citoyens, ce qu'en effêt ils devroient être, et comme un obstacle contre l'oppression des Bourgemaitres, à l'effet de quoi ils devroient être choisis par les citoyens. Ceux des conseillers qui ont servi leur tems comme Echevins, comme le font la pluspart d'entre-eux, sont éligibles à la charge de Bourguemaitres, lors d'une vacance - et ceux ci s'élisant entre eux, comme on vient de l'expliquer, ont une très grande influence dans le conseil, puisqu'il dépend des Bourgemaitres de choisir du conseil tels qui leur conviennent, et comme ils ont toujours préferé leurs propres parens, la charge de Bourgemaitres a été bornée à tres peu de familles, jusqu'à ce que pour quelques points essentiels qu'ils vouloient faire passer contre le Stadhouder en 1748, et pour les quels ils craignoient l'opposition du conseil, ils firent avec ce dernier un compromis, par lequel il fut stipulé, que les conseillers, succederoient à la charge de Bourguemaitres, suivant le tour d'ancienneté dans l'office d'Echevins, à condition qu'ils voteroient avec les Bourgemaitres dans tous les cas concernant le Gouvernement. Par ce moyen les Bourguemaitres gouvernent sens censure et sont abso- | |
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Stadhouder que leur pouvoir peut en quelque maniere etre reprimé, ce qui prouve aussi combien la liberté du citoyen dépend du pouvoir et de l'influence du Stadhouder. Lors de la restauration du Gouvernement en 1787 cette convention fut suspendue et plusieurs des régens qui étoient exclus par elle de la charge de Bourgemaitres furent élus, on devoit alors l'abolir entierement et pour jamais, mais par la condescendance du Prince on souffrit qu'elle fut renouvellée, et maintenant elle continue d'etre en plein pouvoir. La province de Hollande, en conséquence de son opulence et de la grande part qu'elle fournit aux contributions publiques (faisant d'après le dernier Etablissement des Quotes environ les deux tiers) a acquis une prépondérence des plus dangereuses dans la Republique - et la villé d'Amsterdam qui paye à peu près la même proportion de la quote de la province d'Hollande, concentre en elle même toute cette influence et prépondérence, suffisante pour controller ou plustôt pour prévenir telles mesures du souverain, qui quoique avantageuses pour le général, sont comunément en opposition avec les vues particulieres des Bourguemaitres de la ville d'Amsterdam. Ce nonobstant cette ville ne possede qu'une voix dans la Province d'Hollande, et la Hollande ne possede aussi qu'une voix aux Etats généraux des Provinces unies. La cause de cette opposition provient uniquement de l'Extrême jalousie des Bourguemaitres des prérogatives et de l'Influence du Prince, et de leurs efforts pour acquérir pour eux mêmes le pouvoir absolu. Le Prince est maintenant si circonscrit que son pouvoir ne peut etre augmenté et devenir considérable qu'en tems de guerre ou de danger imminent, tel que le moment actuel, lorsque l'augmentation des forces de l'Etat est d'une nécessité indispensable, et alors même est-ce uniquement dans la qualité militaire - mais si jamais cette jalousie a été mal fondée, | |
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c'est vis à vis du Stadhouder actuel qui est incapable d'aucun abus de pouvoir et qui a donné pendant tout le cours de son regne, les preuves les plus claires et les moins équivoques de son grand désintéressement et du plus pur patriotisme. L'Expérience a prouvé et de plus il est évident que la republique ne sauroit dans sa forme conféderée atteindre un degré suffisant de consistance pour agir avec énergie et avec Effet, et que c'est uniquement au moyen d'un Chef, qu'elle peut obtenir une existence politique comme puissance. Lorsque ce pouvoir a une existence complette, conforme au véritable esprit de la constitution, il est concentré dans les Etats généraux et le Conseil d'Etat - au moyen de quoi le Prince (ensuite de son influence dans les Provinces) dirige ses opérations pour le bien général, tandis que les Bourguemaitres sont reduits à l'Existence municipale qui leur convient. Mais durant la longue minorité du Stadhouder actuel, et en conséquence de la politique mal entendue de feu Due de Brunsvic Wolffenbuttel, feld marechal, chargé de l'Education du Prince pendant sa minorité, et de son désir d'augmenter sa prépondérence dans le gouvernement en faisant sa cour à la ville d'Amsterdam, aux dépens (à ce que l'on assure) des prérogatives de son pupille, ce qui a terminé par sa propre ruine, la ville d'Amsterdam a constammaut accru en pouvoir. Ce progrès a été si considérahle dans les dernières années, avec le secours de l'influence de la France, qu'elle auroit presque renversé toute la constitution et aboli le Stadhouderat, quoique la conséquence inévitable en auroit été, de réduire la Republique à devenir une province de France. De cette source est provenue la derniere guerre avec l'Angleterre qui devint indispensablement nécessaire pour mettre le parti à même de renverser le dernier Etat de la constitution; à | |
