Poèmes(1895)–Emile Verhaeren– Auteursrecht onbekendLes bords de la route. Les Flamandes. Les moines Vorige Volgende [pagina 131] [p. 131] Le lait Dans la cave très basse et très étroite, auprès Du soupirail prenant le frais au Nord, les jarres Laissaient se refroidir le lait en blanches mares, Dans les ronges roudeurs de leur ventre de grès. On eût dit, à les voir crêmer dans un coin sombre, D'éormes nénuphars s'ouvrant par les flots lents, Ou des mets protégés par des couvercles blancs Qu'on réservait pour un repas d'anges, dans l'ombre. Plus loin, les gros tonneaux étaient couchés par rangs, Et les jambons suant leurs graisses et leurs sangs, Et les boudins crevant leur peau, couleur de cierge, Et les flancs bruns, avec du sucre autour des bords, Engageaient aux fureurs de ventres et de corps... - Mais en face le lait restait froid, restait vierge. Vorige Volgende