Le problème des langues au Congo sera pour longtemps encore, un sujet de contestations. Si nous soutenons et souhaitons l'enseignement du français dès l'école primaire, c'est que les raisons majeures décrites ci-dessus justifient notre point de vue, Lorsqu'on parle aujourd'hui de l'émancipation future des autochtones, il est très difficile de la concevoir sans une certaine culture intellectuelle. Celle-ci permettra (et permit déjà au Noir) de communier avec les idées qui régissent le monde d'aujourd'hui. Jusqu'à présent, nous l'avons déjà dit, le canal par où nous arrivent les opinions qui parcourent le monde est le français.
Si, dans l'enseignement, nous craignons un simple bourrage de crâne par la multiplicité des branches non approfondies, nous émettons des voeux ardents pour l'apprentissage des sciences qui assurent à la jeunesse les moyens de se ‘débrouiller’ durant son existence.
Il serait à regretter que dans les insitutions publiques et même dans certains secteurs privés, les fonctions qui ne réclament pas de spécialisation, soient subordonnées à la connaissance d'une langue à usage restreint. Cela nous fait penser à l'appui accordé par le C.E.F. (Conseil Economique Flamand) et le V.E.V. (Vlaams Economisch Verbond) à la requête de l'Amicale des Flamands d'Elisabethville. Cette Amicale a demandé aux parlementaires d'intervenir auprès du Gouvernement en faveur d'une prompte promulgation des décrets accordant aux Flamands du Congo, un statut linguistique équitable.
Le C.E.F, et le V.E.V. donnent alors 9 principes dont cette réglementation devrait s'inspirer. Le sixième principe est stipulé comme suit: ‘La nouvelle réglementation linguistique exigera l'adaptation de l'enseignement moyen et supérieur pour les indigènes concernant l'enseignement des deux langues nationales’.
S'il ne s'agit dans cette suggestion que de l'intensification de l'enseignement afin de donner à ceux qui apprendront le néerlandais le moyen d'étendre leurs rapports avec les Belges résidant au Congo, nous n'y trouvons rien à redire. Nous nous trouvons cependant en divergence de vues avec l'Amicale d'Elisabethville, le C.E.F. et le V.E.V. lorsqu'ils concluent ainsi leurs déclarations: ‘A l'occasion de vacance d'emploi dans les cadres, l'autorité coloniale supérieure du Ministère des Colonies proposera la nomination de candidats ayant une connaissance parfaite de la culture néerlandaise et animés d'un esprit national suffisant’.
Il est à craindre que cette position ne soit prise au détriment des fonctionnaires congolais[,] aujourd'hui ou demain, en service. Ceux de ces derniers qui sont au seuil des hautes fonctions n'ont pas joui de l'avantage d'étudier le flamand. On risque alors de les taxer d'inférieurs, dans le cas où ils brigueraient une place et que pour y accéder, la connaissance du flamand devienne le ‘Sésame, ouvre-toi’. Dans le sens le plus étendu, nous ne voyons pas d'utilité à consacrer plusieurs heures de cours pour une langue qui, dans la vie pratique, n'est pas d'usage courant.
Les Wallons et les Flamands étant tous Belges, oeuvrent dans l'union commune pour l'essor du Congo. Les Congolais ne peuvent donner leur préférence au français ou au flamand dans le domaine culturel ou politique. Cependant le français ayant été imposé dans le programme scolaire dès le début de la colonisation et, d'autre part, cette langue ayant une vaste diffusion mondiale, nous souhaitons son intensification et osons même dire sa ‘vulgarisation’ dans l'enseignement au Congo.