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cecy l'on peut attribuer les pertes nombreuses et conséquentes qui sont resultées de cette guerre fatale, et c'est enfin à ceci qu'on doit attribuer l'état abject présent de la République, pour avoir négligé les moyens que le retablissement de la constitution en 1787 offroit si amplement; car ces mêmes personnes qui ont été les premiers auteurs de toutes les calamités jusqu'à cette Epoque, ont trouvé non seulement les moyens d'échaper à la punition que méritoient leurs crimes, mais aussi celui de conserver leurs places, et d'aprés cette manière de procéder, leur systême se trouve légitimé et on ne sauroit leur imputer d'autre crime que d'avoir été trop foibles pour obtenir leur but. L'aristocratie ayant gagne par ces moyens un ascendant et étant constamment active, cet ascendant s'est augmenté et est maintenant à un degré de hauteur si dangereux qu'il n'a pas fallu moins que l'Exertion de tout le pouvoir qu'ont employé la Grande Bretagne, l'Autriche et la Prusse, pour empecher la Republique de tomber entre les mains de la France. Il est cependant nécessaire à ajouter encore à ces détails afin de donner une idée plus claire de l'Etat présent des divers partis dans la Republique, et de faire voir que le principe qui prédomine aprésent et qui est si ruineux à la Grande Bretagne et à l'Interest réel de la Republique, pose sur une base si peu assurée, qu'on pourroit maintenant l'attaquer avec succès et afin de suggérer les moyens par lesquels cela pourroit s'effectuer, - ceci étant le principal objet de ces reflexions, et le desir de tous ceux qui prennent à coeur les Interets des deux pays. Les aristocrates en Hollande sont absolument differens des personnes qu'on qualifie ainsy en Angleterre et dans la pluspart des autres pays, ils visent a la possession du pouvoir absolu, à l'exclusion totale du Prince et du peuple. L'origine des derniers troubles intestins dans la Republi- | |
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que peut etre attribuée à un très petit nombre de familles ambitieuses à Amsterdam, qui en se prévalant de la bonté, de la facilité, ou de la foiblesse du Prince d'Orange, ou de ceux qui sont dans l'administration des affaires, ont cherché à diminuer son influence et à augmenter la leur. Elles ont eu l'imprudence d'employer le peuple pour accomplir leurs vues, qui à ce qu'on croit ne s'etendoient pas au dela en premiere instance, mais le peuple ayant acquis une Existence dont jamais ils n'avoient pu se former l'idée, commença à former des pretentions qui ne cadroient aucunement avec les vuës des aristocrates et qui devinrent très embarassantes, car il se forma une autre dénomination de personnes sous le nom de Démocrates ou sous celui favori de patriotes, qui en professant le même principe de reformer les abus de la constitution, cherchoient à la renverser totalement, et a abolir entierement le Stadhouderat. De ce parti etoient les pensionnaires des villes et quelque peu de familles de la Régence, ainsy que nombre d'autres de différentes sectes, dissidens de la Religion établie, et qui pour cette raison etoient exclues de la Regence des villes, plusieurs aussi par Pique ou re-sentiment personnel, mais le plus grand nombre par ambition, pour mettre de côté l'ancienne administration et obtenir leurs places. En même tems on peut affirmer comme un fait que les citoyens des classes inférieures et le peuple furent les dupes de leurs conducteurs et demeurerent par principe attachés à la constitution Stadhouderienne. On ne négligea aucun des moyens qu'on put imaginer pour animer le peuple contre le Stadhouder et contre les personnes du Gouvernement, on prêcha la liberté, et mème l'Egalité, on sema le germe de tout ce qui est arrivé en France, mais heureusement on l'étouffa sous terre peut etre, helas! seulement pour un tems. Les chefs de ce parti sont disgraciés et ceux qui furent | |
