Poèmes(1895)–Emile Verhaeren– Auteursrecht onbekendLes bords de la route. Les Flamandes. Les moines Vorige Volgende [pagina 195] [p. 195] Moine doux Il est des moines doux avec des traits si calmes, Qu'on ornerait leurs mains de roses et de palmes, Qu'on formerait, pour le porter au-dessus d'eux, Un dais pálement bleu comme le bleu des cieux, Et pour leurs pas foulant les plaines de la vie, Une route d'argent d'un chemin d'or suivie. Et par les lacs, le long des eaux, ils s'en iraient, Comme un cortège blanc de lys qui marcheraient. [pagina 196] [p. 196] Ces moines, dont l'esprit jette un reflet de cierge, Sont les amants naïfs de la Très Sainte Vierge, Ils sont ses enflammés qui vont La proclamant Étoile de la mer et feu du firmament, Qui jettent dans les vents la voix de ses louanges, Avec des lèvres d'or comme le choeur des anges, Qui l'ont priée avec des voeux si dévorants Et des coeurs si brûlés qu'ils en ont les yeux grands, Qui la servent enfin dans de telles délices, Qu'ils tremperaient leur foi dans le feu des supplices, Et qu'Elle, un soir d'amour, pour les récompenser, Donne aux plus saints d'entre eux son Jésus à baiser. Vorige Volgende