Poèmes(1895)–Emile Verhaeren– Auteursrecht onbekendLes bords de la route. Les Flamandes. Les moines Vorige Volgende [pagina 175] [p. 175] Aux Flamandes d'autrefois Au grand soleil d'été qui fait les orges mûres, Et qui bronze vos chairs pesantes de santé, Flamandes, montrez-nous votre lourde beauté Débordante de force et chargeant vos ceintures. Sur des tas de foin sec et fauché, couchez-vous! Vos torses sont puissants, vos seins rouges de sève, Vos cheveux sont lissés comme un sable de grève, Et nos bras amoureux enlacent vos genoux. Laissez-vous adorer, au grand air, dans les plaines, Lorsque les vents chauffés tombent du ciel en feu, Qu'immobiles d'orgueil, au bord de l'étang bleu, Dans les midis vibrants et roux, trônent les chênes. [pagina 176] [p. 176] Au temps où les taureaux fougueux sentent venir L'accès du rut, la fièvre affolante, hagarde, Lorsque dans les vergers des fermes on regarde Les jeunes étalons, le cou tendu, hennir; Lorsque l'immense amour dans les coeurs se décharge, Lorsqu'ils s'enflent, au souffle intense de la chair, Comme s'ouvre la voile aux rages de la mer, Aux assauts redoublés d'un vent qui vient du large. Telles, avec vos corps d'un éclat éternel, Votre oeil miroitant d'or, votre gorge fleurie, Nous vous magnifions, femmes de la patrie, Qui concentrez en vous notre Idéal charnel. Vorige Volgende