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atteints par la lettre de la loi furent obligés de fuir de leur patrie, mais les plus dangereux tels que le Pensionnaire van Berkel, Vischer, Gyselaer et d'autres, qui furent asses adroits pour se couvrir du prétexte d'avoir agi d'après des ordres reçus, continuerent d'etre protegés. Ces gens sont vigilans et remplis d'activité pour soutenir leur parti, dont l'objet a été expliqué, mais auquel on peut ajouter de l'animosité personelle contre le Prince, dont le grand crime est suivant ce que l'on fait ácroire au peuple, de s'être coalisé avec l'ancien parti aristocratique, de la tirannie du quel ils se plaignent également. Le troisieme parti sont les constitutionnels ou ceux qui adherent à la constitution ainsi qu'elle est établie par la loi, ayant pour chef le Stadhouder qu'ils desireroient voir revêtu de tout le pouvoir et de toute l'Influence qui lui est nécessaire pour unir des Interêts aussi variés, et pour conduire les grands Interêts du Gouvernement. Ces objets salutaires ont été empechés par la division des partis et par la prépondérance des Bourguemaitres aristocrates dans les villes, qui ont été et seront toujours prêts de sacrifier le bien public, à leurs vues particulieres d'Interêt et d'ambition, et il en sera de même jusqu'a ce qu'il soit adopté des mesures efficaces pour retablir l'Equilibre et revêtir leurs Hautes Puissances, ayant le Prince d'Orange à leur tête, de ce pouvoir dont les Bourguemaitres des villes se sont emparés, ce qui deviendra plus evident, lorsqu'on aura expliqué la maniere de proceder dans toutes les occasions importantes. Dans les premiers tems de la Republique chaque mesure etoit débattue et décidée dans les Etats des provinces par les Députés des villes, presens, et dans l'assemblée de leurs Hautes Puissances par les Députés des provinces et à la pluralité des voix, les députés etant qualifiés à cet effet par leurs principaux respectifs, au moyen de quoi les affaires publiques se tractoient avec secret et | |
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célerité: le mode de proceder a été alteré, et de la sont provenus les Inconveniens de délais, publicité et même d'Indécision totale; les villes et les Provinces privèrent leurs Députés du pouvoir de décider dans aucun cas sans leur connoissance et aprobation préalables au moyen de quoi chaque proposition est prise ad referendum c'est à dire reservé aux Provinces et aux villes, dans chacune des quelles il faut qu'elle soit débattue et leur resolution doit etre attendue avant que l'on puisse rien conclure finalement dans l'assemblée de leurs Hautes Puissances. Ce seul defaut dans la constitution enleve à la Republique toute énergie ou pouvoir d'agir dans des cas ou le secret et la célerité sont nécessaires, en outre que l'on est exposé à tous les mauvais effets de l'opposition et de l'Intrigue dans les nombreux etages par ou chaque mesure doit passer: pour reformer cet abus et tout autre qui tient au Gouvernement intérieur, il y aura bien des difficultés à vaincre et il sera requis beaucoup de délicatesse et d'adresse, cependant la conjoncture est favorable et le pretexte bien fondé. La Grande Bretagne a garanti la constitution de la Republique et est appellée a la maintenir. Cette constitution renferme de la maniere la moins équivoque, la prérogative du Prince d'Orange, ainsi qu'en ont joui ses prédécesseurs; cette prérogative à été envahie et est pour ainsi dire, reduite à rien. Les aristocrates lui ont enlevé la disposition de nombre de places dans l'amirauté et dans les villes, dans les compagnies des Indes orientale et occidentale. Ils ont rendu l'Employ distingué et respectable de représentant du Prince auprès de la compagnie des Indes orientales, facheux et insupportable, et ils ont aboli encore plus efficacement cet office de représentant par l'Etablissement d'un nouveau Département pour le Gouvernement de cette compagnie, en excluant ainsi le Prince de toute espèce d'influence attachée à sa qualité de premier Directeur-Gouverneur. | |
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Ils ont poursuivi leurs vues avec le même succés pour la Compagnie des Indes occidentales qui a été dissoute en dernier Lieu, et les Interêts importans à ces Colonies sont maintenant traités par un conseil, en privant ainsy le Prince d'une autre source d'influence très importante. Ils ont supprimé l'office du grand Conseil de Guerre, dont la privation laisse l'armée en quelque maniere en Etat de desorganisation. Les places de cet office (qui étoient à la disposition du Prince) lui donnoient beaucoup de poids et d'influence, et cet office est de la derniere necessité là ou il existe un Etablissement militaire, mais aussi c'est ce qu'ils ont cherché à détruire entierement. C'est à ces causes qu'il faut attribuer l'etat débile de l'armée et de la marine, et le peu de fruit des représentations du Prince et de ces