Poésies lyriques
(1848)–Theodoor Weustenraad– Auteursrechtvrij
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Mythe et réalité.
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Tout à coup, l'oeil hagard, s'élance dans l'arène
Un juif, aux cheveux roux, à la démarche obscène;
Sur le Christ pâle et calme il fond en rugissant,
Et, d'un ignoble geste où le mépris éclate,
Lui jette sur l'épaule un haillon écarlate,
Plein de boue et de sang.
Et le Peuple applaudit, et sa voix de tonnerre,
Éclatant en cris convulsifs,
Fait répéter aux échos du Calvaire:
Salut! Salut, ô Roi des Juifs!
Allons! au tour d'un autre. Il faut large vengeance
Un vieux Pharisien en chancelant s'avance;
La foule devant lui s'écarte avec respect;
Sur les pieds nus du Christ lentement il s'incline,
Se relève, lui met la couronne d'épine,
Et lui donne un soufflet.
Et le Peuple applaudit, et sa voix de tonnerre,
Éclatant en cris convulsifs,
Fait répéter aux échos du Calvaire:
Salut! Salut, ô Roi des Juifs!
Silence! il manque un acte au sacre symbolique,
Pour qu'il soit accompli selon le rite antique.
Le Christ attend son sceptre: un nègre circoncis,
Vieil esclave, échappé des cachots du Prétoire,
Lui fixe entre les mains un roseau dérisoire,
Et lui crache entre les sourcils.
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Et le Peuple applaudit, et sa voix de tonnerre,
Éclatant en cris convulsifs,
Fait répéter aux échos du Calvaire:
Salut! Salut, ô Roi des Juifs!
Peuples chrétiens d'une autre zone,
Applaudissez à votre tour:
Ce simulacre de couronne,
Ce vil haillon de pourpre à jour,
Ce sceptre ramassé dans l'herbe,
Ce Christ frappé par des ingrats,
Voilà la Royauté superbe
Qui règne et ne gouverne pas.
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