Biekorf. Jaargang 55
(1954)– [tijdschrift] Biekorf– Gedeeltelijk auteursrechtelijk beschermd
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Gezelle te Roeselare.
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De tekst van de brief zelf, die hier volgt, is een getrouw afschrift van het origineel; de woorden waar Gezelle geen accenten heeft geschreven, heb ik onveranderd gelaten. Roeselare J. Pollet | |
Gezelle aan Monseigneur Malou.Petit Seminaire de Roulers 2 Avril 1857 Je demande pardon à Votre Grandeur de la liberté que je prends de lui écrire une si tongue lettre, mais je ne saurais resister au besoin que j'éprouve de Lui addresser directement un exposé détaillé de ce qui occupe mon esprit depuis si longtemps. Il y a déja quelque temps que je fus informé de la part de notre ancien Superieur, Monsieur le Vicaire général Faict,Ga naar voetnoot(1) que c'etait l'intention de Votre Grandeur de me nommer professeur de Poésie dans son Petit Séminaire, en cas que ce poste fut devenu vacant. Notre superieur actuelGa naar voetnoot(2) m'a fait à plusieurs reprises le même communication. J'avais pris la résolution, des qu'il y aurait eu quelque apparence de voir ce plan se réaliser, de demander à Votre Grandeur la permission d'exposer les raisons pour lesquelles je désirerais beaucoup ne pas devoir accepter ce poste.Ga naar voetnoot(3) La raison en est. Monseigneur, que j'ai toujours eu la plus intime conviction que le bon Dieu m'appelle a me dévouer aux missions Anglaises. Encore étudiant, j'exposai mes vues a feu Monsieur le chanoine Nachtergaele,Ga naar voetnoot(4) mon confesseur, et ce n'a été que pour obeir que j'ai repoussé les propositions qu'on m'a faites alors à l'effet de me faire continuer mes études et recevoir les ordres sacrés en Angleterre. Je ne puis que me rejouir maintenant et remercier Dieu de ce que l'on m'a engagé a devenir prêtre et completer mes etudes dans le diocèse de Votre Grandeur. Cependant, mon désir de me rendre en Angleterre n'a fait que s'accroître; je me suis très assidûment appliqué à l'étude | |
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des langues, et suis parvenu à parler l'Anglais avec autant de facilité que Le flamand ou le français. Tout le temps que j'ai passé ici, tant comme élève, que comme professeur, j'ai vécu en grande intimité avec les Anglais. J'ai obtenu leur confiance, pendant leur séjour au collège et l'ai conservée apres leur départ; de telle manière, que j'y trouve une raison de plus d'espérer que je pourrais travailler avec fruit parmi leurs compatriotes. J'ai profité de l'occasion que m'offrait la présence d'élèves étrangers dans votre petit seminaire, et j'ai acquis quelque facilité à parler l'Allemand et l'Italien, ce qui, au dire des pretres Flamands déja en Angleterre, n'est pas un petit avantage pour le ministère catholique dans cette contrée. J'ose espérer aussi que ce n'est pas une fausse confiance qui me fait penser que j'aurai la grâce nécessaire pour supporter les privations et les épreuves inséparables de la vie d'un missionaire Anglais. J'ai toujours eu une tres grande confiance dans les avis de Monsieur le chanoine Wemaer;Ga naar voetnoot(1) je lui ai souvent parlé de mon desir. La semaine passée j'eus l'honneur d'aller le voir tout exprès pour le consulter et ce n'est que sur sa proposition et avec son approbation que j'ai osé m'addresser à votre grandeur. Mes parents ont connaissance de ce que j'ai en vue. Il est très naturel qu'ils ne m'ont pas encouragé,Ga naar voetnoot(2) mais il y a deja un an que mon père m'a donné son plein consentement en disant: ‘je vois que vous ne serez heureux que quand vous serez là.’ J'ajouterai que je n'ai jamais eu grand espoir de reussir quelque peu, comme professeur de Poésie. Je n'ai jamais enseigné de classe latine, je n'ai jamais étudié de poëtes Grecs ou latins, tout ce que j'ai fait ce sont quelques vers Flamands, vers d'occasion composés sur les instances de mes superieurs ou amis. Je ferais certainement tous mes efforts pour ne pas manquer à mon devoir comme professeur de poésie ou de toute autre classe a laquelle votre grandeur voudrait | |
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me nommer, cependant une telle occupation ne coïnciderait pas avec mes voeux, n'exciterait pas mes sentiments. Je ne crois pas devoir omettre, que depuis que j'ai reçu les ordres sacrés, plusieurs communications m'ont été faites, soit directement de la part de plus d'un évêque, qui m'invitaient à demander Votre permission pour entrer dans leurs diocèses; si longtemps cependant que cette idée n'a pas été pleinement encouragée par ceux qui me conseillaient ici, je n'ai pas cru devoir faire des efforts dans ce sens. Je ne sache pas que parmi les prêtres auxquels Votre grandeur a concédé la permission de se dévouer aux missions Anglaises, il y en ait qui ont senti une inclination plus forte que moi, je ne pense pas non plus qu'aucun d'eux ait attendu si longtemps avant de se declarer directement à Votre Grandeur. Je finis Monseigneur en reconnaissant qu'on pourrait m'objecter que je me sens quelque peu craintif quand il s'agit d'etre en societé ou dans la vie publique; ce petit obstacle, diminuerait d'importance chaque jour, dès que je serais une fois lancé, et certainement, ne peut que s'accroître maintenant. Je demande de nouveau pardon d'avoir si longuement abusé de l'indulgence de Votre Grandeur et je reste avec le plus profond respect
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