Efforts pour les mettre sur un pié respectable. Il n'y a pas encore un an que les Regents d'Amsterdam voterent pour la reforme des régimens de Brunsvie et d'Anspach qui ont rendu en dernier lieu des services si importans. Heureusement que leur voix a été rejettée et que ces troupes ont été conservées pour une année de plus au service de l'Etat. Les Bourguemaitres et les Régens des villes sont en possession de tous les offices lucratifs dans leurs villes respectives et de la plus part de ceux du Gouvernement, ils out en outre les Employs inférieurs à leur disposition. Les premiers sont occupés par eux même et leurs familles et les derniers par leurs attenants et leurs domestiques, de sorte que les Bourguemaitres sont fréquemment dans le cas d'etre juges et partie dans des actions en loi avec les citoyens: de ce melange étrange de qualités, il resulte des maux sans nombre et il suffira d'un seul exemple pour en convaincre. Les Bourguemaitres sont directeurs de la Compagnie des Indes Orientales, quoique par education incompetens | |
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pour la partie du commerce. L'Etat d'insolvabilité actuel de cette Compagnie en est une conséquence nécessaire, ainsy que tous les maux qui proviennent de leurs principes destructifs de politique. Les griefs des citoyens par l'enormité des taxes sont presque insuportables et néanmoins il faut le dire avec etonnement leur net produit dans les coffres de l'Etat est misérable et insuffisant pour les dépenses publiques. Les employs pour la collection emportent le meilleur, ce sont autant de places ou moyens de subsistance pour les Regents et pour leurs familles. Il y a plus, nombre de Taxes dures et oppressives n'ont d'autre produit ni d'autre but. Le discredit de la Republique par la mauvaise administration de ses revenus, la perte de la confiance des sujets dans le Gouvernement et l'esprit de parti qui divise la nation, ont reduit la valeur des fonds publics, qui quoique ne raportant que 2½ pCt. d'Interét étoient vers l'année 1780 de 108 à 112 pCt. à 70 et 60 pCt comme ils sont maintenant. Ayant envain tenté de lever de l'argent à 4 pCt. d'Interêt, ils se sont vus obligés en 1788 de faire un emprunt forcé dans le quel chacun a été obligé sous serment d'employer la valeur d'une vingtieme partie de tout ce qu'il possedoit, et encore ont ils extorqué cette année un don volontaire de la 50e partie de la possession ou propriété de chaque individu de quelque nature qu'elle soit. On ne peut s'étonner de ce manque de confiance d'aprés les raisons que nous venons d'alléguer, et d'aprés les conséquences qui en sont resultées et qui se sont manifestées encore et récemment, en menaçant d'une dissolution totale, et de l'anéantissement de la République. L'Urgence du moment est donc un motif satisfesant et juste pour établir une maniere de proceder plus propre à l'expédition la plus prompte des affaires, pour rendre à l'assembleé de leurs hautes Puissances la faculté dont ils | |
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jouissoient autrefois de décider les députés (?) présens, et pour que dans toutes les occasions les mesures soyent décidées à la pluralité des voix et non à l'unanimité. - A ces moyens il faudroit ajouter tous les autres possibles pour etendre le pouvoir et augmenter l'Influence du Prince, qui devroit etre consideré comme ‘l'organe’ ou du moins quelque chose de plus que le premier ministre de la Republique - se pût-il même qu'il devint le souverain, moyennant, certaines modifications, cela n'en vaudroit que mieux pour le Pays et pour ses alliés. Si les amis du Stadhouder pouvoient compter sur l'entière concurrence et la protection spéciale de la cour Britannique, une telle amélioration du pouvoir de la Republique seroit facile à effectuer, parce que tous les Interêts réunis du commerce d'Amsterdam ainsi que ceux de tous les habitans indépendants s'uniroient à cet effet. Car à moins qu'une telle reforme ait lieu, le pays continuera d'etre déchiré par les partis, et les aristocrates s'en prévaudront pour empecher qu'il ne devienne grand et puissant. En même tems on donnera une fausse interprêtation aux services importans rendus par l'Angleterre dans la derniere crise, tandis que la Republique paroitra le peuple le plus ingrat sur la face de la terre, et ce par l'inconduite de ceux qui gouvernent, qui ne manqueront pas d'attribuer la maniere miraculeuse dont le pays a été préservé a des causes bien éloignées de la vérité. La Hollande a plus que tout autre pais besoin d'alliances, parce qu'elle ne peut se soutenir seule, tandis que sa position, son opulence et ses ressources maritimes la rendront toujours une liaison très précieuse pour la France. Les partis qui se disputent le pouvoir ne perdant point cette circonstance de vue, s'adressent toujours à l'étranger pour du secours, et il paroit évident que le choix de l'Angleterre doit tomber de préference sur celuy du Prince et de la constitution, tandis que les aristocrates seront | |
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décidément attachés et dévoués à la France. Les raisons pour adopter ce systeme tombent sous le sens et il seroit aisé à demontrer que l'Angleterre ne peut tirer aucun parti du parti aristocrate, en même tems il est également évident que dans tous les pays des personnes ainsy désignées, étant inférieures au souverain, et pouvant etre en Etat de s'aproprier occasionnellement le pouvoir et l'influence de l'Etat, exerceront constamment le pouvoir pour le maintien de leur nouvelle autorité, de préférence au bien public. C'est a ces principes qu'on peut attribuer le devouement aveugle des aristocrates à la France et leur disposition de faire réellement de la Republique une Province de France, toutes les fois qu'elle ont osé se mettre en avant. Tandis que les possessions precieuses et importantes de la Compagnie qui sont les clefs de l'Inde et de la Chine, peuvent devenir entre les mains d'un tel parti, lié et dévoué à la France les sources d'un danger éminent, si ce n'est d'une ruine absolue de l'Empire de la Grande Bretagne dans l'Inde. Il ne sera peut-etre pas inutile de repéter encore que la liaison politique avec Hollande ne sauroit jamais etre indifferent à l'Angleterre - car le tort qu'elle peut faire étant unie à la France est bien averé, et il ne peut exister aucun doute que sous un gouvernement plus énergique, elle pourroit devenir non seulement éminemment utile dans le systême politique général, mais aussi qu'elle contribueroit considérablement à faire fleurir et étendre le commerce de la Grande Bretagne. Il a aussi été reconnu que les aristocrates ont trouvé moyen pendant la derniere invasion d'empecher tous préparatifs de défense, et que sauve l'Intervention péremptoire des alliés de la Hollande, ceux qui se sont faits n'auroient pas eu lieu. Il est donc évident qu'à moins que l'objet reêl de la garantie de 1787 ne soit accompli, et le Prince rétabli dans un degré de pouvoir suffisant, la Hol- | |
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lande sera toujours une charge à ses allies, un instrument des plus dangereux entre les mains des Rivaux de la Grande Bretagne, tandis que la maison d'Orange pourra etre anéantie et que les amis et appuis de cette maison deviendront les objets constans de l'oppression et de la tyrannie. | |
Notte A.Le grand Pensionnaire dans son Discours du 16 Decembre 1792 dans l'assemblée de leurs Hautes Puissances, en s'adressant au Stadhouder lui dit. ‘Le pouvoir que la constitution a remis entre les mains de votre altesse serenissime, est le plus flatteur qui ait été imaginé par aucune nation de l'univers. C'est le maintien de l'equilibre entre les pouvoirs de l'Etat, l'assurance de la liberté des habitans, l'énergie de la loi et le soutien de la sureté publique.’ Pendant la guerre avec l'Espagne, le Prince Guillaume I, Maurice, Frederic Henry, maintinrent cette énergie et cette influence si nécessaires pour concentrer toutes les vues et tous les Interêts dans un grand resultat. Guillaume 3 retablit cette unité sans la quelle l'Etat ne sauroit etre préservé. Le desordre s'y mit aprés sa mort et les desastres qui en furent la conséquence, obligerent les Etats d'avoir recours à Guillaume IV qui rétablit l'ordre mais ne vécut pas asséz longtems pour le consolider. La princesse Gouvernante le maintint plus ou moins, mais aprés sa mort les aristocrates s'emparèrent des rennes du Gouvernement et ont profité de la minorité et d'autres circonstances, dont il a été fait mention, pour les assurer entre leurs mains, malgré que les Etats lors de la majorité du Prince actuel l'installerent dans tous les droits et dans tous les Priviléges qu'avoit possedés son prédécesseur. | |
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Notte B.Dans le traité des Droits des nobles publié en 1587 et inseré dans le grand livre des ordonnances de l'Etat, il est dit. ‘Ce Corps a exclusivement le droit de déliberer, résoudre et disposer dans tous les Cas, conceruant les Etats du pays, et les villes Respectives.’ Ce qui est ainsi décidé par eux doit etre observé, et il n'y a pas d'exemple, qu'aucune opposition y ait jamais été faite de la part des citoyens. |
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